vendredi, février 21, 2014

Miniatures persanes

Samedi 22 février à 21 h 15 sur Histoire Documentaire : Palettes, "miniatures persanes". 

Le palais de Topkapı à Istanbul

Samedi 22 février à 20 h 40 sur Histoire Documentaire : "Secrets de musées", de Peter D. Findlay (Canada, 2012).

mercredi, février 19, 2014

Le destin du peuple kurde au XXIe siècle et les perspectives


Samedi 22 février à 14 h : Rencontre-débat avec le célèbre sociologue turc Dr. Ismail Beşikçi, qui a passé 17 ans dans les prisons turques en raison de ses études universitaires sur les Kurdes et sa défense des droits du peuple kurde, effectuera une visite à Paris, à l’invitation de l’Institut kurde de Paris, pour notamment faire connaître les activités de sa fondation. 

À cette occasion il donnera une conférence :


de 14h à 18h , la Salle de Fêtes de la Mairie du 10ème arrondissement 72 rue du Faubourg Saint-Martin, 75010 Paris.

Programme :

14 h 00 Mot de bienvenue

14h10 : Présentation de la Fondation Beşikçi


14h30 : Introduction au débat par Hamit Bozarslan, professeur à l’EHESS

14h40-18h00 : Conférence du Dr. Beşikçi suivie d'un débat.

Entrée libre, mais pré-inscription obligatoire.

mardi, février 18, 2014

Soul Kitchen



Mercredi 19 février à 22 h 30 sur France 4 : Soul Kitchen, de Fatih Akin, Allemagne, 2009 :





Zinos, jeune restaurateur à Hambourg, traverse une mauvaise passe. Sa copine Nadine est partie s'installer à Shanghai, les clients de son restaurant, le Soul Kitchen, boudent la cuisine gastronomique de son nouveau chef, un talentueux caractériel, et il a des problèmes de dos ! Zinos décide de rejoindre Nadine en Chine, et confie son restaurant à son frère Illias, fraîchement sorti de prison. Ces deux décisions se révèlent désastreuses : Illias perd le restaurant au jeu contre un promoteur immobilier véreux, et Nadine a quelqu'un d'autre dans sa vie !

"Je voulais faire un film sur le sentiment d’être chez soi, qui n’a rien à voir avec la nationalité, le fait d’être allemand ou turc, ni même un endroit particulier : c’est un mode de vie, un état d’esprit." Fatih Akin.

Derrière la colline




Mercredi 19 février, à 20 h 45 sur Ciné+ Club.

Au pied de collines rocheuses, Faik mène une vie de fermier solitaire avec son métayer et sa femme. Quand arrivent de la ville son deuxième fils et ses petits-enfants, il les met en garde contre les nomades qui traversent la région. Tandis que se déroulent les vacances, la menace rôde, silencieuse et invisible.
" Ici, je parle de la Turquie dont le climat politique est basé sur ce même besoin de se créer un ennemi. Que ce soit les Kurdes ou un soi-disant complot international sans compter d’innombrables conflits internes. Chez nous, les débats ne peuvent jamais être raisonnables. Car les théories du complot sabrent les fondations de tout débat politique" Emin Alper.

lundi, février 17, 2014

Poulet aux prunes



Mardi 18 février à 22 h 20 sur Ciné+ Club.

Téhéran, 1958. Depuis que son violon tant aimé a été brisé, Nasser Ali Khan, un des plus célèbres musiciens de son époque, a perdu le goût de vivre. Ne trouvant aucun instrument digne de le remplacer, il décide de se mettre au lit et d'attendre la mort. En espérant qu'elle vienne, il s'enfonce dans de profondes rêveries aussi mélancoliques que joyeuse, qui, tout à la fois, le ramènent à sa jeunesse, le conduisent à parler à Azraël, l'ange de la mort, et nous révèlent l'avenir de ses enfants... Au fur et à mesure que s'assemblent les pièces de ce puzzle, apparaît le secret bouleversant de sa vie : une magnifique histoire d'amour qui a nourri son génie et sa musique...


mardi, février 11, 2014

Les chrétiens de Mésopotamie : histoire glorieuse et futur incertain

Les chrétiens de Mésopotamie : Histoire glorieuse et futur incertain



Vient de paraître, aux éditions L'Harmattan, Les chrétiens de Mésopotamie, d'Ephrem-Isa Yousif.

