mercredi, septembre 27, 2000

Erzurum

Hier matin, le château d'Ishak Pacha. Une splendeur qui commence hélas d'être douteusement rénovée. Le guide et une Japonaise nous accompagnaient. On les a virés superbement, et il s'est très vite aperçu que j'en savais plus que lui. Roxane tout mitraillé, par moment, c'est vraiment le décor de Mem et Zîn. Des militaires en visite nous ont demandés de les prendre en photo, ils nous ont photographiées avec eux et ils vont nous envoyer les photos ! Par contre le guide nous a joué un sale tour en oubliant de nous dire qu'il fallait un voile pour le tombeau d'Ahmedê Khanî, ce qui fait que nous n'avons pas pu rentrer. A mon avis, c'est surtout l'extérieur qui est important, mais bon.

Sinon, la visite du village "montagnard" d'Ararat a été une arnaque très instructive. Le minibus nous a emmenés à quelques kilomètres de Dogubeyazit. Une plaine grise, un désert couvert de poussière noire, quelques bicoques dont beaucoup en ruine. Pas de champs, pas de cultures, pas d'eau sauf une source (celle d'Ararat), comme un égout. Peu d'habitants, des gosses comme des mendigots qui braillent "hello money". Et la montagne devant, grise, pelée. Les villages de montagne ayant été brûlés, et celui d'Ararat aussi, le seul village qu'ils trouvent à faire visiter, ce sont ces baraques de réfugiés, coincés entre leur montagne brûlée, une route nationale et une caserne ! Une honte et une arnaque, mais très instructive. Dans le bus qui nous conduisait à Agri, une vieille Turque nous montrait les mêmes étendues noircies, brûlées, avec des signes de désolation. Et ce n'est pas le pays car plus loin tout était vert, avec des peupliers, des sources.

L'arrivée à Erzurum fut très drôle et épique. Le car de nuit nous débarque en périphérie, le long d'une route. On marche, pas de taxi. Au passage, un bus municipal nous klaxonne et quand le receveur (un gamin) nous demande où on va, nous faisons un geste large et évasif : "Otel?." Ils ont dû nous demander quel hôtel. On leur a fait comprendre qu'on n'en savait rien, après tout c'était leur ville, non ? Finalement, tous les passagers étaient morts de rire. Pour finir, le bus nous a effectivement débarquées devant un hôtel, et puis si on en voulait un autre, à 600 mètres. Devant le premier hôtel, qui n'avait pas l'air mal, Roxane attend avec les sacs.

J'arrive, fonce sur la réception et demande le prix d'une double. Il me dit en lires turques "fifty millions." Je dis d'accord, je sors, et me demande s'il a dit fifty ou fifteen. Je reviens dans la réception et lui demande de me l'écrire. Toujours ébahi, le réceptionniste m'écrit sur une note : "15 millions, 25 $." Je dis OK. Cinq minutes après nous revenons avec les bagages. Ils ne doivent pas voir souvent de touristes à Erzurum. Nous étions l'attraction de l'hôtel.

lundi, septembre 25, 2000

Dogubeyazit

Parti de Van ce matin en minibus. Dans la nuit, grosse migraine, le matin, tourista. Dans le minibus, ces cinglés de Kurdes qui voyagent sur une route surchauffée toutes vitres fermées, m'ont achevée. Déjà, à l'arrêt, j'ai tout senti tourner autour de moi. J'aurais dû faire en sorte d'avoir un malaise en plein air. A peine repartie, à demi-évanouie, j'ai subitement dégueulé sur Roxane qui a eu l'extrême grâce, au nom de vingt ans d'amitié, de le prendre avec philosophie. Le vieux à côté n'avait pas l'air trop jouasse.
L'après-midi, à l'hôtel, fièvre, dégueulis, diarrhée. Je soupçonne l'ercéfuryl ou l'imodium de ne pas avoir supporté la chaleur et d'y être pour quelque chose. Je suis descendue vers 16 heures, bu un coca, et pris deux daffalgans pour faire tomber la fièvre (je me balade en pullover à l'heure qu'il est). L'hôtel est très confortable pour 200 F la nuit. Le type est très con par contre, et a expliqué à Roxane qu'il y avait des problèmes à cause des Kurdes et du PKK, mais que maintenant tout allait bien, puisque les soldats avaient tué tous ces gens-là. Le pire, c'est que ce sont des Kurdes. Le type de l'office de tourisme est venu proposer ses services. Au bureau nous avons eu un mal fou à lui faire cracher l'info, où était la tombe d'Ahmedê Khanî, "this famous Turkish writer".

