lundi, mars 31, 2014

Les massacres de Zîlan au Kurdistan de Turquie en 1930



L’Institut kurde de Paris vous invite à un colloque sur une page noire et méconnue de l’histoire kurde des années 1930  le samedi 5 avril 2014, de  14h00 à  18h00, à la salle des fêtes de la mairie du 10ème arrondissement, 72 rue du Faubourg Saint-Martin, 75010 :

 « Les massacres de Zilan au Kurdistan de Turquie en 1930 » 

Le 13 juillet 1930 le quotidien Cumhuriyet prenait la relève d’İsmet İnönü, Premier ministre de la République de Turquie, et Sukrü Kaya, son ministre de l’intérieur qui avait été l’un des hommes-clefs du génocide arménien de 1915, pour annoncer le « bombardement extrêmement massif du mont Ararat » avant d’ajouter : « les aigles d’acier du Turc règlent leur compte aux insurgés. Le ruisseau de Zilan est entièrement rempli de cadavres ». D’autres journaux, comme le Milliyet, confirmait ces informations avant de relater les propos d’Ismet Inönü : « seule la nation turque a le droit de revendiquer les droits ethniques et raciaux dans ce pays ». 
Selon diverses estimations, 44 villages furent ainsi entièrement rayés de la carte et 15.000 personnes, dont la plupart de simples villageois, trouvèrent la mort lors de cette « opération de nettoyage » qui parvint ainsi à briser la résistance kurde dont cette région fut le théâtre depuis plusieurs années. 
85 ans après, le colloque que l’Institut kurde consacre à ces massacres, réunira les historiens de la Turquie républicaine et de la question kurde. Les massacres de Zilan, qui eurent lieu dans le sillage de l’écrasement de la révolte d’Ararat en 1930, seront analysés dans le cadre de la politique ouvertement social-darwiniste et anti-kurde du pouvoir kémaliste, qui se traduisit par ailleurs par l’établissement d’un régime d’exception au Kurdistan, de déportations systématiques et de destruction, notamment des villages kurdes.

Inscription et programme en ligne.



mercredi, mars 26, 2014

L'Étrangère



Jeudi 27 mars à 23 h 25 sur ARTE : Die Fremde (L'Étrangère) de Feo Aladag (All. 2010).


Pour protéger son fils de son mari violent, Umay, une jeune femme turque d’origine allemande, quitte Istanbul et retourne vivre dans sa famille à Berlin. Mais les membres de sa famille, prisonniers des valeurs de leur communauté, ne l’accueillent pas comme elle l’espérait. Umay est obligée de fuir à nouveau pour épargner le déshonneur aux siens.

mardi, mars 25, 2014

Poulet aux prunes




Mercredi 26 mars à 20 h 45 sur Ciné+ Émotion.

Téhéran, 1958. Depuis que son violon tant aimé a été brisé, Nasser Ali Khan, un des plus célèbres musiciens de son époque, a perdu le goût de vivre. Ne trouvant aucun instrument digne de le remplacer, il décide de se mettre au lit et d'attendre la mort. En espérant qu'elle vienne, il s'enfonce dans de profondes rêveries aussi mélancoliques que joyeuse, qui, tout à la fois, le ramènent à sa jeunesse, le conduisent à parler à Azraël, l'ange de la mort, et nous révèlent l'avenir de ses enfants... Au fur et à mesure que s'assemblent les pièces de ce puzzle, apparaît le secret bouleversant de sa vie : une magnifique histoire d'amour qui a nourri son génie et sa musique...


lundi, mars 24, 2014

Ten


Mardi 25 mars à 20 h 45 sur Ciné+ Club : un film d'Abbas Kiarostami (Iran/Fr., 2002)
Ten met en scène dix séquences de la vie émotionnelle de six femmes, qui pourraient aussi bien être dix séquences de la vie émotionnelle d'une seule et unique femme. Celles-ci sont amenées à relever des défis à une étape particulière de leur vie.


Les chrétiens de Mésopotamie



Samedi 29 mars à 16h, Ephrem-Isa Yousif présentera à l'Institut kurde de Paris son dernier livre, 

Les chrétiens de Mésopotamie

Histoire glorieuse et futur incertain



"Ce livre relate l’histoire des chrétiens de Mésopotamie pendant deux millénaires. Ceux-ci connurent des périodes fastes, et une expansion fabuleuse de leur Église jusqu’en Inde et en Chine. Cette dernière forma des personnalités de haut niveau qui marquèrent fortement leur époque. Mais ces chrétiens de Mésopotamie traversèrent aussi de sombres périodes. Ils subirent au cours des siècles les assauts de plusieurs vagues d’envahisseurs : les Sassanides, les Arabes, les Mongols, les Ottomans, et les Britanniques. Pendant la Première Guerre mondiale, ils endurèrent une vraie tragédie. Ils survécurent à tous ces conflits, et réussirent à se maintenir sur les terres de leurs ancêtres. Depuis la chute du régime de Saddam Hussein décidée par les Américains en 2003 et l’occupation de l’Irak, les chrétiens se sentent comme des citoyens de deuxième classe. Avec la montée de l’islamisme radical, ces hommes et ces femmes à l’illustre passé vont-ils disparaître de la terre de leurs ancêtres, la Mésopotamie ?
 Ephrem-Isa Yousif, originaire de Sanate, un village de la Haute-Mésopotamie, est l’auteur de plusieurs livres sur la Mésopotamie et les chrétiens syriaques. Diplômé de l’université française où il obtint deux doctorats, en en philosophie et en civilisations, il a enseigné la philosophie pendant des années à Toulouse. Aujourd’hui, il donne des conférences dans divers pays. Il a déjà publié des ouvrages comme Les chroniqueurs syriaques, La floraison des philosophes syriaques, Les Syriaques racontent les croisades.
Institut kurde de Paris, 106 rue La Fayette, Mº Poissonnière. Entrée libre.


Orientalisti Italiani e aspetti dell' Orientalismo in Italia


Vient de paraître, aux éditions Labrys, dédié à la mémoire de Mirella Galletti et avec trois de ses articles inédits
“L’orientalismo è un tema complesso. In particolare, mancano testi esaustivi su una storia generale degli studi orientali in Italia e così pure indagini adeguate relative ai vari settori e periodi, poiché manca una prospettiva unitaria, ma articoli sono sparsi qui e là. Secondo l’Enciclopedia Italiana, l’orientalismo è il complesso degli studi, condotti con l’uso diretto delle fonti indigene, su lingue, letterature, storie, culture e religioni dell’Oriente, dal Vicino all’Estremo”. 
Estratto da “Studi Orientalistici in Italia” di Mirella Galletti «Con la parola “orientalismo” è ormai convenzione d’intendere il complesso degli atteggiamenti concettuali e delle tendenze letterarie e artistiche che convergono nell’immaginazione di un “Oriente” inteso come civiltà, cultura, costume preso nel suo complesso e contrapposto a un altrettanto astratto e generico “Occidente”. L’orientalismo ha pesato in modo determinante, specie negli ultimi tre secoli, sulla nostra cultura: ed è stato determinante nella stessa individuazione del concetto di Occidente, con tutti i malintesi e tutte le approssimazioni del caso». 
Estratto dalla “Prefazione - Orientalismo e Orientalistica” di Franco Cardini Non si lasciava distogliere facilmente dai suoi compiti, dagli studi, dalla volontà di ricercare, conoscere e far conoscere, di fare giustizia, di proporre, di inventare. […] Tra le altre cose, ci ha insegnato che la determinazione può essere la più bella delle malattie, da alimentare e condividere». 
Estratto da “Ricordo di lei” di Angela Spina 
A cura di ANGELA SPINA