"Ce livre relate l’histoire des chrétiens de Mésopotamie pendant deux millénaires. Ceux-ci connurent des périodes fastes, et une expansion fabuleuse de leur Église jusqu’en Inde et en Chine. Cette dernière forma des personnalités de haut niveau qui marquèrent fortement leur époque. Mais ces chrétiens de Mésopotamie traversèrent aussi de sombres périodes. Ils subirent au cours des siècles les assauts de plusieurs vagues d’envahisseurs : les Sassanides, les Arabes, les Mongols, les Ottomans, et les Britanniques. Pendant la Première Guerre mondiale, ils endurèrent une vraie tragédie. Ils survécurent à tous ces conflits, et réussirent à se maintenir sur les terres de leurs ancêtres. Depuis la chute du régime de Saddam Hussein décidée par les Américains en 2003 et l’occupation de l’Irak, les chrétiens se sentent comme des citoyens de deuxième classe. Avec la montée de l’islamisme radical, ces hommes et ces femmes à l’illustre passé vont-ils disparaître de la terre de leurs ancêtres, la Mésopotamie ? "

 Ephrem-Isa Yousif, originaire de Sanate, un village de la Haute-Mésopotamie, est l’auteur de plusieurs livres sur la Mésopotamie et les chrétiens syriaques. Diplômé de l’université française où il obtint deux doctorats, en philosophie et en civilisations, il a enseigné la philosophie pendant des années à Toulouse. Aujourd’hui, il donne des conférences dans divers pays. Il a déjà publié des ouvrages comme Les chroniqueurs syriaques, La floraison des philosophes syriaques, Les Syriaques racontent les croisades.


Table des chapitres :

Introduction


Première partie

Histoire des chrétiens de Mésopotamie 
Ch.I. L’aube de la présence chrétienne en Mésopotamie 
Ch.II. Les chrétiens sous les premiers rois sassanides 
Ch. III. Persécutions et délégations 
Ch. IV. L’autonomie de l’Église de l’Orient 
Ch. V. Dissensions dans l’Église de l’Orient 

Deuxième partie
Les chrétiens syriaques sous les califes 
Ch. I. Les Omeyyades à Damas 
Ch. II. Les premiers ‘Abbassides à Bagdad 
Ch. III. Évolution du califat 
Ch. IV. Les Buwayhides entrent en scène 
Ch. V. Les Seldjoukides pénétrent à Bagdad 

Troisième partie
Les Chrétiens sous les Mongols 
Ch. I. Les chrétiens et les premiers Mongols 
Ch. II. Hulagu et ses descendants 
Ch. III. Les derniers Khans 

Quatrième partie
La situation des chrétiens sous les Ottomans 
Ch. I. Les premiers sultans ottomans 
Ch. II. Naissance de l’Église chaldéenne catholique 
Ch. III. Les émirats kurdes et les chrétiens 

Cinquième partie
Les Assyro-Chaldéen-Syriaques dans la tourmente 
Ch. I. Persécution des Assyro-Chaldéen-Syriaques 
Ch. II. Un territoire pour le peuple assyro-chaldéen 
Ch. III. Conférences et traités 
Ch. IV. Sous la République (1985-2003) 
Ch. VI. Mesures du Baas en faveur des Syriaques 

Sixième partie
Faits illustres et grands personnages 
Ch. I. Narsaï et Abraham de Beth Rabban 
Ch. II. Rôle des Syriaques dans la transmission de la philosophie grecque aux Arabes 
Ch. III. Les princes kurdes marwanides et les savants syriaques 
Ch. IV.Élie de Nisibe et le vizir al-Maghribi 
Ch. V. Malik Al-Ashraf, un prince ‘ayyoubide magnanime 
Ch.VI. Rencontre avec les Yézidis du nord de l’Irak 
Ch. VII. Les Français et la culture syriaque 

Conclusion 
Bibliographie 

Cartes  



lundi, février 10, 2014

Soirée Hommage à Hrant Dink



Jeudi 13 février 2014  à 19h30 – salle des fêtes de la mairie du 10e, Paris.

