vendredi, juin 29, 2012

Un roman iranien contemporain

Samedi 30 juin à 14 h 45 : Un roman iranien contemporain, avec Naïri Nahapétian, romancière et journaliste arménienne de Téhéran. Fréquence Livres, M. Bernasconi.




Présentation de l'éditeur
Interdit de montrer ses cheveux. Interdit de s'habiller sans respecter l'uniforme islamique. Et interdit de chanter en public. Les ayatollahs ne manquent pas d'idées quand il s'agit d'entraver la liberté des femmes. Pourtant, lorsque la grande chanteuse Roxana revient dans la ville de son enfance, après un long exil aux Etats-Unis, certains de ses airs résonnent encore dans les taxis d'Ispahan. Son projet ? Donner un concert dans lequel se produiront d'autres femmes. Un projet qui ne verra jamais le jour car Roxana sera définitivement réduite au silence. Et elle ne sera pas la seule à subir ce sort...C'est justement à ce moment-là que Narek, un jeune journaliste franco-iranien venu prendre le pouls de la révolte de 2009, rejoint la ville. Cette enquête lui permettra encoreune fois de découvrir une facette insoupçonnée de la réalité iranienne.


  • Broché: 219 pages Editeur : Liana Levi (2 février 2012) Collection : POLICIERS Langue : Français ISBN-10: 2867465877 ISBN-13: 978-2867465871
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Présentation de l'éditeur 
Téhéran, juin 2005, veille de l'élection de Mahmoud Ahmadinejad.
L' ayatollah Kanuni, un juge tout-puissant qui préside depuis 25 ans à la répression des opposants iraniens, est retrouvé assassiné dans son bureau du Palais de justice. S'agit-il d une revanche des Moudjahedin du peuple? Ou bien est-ce un nouveau règlement de comptes entre mollahs? Malgré eux, trois personnages se trouvent mêlés à cette affaire. Narek Djamshid, qui, après avoir quitté l Iran enfant avec son père pour se réfugier à Paris, rentre pour la première fois dans ce pays. Leila Tabihi, une « féministe islamique » qui tente en vain de se présenter aux élections présidentielles depuis des années. Mirza Mozaffar, ancien politicien, homme public en déclin, mais membre toujours fringuant de la jet set téhéranaise et don juan infatigable. Ces trois points de vues sur l'Iran structurent ce roman qui nous fait découvrir que les mollahs sont des hommes d affaires comme les autres, mais aussi que la boisson préférée de la jeunesse iranienne est le Parsi Cola ! L'enquête policière permet de revenir sur la période sanglante qui a marqué l'instauration de la République islamique. Narek éclaircira ainsi les circonstances de la mort de sa propre mère, au lendemain de la révolution de 1979. Enfin, en filigrane, sont évoquées les raisons de la victoire de l'actuel président iranien Mahmoud Ahmadinejad. 

mardi, juin 26, 2012

Pınar Selek en danger

Ouverture  par le chercheur Étienne Copeaux, d'un blog uniquement consacré à l'affaire et à la défense de la sociologue Pınar Selek. À suivre, ici :


Photo via Au fil du Bosphore



samedi, juin 23, 2012

Istanbul. Une traversée d'une rive à l'autre du Bosphore



Dimanche 24 juin de 14 h 00 à 16 h 00 sur France Culture : Istanbul. Une traversée d'une rive à l'autre du Bosphore. Avec les urbanistes Rfat Akbulut et Jean-François Pérouse ; les écrivains Timour Muhidine, Nedim Gürsel ; Kerem Ayan, réalisateur, directeur-adjoint du festival IKSV Film ; Ara Güler, photographe, "L'Œil d'Istanbul"; Nora Seni, historienne et urbaniste ; Bertrand Ivanoff, artiste plastique ; les réalisateurs Seren Yüce et Imre Azem ; Erik Truffaz, musicien de jazz ; Okan Urun, traducteur ; Nilufer et Minas (club MiniMüzikhol). 
Grand Entretien :  Serra Yilmaz, comédienne. Villes-mondes, V. Cavaroc.

vendredi, juin 22, 2012

Le sourd-muet, le citron et le procureur (suite et triste fin)

On avait requis 25 ans contre lui. La 8ème chambre de la haute Cour pénale d'Adana vient de condamner un sourd-muet père de 6 enfants pour propagande terroriste,  en tenant pour preuve le fait d'avoir tenu un demi-citron en main alors qu'une manifestation se déroulait dans la ville.