Le guide, un Kurdes aussi, mais un peu moins collabo que les autres, nous a enfin éclairé que oui, c'était un écrivain kurde et sa tombe est en face du château d'Ishak Pacha. ça et une excursion sur le mont Ararat, et demain soir, nous partons pour Erzurum.

dimanche, septembre 24, 2000

Van

Vu la citadelle ce matin. Sans grand intérêt une fois qu'on y est, mais la vue d'en bas est très belle. Les petits Kurdes sont de vrais poisons, de petits mendigots, toujours accrochés à vos basques et répétant "Hello money" sans fatigue. Culture des bidonvilles ou du tourisme ? Les Kurdes restés vraiment kurdes sont très bien. Pour revenir de la citadelle, un type s'est arrêté et nous a proposé spontanément de nous ramener. Il était vraiment ravi de m'entendre parler le kurde. Pour ces gens du Kurdistan, la France va être un pays couvert d'école de langue kurde et qui gagne au foot

Van

Voyage plaisant, hier. Parties du minibus de Mardin pour Diyarbakir, nous reprenons un minibus à Diyarbakir puis on nous fait descendre pour reprendre un autre minibus, flambant neuf, vide, avec seulement le chauffeur et un jeune. On traverse des régions désertes et splendides, Bitlis surtout, une ville vraiment charmante, où nous projetons de revenir. Entre Bitlis et Van, le paysage a changé radicalement. La fraicheur est revenue, les montagnes ont verdi, se sont couvertes de peupliers? Aux abords de Van surtout, de très beaux plateaux entre les monts, des ruisseaux, des peupliers, des prés et des vaches. Le bus s'est un peu rempli sur la fin. Le jeune qui était à côté du chauffeur est venu nous draguer et jusqu'à ce matin, il était très dur de s'en débarrasser. Aujourd'hui, nous allons sur le lac. Ici, je parle le kurde très librement. C'est bien agréable.

samedi, septembre 23, 2000

Istanbul

Ce chauffeur de taxi qui nous klaxonne dans Sultan Ahmet, que nous prenons, qui nous offre tout de suite de son pain et de son yaourt (son déjeuner) et je réponds machinalement "Spas". Après, il nous a proposé plusieurs fois de son pain. Dans le rétro, regard entendu, sourire profond. Un Kurde, c'est sûr. Arrivé devant le Musée de l'Armée, je paie, impossible de lui faire accepter un pourboire. C'est-à-dire qu'il pensait que je ne trouvais pas ma monnaie, que je m'emmêlais dans les billets. Finalement, il me rend plus qu'il ne devrait. Puis me tend la main, avec un regard profond :"Serçawan". Et pour finir, il me la baise, pas comme un dragueur, comme on baise la main des personnes respectables, à la naissance du poignet. J'en reste bouche bée. Est-ce le "spas" ou bien m'a-t-il vue quelque part ?

jeudi, septembre 21, 2000

Hasankeyf

Hier, donc, excursion à Hasankeyf. Très chaud, mais bon, terminé les turbehs, hélas très abîmés, la mosquée. Nous avons pu monter en haut du minaret, juste en-dessous du nid de cigogne. Une escalade à tâtons, dans le noir et la poussière, sur des marches usées, avec de bonnes crises de rire !