Rencontre-débat et projection d’un court-métrage de Hüseyin KARABEY sur le discours de l’épouse de Hrant Dink lors des funérailles en 2007 à l’occasion du 7e anniversaire de la disparition de Hrant Dink.


vendredi, février 07, 2014

Le patrimoine culturel en danger au Kurdistan


Samedi 8 février, à 16 heures, l'Institut kurde de Paris est heureux de vous inviter à une rencontre-débat dédiée à la préservation du patrimoine culturel au Kurdistan mis en danger par les nouveaux développements urbains.

Le Patrimoine culturel en danger au Kurdistan



 Batman : culture, patrimoine, conflits et résistanc

 Jonas Ramuz (EHESS, HEC Paris) 

Dans le cadre du conflit opposant une partie de la population kurde à l’État turc à Batman, interroger la mise en oeuvre des politiques publiques de la culture et du patrimoine permet d’éclairer la réalité de la résistance complexe de la société locale.


Transformations urbaines au cœur de la ville d’Erbil. Un patrimoine sauvegardé, des patrimoines en danger

Nadia Ramchand Motwani (Master 2 en Histoire de l'Art et Archéologie à la Sorbonne-Paris I ; Master 2 Pro Patrimoines, Musées et Multimédia à Poitiers).

À l’aube de la nomination de la citadelle d’Erbil sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, la capitale du Kurdistan irakien se transforme progressivement. Le tissu urbain historique de la ville est le premier témoin des prémices de mutation urbaine réversible ou non. Quel constat peut-il être fait sur les aboutissants d’une valorisation d’un bien patrimonial inscrit dans une zone historique, elle-même importante pour la lecture de l’ensemble du patrimoine urbain de la ville ?


Amadiyya : un site exceptionnel à promouvoir et sauvegarder

Sandrine Alexie (diplôme d’Histoire générale de l’Art option Histoire des arts de l’Islam  et diplôme de muséologie à l’École du Louvre ), Institut kurde de Paris.

L’antique ville-citadelle d’Amadiyya fut, au cours des siècles, la capitale kurde du Behdinan, le siège d’un évêché et un centre spirituel juif de premier ordre. 
De ce passé prestigieux, restent d’importants vestiges à préserver et promouvoir, ainsi qu’un terrain de fouilles prometteuses qui en apprendrait beaucoup sur l’histoire du Kurdistan et de ses multiples communautés. L’essor touristique inévitable de la région, due à l’exceptionnelle beauté de son site, devrait être encadré et non découragé, afin que les constructions et les infrastructures nécessaires s’harmonisent avec les traditions architecturales et l’environnement naturel.  Pour cela, une campagne d’information et de sensibilisation auprès des habitants les aideraient à prendre conscience de l’importance de la revalorisation, de la restauration et de la protection de leur patrimoine. 

 Institut kurde de Paris, 106 rue La Fayette, 75010, Paris. Entrée libre.

jeudi, février 06, 2014

Kawa Il Kurdo


Le crépuscule des Assad




Vendredi 7 février à 20 h 30 sur LCP - Assemblée nationale :  Le Crépuscule des Assad, documentaire de Christophe Ayad et Vincent de Cointet (Fr., 2010).

'Portrait du clan al-Assad et de sa longue emprise sur la Syrie. Une enquête subtile qui aide à comprendre les déchirements d'aujourd'hui. Lorsqu'il accède au pouvoir en juin 2000, Bachar al-Assad apparaît comme un homme gauche et sans charisme. Nombreux sont ceux qui le jugent inapte à succéder à son père Hafez. Mais par une série de manoeuvres et d'alliances, un perpétuel double-jeu vis-à-vis des puissances occidentales et une autorité féroce, l'ancien ophtalmologue s'est imposé dans son pays comme sur la scène internationale. Christophe Ayad et Vincent de Cointet, qui ont déjà signé pour ARTE un film sur le conflit du Darfour, reviennent ici sur le règne de Bachar et sur celui de son père, et montrent comment cette famille alaouite - courant minoritaire du chiisme - s'est accaparée le pays. Ponctué d'images d'actualité, de nombreux entretiens - avec des opposants, des politologues, Émile Lahoud, ancien président libanais, les ministres Hubert Védrine et Bernard Kouchner, Stephen Hadley, conseiller du président Bush... - dévoilent l'histoire et les rouages de ce régime opaque. On comprend ainsi la position cruciale au Proche-Orient d'un pays suspecté d'être directement impliqué dans l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, et qui soutient des mouvements terroristes comme le Hezbollah. Débutant et finissant par des images clandestines des émeutes du printemps dernier, le film montre aussi les limites d'un gouvernement héréditaire qui ne se maintient que par la terreur, l'intimidation et la corruption. '

L'Art du savon d'Alep



Vendredi 7 février à 15 h 00 sur France Culture : L'Art du savon d'Alep, avec Françoise Cloarec, psychanalyste ; Cultures d'Islam, A. Meddeb.