L'avocat a bien essayé de démontrer que Mehmet Tahir Ilhan, qui, en plus d'être sourd-muet, est illettré, ne pouvait, de ce fait, qu'avoir des moyens de communication extrêmement limités pour répandre dans tout Adana une propagande en faveur du PKK, si l'on suppose que la plupart des habitants d'Adana ne maîtrise guère la langue, des signes. À moins d'avoir recours à la télépathie, allez savoir…

Mais l'argument "de l'incapacité physique de commettre le crime dont on l'accuse" n'a guère touché le tribunal, qui s'est contenté de ramener la peine à 8 ans et 4 mois. Si le citron avait été entier, on se demande combien il aurait pris…



Voyage d'un géographe sur les routes du Kurdistan de Turquie


Samedi 30 juin à 16 h, rencontre-débat à l'Institut kurde de Paris, avec Alexandre Mouthon, documentariste :


Voyage d'un géographe sur les routes du Kurdistan de Turquie


suivie d’une projection.



Au printemps 2011, en pleines élections législatives turques, 
un géographe se rend à bicyclette dans le sud est anatolien…


Institut kurde de Paris, 106 rue Lafayette, Paris 10e. Entrée libre.

jeudi, juin 21, 2012

Les chats persans


Vendredi 22 juin à 23 h 15 sur Orange Cinemax : Les chats persans, de Bahman Ghobadi, 2009.


"À leur sortie de prison, une jeune femme et un jeune homme musiciens décident de monter un groupe. Ils parcourent Téhéran à la rencontre d'autres musiciens underground et tentent de les convaincre de quitter l'Iran. N'ayant aucune chance de se produire à Téhéran, ils rêvent de sortir de la clandestinité et de jouer en Europe. Mais que faire sans argent et sans passeport ..."

Dengbêj Naîf Keşanî


lundi, juin 18, 2012

Le Sourd-muet, le Citron et le Procureur




Maintenant, c'est dans les citrons ET les sourds-muets que réside l'arme biologique de choc destinée à mettre en déroute les forces de l'ordre et la République.

Heureusement que les procureurs turcs, vaillante avant-garde de la nation indivisible, veillent au grain. L'un d'eux a ainsi réussi à mettre la main au collet du sieur Mehmet Tahir Irfan, porteur au bazar de Mersin qui, bien qu'il ait fait exprès de naître sourd-muet pour ne pas avoir à cracher le morceau aux forces de l'ordre, n'a pu dissimuler qu'il se trouvait en possession, non pas d'une grenade, mais d'un demi-citron, le fourbe, espérant ainsi déjouer l'intelligence des Sherlok Bey… Car on vous le demande, à quoi peut servir un citron dans la main d'un sourd-muet, fût-il employé du Bazar, sinon à atténuer l'effet des gaz lacrymogènes ? Et quel esprit autre que malfaisant et anti-turco-citoyen peut chercher à éviter tout le gaz lacrymogène généreusement répandu dans les rues par les services publics, si ce n'est pour faire le guignol en narguant (digitalement) le drapeau rouge et blanc dans les rues de Mersin ?

La Justice veillant, le procureur a requis 25 ans contre le terroriste qui agitait les doigts en jurant silencieusement qu'il s'était trouvé pris par hasard dans une manif de terroristes, mais on ne trompe pas comme ça la Cour, hein. Espérons donc que la sévérité du verdict sera à la mesure d'une menace aussi agrumique machiavélique.  


En savoir et en lire plus ici.