dimanche, mars 23, 2014

Le Buraq et le hibou


"La première fois que j'ai décelé cette complicité entre eux, mon père parlait à son auditoire du "Faqih Tayran", ainsi qu'on appelait ce Kurde répondant en réalité au nom de Mahmud et ayant vécu au douzième siècle de l'ère chrétienne, auteur d'un long poème consacré à un cheval noir qui tenait des propos très déconcertants. Le cheval en question n'était autre que le Buraq, ce noble coursier enfourché par le Prophète lors de son voyage nocturne entre la péninsule Arabique et la mosquée Al_Aqsa. À entendre mon père, Faqih Tayran avait pris le parti de faire de ce cheval une créature assez prompte à s'ennuyer, opiniâtre certes, mais un peu gauche et traînarde lorsqu'il s'agissait de gravir les neuf paliers du vent – le premier de ces paliers étant la perplexité ; le deuxième, la stupeur ; le troisième, la vision ; le quatrième, la crainte ; le cinquième, le murmure ; le sixième, le hurlement ; le septième, l'hébétude ; le huitième, la satisfaction ; le neuvième, la loquacité. Il se trouve, du moins dans la version de mon père, que Faqih Tayran s'étendait longuement sur la loquacité, comme s'il avait fallu que cette histoire ne finît jamais. Ce cheval noir à visage d'homme, à cou de lion et à ailes d'aigle, s'arrêtait en effet dans son ascension chaque fois qu'il rencontrait un hibou. Et comme il faisait nuit, le hibou eut le privilège d pouvoir rencontrer l'auguste coursier, qui trouvait dans la face aplatie de l'oiseau une ressemblance certaine avec son visage humain.
"Qui es-tu ? demandait le Buraq au hibou (toujours selon la version de mon père). 
– Je suis l'or", répondait l'oiseau de nuit.
Le cheval éclatait de rire.
– Dans ce cas, pourquoi es-tu toujours aussi obscur ?
– Parce que la nuit ne me voit pas.
– Et si elle te voyait, qu'en serait-il ? s'esclaffait de nouveau le cheval.
– Alors la nuit aurait perdu…, répondait l'oiseau, très sûr de lui.
– Et que gagnerais-tu, toi, si la nuit perdait ?
– Je gagnerai le jour.
– Le jour, tu es presque aveugle…, marmonnait le cheval noir. Tu n'as absolument rien à gagner de cette lumière qui t'éblouit.
– Le jour est mon envoyé. De ses yeux innombrables, il repère pour moi la position des proies de sorte que, la nuit venue, je n'aie plus qu'à les attraper."
Mon père ajouta à cette histoire que le Buraq se tournait ensuite vers le Prophète et lui chuchotait : "Pourquoi ce hibou me nargue-t-il ?" Le Prophète lui donnait de petites tapes sur l'encolure : "Plus tu assailliras cet oiseau de questions, plus il aura de chances d'avoir le dernier mot. Sa malice reste bien en deçà des réponses que tu attends de lui, et c'est pourquoi tu es si déconcerté."
Selon la version de mon père, l'équidé chuchotait encore au Prophète : "Pourquoi ce volatile me ressemble-t-il tant ?" Le Prophète lui répondait : "Parce que vous allez tous les deux devoir réussir la même épreuve." Le cheval hennissait alors : "Quelle épreuve ?"
Mon père s'arrêta pour regarder son auditoire, souhaitant mesure sur les visages l'effet produit par son récit. Il s'adressa ensuite à Dino, assis à l'autre extrémité du cercle, ce qui l'obligea à crier : "Dino ! Continue, toi…" Mon frère jumeau se grattait la tempe, comme s'il était en train d'attendre son tour : "Ils vont devoir disparaître. Voilà l'épreuve du Buraq et du hibou." Il se tut un instant. Mon père lissa sa moustache en méditant la réponse de son fils, puis abonda dans son sens, le sourire aux lèvres : "Oui. C'est tout à fait cela." Il scruta alors ses visiteurs pour les inciter à approuver ce qui venait d'être dit. Ceux-ci confirmèrent donc en souriant : "C'est bien cela, tout à fait." Certains avaient toutefois quelques précisions à demander à mon père : "Mais pourquoi le hibou a-t-il dit qu'il était l'or ?"
Mon père se tourna vers mon frère et mon frère répondit, en gardant les yeux baissés :
"Le hibou voulait mettre le Buraq à l'épreuve.
– Qui pourrait bien mettre le Buraq à l'épreuve ? s'étonna l'une des personnes présentes.
– Moi, répondit Dino.
– Toi ?" s'offusqua l'autre, le doigt pointé sur lui. Il se tourna vers le père pour l'appeler à la rescousses devant cette énormité qui venait de sortir de la bouche du fils. 
Mon père interpella Dino : "Toi ?" Sans la moindre hésitation, mon jumeau confirma : "Moi-même" ; et sans leur laisser le temps de pousser plus loin leurs questions, il poursuivit : "Où se trouvait le Buraq avant la nuit durant laquelle il s'est envolé avec le Prophète ?" Les voyant bien embarrassés, il revint à la charge :
"Et où se trouve-t-il, depuis cette nuit-là ?
– Dino ! grommela mon père. Il me semble que tu dépasses les bornes.
– Et le Buraq ? N'a-t-il pas dépassé les bornes en allant poser des questions pareilles au hibou ?
– Quel mal y a-t-il à cela ?
– Un oiseau effrayé n'a pas le droit de retenir un autre oiseau pour l'interroger…
– Serais-tu en train de parler du noble Buraq ? l'interrompit mon père qui commençait à s'énerver.
– Il était effrayé par cet oiseau qui, jusqu'à la fin des temps, jouirait sans partage de la nuit, contrairement à lui, le Buraq, dont la mission ne devait durer qu'une nuit.
– Comment peux-tu juger le cheval de Dieu, toi ? intervint l'un des visiteurs.
– Tant que je ne peux dire où il se trouve, c'est mon droit, répondit Dino.
– Il est là-bas, grognait l'autre.
– Où donc ?
– Près du trône divin.
Mon frère jumeau baissa les yeux, puis lança à son contradicteur :
"Tu veux dire que tu en as assez ?
– Pourquoi me mêles-tu tout à coup à cette histoire ? s'étonna l'autre.
– Parce que le Buraq, une fois sa mission accomplie, n'attend plus rien."
Les Plumes, Salim Barakat.


samedi, mars 22, 2014

Soul Kitchen




Dimanche 23 mars à 20 h 45 sur Ciné+ Émotion : Soul Kitchen, de Fatih Akin, Allemagne, 2009 :





Zinos, jeune restaurateur à Hambourg, traverse une mauvaise passe. Sa copine Nadine est partie s'installer à Shanghai, les clients de son restaurant, le Soul Kitchen, boudent la cuisine gastronomique de son nouveau chef, un talentueux caractériel, et il a des problèmes de dos ! Zinos décide de rejoindre Nadine en Chine, et confie son restaurant à son frère Illias, fraîchement sorti de prison. Ces deux décisions se révèlent désastreuses : Illias perd le restaurant au jeu contre un promoteur immobilier véreux, et Nadine a quelqu'un d'autre dans sa vie !

"Je voulais faire un film sur le sentiment d’être chez soi, qui n’a rien à voir avec la nationalité, le fait d’être allemand ou turc, ni même un endroit particulier : c’est un mode de vie, un état d’esprit." Fatih Akin.