La madeleine de Proust d'un Alépin en exil, c'est l'odeur du savon. Avec elle, il retrouve son enfance et, au-delà, le passé millénaire de sa ville et de ses traditions. La tragédie qui frappe aujourd'hui la Syrie, et notamment la ville d'Alep, est une raison de plus de vouloir faire connaître un peuple, sa culture et les savoir-faire qui occupent ses mains depuis des siècles. Le savon d'Alep, ce petit cube de matière lisse aux couleurs inimitables, nous ouvre les portes d'une civilisation : les caravansérails, la rencontre de l'Orient et de l'Occident, la tolérance religieuse, l'architecture des souks et des hammams, les richesses du désert. Huile d'olive, salicorne du désert, baie de laurier : chacun des ingrédients qui entrent dans la composition du savon d'Alep est l'occasion de raconter des hommes, des paysages, des fragments de vie et de grands pans d'histoire. Le lecteur découvrira les secrets de sa fabrication : le savant dosage, la cuisson lente, le coulage de la matière à même le sol de vastes salles, l'impressionnant rituel de la découpe, le tamponnage (les savons sont frappés comme on frappe la monnaie) et le séchage, qui prend au moins neuf mois comme toutes les choses importantes... Vient ensuite la description de l'usage et des nombreuses vertus du savon d'Alep, l'histoire et les secrets du bain dans les hammams.




Le meilleur des jours


Vendredi 7 février à 14 h 55 sur France Culture : Le Meilleur des jours (Points), de Yassaman Montazami ; Le carnet du libraire, A. Trapenard.


"Après la mort de son père, Yassaman Montazami se réfugie dans l’écriture pour tenter de garder vive la mémoire de ce personnage hors norme. La drôlerie et la cocasserie des souvenirs atténuent peu à peu l’immense chagrin causé par sa perte. Né avant terme, condamné puis miraculé, l’enfant adulé par sa mère, qui jamais ne lui refusa rien, fut nommé Behrouz – en persan : « le meilleur des jours » –, un prénom prédestiné pour un futur idéaliste épris de justice et un pitre incapable de prendre la vie au sérieux. Envoyé en France pour y poursuivre des études qu’il n’achèvera jamais, il participe à sa manière aux événements révolutionnaires de 1979, au cours desquels l’Iran bascule de la monarchie à la République islamique, en faisant de son appartement parisien un refuge pour les Iraniens en exil. Leurs chassés-croisés entre Paris et Téhéran donnent à l’auteur l’occasion de brosser une multitude de personnages improbables et issus des milieux les plus divers : une épouse de colonel en fuite, fanatique d’Autant en emporte le vent, un poète libertin, mystique et interdit de publication, un révolutionnaire maoïste enfermé à la prison d’Evin, et même un ancien chef d’entreprise devenu opiomane. Évocation d’un monde aujourd’hui disparu, ce premier roman frappe par sa maîtrise et par l’acuité de son trait."


Journée en l'honneur de Gilles Veinstein


Vendredi 7 février, amphithéâtre Maurice Halbwachs, 11 place Marcelin-Berthelot, 75005, Paris, Collège de France.

Matinée : 

9 h 30 : Introduction, avec Henry Laurens, Collège de France et Nathalie Clayer, CETOBAC.

Présidence : François Hartog, EHESS.

9 h 45 : À l'écoute des sources. L'enseignement de Gilles Veinstein à l'École des hautes études en sciences sociales ; Nicolas Vatin, CETOBAC-EPHE IVe Section.

10 h 15 : Les cours de Gilles Veinstein au Collège de France ; Olivier Bouquet, Université Paris 7.

Pause.

11 h 30 : Les travaux de Gilles Veinstein sur le Sud-Est européen ; Oliver Schmitt, Université de Vienne.

12 h 00 : Gilles Veinstein sur les Ottomans en territoire grec et insulaire ; Elizabeth Zachariadou, membre honoraire de l'Institut des études méditerranéennes, Rethymno.