Et pour connaître le verdict, c'est ici.

lundi, juin 11, 2012

Manuel de Soureth ou comment apprendre la langue des anges









Introduction (extraits)
"L'araméen, dit-on, est la langue des anges, et si vous prévoyez qu'à défaut d'une vie vertueuse un petit coup de piston ne sera pas de trop pour que vous soyez admis dans le Jardin d'Allah au jour du Jugement, quand vous serez perdu au milieu de la multitude des humains se pressant devant l'entrée, vous pouvez espérer que son redoutable gardien sera si heureux de vous entendre le saluer dans sa propre langue qu'il entrouvrira la porte pour vous laisser passer."
(Ceux qui se demanderaient pourquoi le soureth est la langue des anges, même ceux gardant le Paradis des musulmans, peuvent se reporter à ce lien, on vous dit tout).

"Si votre esprit, plutôt que se s'élever vers les sphères célestes, est attiré par celles d'ici-bas, vous serez fasciné par une langue qui porte le témoignage écrit de l'histoire de l'humanité – tant matérielle que spirituelle – sur près de trois millénaires.  C'est le record absolu : les premières inscriptions en araméen datent du 10e siècle avant notre ère, et cette langue est toujours en usagée nos jours ; aucune autre langue n'a aussi de traces continues sur une aussi longue période. 
Il est aussi possible que vous chérissiez la mémoire du plus célèbre araméophone de tous les temps, un rabbin né en Galilée (ou en Judée ?) cinq ou six ans avant le début de l'Ère Chrétienne ; il n'est l'auteur d'aucun livre, mais le récit de sa vie et son enseignement nous ont été transmis par des ouvrages écrits en grec, qui rapportent un petit nombre d'expressions de sa langue maternelle…"

C'est ainsi que Brunot Poursat introduit son manuel de soureth qui a l'inestimable avantage d'être celui de la langue parlée par les chrétiens du Kurdistan, laquelle est, de facto, la deuxième langue de la Région du Kurdistan et non l'arabe, et non le syriaque occidental, qui ne sert plus guère qu'à la liturgie chez les chrétiens de langue arabe. 

Après un tour d'horizon des différents dialectes araméens parlés au Moyen-Orient, l'auteur aborde de front "une question qui fâche" c'est-à-dire l'identité "ethnique" de ces chrétiens non-arabophones, avec les divers noms qu'ils se sont donnés et se donnent, et qui ne peuvent que plonger le néophyte, même bienveillant, dans un abîme de perplexité (rappelons qu'au Kurdistan ils ont été à deux doigts de bloquer le vote d'une constitution pour des histoires de tirets et de virgule auxquelles personne ne comprenait rien).

"Ces gens que j'ai appelés araméens, araméophones, chrétiens orientaux, etc., quel nom se donnent-ils à eux-mêmes ? 
Leur nom traditionnel, le seul qu'on trouve dans leurs écrits avant la fin du 19e siècle, est "syriens", en araméen : "souryayè" ou "sourayè". Pourquoi "Syriens" et pas "Araméens" ? Parce qu'au début de notre ère, le mot "araméen" était associé à un contexte païen, tandis que c'est à Antioche, capitale de la province romaine de Syrie, que les disciples de Jésus reçurent pour la première fois le sobriquet de chrétiens ; et c'est même avant l'ère chrétienne que les auteurs grecs même qualifient les Araméens de "Syrien". Ce mot araméen, autant chez les Chrétiens que chez les Juifs, a perdu le sens ethnique qu'il avait quand Aram représentait un pouvoir politique, il y a fort longtemps, et n'est plus employé en ce sens par les principaux intéressés. Ils en usent parfois pour désigner leur langue, dans un contexte savant ; mais pour l'usage courant, le mot "soureth", la langue des "Souryayè", est préféré ("soureth", accolé du qualificatif "langue ancienne", ou "langue littéraire", peut aussi désigner le syriaque, ce dernier terme, consacré par l'usage, étant d'origine gréco-latine). 
Les Araméens, dans leur majorité, revendiquent aujourd'hui un nom ethnique dont l'origine dans cet emploi – quoi qu'ils en puissent dire – est étrangère. Ils se désignent eux-mêmes sous le nom d'Assyriens, et prétendent être les héritiers exclusifs de l'antique Empire Assyrien ; certains vont même jusqu'à prétendre qu'ils parlent un assyrien moderne, descendant de la langue des tablettes et des inscriptions cunéiformes ; une partie substantielle de leurs magazines est consacrée à l'illustration de la culture et de la civilisation des glorieux ancêtres qu'ils se sont donnés !"