Le fleuve Jaghjagh


"Ce fleuve au tempérament taciturne – il ne fait généralement entendre qu'un friselis –, autour duquel Mem renifle à cet instant l'odeur de la menthe et de l'oseille, est sorti plus d'une fois de son silence, en se laissant aller jusqu'à 'épuisement en de longs soliloques :
"Suis-je pareil aux autres fleuves ?
– Oui.
– Pourquoi mon lit n'est-il pas plus large ?
– Parce que c'est là que je passe.
–Et qu'en serait-il si je passais par là ?
Cela ne changerait rien." 
Le Jaghjagh se lassait un peu de faire lui-même les questions et les réponses, c'est pourquoi ses dialogues se résumaient toujours à des plaintes sur ses berges trop resserrées, sur son assèchement, sur les tonnes d'argile pleines de longs vers de terre rouges qui glissaient dans son lit. Et voici qu'un beau jour, il se décida à interroger Dieu en personne :
"Pourquoi m'as-tu fait fleuve, ô mon Dieu ?
– Parce que j'aime les fleuves, répondit Dieu.
– Tu m'aimais et donc tu m'as créé ?
– Non.
– Je ne comprends pas.
– C'est toi qui as voulu être fleuve.
– Je ne me souviens pas.
– C'est pour cela.
– Pour cela que quoi ?
– Que tu es un fleuve.
– Tu nous as tous faits fleuves ?
– Qui "tous" ?
– Tous ceux qui ne se souviennent pas ?
– Non.
– Pourquoi moi, alors ?
– C'est toi qui l'a voulu.
– Je ne l'ai jamais voulu.
– C'est que tu n'obéissais pas à ma volonté et c'est pourquoi je t'ai fait fleuve.
– Que serait-il advenu si je t'avais obéi ?
– Tu aurais voulu être ce que tu es.
– Tu n'ignores pas, ô mon Dieu, ce que j'aurais voulu être capable de faire…
– En effet.
– J'aurais voulu être capable de créer les fleuves.
– C'est pourquoi je t'ai donné la possibilité de me parler.
– Tous ceux qui voudraient créer des fleuves peuvent-ils te parler ?
– Oui, parce que toux ceux-là pensent à leur cécité.
– Tous les fleuves sont-ils aveugles ?
– Un fleuve ne voit que l'argile.
– En quoi cela fait-il de lui un aveugle ?
– Il s'en trouve plus épanoui.
– Tu parles de l'épanouissement du fleuve ?
– Oui.
– Être épanoui rend-il aveugle ?
– Non.
– Je ne comprends plus rien.
– C'est normal, tu es un fleuve et tu penses à l'argile.
– Quel mal y a-t-il à cela ?
– L'argile.
– Je croyais que tu avais créé les êtres et les choses avec de l'argile !
– C'est pourquoi tu es aveugle. Les fleuves sont aveugles."

vendredi, mars 21, 2014

Les jardins suspendus de Babylone



Samedi 22 mars à 20 h 50 sur ARTE : documentaire de Nick green (GB, 2013).

Les jardins suspendus de Babylone font partie des sept merveilles du monde. Mais si l'existence des six autres semble attestée, il n'existe aucun indice archéologique de la présence de ce lieu mythique dont on attribue la création au roi Nabuchodonosor, au VIe siècle avant notre ère. À moins qu'on n'ait pas cherché au bon endroit, estiment certains chercheurs comme Stephanie Dalley, une universitaire d'Oxford spécialisée dans l'assyriologie. C'est l'une des seules personnes au monde à savoir lire le cunéiforme, une écriture très complexe. En déchiffrant des inscriptions consacrées au souverain Sennacherib, qui a vécu un siècle avant Nabuchodonosor, et en dédiant sa carrière à résoudre le mystère de ces jardins, elle a mis au point une théorie aussi solide que controversée. 
Selon elle, ce serait le roi Sennacherib, et non pas Nabuchodonosor, qui en serait le créateur. Les jardins jouxteraient son palais situé à 400 km de l'ancienne Babylone, à Nineveh. Ce site se trouve dans le nord de l'Irak, à Mossoul, l'une des zones les plus dangereuses de la planète. Du British Museum, où se trouve un bas-relief représentant ces jardins, à l'Irak, où la chercheuse se rend pour vérifier ses hypothèses, ce documentaire suit les pérégrinations de Stephanie Dalley et sa quête d'indices archéologiques. Cette passionnante enquête scientifique apportera plusieurs éléments étayant sa thèse, notamment l'existence d'un extraordinaire réseau de canaux acheminant l'eau dans le désert, qui aurait permis de garder verdoyants ces jardins fabuleux.

La mort de Hassan Khairi Bey et des vétérinaires kurdes



"Ce Kurde avait soutenu les Turcs kémalistes pour inciter les siens à l’apaisement, après l’insurrection lancée par le cheikh Saïd dans les années 1920, pour la libération du Kurdistan. Le chef d'accusation retenu contre cet homme  qui s'efforça d'endiguer la colère kurde, au moment au Atatürk ne maîtrisait plus rien ? "Avoir pris part aux séances du conseil d'Ankara, en habit kurde."
Les Turcs avaient en effet réuni un conseil d'urgence à Ankara, voulant définitivement régler, après l'exécution du cheikh Saïd, les problèmes qui subsistaient, à commencer par l'insurrection des Kurdes, toujours d'actualité. Ils avaient fait appel à plusieurs intermédiaires, dont Hassan Khairi, pour qui il était normal de venir siéger au conseil en habit kurde. Les tribunaux allaient lui reprocher cet inqualifiable forfait. 
"Vous parlez de ces vêtements ?" demanda-t-il alors en montrant du doigt son habit, tout suffocant. Quand le juge le lui eut confirmé, il s'emporta : "Atatürk ne m'a jamais signifié que cet habit était prohibé." Une grimace tordit la lèvre inférieure du magistrat : "C'est pour faire de la propagande en faveur des Kurdes que vous veniez au conseil d'Ankara vêtu de la sorte." Khairi s'exclama : "Mon habit était une couverture, Atatürk le savait. Il devait me permettre de régler ce que le vôtre ne pouvait régler." Malgré cela, le tribunal décida de condamner à mort Hassan Khairi, qui, en entendant le verdict, courba la tête, profondément consterné : "Je suis maintenant des vôtres, martyrs du Kurdistan." 
Le jour où l'on exécuta cet homme très partagé entre sa conscience kurde et une profonde déception, en tant que fidèle allié d'Atatürk – il était allé jusqu'à adresser aux participants de la conférence de Lausanne des lettres affirmant que les Kurdes ne souhaitaient pas l'indépendance –, le même jour donc, également vers midi, plusieurs vétérinaires furent exécutés. 
Les Turcs entendaient-ils mettre un frein à la prolifération des moutons et des chèvres dans la région ? On l'ignore. Toujours est-il qu'ils mirent à mort ces vétérinaires qui, munis de leurs petits ciseaux et de leur solution sulfurique, sillonnaient les villages kurdes, avec l'aide conjuguée de la providence divine et du vent. Les bêtes survivaient s'il était écrit qu'elles devaient survivre et mouraient s'il était écrit qu'elles devaient mourir ; les vétérinaires réglaient leur respiration sur celle de leurs doux patients et retenaient leur souffle quand ils leur tondaient la laine, ou les poils, avant d'appliquer sur la peau nue leur produit brûlant. Ils pouvaient même leur administrer des coups d poing sur le crâne pour faire sortir les vers de leurs narines et leur percer les flancs à coups de ciseaux pour libérer l'air de leurs corps enflés.
Au début, ils parcouraient les villages tête nue, comme si l'absence de couvre-chef était le signe distinctif des dépositaires de la science vétérinaire, mais, généralement, ils ne tardaient pas à revêtir le turban, pour se protéger de la poussière et du soleil. La plupart venaient des bourgades où cet usage vestimentaire avait cours. Cependant, dès qu'ils allaient exercer leur métier ailleurs, ils se découvraient la tête, manière de rappeler à chacun, avec une douce obstination, qu'ils avaient acquis leur grand savoir dans de grandes villes. Dans leurs missions, ils pratiquaient volontiers le mélange des genres, se consacrant à la fois aux bêtes malades et à leurs propriétaires, parlant aux premières pour être entendus des seconds. Une fois qu'ils avaient oint les peaux de soufre, ils se tournaient vers les hommes et chuchotaient : "Voilà pour commencer…" 
Ce commencement, dont les vétérinaires annonçaient la bonne nouvelle auprès des Kurdes, concernait aussi les Arméniens, les Tcherkesses et les Assyriens, puisqu'il devait conduire à l'unification des régions et des peuples du "Grand Kurdistan". Mais les espoirs de ces peuples n'allaient pas survivre à la mort du cheikh Saïd, lequel ne put affronter l'habile Mustafa Kemal Atatürk ainsi que les deuxième, troisième, huitième, douzième et  dix-septième divisions d'infanterie ; les première et quatorzième divisions de cavalerie ; les troisième t quatrième escadrons de gendarmerie ; le septième corps d'armée ; plusieurs unités des septième et quarante et unième divisions d'infanterie, à Adana et à Malatya ; plusieurs unités du neuvième régiment, stationné à Diyarbakir ; douze avions (selon les données de M. Ismaïl Haqqi, qui prit part à cette révolte kurde)… Soit deux cent mille soldats turcs contre quarante mille combattants kurdes.
Il faut dire aussi que le cheikh fut lâchement abandonné par les tribus de Dersim et par plusieurs chefs de phratries installées du côté du Muş, de Siirt et de Siverek. Il en coûta tout de même au trésor turc cinquante millions de lires, soit le quart du budget du pays pour l'année 1925."
in Salim Barakat, Les Plumes :