Après-midi :

Présidence : Alexandre Popovic, CNRS

14 h 30 : Avec le souci du détail. L'apport de Gilles Veinstein avec l'État ottoman ; Colin Imber, professeur honoraire à l'Université de Manchester.

15 h 00 : La société ottomane dans les travaux de Gilles Veinstein ; Suraiya Faroqhi, professeur à la Bilgi ünivertesi, Istanbul.

16 h 45 : Dans et au-delà des études ottomanes : les questions religieuses ; Nathalie Clayer, CETOBAC

mercredi, février 05, 2014

Éconduit pour Genève II, le PYD fait les yeux doux à la Turquie



Peu d’observateurs politiques jugeaient que la conférence de Genève II avait des chances de mettre fin à la guerre syrienne, surtout lorsque le 7 janvier, alors que les invitations de l’ONU commençaient d’être envoyées, on apprit que l’Iran ne ferait pas partie des participants, à la satisfaction de la Coalition nationale syrienne ( qui menaçait, dans le cas contraire, de ne pas venir) et du Premier Ministre turc, Recep Tayyip Erdoğan. 

Autre groupe non invité, les Kurdes du PYD, ceux du Conseil national kurde (CNK) y assistant comme membres de la Coalition. Le PKK syrien réclamait que les Kurdes soient représentés par une délégation « indépendante » mais n’a reçu pour cela ni l’accord des Nations Unies ni le soutien de la Russie, malgré une campagne médiatique et via les réseaux sociaux, notamment sur twitter, avec le hastag #KurdsMustBeInGeneva2, protestant contre le péril d’un nouveau « Traité de Lausanne », où l’idée d’un État kurde, envisagée dans le Traité de Sèvres (1920), avait été définitivement enterrée en 1923, par les Puissances alliées et la Turquie. 

Être agréé à la conférence de Genève II aurait peut-être permis au PYD d'obtenir une forme de reconnaissance internationale, après l’autonomie unilatéralement proclamée dans les trois régions kurdes de Syrie, geste critiqué par la Coalition syrienne et les Puissances occidentales, mais aussi par le Conseil national kurde syrien et le Gouvernement régional du Kurdistan, les deux reprochant au PYD son refus de respecter les accords d’Erbil, sa volonté d’hégémonie politique et ses actes de violence et d’intimidation contre ses opposants kurdes sur le terrain. 

Mais l’inefficacité prévue de Genève II et le fait qu’en Syrie même, la Coalition exerce peu d’influence, car éloignée des champs de bataille, rendaient un nouveau « Traité de Lausanne » très improbable, la Syrie étant actuellement entre les mains de différents groupes armés (l’armée syrienne et les milices du Hezbollah, l'Armée syrienne de libération, les milices djihadistes, les forces YPG du PYD). Ce qui n'a pas empêché la question d’aller ou non à Genève en tant que membres de l'opposition syrienne de diviser les Kurdes depuis décembre, le CNK étant plus ou moins enclin à s’y rendre, le PYD l'accusant pour cela de « haute trahison ». 

Le 22 janvier, la conférence était ouverte à Montreux par le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon. Dans un discours qui se voulait optimiste, ou à tout le moins encourageant, il s’est adressé aux 40 nations représentées et aux parties syriennes qui pouvaient, selon lui, « prendre un nouveau départ » en assurant que cette conférence était l’occasion de « montrer leur unité » et qu’après trois années de conflit et de souffrance en Syrie, c'était un jour d’espoir : « Vous avez une occasion énorme et la responsabilité de rendre un service au peuple syrien. »

 Le même ton modérément optimiste était de rigueur dans les déclarations des pays « amis de la Syrie », qui relevaient que le simple fait d’avoir pu amener les belligérants à la même table était un pas important, même si, comme l’indiquait William Hague, le ministre britannique des Affaires étrangères : « il serait erroné de s'attendre à des progrès dans les prochains jours, en termes de percées. Néanmoins, des choses peuvent être obtenues lorsque la diplomatie commence, quand on essaie la diplomatie - nous avons vu cela sur beaucoup d'autres sujets, y compris avec l'Iran sur son programme nucléaire. » 

Mais le « pas important » consistant à amener les parties adverses autour de la même table a été fortement minoré par le fait que les représentants du président Bashar Al Assad et ceux de la Coalition ont refusé justement de siéger face à face et se sont réunis dans des salles différentes, obligeant le médiateur de l’ONU, Lakhdar Brahimi, à faire le va-et-vient entre les uns et les autres. 