Mardin- 16-h30. Grande Mosquée. J'écris sous la tonnelle de la Grande Mosquée. Mardin n'a guère changé, au moins en ce qui concerne la vieille ville. Nous sommes descendues dans le même hôtel qu'il y a huit ans. Je ne sais pas si nous aurons cette fois-ci un contrôle de police !

mercredi, septembre 20, 2000

Diyarbakir

Arrivée le soir du 18 à Diyarbakir. D'Istanbul, Roxane m'avait fait appeler Hassan, le majnoun de Diyarbakir, qui a fait un bond en m'entendant et nous attendait à l'aéroport le soir. Il nous a tout de suite emmenées au restaurant en disant à tout le monde qu'il m'aimait. Mais bon, à revenir à lui, il était moins majnoun et prétendait finir la nuit dans ma chambre d'hôtel. Du coup, il a passé la nuit à l'hôtel, dans une chambre voisine. Assez collant, même.

Le lendemain, vu le Syndicat où Firat voulait que nous déposassions les livres. Comme il me parlait en turc, je n'ai rien dit. Mais finalement, ils ramaient pour trouver un interprète, alors je leur ai demandé naturellement s'ils parlaient le kurde. Leur tête ! Du coup, ils nous ont séquestrés et donné à manger. Les destinataires des livres sont arrivés, dont le maire d'une commune voisine. Ils nous ont tout arrangé pour Hasankeyf, et se sont occupées de nous comme leurs invitées spéciales.

Le soir, dîner dans un bar de Diyarbakir. Intrusion des keufs, qui regardent les papiers et se mettent à fouiller. Il n'y a que des hommes dans ces endroits. Ils étaient finalement décontenancés et rougissants quand nous avons pris notre air : "Messieurs, qui commence ?" Non, nous, personne n'allait nous toucher. On se tenait les côtes. Nos voisins de table ont dû penser que nous étions deux touristes inconscientes et ont fait le geste d'être menottés en disant "Kurdistan".

vendredi, septembre 15, 2000

Pris le car d'Izmir pour Istanbul à 2O h 30. Déjà, rien qu'à acheter nos billets, on s'était fait remarquer. Surtout avec ma guitare ! Le voyage fut comme d'habitude un peu douloureux ( je ne supporte pas de rester assise longtemps dans un car). Il y avait un incroyable film d'horreur brésilien, une histoire de serpent géant bouffeur de chercheurs en Amazonie. Puis je me suis endormie. Assez profondément. Ce qui fait que comme la dernière fois, j'ai loupé le voyage du car sur le ferry. C'est toujours entre 3 et 4 que ça se passe et j'ai toujours sommeil à ce moment-là ce qui fait que je ne descends jamais sur le pont.

Arrivés avant la gare routière d'Istanbul le petit steward, désespérant de me réveiller, m'a ranimée à l'eau de Cologne, ce qui a fait rire tout le monde. Après, ils nous ont pris en charge, nous demandant où on allait pour le service de bus. Me demandant mon prénom et s'appliquant à le répéter. Mon prénom doit être assez dur à dire pour un Turc. Le service du bus nous a également pris en charge sur Taksim, en nous demandant où on allait et en nous trouvant un taxi. Et c'est nous qui avons pris en charge le taxi en le guidant du Pera Palas jusqu'au Saydam. Là, un des Turcs nous a fait un immense sourire radieux. Il était pourtant six heures du mat'. Dodo ensuite.


jeudi, septembre 14, 2000

Izmir

Nous prenons le bus pour Istanbul à 20h30. Arrivée entre 6 et 7 heures. La température est impeccable, il fait bon, avec un doux vent. L'ennui, c'est qu'il faille attendre 4h30 en gare routière, qui est en-dehors de la ville et où il n'y a pas grand-chose à voir.

Nous buvons un thé en plein air, près d'un bassin.

Concert de soutien à l'Institut kurde