mercredi, mars 19, 2014

Le Kurdistan au Salon du Livre de Paris


– La Représentation du Gouvernement Régional du Kurdistan-Irak sera présente au Salon du Livre de Paris, Porte de Versailles, Stand V23 afin de présenter des ouvrages d’auteurs kurdes, publiés en français, mais aussi de faire connaître plus largement la Région du Kurdistan.

Seront présentés des ouvrages sur la poésie, la langue, l’histoire et également des ouvrages de photos
; vous pouvez aussi venir retirer une entrée gratuite dans la limite des places disponibles au bureau du KRG, 57 rue de l'Université, Paris.




– L'auteur Fawaz Hussein sera au stand P36 pour les éditions Gingko, à l'occasion de la parution récente de son dernier roman, La Prophétie d'Abouna :




Liste non exhaustive, si vous avez d'autres auteurs à signaler, n'hésitez pas !

Newroz 2014 à Paris et alentours

Quelques manifestations (liste non exhaustive, je rassemble ce qui m'est tombé sous la main) :



– Jeudi 20 mars à 19 h 30 : Newroz organisé par l'Institut kurde de Paris et la mairie du 10e arrondissement ; mairie du 10º, 72, rue du Faubourg Saint Martin 75010 Mº Château d'Eau.
Entré libre : musique, danse, buffet (et discours).



–  Vendredi 21 mars de 14h à 17h, Newroz organisée par l’Union des Etudiants Kurdes de France (UEKF) et les étudiants en kurdologie de l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) Adresse : 65 rue des Grands Moulins 75013, Entrée libre. Programme : musique, danses, buffet kurde…



– Vendredi 21 mars à 20h30, Concert inédit du groupe breton et kurde DENGEKAN organisé par la Représentation du Gouvernement Régional du Kurdistan Irak à l’Institut du Monde Arabe, 5, Rue des Fossés Saint Bernard, Place Mohammed V, Métro Jussieu, Entrée libre dans la limite des places disponibles, inscription obligatoire aux coordonnées suivantes : krg@orange.fr ou 01 45 44 20 21.


– Samedi 22 mars à partir de 14h, Newroz, Newroz organisé par les pro-BDP (ou PKK, comme on veut), Lac de Sarcelles, Rue du Père Heude, 95200 Sarcelles Transport : RER D - Garges Sarcelles puis bus 133 (Direction Gare de Sarcelles Saint-Brice - Arrêt Piscine) Entrée payante: 10 euros . Stand culturels, associatifs, gastronomiques... 
Musique : -Rojda -Cevdet Bagca -Silbûs û Tarî -Firat Imirza -Pinar Yildiz -Ciyayê Munzur -Adil Botan -Koma Newa -Berî Wan -Koma jinên Tev-Cand -Koma Zarokan…




 – Dimanche 23 mars de 16h à 22h, Newroz organisé par l’association kurde de Syrie Hebûn, 124 Rue de Bagnolet 75020 Paris .
Programme : concert de Cihan Xan et ses musiciens.

jeudi, mars 13, 2014

Sepideh, un ciel plein d'étoiles



Vendredi 14 mars à 23 h 30 sur ARTE : Sepideh, un ciel plein d'étoiles ; documentaire de Berit Madsen (Danemark, Iran, Norvège).

"Elle a la tête dans les étoiles mais les pieds sur terre : à 16 ans, l’Iranienne Sepideh passe ses nuits, avec ses camarades du club d’astronomie, à étudier le ciel à travers un télescope. Depuis la mort de son père, qui lui a transmis ce goût pour la science, elle souhaite étudier l'astrophysique à l’université et suivre ainsi les traces d’Anousheh Ansari, première Iranienne à voyager dans l’espace. Mais dans cette société encore très traditionnelle, Sepideh se heurte à tous les obstacles. Quelle réputation aura une jeune fille qui sort ainsi la nuit ? Peut-elle mettre ses ambitions au-dessus des "devoirs" de son sexe, de l’ordre familial et social ? À travers le portrait d’une jeune fille brillante, avide de connaissance et d’évasion, se dessine le poids des traditions iraniennes, du code de l’honneur et du qu’en-dira-t-on. Cette passion pour le vaste univers s’affirme avec évidence comme un désir de libération de tous les carcans, que partagent bien des jeunes Iraniennes."

mercredi, mars 12, 2014

L'Étrangère


Jeudi 13 mars à 20 h 50 sur ARTE : Die Fremde (L'Étrangère) de Feo Aladag (All. 2010).


Pour protéger son fils de son mari violent, Umay, une jeune femme turque d’origine allemande, quitte Istanbul et retourne vivre dans sa famille à Berlin. Mais les membres de sa famille, prisonniers des valeurs de leur communauté, ne l’accueillent pas comme elle l’espérait. Umay est obligée de fuir à nouveau pour épargner le déshonneur aux siens.

Commémoration des victimes du génocide kurde




Dimanche 16 mars à 18 h, la représentation du Gouvernement régional du Kurdistan d'Irak en France vous invite à venir allumer une bougie à la mémoire des victimes du génocide kurde, sur le parvis des Droits de l'Homme, place du Trocadéro à Paris.

Par ailleurs, le samedi 15 mars, à 20 h 40, sur France 24 : Halabja, 25 ans après. 

Journée mondiale contre la cyber-censure


À l'occasion de la Journée mondiale contre la cuber-censure, Reporters sans Frontières publie et met en ligne son rapport "Ennemis d'Internet" consultable et téléchargeable ici.

lundi, mars 10, 2014

Les Kurdes dans l’Orient mamelouk et mongol de 1250 à 1340 : entre marginalisation et autonomie



Samedi 15 mars à 14 h, Boris James soutiendra une thèse de doctorat intitulée :

Les Kurdes dans l'Orient mamelouk et mongol de 1250 à 1340 :

entre marginalisation et autonomie


sous la direction de Madame le Professeur Anne-Marie Eddé de l’Université Paris I La Sorbonne. 

 Le jury sera composé de Madame Sylvie Denoix, Directrice de recherche au CNRS, de Monsieur Hamit Bozarslan, Directeur d’études à l’EHESS et de Monsieur le Professeur Gabriel Martinez-Gros de l'Université Paris-ouest Nanterre-La Défense.