(Ici, vous pouvez relire ce dernier paragraphe en mettant Mèdes à la place de Kurdes, et vous aurez strictement le même tableau chez leurs compatriotes kurdistanî, musulmans ou yézidis. Il est vrai que certains Kurdes préfèrent opter pour leurs glorieux ancêtres de l'Ourartou (disputés aussi par les Arméniens), tout comme des Souryayè catholiques "chaldéens" se sont découvert récemment des ancêtres en ligne directe issus d'Ur et de Babylone… Ceux que ces histoires de patrimoines mythiques intéressent peuvent se reporter à l'article publié en 4 volets Les Kurdistanî : l'affirmation d'un patrimoine historique et religieux multiple, au service d'une citoyenneté en construction)

"Résumons l'histoire des emplois du nom d'Achour ; c'est à l'origine celui d'une ville, supplantée ensuite par Ninive, située 100 km plus au nord et tout près de l'actuelle Mossoul ; il a servi à former un mot grec, rendu en français par Assyrie, désignant tout ou partie du territoire soumis aux rois d'Accouru, avec une géographie souvent vague (par exemple, il semble bien que le mot Syrie soit dérivé d'Assyrien !). En araméen, au contraire, ce nom, sous la forme Ator (avec le changement typiquement araméen de ch en t) a traversé les siècles avec un sens fidèle à l'original : jusqu'au début du 20e siècle, les Atorayé étaient exclusivement les habitants de Mossoul et de sa région. Au 16e siècle, lors de ses premiers contacts avec l'Église d'Orient, l'Église romaine, qui affectionne les termes géographiques désuets, l'appela l'Église d'Assyrien, avant d'opter pour Église de Chaldée (région de Babylone, c'est-à-dire de Baghdad). À la fin du 19e siècle, les Anglicans envoyèrent une mission en "Assyrie", un nom mis à la mode par les fouilles de Layard à Ninive ; ce n'est qu'à partir de ce moment que certains intellectuels chrétiens revendiquèrent l'héritage assyrien 
C'est aujourd'hui une revendication à la fois répandue et obstinée, qu'il est délicat de discuter avec ses partisans. Il ne faut pas perdre de vue qu'elle n'a guère plus de cent ans d'âge, et qu'elle procède d'une recherche identitaire  conséquence du déracinement ; elle était tout à fait inconnue chez les Araméens vivant dans leurs habitats ruraux d'origine, jusqu'à une époque récente. Pour cette raison, nous n'employons pas ici le mot "Assyriens"pour désigner les Araméens dans leur ensemble, d'autant plus que nombre d'entre eux n'ont aucun lien avec l'Assyrien proprement dite (il faut dire que la géographie des assyromaniaques est souvent floue, et qu'ils qualifient volontiers d'Assyriens tous les peuples de l'antiquité moyen-orientale à l'exception des Hébreux et des Arabes) ; nous ne le ferons que pour désigner des groupes particuliers, communément nommés ainsi à partir du 20e siècle, et sans jamais nous laisser aller à l'anachronisme 
Pour ce qui est de la langue, il est impossible, dans un contexte un tant soi peu scientifique, de qualifier l'araméen contemporain d'assyrien moderne, car ce serait donner l'impression fausse que cette langue dérive de l'assyro-babylonien des cunéiformes ; de fait, à l'intérieur de la famille sémitique l'araméen (qui, comme nous l'avons vu, est attesté depuis le 10e siècle avant J.C., et qui fut la langue administrative de la dernière période de l'Empire Assyrien) n'a pas d'affinité particulière avec l'assyro-babylonien ; la langue moderne qui ressemble le plus à cette dernière, c'est l'arabe."


Après l'introduction, le manuel proprement dit. Venant de le recevoir, ce ne sont que mes premières impressions :

Les ++ : En plus du fait qu'il s'agit du soureth (syriaque oriental) et non du syriaque occidental, c'est-à-dire de la langue parlée et vivante du Kurdistan, on a ENFIN un manuel d'apprentissage de langue à des fins usuelles, orales ou écrites, et non une aride succession de chapitres grammaticaux et de points de vocalisation qui endorment dès les dix premières pages.

