jeudi, août 16, 2001

Mer Noire

Ferry Ankara, de la Turkish Maritime Airlines. 10h20.

Toujours cette sensation de paix et de sécurité merveilleuse que me procure un bateau. Finalement le tangage ne me dérange pas, il me berce plutôt. A 9 heures, j'avais déjà sommeil et je viens de me lever à 10 heures. Je me suis réveillée plusieurs fois, notamment quand le bateau a déposé des passagers à la première escale. Mais rendormie très facilement, malgré les vibrations des machines qui secouent jusqu'à l'oreiller. Emerveillement de voir la mer filer derrière le hublot. Emerveillement d'un paysage qui bouge tout seul.

Il fait beau maintenant, quoique le ciel reste encore blanc de nuages mais le soleil perce tout de même. Le farniente, cette douceur de vie, ce temps qui coule, c'est à bord qu'on le sent le plus. Nous faisons tous les bars et les cafétérias du bateau. Le pont et les chaises longues, ce sera pour ce soir. Dans la journée, c'est une plaque chauffante.

Finalement, gagner le Kurdistan en se rapprochant le plus possible par bateau n'est finalement pas une mauvaise idée. Nous le referons.

Ces horribles tchadors noirs. Avec des bas noirs, des gants noirs, seul un étroit triangle de visage reste visible. Cela a certainement quelque chose de sinistre, on dirait un troupeau de veuves, mais je le préfère encore à la tenue traditionnelle (si l'on veut !) qui est en fait un compromis avec l'islam et la modernité, c'est-à-dire les vêtements d'Occident : foulard bien mémère noué sous le menton, manteau long à épaulettes qui tombe jusqu'aux talons ou bien jupe longue et chemise synthétique à fleurs, ou pullovers par 36°. Là, elles font mendigotes, paquets de chiffons. Avec elles, des gamines encore impubères. Fines, gracieuses, de jolis yeux, expressifs, les cheveux bouclés. Avec elles, leurs soeurs aînées, ce qu'elles seront plus tard, à 14, 16 ans, nouées empaquetées, les épaules rentrées et tombantes, le regard mort. Quand je pense aux pétasses (le plus souvent fraîchement converties) qui parlent de la beauté intérieure des femmes que l'islam préserverait ! Et que cela leur évite d'être des objets sexuels ! Pas de danger, effectivement. Leurs mecs préfèrent draguer et reluquer les femmes sans voile. Ce ne sont pas des objets sexuels, certes, seulement des objets de reproduction. Des sacs à viande, des machines à faire des gosses. Je n'arrive pas non plus à les plaindre. Les mêmes étriperaient leurs filles s'il leur prenait fantaisie de se dévoiler. On ne dira jamais assez que c'est la femme qui est le pilier d'une société patriarcale. La mère mariée à son fils au fond, et traitant sa belle-fille comme une Première Epouse le fait d'une concubine. Finalement la polygamie a ceci d'avantage que les belles-mères s'étripant entre elles doivent laisser un peu de paix à leurs brus.

Dans ces familles le garçon est souvent gras, surnourri, geignard, prolongement adipeux d'une mère éléphantesque.

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