La soutenance se tiendra le samedi 15 mars à 14h, à l’Université Paris-Ouest Nanterre-La Défense, 200 Avenue de la République à Nanterre, en salle René Rémond (B015), bâtiment B.





Résumé :
À travers l’étude de nombreuses sources textuelles arabes et persanes de la période mamelouke, la présente thèse a pour but de traiter l’ensemble des implications relatives au déclin politique et militaire des Kurdes au sein du sultanat d’Égypte et de Syrie à partir des années 1250. Nous y étudions les multiples facteurs de la construction d’un territoire des Kurdes entre les franges occidentales du Zagros et l’Anatolie de l’est. En ancrant leur histoire dans les montagnes zagrossiennes, lieu refuge de ces groupes belliqueux, les tribus entérinent cette construction. Les grands États du Moyen-Orient sont également des contributeurs essentiels des transformations spatiales, notamment par le pouvoir qu’ils ont de nommer les lieux. Les tribus kurdes implantées dans le Pays kurde sous influence mongole se trouvaient dans une situation intermédiaire du point de vue géographique, social et politique leur permettant de capter un certain nombre de ressources. Dans le détail de cette description ethnographique du territoire des Kurdes, se logent les modes de captation des ressources et la production par ces acteurs d’un ordre intratribal et intertribal, matrice de leur autonomie. L’étude du rapport des groupes kurdes aux deux Empires de la région, les Mamelouks et les Ilkhanides mongols, révèle le déclin politique des Kurdes en Syrie et en Égypte et la réinstallation de pouvoirs kurdes autonomes en Haute Mésopotamie. Les autorités mameloukes marginalisent les émirs kurdes et tentent d’utiliser les forces kurdes contre les Ilkhanides. Ces derniers tentent dans un premier temps de les réduire, puis les intègrent peu à peu à leur appareil militaire pour le contrôle du territoire. La convergence de ces politiques étatiques contradictoires s’impose comme le facteur essentiel d’une autochtonisation des Kurdes.

Ka Barat : le dehol de Sine s'est tu

Grand joueur de dehol (tambour kurde), il a animé d'innombrables noces à Sine (Kurdistan d'Iran). Il vient de mourir, à l'âge de 81 ans. Il avait pour partenaire au zorna (clarinette) et ami Abdullah Ali Shariati et ils ont joué ensemble dans maintes fêtes. Ce dernier est mort 3 jours auparavant et c'est ainsi que les deux musiciens ont décidé d'entrer ensemble en fanfare et en musique au paradis des musiciens : Sépare-t-on jamais le dehol du zorna ?




mercredi, mars 05, 2014

Rapports de RSF et du CPJ pour 2013


Deux rapports concernant l’état de la liberté de la presse et de l’information dans le monde pour l’année 2013 sont sortis récemment : celui de Reporters sans Frontières et celui du Comité pour la Protection des Journalistes.

Sans surprise, la Syrie arrive dans les rangs les plus bas du classement de Reporters sans Frontières, occupant la 176 position (sur 180). RSF indique que « de tous les pays classés, c’est celui où les exactions contre la liberté de l’information auront été les plus nombreuses. Les professionnels de l’information sont pris pour cibles par les différentes parties au conflit, par l’armée régulière et par les factions d’opposition, qui s’y livrent une guerre de l’information. »

Le CPJ classe aussi la Syrie comme le pays le plus meurtrier pour les journalistes qui font face, depuis 2013, aux menaces supplémentaires des groupes islamistes radicaux. Le nombre d’enlèvements a triplé en 2013. Beaucoup de journalistes kidnappés sont détenus par des groupes affiliés à Al Qaeda ou à L’État islamique au Levant et en Irak. Mais des factions armées issues des rangs de l’Armée syrienne de libération ou pro gouvernementales sont aussi à blâmer pour des violations de liberté de la presse, des détentions ou des meurtres. Beaucoup de correspondants étrangers refusent maintenant d’entrer dans le pays, et les journalistes syriens ont le choix entre l’exil ou vivre dans la peur.

Au moins 61 journalistes syriens et étrangers ont été enlevés en 2013, par différents groupes sur le terrain, parfois par des combattants non syriens (les enlèvements de journalistes étaient au nombre de 23 en 2012). Certains de ces journalistes ont été relâchés ou ont pu s’enfuir, mais à la fin de 2013, le sort de 30 d’entre eux restait inconnu.

29 journalistes, étrangers ou syriens, ont été tués l’année dernière, dont le photographe Olivier Voisin, blessé en Syrie mais mort peu après de ses blessures en Turquie. 

L’Iran arrive assez à la 174e place du classement RSF. Le ministère des Renseignements et les Gardiens de la Révolution continuent de contrôler toute l’information, que ce soit la presse écrite, les sites Internet, les medias audiovisuels. RSF parle aussi d’une « internationalisation de la répression » du fait que les familles de journalistes iraniens travaillant à l’étranger ou pour des media étrangers basés en Iran sont « prises en otage ». La République islamique remporte aussi le titre de « cinquième plus grande prison du monde pour les acteurs de l’information ».

Durant toute la période électorale, jusqu’aux élections de juin 2013, le gouvernement d’Ahmadinejad s’est livré à des arrestations préventives, à des fermetures de publications, a exercé des menaces et des pressions sur les familles de journalistes exilés et a ralenti délibérément les connexions et le trafic sur Internet. Les correspondants étrangers ont eu des difficultés à obtenir des visas et ceux qui ont pu se rendre en Iran ont fait face à toutes sortes de restrictions sur le terrain. 

Le gouvernement d’Ahmadinejad a d’ailleurs ouvertement reconnu sa politique de répression des media, arguant qu’il s’agissait de déjouer « un complot de la BBC contre la République islamique ». En mars 2013, le ministre des Renseignements, Heydar Moslehi, a ainsi déclaré que « 600 journalistes iraniens faisaient partie d’un réseau d’espionnage contre l’État, associé à la BBC et que leurs arrestations avaient pour but de prévenir l’émergence d’une sédition durant les élections ». Entre le 26 janvier et le 6 mars, le CPJ a relevé l’arrestation de 20 journalistes, dans une répression de grande ampleur visant à étouffer toute dissidence avant le jour du scrutin. Au moins 24 familles de personnes travaillant pour la BBC ou Radio Farda ont été soumises à un harcèlement et à des intimidations de la part des autorités.

Au-delà de sa censure habituelle de l'Internet, le gouvernement a pris des mesures extraordinaires pour limiter les échanges en ligne en utilisant des outils de surveillance plus rigoureux des réseaux privés. De façon générale, Twitter et Facebook sont bloqués dans le pays, même si de nombreux responsables du régime ont des comptes officiels ou semi-officiels.

La Turquie (classée 154e) remporte la première place de « plus grande prison du monde  pour les journalistes » selon RSF, qui dénonce « la paranoïa sécuritaire de l’État, qui tend à voir en chaque critique le résultat de complots ourdis par diverses organisations illégales » [et qui] s’est encore accentuée au cours d’une année marquée par un fort regain de tension sur la question kurde. »

La Turquie est aussi désignée comme « la pire des geôles pour la presse » par le CPJ, avec 40 journalistes emprisonnés, kurdes à une écrasante majorité. Les autorités continuent de harceler et de censurer toute voix critique, par exemple en faisant renvoyer des personnes travaillant dans les media. 

Ainsi près de 60 journalistes ont été licenciés ou poussés à démissionner pour avoir couvert les événements de Gezi Park en juin 2013. De façon générale, le gouvernement turc est pointé du doigt pour ses tentatives de censure, de menace et de restriction de l’utilisation d’Internet. 