Le – : Comme dans The Jewish Neo-Aramaic Dialect of Amadiya de Jared Greeblatt (Brill), presque tout le manuel retranscrit le soureth en caractères latins, et ce n'est qu'au 5ème chapitre que l'on voit enfin apparaître l'apprentissage de l'écriture syriaque, sur seulement quelques pages et, tout à la fin, derrière des textes et des corrigés d'exercices toujours transcrits d'une façon que je trouve assez hideuse, on a enfin du syriaque écrit. Je veux bien que la vue d'un alphabet inconnu puisse en effrayer certains mais je ne suis pas sûre que lire quelque chose comme : bed me&àdeblay klmn dl# qbelay puqdàneh/wmèrè# matºl#làw bàbà# màre# gray bnwm ¨# soit moins rebutant pour le néophyte. En plus d'être drôlement moche, ça nécessite d'apprendre deux écritures au lieu d'une : la transcription qui ne va servir à rien, hormis dans ce livre, et celle de l'écriture syriaque qui n'est quand même pas si difficile que ça, d'autant que Bruno Poursat l'indique lui-même, le soureth, en raison de la situation au Kurdistan d'Irak, a sa télévision, ses sites Web et une foule de journaux, en plus d'être appris dans les écoles. Pourquoi n'avoir pas fait comme dans les manuels d'arabe ou d'hébreux, de persan, de russe, etc., d'abord des phrases dans l'écriture originale avec la transcription phonétique dessous dans les dix premières leçons ? 

Un manuel avec des dialogues, des exercices et des corrigés qui ont l'air bien fait, hormis cette gymnastique imposée du va-et-vient entre les tables de correspondance transcription/alphabet syriaque pour ceux qui souhaitent apprendre en même temps l'écriture et la langue. Comme le tableau des transcriptions tient en une page, il vaut mieux le photocopier et s'en servir comme marque-page mnémonique tout le long des chapitres…

dimanche, juin 10, 2012

Un Kurde nommé à la tête du Conseil national syrien


Succédant à Burhan Ghalioun c’est un Kurde qui a pris, au début de juin, la présidence du Conseil national syrien, considéré par les pays occidentaux et arabes comme la représentation légitime de l’opposition syrienne au régime du Baath. Abdel Basset Sayda n’est pourtant pas connu comme un politicien chevronné mais est réputé pour son intégrité. C’était, par ailleurs, le seul candidat à la succession de Burhan Ghalioun.

La démission de ce dernier est due à des querelles internes entre les différentes composantes de cette plate-forme hétéroclite, allant des Arabes laïcs aux Frères musulmans, en passant par des représentants de partis kurdes. Burhan Ghalioun était critiqué par les opposants et combattants de terrain, qui lui reprochaient de les laisser de côté dans les prises de décision, ainsi que d’accorder trop d’importance aux Frères musulmans. Les Kurdes ne pouvant être soupçonnés de collusion avec ces derniers, le choix d’Abdel Basset Sayda a peut-être rassuré les pro-laïcs et les minorités religieuses, à moins que les Arabes syriens des divers bords aient trouvé plus aisé de mettre un Kurde à leur tête, en raison de leurs propres rivalités, comme ce fut le cas en Irak quand le choix de la présidence s’est porté sur Jalal Talabanî, avec l’accord des principales factions sunnites et chiites, alors en pleine guerre civile. Enfin, cette nomination peut être vue également comme un geste des Arabes syriens en direction des Kurdes, dont beaucoup d’entre eux se méfient des Frères musulmans et sont réticents à rallier un mouvement soutenu par la Turquie.