Le chef de la Coalition, Ahmed Jarba, n’a cessé de poser en condition non négociable le départ de Bashar Al Assad, alors que les officiels syriens répliquaient que le président syrien n’avait pas du tout l’intention de quitter le pouvoir, ce qu’a confirmé le Secrétaire d’État américain, John Kerry, à la TV Al-Arabiyya. Campant sur leurs positions, les deux délégations ont menacé à plusieurs reprises de quitter les pourparlers si leurs demandes respectives n’étaient pas acceptées et se sont rejetées mutuellement les responsabilités des atrocités de la guerre et des crimes commis contre la population civile, le gouvernement syrien répliquant aux accusations d’exactions en tenant l’opposition responsable du terrorisme. 

Aussi, la séance s’est achevée le 31 janvier sans résultat concret, un deuxième round de pourparlers devant démarrer le 10 février. L’ONU n’a pu obtenir qu’un convoi humanitaire à destination de Homs soit débloqué, alors que ses habitants souffrent d’une sérieuse famine, et Lakhdar Brahimi a fait part, à ce sujet, de sa grande « déception ». Par contre, le communiqué de Genève I, datant de juin 2012, et ses 10 points énoncés pour mettre fin au conflit et établir un processus de transition politique, a été accepté par les deux parties comme base de travail, ce qui est présenté comme un pas positif par les diplomates, même si ce texte envisage le départ de Bashar Al Assad, ce qui est pour le moment refusé catégoriquement du côté gouvernemental. 

Quant aux Kurdes, quel que soit leur camp, pro-PYD ou pro-CNK, ils attendaient peu de cette conférence et la veille même de son ouverture, le 21 janvier, le président de la Région du Kurdistan d’Irak, Massoud Barzani, avait fait part de son scepticisme alors qu'il se trouvait devant la Commission des Affaires étrangères du Parlement européen à Bruxelles : « La conférence de Genève II sera l'occasion pour le peuple syrien de décider de son propre destin même si, personnellement, je ne nourris pas un optimisme excessif. Je n'ai pas beaucoup d'attentes concernant cette conférence. » 

Le président kurde a aussi évoqué la menace terroriste qui pèse sur la Région du Kurdistan comme sur l'Irak, en raison de l’activité intense de groupes tels qu’Al Qaïda et État islamique en Irak et au Levant (EIIL) : « Pour l'heure, il n'est pas évident de dire que les forces démocratiques, l'Armée libre de Syrie, seront l'alternative du pouvoir en place à Damas, car ce sont les organisations terroristes qui tiennent le haut du pavé. » 

De leur côté, le PYD et les partis proches de sa mouvance ont poursuivi leur « processus d’autonomie » en annonçant la formation de conseils cantonaux (un pour chaque « canton » du Kurdistan syrien), en commençant par celui de Djézireh, pourvu de 22 membres aux fonctions ministérielles, chargés, tout au moins sur le papier, de gérer la défense, l’économie, les finances, etc. de leur toute petite localité. Si ces conseils comprennent aussi bien des Kurdes que des chrétiens ou des Arabes, les opposants au PYD dénoncent l’uniformité politique de cette administration.

Ainsi, pour Hêvidar, un journaliste kurde syrien, opérant en Turquie, et s'exprimant à l"AFP, ce conseil de Djézireh est composé de « soit des membres du PYD, soient des gens ayant peur du PYD. Je suis pour tout ce qui aide à garantir les droits des Kurdes, mais le PYD ne s'intéresse pas à nos droits, il veut imposer son pouvoir via les armes … Comment peuvent-ils annoncer la création d'un conseil local s'ils ne peuvent même pas fournir de l'électricité ou des soins de base à la population? » 

Le 27 janvier, Kobanî (au centre du pays, sur la frontière turque) a formé l'assemblée de son canton et le 29 janvier, c'est Afrin, à l’autre bout du pays, au nord-ouest d'Alep, qui a tenu son assemblée et a élu son président. De futures « élections générales » ont été annoncées dans 4 mois afin d'élire de nouvelles assemblées, sans que l’on en connaisse exactement la modalité ni la possibilité dans une situation de guerre et de crise humanitaire, d'autant que les autres partis kurdes syriens font toujours état d’arrestations, d’enlèvement et de tortures (parfois mortelles) sur leurs membres restés sur place, de la part des Asayish du PYD. 