Le CPJ constate aussi que le processus de négociations amorcé avec le PKK n’a pas, pour le moment, abouti à libérer les journalistes kurdes. Les amendements législatifs pris par le gouvernement n’ont comporté aucune réforme effective des lois contre la liberté de la presse et d’opinion, hormis une « timide avancée » qui doit limiter l’utilisation des disposition contre la « propagande terroriste » largement utilisées contre les journalistes, surtout ceux d’opposition. Mais les amendements ont épargné un des articles les plus liberticides contre la presse, celui qui a permis de convaincre « d’appartenance à une organisation armée » 60% des journalistes emprisonnés en Turquie à la date du 1er décembre 2013.

Parmi les cas de harcèlement et de menaces qui ont cours librement en Turquie contre des journalistes, le CPJ cite la campagne d’attaque sur Twitter, menée par le maire d’Ankara, Melih Gökçek, contre un reporter turc de la BBC, Selin Girit, en juin 2013, publiquement qualifié de « traitre et d’espion » sur le réseau Internet, pour sa couverture des manifestations anti gouvernementales. 

Durant les événements de Gezi Park, au moins 22 journalistes ont été renvoyés et 37 obligés de démissionner pour avoir fait leur travail selon l’Union des journalistes turcs. Durant ces mêmes événements, la police a usé de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les manifestants comme les journalistes présents.

Mais il n’y a pas que les événements de Gezi Park qui encourent la censure d’État. Ainsi, Hasan Cemal, éditorialiste au journal Milliyet, a été renvoyé, quelques semaines après que le Premier Ministre turc a, en mars 2013, critiqué une publication du journal et le travail de cet éditorialiste en particulier. Milliyet avait en effet publié les minutes d’une rencontre entre la direction du PKK et des députés du parti pro kurde BDP. Hasan Cemal avait, dans ses écrits, approuvé et soutenu la décision de cette publication.

En Irak, 10 journalistes ont été tués en 2013, dans des circonstances et des motifs peu clairs. Pour cent journalistes tués dans la dernières décennies, sans une seule condamnation, le pays demeure un des pires au monde concernant l’impunité des meurtres, alors que bien des cas pourraient élucidés si les autorités en avaient la volonté, selon le CPJ.


Les autorités irakiennes comme les kurdes continuent de détenir brièvement des journalistes mais à la date de décembre 2013, le CPJ n’avait enregistré aucun emprisonnement.

mardi, mars 04, 2014

"Pétrole contre argent", le nouveau mot d'ordre de Bagdad à Erbil


À lire sur le site du GRK la déclaration conjointe des représentants du Kurdistan au Parlement irakien et au sein du Gouvernement fédéral, des représentants politiques de la Région du Kurdistan et des représentants du Gouvernement régional du Kurdistan, après une réunion générale au Conseil des Ministres de la Région kurde, le 23 février, pour condamner  les sanctions économiques de Bagdad

Malgré les multiples rencontres de cet hiver entre des délégations du GRK et le gouvernement de l'Irak, la crise du budget et du pétrole entre Erbil et Bagdad ne s’est pas apaisée et menace même de tourner au chantage financier.
Le ministre des Ressources naturelles de la Région kurde confirmait, début février, que le Kurdistan d'Irak (GRK) avait commencé d’écouler son pétrole vers la Turquie (2 millions de barils de brut en janvier pour un objectif de 12 millions de baril mensuels à la fin de l’année) ce que Bagdad a toujours dénoncé comme illégal. 
Le 18 février, une rencontre entre une délégation kurde (avec Nêçirvan Barzani, le Premier Ministre kurde à sa tête) et le gouvernement central avait de nouveau lieu à Bagdad, et fut toute aussi infructueuse que les précédentes. Le bureau du Premier Ministre irakien irakien faisait simplement part, dans un communiqué de presse, de la volonté des deux parties de « parvenir à un accord », tandis que le ministre irakien du Pétrole, Abdul Karim Luaibi, confirmait la poursuite des négociations « jusqu’à la résolution du conflit avec le GRK. »
Mais ce ton apaisant contrastait curieusement avec l’autre volet du conflit, celui du budget alloué à la Région du Kurdistan, dont la diminution, votée à Bagdad, est contestée par les Kurdes, qu'ils soient du GRK ou du Cabinet irakien. Le jour même où Nêçirvan Barzani achevait sa réunion avec le gouvernement irakien, le ministre-adjoint aux Finances irakiennes, le kurde Fazil Nabi, menaçait de démissionner si le Gouvernement régional du Kurdistan ne recevait pas « sa juste part » du budget. Fazil Nabi a accusé directement Nouri Maliki et Hussein Sharistani (vice-Premier Ministre qui bataille depuis des années avec Erbil sur cette question du Pétrole) : 
« Maliki a ordonné de couper le budget afin que la population de la Région du Kurdistan se révolte contre le Gouvernement régional », a-t-il déclaré dans un entretien avec le journal kurde Rudaw. « Bagdad n’a jamais été aussi dure envers les Kurdes. Elle a déjà usé de menaces, mais jamais à ce point. » 
Et le ministre-adjoint d’expliquer qu’il avait anticipé cette mesure de son propre ministre et du vice-Premier Ministre irakien en se dépêchant d’envoyer au GRK l'argent destiné au traitement des fonctionnaires kurdes pour le mois de janvier le 8 du mois, avant que ses supérieurs hiérarchiques ne décident de couper les fonds à ses compatriotes, ce qui fut fait peu après. Fazil Nabi a relaté avoir eu un échange « très dur » avec son ministre des Finances, dont il est ressorti convaincu que Nouri Maliki et Hussein Sharistani « étaient derrière tout cela. » Selon lui, Nouri Maliki aurait même insisté pour couper le budget des Kurdes en disant «  laissons les Kurdes se révolter contre le GRK ».
Si cela s'avère exact, la stratégie de Nouri Maliki, anticipant une révolte des Kurdes contre leurs propres dirigeants parce qu'ils se verraient punis par Bagdad, en dit long sur la méconnaissance psychologique et l'aveuglement du gouvernement central concernant la « rue kurde », qui aspire dans une écrasante majorité, à se libérer du joug irakien depuis, au moins, la génération de ses arrières-grands-parents
Ce réflexe « préventif » de Fazil Nabi en dit aussi long sur la désintégration interne de l’Irak dont les Arabes sunnites sont en état de quasi-insurrection et où les ministres kurdes du Cabinet irakien font de la résistance pour défendre l’autonomie de leur Région.
S’exprimant directement sur la question, et confirmant, sur le fond, les accusations de Fazil Nabi, Hussein Sharistani a déclaré, dans un entretien télévisé, le 20 février, que le ministre des Finances avait finalement envoyé assez de fonds pour couvrir les traitements des employés d'État kurdes (grâce à Fazil Nabi, nous savons pourquoi) mais qu’il faisait face à « une crise de liquidité » et qu’il ne pourrait payer ceux de février, du moins « tant que la Région ne reprendrait pas ses exportations de pétrole vers l’Irak ». 
Hussein Sharistani a, dans la foulée, annoncé que les Kurdes avaient enfin accepté d’exporter leur brut via SOMO, l'agence étatique chargée de la commercialisation du pétrole irakien, rattachée au Ministère du pétrole de l’Irak :
« Après des heures de réunion, nous avons accepté que nos frères de la Région soient représentés au sein de SOMO qui est le seul débouché national en charge du pétrole. » 
Sharistani a assuré que son gouvernement n’avait aucune « objection » à ce que le GRK exporte son pétrole, à condition que SOMO contrôle les mécanismes des ventes, le chiffre d’affaire et  les revenus qui doivent être déposés à la banque centrale irakienne, afin que le ministère fédéral des Finances envoie sa part à la Région.
Depuis le début du conflit, les annonces de résolution des problèmes émanant triomphalement d'une des parties sont aussitôt contredites par l’autre, et celle-ci n'a pas échappé à la règle. Le porte-parole du GRK, Safeen Dizayee, a immédiatement réagi aux propos de Hussein Sharistani, en rétorquant que son gouvernement n’avait nullement donné son accord concernant la supervision des exportations de brut par SOMO, ce qu’il considère comme mettant le Kurdistan « à la merci de Bagdad », et que « les discussions continuaient. » Les Kurdes ont proposé, au contraire, de  déposer la part des revenus pétrolier du Kurdistan à la Banque centrale irakienne, à condition qu'ils en disposent librement, après la ratification du budget général par le Parlement kurde. 
Safeen Dizayee a également accusé Bagdad d’agir ainsi pour satisfaire la bases de certains « partis influents » en vue des prochaines élections parlementaires irakiennes. Le porte-parole du gouvernement kurde ne s’est pas privé de brocarder les hommes politiques irakiens, ajoutant que beaucoup d’entre eux devraient remercier la Région de fournir un terrain économique si favorable à l’Irak en terme de sécurité et de stabilité, bien qu’ils l'utilisent surtout à des fins personnelles, par exemple quand la plupart d’entre eux s’y installent avec leurs familles, loin de l’instabilité sécuritaire et du terrorisme de Bagdad et des autres villes irakiennes :
« La plupart des officiels et des politiciens de Bagdad s’y rendent pour travailler cinq jours par semaines, ou moins, pour travailler, et passent leurs week-end dans la Région. »
Quant à la « rue kurde », elle ne s’est toujours pas révoltée contre son gouvernement, comme l’espère Maliki. Des grèves avaient commencé d’éclater dans la province de Suleïmanieh, quand des employés s’étaient plaints de ne pas avoir été payés fin janvier, et une manifestation a été organisée par le Parti communiste du Kurdistan et le Partis des Travailleurs le 11 février, devant le Bureau du parlement. La veille, c’étaient les employés des départements d’Eau et d’Électricité de Suleïmanieh qui manifestaient pour la même raison. 
C’est alors que le ministère des Finances kurdes a informé, dans un communiqué officiel, que la cause des retards de paiements était due au blocage des fonds par le gouvernement central.  L’Union des investisseurs du Kurdistan a alors annoncé, dès le lendemain, le 12 février, qu’elle espérait déposer 100 milliards de dinars à la Banque centrale du Kurdistan à Sueïmanieh après avoir organisé une collecte parmi les investisseurs et les hommes d’affaires kurde, afin de payer les salaires des fonctionnaires locaux. 
Quant aux possibles mesures de rétorsion évoquées par les Kurdes, elles vont d'une séparation d'avec l’Irak à des mesures de rétorsion économiques (finalement plus bien irréalistes que l'indépendance kurde).
Ainsi, le 24 février, Kosrat Rassoul Ali, le vice-président du GRK, a estimé, alors qu’il recevait les dirigeants de 11 partis kurdes syriens, tous membres du Conseil national kurde de Syrie, qu'il y avait de grandes chances que le peuple kurde use de son droit à l’auto-détermination et à un État kurde, et que nulle part ailleurs dans le monde, « 50 millions de gens étaient privés d'entité ». Et le 26 février, à Kirkouk, quelques dizaines de personnes appartenant à des organisations kurdes liées au PDK (parti de Massoud Barzani) ont manifesté devant la compagnie pétrolière du Nord en réclamant le gel des exportations vers l’Irak jusqu’à ce que les salaires des Kurdes (du GRK) soient payés. Ils réclament aussi, liquide contre liquidités, que la Région du Kurdistan coupe le robinet d’eau à quelques villes irakiennes.
Le 3 mars, Nouri Maliki, s’exprimant à la télévision Al Iraqiyya, a affirmé, avec un certain aplomb, qu’il ne comprenait pas pourquoi ces problèmes avaient été aussi exagérés : « Nous nous sentons responsables du Kurdistan et des Kurdes, même si le GRK ne le sent pas de cette façon. » Le Premier Ministre irakien a répété que le versement du budget était simplement « retardé » et non « coupé », et que la raison en était les 400 000 barils de pétrole que les Kurdes devaient livrer à Bagdad chaque jour.

