samedi, janvier 31, 2004

jeudi, janvier 29, 2004

Poudre aux yeux


Que les USA aient récemment confirmé qu'ils maintiendraient la présence du Kongra-Gel (PKK) sur leur liste d'organisation terroriste et que le Premier ministre turc Recip Erdogan s'en soit réjoui ne doit pas faire illusion. Sur le terrain du Nord-Irak, les soldats américains côtoient d'assez près les lignes du PKK en fermant tacitement les yeux sur leur présence et n'ont pas du tout l'intention d'ouvrir un second front en Irak. Quant aux Turcs, il y a longtemps que par l'intermédiaire d'Öcalan, peu porté sur l'héroïsme personnel, elle peut diriger le PKK au mieux de ses intérêts. Et le PKK sert en Irak, notamment à élaborer des plate-formes douteuses avec des groupuscules turcmènes payés par Ankara pour protester contre "l'annexionnisme kurde". Le PKK sert au nord de l'Irak au maintien des "forces de pacification turques" sur la frontière turco-irakienne, celles précisément dont le Premier ministre du Gouvernement régional kurde, Netchirvan Barzani, vient de demander le retrait.

Les US préféreraient certainement que le plan de "retour à la vie civile" des guerilleros du PKK réussisse, qu'ils désarment et se diluent en Irak (ce qu'une bonne part de fugitifs ont déjà fait) ou mieux encore en Turquie.

Mais voilà, la Turquie a encore besoin du PKK tant qu'elle pourra espérer saborder l'option du fédéralisme kurde et le PKK servira à saborder tout état kurde pourvu que le "Soleil kurde" alias Öcalan et son Conseil de présidence cherchent avant tout à assurer leur propre sauvegarde (et non celle de leurs troupes dont ils se fichent éperdument), et en ce qui concerne l'avenir du Kurdistan, ils verront s'ils ont le temps de s'en préoccuper.


mardi, janvier 27, 2004

Et ça vous étonne ?

Alors que la Turquie, le monde arabe, l'Iran, l'Europe, n'ont cessé de clamer depuis le début de la guerre, qu'il ne faut pas "démembrer l"Irak" et ce en surveillant d'un oeil sévère les Kurdes et la moindre de leurs vélléités d'autonomie-ou-fédéralisme-ou-indépendance (non faut pas le dire), comme prévu, le premier bloc à vouloir se détacher de ce conglomérat mal soudé qu'est "l'Irak", est celui des Chiites. Ni alliés objectifs de la Coalition, ni liés (c'est le moins qu'on puisse dire) à la grande "oumma arabo-musulmane" qui les a toujours persécutés, les Chiites, qui, soudain par la vertu de leur poids numérique se retrouvent majoritaires, commencent à vouloir jouer leur partition, c'est-à-dire imposer leur état musulman (avec leur conception de l'islam qui leur est propre) au nom bien sûr de ce principe : une voix = un vote et qui a la majorité détient le pouvoir. Inutile de chercher où ils l'ont appris, cela fait des décennies que le monde occidental cherche à leur donner l'exemple...


Bref, les Chiites risquent de jouer une carte personnelle à outrance, sans qu'ils soient nécessairement téléguidés par l'Iran comme on les en soupçonne toujours. Il ne s'agit pas du chiisme iranien, persan, leur ville sainte n'est pas Qum, et leur "sunna poétique" n'est pas le mevlevi de Rumi ni les quatrains de Hafez. Ce chiisme là est arabe, ses villes saintes sont Kerbelah, Najaf et les tombeaux des imams alides qui vécurent dans une semi-réclusion à Médine, La Mecque, sous les Omeyyades et même les Abassides. Et puis les Persans n'arrivent jamais à masquer assez longtemps le mépris qu'ils ont envers les "Arabes", ces Bédouins incultes qui ont osé les envahir et détruire l'empire du Roi des rois, à tel point qu'on se demande quelle idée a eu Allah de faire en sorte qu'Ali soit de sang mecquois, mais bon, Dieu est facétieux.

Est-ce que les Chiites veulent faire mainmise sur tout "l'Irak" ? Non. Les intérêts chiites ne se trouvent pas au Kurdistan, ni à Kirkouk, ni à Mossoul et si peu à Bagdad. Les Chiites peuvent former du jour au lendemain un état viable, sans avoir besoin de se lancer dans une guerre de montagne avec les Kurdes. Géographiquement, chaque camp a ses puits de pétrole, son économie, ses grandes villes. Aucun d'entre eux d'ailleurs ne se soucie de Bagdad, tant la capitale et son minuscule "Sunnistan" apparaît de plus en plus comme le QG de la Coalition, rien de plus, en attendant d'être le bastion d'une rancune arabo-sunnite qui peine à admettre qu'elle a perdu cette guerre.