S’adressant plus directement à ses compatriotes kurdes, Abdel Basset Sayda a affirmé que son élection était la « preuve évidente que les Syriens ont atteint un niveau élevé de maturité en mettant en priorité la citoyenneté, et qu’ils ont surmonté le fanatisme sectaire et les divisions que le régime peut tenter d’alimenter afin d’en arriver à une guerre civile. » Mais il a également critiqué l’attitude de certains groupes kurdes dans le passé, qui n’a servi qu’à les marginaliser au sein du CNS et à renforcer de la sorte le groupe des Frères musulmans. Dans un entretien accordé au site Internet Kurd.net, Abdel Basset Sayda a rappelé que les Frères Musulmans étaient « une composante de la société (syrienne). On ne peut purement et simplement les ignorer et les exclure de ce processus. »

Né en 1956 à Amude, Abdel Basset Sayda n’est affilié à aucun parti politique (ce qui a pu aussi favoriser son élection). Son handicap est d’être un pur intellectuel et non un politicien chevronné, docteur en philosophie passionné par l’étude des civilisations antiques et auteur de nombreux livres sur la question kurde en Syrie. Mais selon Anita McNaught, correspondante de la chaîne Al-Jazeerah en Turquie, le nouveau président a, dans ses premières déclarations, frappé les esprits par sa volonté d’inclure tous les éléments et participants de l’opposition syrienne : « Il a nommé tous les principaux acteurs, a rendu hommage aux gens emprisonnés, à ceux qui sont morts. Il a mentionné tous les groupes et a répété que leur rêve d’une Syrie pour tous n’était pas enterré. »

À peine nommé, le nouveau président du Conseil national syrien a appelé tous les responsables du régime baathiste à se retirer du pouvoir. Il a aussi adressé un message qui se veut rassurant envers les diverses minorités ethniques et religieuses de Syrie, qui craignent une future domination arabe et musulmane, en affirmant que « la nouvelle Syrie sera un État démocratique » et qu’il n’y aura pas de « discriminations ». Selon lui, l’intensité des massacres et des bombardements perpétrés par le régime montre que le Baath syrien joue là sa dernière carte et que la révolte syrienne entre dans une phase cruciale et « sensible ».

Abdel Basset Sayda s’est donné pour priorité affichée de rallier d’autres groupes d’opposants au Conseil national syrien et d’entamer des pourparlers avec des figures de l’opposition qui ne figurent pas encore au CNS afin de les y faire entrer. L’image du Conseil national syrien, surtout en raison de la position forte des Frères musulmans en son sein, souffre en effet d’une image « conservatrice » auprès de nombre d’opposants et notamment des jeunes Syriens. L’opposant kurde a également appelé les Nations Unies à une « action décisive » pour protéger les civils, en n’excluant pas le recours à la force, en demandant aux pays membres de « stopper cette machine à tuer », en ajoutant qu’au cas où les Nations Unies ne parviendraient pas à s’accorder sur ce point (notamment en raison des veto russe et chinois), des pays volontaires pourraient toujours mener une action en dehors de l’ONU.

vendredi, juin 08, 2012

Le monde D'Albert Kahn

Samedi 9 juin à 20 h 35 sur la chaîne Histoire : Moyen-Orient, la naissance des nations - Le monde d'Albert Khan, 7/9. Documentaire de David Okuefuna :


Plus de 72.000 photographies couleur et quelques 180.000 mètres de film, des centaines de lettres, carnets de notes et témoignages décrivant des voyages extraordinaires à travers des pays exotiques aux quatre coins du globe. Ce trésor inestimable gardé par le Musée Albert Kahn à Paris est tout simplement la plus importante collection au monde des premières photos du monde en couleur.

En 1909, le financier Albert Kahn recrute des opérateurs pour parcourir la terre entière pour filmer et photographier " des aspects, des pratiques et des modes de l'activité humaine dont la disparition fatale n'est qu'une question de temps ". Ces photographes furent les témoins privilégiés des moments les plus marquants de l'époque et leurs images nous permettent de partager la vie de tous les jours des gens ordinaires dans le moindre détail.

Le volet 7 de la série : La naissance des nations au Moyen-Orient vu à travers l'objectif des photographes sur place dans les années 1910 -1920.