Mais les Kurdes persistent à y voir plus qu'un petit problème et Massoud Barzani, le président du Kurdistan, a même qualifié la décision de geler les salaires de « déclaration de guerre ».


S’exprimant aujourd’hui aux Deuxième Rencontres de l’Université américaine de Suleïmanieh (où est aussi présent le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu), Nêçirvan Barzani a déclaré que cette idée de couper le budget du Kurdistan ne venait d’une seule personne » (sans la nommer).  Il a averti que cette crise pouvait entrainer un « effondrement de l’Irak » et qu’Erbil ne « reviendrait pas sur ses droits constitutionnels », malgré les « menaces directes » qu'il affirme avoir entendues lui-même de la part de Bagdad. 


lundi, mars 03, 2014

Six mois après les élections, le Kurdistan d'Irak attend encore son 8ème Cabinet et l'UPK son Secrétaire général



Six mois après les élections législatives de septembre 2013, qui ont vu la victoire du parti présidentiel, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), et la défaite de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) au profit de Gorran, le principal mouvement d’opposition, le Gouvernement régional kurde n’a toujours pu former son huitième Cabinet.

Le 5 février, une rencontre a eu lieu entre le Premier Ministre de la Région, Nêçirvan Barzani, et Nawshirwan Mustafa, le leader du parti Gorran, mais n’a pu déboucher sur un accord et aucune des parties n’a fait de déclaration officielle pour conclure l’entretien.

Le principal blocage provient des revendications respectives de l’UPK et de Gorran, ces deux partis rivaux implantés à Suleïmanieh, tous deux prétendant avoir droit, par exemple, au poste de vice-Premier ministre de la Région, qui était auparavant donné à un membre de l’UPK quand le Premier ministre était PDK, ce qui est actuellement le cas. 

Gorran peut prétendre à ce poste de vice-Premier Ministre en raison de sa victoire incontestable sur l'UPK qu'il a devancée aux dernières élections, mais l’UPK argue de son alliance de longue date avec le PDK, estimant que ce dernier n’a pas à le léser de cette fonction, qui est peut-être importante à ses yeux aussi par ce qu’elle représente : le principe de partage du pouvoir entre ministre et ministre-adjoint fut pour la première fois instauré après les élections de 1992, en vue d’éviter (en vain) la guerre civile. Y renoncer entérinerait au grand jour le recul en influence et en poids politique de l’UPK qui est passé de la 2ème à la 3ème place.

Aram Sheikh Mohammed, à la tête du bureau des élections du parti Gorran, et qui fait office de porte-parole de Gorran dans les négociations et auprès de la presse, accuse le PDK et surtout l’UPK de ce retard, en les blâmant d’être incapables de renoncer aux modalités d’un compromis hérité de l’histoire politique kurde, mais qui n’est plus de mise aujourd’hui, en raison de la nouvelle donne issue des les urnes.

Par contre, le journaliste politique Asos Hardi y voit plus, de la part du PDK, un manque de volonté, voire une indifférence envers la résolution du conflit, d'autant que cet état de fait lui profiterait, en termes de pouvoir et d'influence. Il a ainsi expliqué sur la chaîne KNN que tant qu’un gouvernement n’est pas formé, « toutes les centres de décisions importantes sont contrôlés par les politiciens et les officiels du PDK ». 

Selon Asos Hardi, la formation du huitième cabinet achoppe sur trois points : le fait que tous les partis souhaitent entrer ou rester au gouvernement ; le conflit interne à l’UPK qui connaît, depuis le retrait de la vie politique de Jalal Talabani, une crise grave de gouvernance, laquelle est en partie responsable de sa défaite dans les urnes ; enfin, « l’indifférence » du PDK qui profite de l’affaiblissement de son rival et de ses affrontements avec Gorran sur le terrain pour mener une politique à peu près indépendante. 