Quant aux arabes sunnites du centre, le bon sens le plus élémentaire leur montrerait qu'ils ont eux aussi intérêt ? jouer la carte de l'égalité des statuts dans le fédéralisme. Mais voilà, avec un instinct des plus sûrs, ils risquent d'aller dans le mur : ne se résignant pas à admettre qu'ils ne sont plus que ce qu'ils ont toujours été au sein de "l'Irak", c'est-à-dire une minorité ethnico-religieuse, les Arabes sunnites du Centre rassemblent toutes leurs forces et leur "sursaut national" contre le fédéralisme à la kurde, refusant de voir que les trois-quarts des Arabes d'Irak ne sont pas sunnites, eux, et qu'ils ne semblent guère prêts à oublier les vieilles rancoeurs.

Et les Kurdes ? Eh bien qu'ils continuent à jouer la carte du fédéralisme et de la protection des minorités inquiètes de ce radicalisme rafidi (de l'arabe "qui refuse", et qui préféreront naturellement vivre avec les droits dont jouissent actuellement les chrétiens, les yézidis, les turco-chiites du Kurdistan. Après tout si le démembrement vient du Sud et que les Kurdes se retrouvent majoritaires dans ce qu'il reste de l'Irak, ils pourront toujours répondre aux Turcs qu'ils n'y sont pour rien. Et on voit mal les US forcer leurs alliés à vivre dans un état instaurant une loi islamique radicale et voulant voiler de la tête aux pieds toutes les femmes, qu'elles soient Kurdes, mandéennes ou chrétiennes : tout ce que la Coalition est censée combattre.




vendredi, janvier 16, 2004

Conférence

samedi 17 janvier 2004 à 16 heures

Les développements récents de la situation au Kurdistan et en Irak - perspectives

Par Gérard CHALIAND


à l'Institut Kurde de Paris
106 rue Lafayette 75010 Paris, Métro Poissonnière. Entrée libre.


mardi, janvier 13, 2004

Il paraît que les islamistes gagnent - ou cherchent à gagner ? - du terrain au Kurdistan d'Irak, même en-dehors de leurs fiefs habituels. Ils rencontrent semble-t-il un certains succès parmi les jeunes, et ainsi à Dohouk des pétasses qui ne se veulent plus Kurdes mais musulmanes se baladent entortillées dans des voiles arabes, des crétins décérébrés rêvent d'un grand Etat musulman, tout ça financé par les Saoudi bien sûr. Cela dit, cela fait plus de 10 ans qu'ils essaient d'infiltrer la société kurde, et jusqu'ici les grands partis ont eu au moins le mérite de les tenir en respect. Après le totalitarisme du PKK va-t-on devoir se taper les Islamistes ? D'un décervelage à l'autre?

D'ailleurs le PKK et les Islamistes kurdes ont tant de points communs : même haine de la langue kurde, pour les uns il faut parler turc, pour les autres, forcément il n'y a d'autres langues que l'arabe. Le PKK finira par être plus kémaliste que les Turcs en faisant bêler ses moutons sur un "grand Etat turc, où nous sommes tous Turcs" (bien la peine d'avoir mis la région à feu et à sang pendant 15 ans) et les autres veulent nous faire une petite république wahabite en Irak : et tant pis pour les Chiites, les Yézidis, les Chrétiens, Mandéens, Athées, puisqu'on vous dit que c'est pour la Voie Droite !

Et finalement entre un Apoci et un pauvre type d'Ansar, c'est la même haine de son passé, de son histoire, de sa littérature, c'est la haine de la liberté, de l'amour, des mariages mixtes, des langues différentes qui fleurissent, c'est la haine de soi, c'est la haine du Kurde que l'on porte en soi-même. Pour finir, ce sont les mêmes zombis hargneux décimant leurs frères pour le compte des nations qui les oppriment.

Les a-t-on forcés ? Pour la plupart non, c'est la séduction totalitaire, celle de la bêtise, qui, comme disait Einstein est avec l'univers la seule chose qui nous donne une idée de l'infini. Et encore ajoutait-il, pour l'univers, j'ai des doutes.

samedi, janvier 03, 2004

CinéTV


Jeudi 8 janvier à 21h sur Cinécinéma auteur

Le Tableau noir, de Samira Makhmalbaf.


Concert de soutien à l'Institut kurde