Voir et visiter le musée Albert Kahn

Toutes sortes de dictionnaires kurdes


Sur l'Appstore ou Itunes, plein de dico à emmener partout avec soi.

jeudi, juin 07, 2012

Mort de Mohammad Mehdi Zalyeh

Plusieurs organisations pour les droits de l'homme et la démocratie en Iran ont annoncé la mort, le 4 juin dernier, de Mohammad Mehdi Zalyeh, un militant kurde emprisonné depuis 18 ans, dans les prisons d'Ourmiah et de Karaj Gohardasht. Très malade des poumons, il n'avait pas accès aux soins médicaux que son état de santé requérait depuis des années et il n'a été transporté qu'à l'ultime fin à l'hôpital de la prison de Karaj Rajai.

En février 2011, des prisonniers de Karaj Gohardasht s'étaient mis en grève de la fin pour protester contre  les cellules d'isolement, et Mohammad Zalyeh avait alors été transféré de sa cellule d'isolation pour un quartier de haute sécurité.




Pique-nique





mercredi, juin 06, 2012

Une Seconde Femme


Sortie aujourd'hui du film d'Umut Dağ, Une Seconde Femme, avec Nihal Koldas, Begüm Akkaya, Vedat Erincin.

Synopsis : Fatma vit à Vienne avec son mari, Mustafa, et leurs six enfants. Depuis toutes ces années, elle essaie de préserver les traditions et le prestige social de leur famille d’immigrés turcs. Ayşe, une jeune fille de 19 ans est choisie dans un village en Turquie pour officiellement épouser leur fils et se joindre à la famille. La réalité est toute autre ; en secret, parce que Fatma l’a décidé, Ayşe est promise au père, en tant que seconde épouse. Dès lors, une relation de confiance et de complicité va se développer entre les deux femmes. Mais cet événement va mettre en péril l’équilibre de toute la famille, qui devra faire face au regard de la communauté et à de nouvelles difficultés...

"Je veux être avec les acteurs, avec les émotions de leurs visages et de leurs yeux. Je veux être dans leur cœur, dans leur souffle, dans leur regard. Je veux voir ce qu’ils voient, sentir ce qu’ils ressentent et trembler à leurs côtés lorsqu’ils jouent. Je n’ai pas le courage de regarder un acteur dans un long plan fixe." Umut Dağ.

lundi, juin 04, 2012

Mort de Mohammad Mehdi Zalyeh


Plusieurs organisations pour les droits de l'homme et la démocratie en Iran ont annoncé la mort, le 4 juin dernier, de Mohammad Mehdi Zalyeh, un militant kurde emprisonné depuis 18 ans, dans les prisons d'Ourmiah et de Karaj Gohardasht. Très malade des poumons, il n'avait pas accès aux soins médicaux que son état de santé requérait depuis des années et il n'a été transporté qu'à l'ultime fin à l'hôpital de la prison de Karaj Rajai. En février 2011, des prisonniers de Karaj Gohardasht s'étaient mis en grève de la fin pour protester contre les cellules d'isolement, et Mohammad Zalyeh avait alors été transféré de sa cellule d'isolation pour un quartier de haute sécurité.

Par ailleurs, la grève de la faim d’un autre prisonnier kurde, condamné en 2007 à 10 ans de prison pour « propagande contre la république islamique », Mohammad Sadiq Kabouvand, se poursuit depuis le 16 mai dernier. Plus de 350 militants politiques, syndicalistes et journalistes iraniens ont appelé le Haut Commissariat des droits de l’homme à l’ONU, Napi Pillay, à intervenir en sa faveur. Les signataires de cette pétition insistent sur l’état de santé critique de Mohammad Sadiq Kabouvand, un journaliste et militant pour les droits de l’homme, en grève de la faim depuis que les autorités pénitentiaires lui refusent une permission de sortie pour rendre visite à son jeune fils malade. Il est demandé au Haut Commissaire des droits de l’homme de soutenir Kabouvand dans sa demande de sortie temporaire ainsi que de lui permettre d’avoir accès à une assistance médicale. En mai dernier, déjà, le porte-parole du Département d’État américain avait appelé le gouvernement iranien à relâcher Mohammad Sadiq Kabouvand, ainsi que 90 autres journalistes actuellement emprisonnés en Iran.

Concert de soutien à l'Institut kurde