Le 11 février, alors que l’opinion publique s’impatientait et que des manifestations de protestation étaient tenues à Suleïmanieh, par des organisations et associations civiles, le PDK et Gorran annonçaient être parvenus à un accord, le parti de Mustafa acceptant de recevoir les postes de ministre de l’Intérieur à la place de celui du vice-Premier ministre, et celui de président du Parlement à la place des fonctions de Vice-président de la Région.

L’UPK garderait donc les fonctions de vice-Premier Ministre. Quant au poste de ministre de l’Intérieur qui reviendrait à Gorran, l’accord stipulerait d’obtenir pour cela l’assentiment de tous les partis politiques membres du Cabinet.

Mais à peine cet accord était-il annoncé dans la presse, que Gorran démentait, en la personne d’Aram Sheikh Mohammed, toute décision définitive : « Il n’y a rien d’officiel qui a résulté des débats menés par le mouvement [Gorran] avec le PDK. »

Selon le journal Shafaaq News, l’insistance de Gorran à mettre la main sur les fonctions de l’Intérieur (qui est aussi celui des Peshmergas) tient à son désir de prendre le contrôle effectif de la province de Suleïmanieh devant un UPK récalcitrant à lui laisser le pouvoir. Gorran accuse aussi l’UPK (et dans une certaine mesure le PDK) d’avoir fait pression sur l’électorat, via les forces de l'ordre, et surtout sur les fonctionnaires, pour infléchir leur votes. Il affirme ainsi que le gouvernement précédent a renvoyé 1000 employés de plusieurs administrations, parce que soupçonnés de sympathies ou d’appartenance au parti de Nawshirwan Mustafa.

Le 13 février, une délégation de Gorran, menée par Mustafa, arrivait à Erbil pour y rencontrer cette fois le président de la Région, Massoud Barzani. Nawsirwan Mustafa aurait insisté pour qu’un cabinet soit formé « le plus rapidement possible », ce qui aurait rencontré l’assentiment du président, comme l’a ensuite déclaré au journal Awene, le porte-parole de Gorran sur cette question, Aram Sheikh Mohamed.

De cette entrevue, il ressortait, selon la chaîne KNN, que les postes de Premier Ministre et celui de ministre des Ressources naturelles (un poste-clef alors que la crise avec Bagdad sur les questions de Pétrole et des hydrocarbures est à son comble) reviendraient au PDK, tandis que Gorran se serait vu confirmer l’attribution de l’Intérieur et les fonctions de président du Parlement.

Cependant les discussions étaient toujours en cours à la mi-février, et le Dr. Ako Hama Karim, un des membres de la délégation de Gorran, répétait que son parti ne céderait jamais sur l’attribution du portefeuille de l’Intérieur, « une ligne rouge », et conditionnait toute participation future au huitième cabinet. Selon l’agence Sharpress, le PDK aurait proposé à Gorran de renoncer à l’Intérieur et de prendre le ministère des Finances, mais sans succès.

L’entente entre le PDK et son ancien allié l’UPK va-t-elle se détériorer au fur et à mesure que traînent les négociations et que Gorran obtient peu à peu les postes qu’il réclame ? Les deux partis se rejettent en tout cas mutuellement la responsabilité des blocages. L’UPK ne semble pas prêt à « lâcher l’Intérieur » s’il faut en croire un membre (resté anonyme) de son bureau politique, se confiant au journal Hawlati : selon lui, son parti n’aurait pas encore accepté l’attribution de l’Intérieur à Gorran et ferait toujours pression en ce sens, sur le PDK dans les négociations, souhaitant obtenir soit l’Intérieur, soit les Peshmergas (avec une préférence pour le premier). Wasta Rasul, un autre responsable de l’UPK aurait même affirmé que son parti ayant « la force militaire », l’Intérieur lui revenait donc de plein droit, ce qui est une curieuse conception de l’exercice démocratique du pouvoir, et rappellerait plutôt l’utilisation catastrophique des milices partisanes au Kurdistan d'Irak durant toutes les années 1990.

En ce qui concerne le poste de Vice-Premier Ministre, trois candidats UPK seraient en lice : Hakim Qadir, membre de l’exécutif du Bureau politique, Imad Ahmed, lui aussi membre du Politburo de l’UPK et actuel vice-Premier Ministre, et enfin Qubad Talabani, le fils du président irakien et Secrétaire général de l’UPK, Jalal Talabani.

Car la situation politique héritée de l’effondrement politique de l’UPK est encore compliquée par les remous internes de ce parti, et sa récente défaite n’a pas apaisé les dissensions entre ses dirigeants se disputant la succession de Jalal Talabani, avant et après les élections.

Ainsi, le quatrième congrès de l’UPK, qui devait se tenir le 31 janvier, a été reporté sine die par les instances dirigeantes du parti.

Le 2 février, le secrétaire général adjoint de l’UPK, le Dr. Barham Salih a alors démissionné de ses fonctions en déclarant à la presse qu’il n’était plus, dorénavant et jusqu’à ce que son parti tienne son quatrième congrès et réussisse enfin à résoudre ses problèmes, qu’un « membre ordinaire de l’UPK.

La démission de Barham Salih et le report à une date indéterminée du Congrès inquiètent le gouvernement kurde car cela ne peut qu’aggraver le mauvais climat sécuritaire de la province de Suleïmanieh, secouée récemment par plusieurs assassinats à caractère politique. Le Premier Ministre Nêçirvan Barzani, en apprenant la nouvelle, a averti que tout danger menaçant la « sûreté » et la « stabilité » de cette province serait une : »ligne rouge ». Le journal Rudaw a fait aussi état de délégations iraniennes s’efforçant de servir de médiation au sein de l’UPK, l’Iran s’inquiétant de la « descente aux enfers » du parti kurde avec qui il entretient des relations plus étroites qu'avec les autres partis kurdes.

La démission de Barham Salih serait directement liée, selon le journal Awene, à sa mésentente avec Hero Talabani, considérée comme peu encline à le laisser prendre prendre la succession de son mari au sein du parti. Mais Barham Salih aurait dit à Hero Talabani qu’il était en droit de prendre les fonctions de Secrétaire général. Awene indique que des sources au sein de l’UPK font état d’échanges plutôt vifs dans un langage « rude » entre Barham Salih et Hero Talabani, le premier ne voulant plus endosser la politique actuelle de l’UPK en tant que simple exécutant.

Hero Talabani, le 21 janvier, avait réfuté les rumeurs qui lui attribuaient la volonté de différer la 4ème Convention, affirmant au contraire qu’elle faisait de son mieux pour la faire tenir et aboutir. Cinq jours plus tard, le conseil de direction et l’assemblée générale de l’UPK, deux organes du parti considérés comme étant plus sous l'influence de l’épouse de Jalal Talabani, se réunissaient et décidaient d’ajourner la Convention, jusqu’à ce que la situation du parti soit plus « appropriée » pour une telle tenue.


Le Dr. Shoresh Hassan, maître de conférence à l;université de Suleïmanieh, s’exprimant sur la chaîne KNN, a émis l’opinion que les dernières divisions et déclarations des diverses factions de l’UPK n’étaient pas exemptes d’arrière-pensées politiques, chacun des meneurs essayant de gagner la sympathie des membres du parti, en vue des futures élections internes devant désigner le nouveau Secrétaire général de l’UPK. Kosrat Rassoul, Hero Talabani et Barham Salih sont vus actuellement comme les trois candidats les plus susceptibles de l’emporter.

Concert de soutien à l'Institut kurde