Le CNK, de son côté, peine toujours à rester uni et cohérent entre ses différents courants. Le 2 février, le Parti kurde de gauche (parti allié ou à tout le moins favorable au PYD) a annoncé son retrait du Conseil, qu’il accuse de ne pas agir dans l’intérêt des Kurdes. L’agence Firat News (pro-PKK) y voit un désaccord avec trois autres partis kurdes, Yekitî, Al Partî et Azadî et le fait que le CNK traverserait une période de crise depuis sa décision de participer à Genève 2 avec la Coalition plutôt que « de soutenir l’administration des cantons du Kurdistan occidental ». 

Le Parti de gauche accuse aussi ses trois rivaux d’être derrière des « attaques » contre les groupes kurdes YPG et le PYD accuse, lui, le parti Azadî d’avoir pris contact avec Al Nusra, un de ses grands adversaires djihadistes sur le terrain (les anti PYD faisant état, eux, de collaboration entre les milices du Baath et les YPG, notamment dans la tentative de prise du village arabe de Tell Hamis, tenu par les islamistes, où les YPG ont subi de lourdes pertes). 

Les trois partis incriminés par le PYD et le Parti de gauche ont rejoint la Coalition sous une nouvelle formation, dont le nom, « Unité politique », a une résonance ironique, mais d'une ironie sûrement involontaire. Le président d’Al Partî, Abdulhakim Bashar, a aussi réitéré son opposition à la formation des « cantons du Kurdistan occidental », qu’il a qualifiée de « déclaration de guerre », sur la chaîne arabe Al-Jazeera. 

Salih Gedo, le Secrétaire général du Parti kurde de gauche a, de son côté, été nommé « ministre des Affaires étrangères du Canton de Djezireh » et Ekrem Heso, lui aussi membre du CNK, président de ce même canton, ce qui fait que Mustafa Oso, secrétaire général du parti Azadî, a déclaré que les membres du CNK ayant choisi d’occuper des fonctions dans l’administration du PYD devraient être exclus. 

Mais le PYD, sur le terrain, sait probablement (ou a fini par se rendre comte) qu’il ne pourra durablement faire cavalier seul dans ses trois enclaves, cernées par les islamistes et la Turquie, ou dépendant des postes frontières de l’Irak (dont celui de Pêsh Kahbûr, tenu par le GRK). Ayant échoué à obtenir, pour le moment, une reconnaissance de la part des puissances occidentales à Genève, et peu soutenu, dans cette affaire, par la Russie, il tente maintenant de nouer des liens avec les puissances régionales, l’Irak et l’Iran (avec qui il est en bons termes) et surtout la Turquie qui, jusqu’ici, était sa principale bête noire, et dont le soutien à l'opposition syrienne lui servait jusque-là à discréditer les Kurdes du CNK, accusés de « collaborer avec l'ennemi ». 

Salih Gedo, le tout nouveau « ministre » des Affaires étrangères du Canton de Djezireh, a ainsi annoncé vouloir entamer une série de rencontres avec le gouvernement kurde d'Erbil (peut–être pour débloquer la frontière et se ravitailler), et de se rendre en visite à Bagdad, Téhéran et Ankara (le président du PYD, Salih, s’est rendu déjà à Ankara en 2013, pour y rencontrer Ahmet Davutoglu mais c’était avant l’annonce unilatérale de l’autonomie). On ne sait quelle sera la réponse de la Turquie, mais comme le Premier Ministre fait face à une crise politique interne et que le mouvement islamiste Gülen est devenu à la fois la bête noire de l’AKP et du PKK, ils auront au moins un terrain d’entente. 

Asia Abdullah, coprésidente du PYD, arrivée à Istanbul pour assister à une conférence organisée par la toute nouvelle formation kurdo-turque HDP, a même affirmé qu’ils étaient prêts à exporter leur pétrole en Turquie, que son parti cherchait le soutien turc et ne souhaitait pas affronter Ankara (selon le journal turc Milliyet, le PYD serait déjà en pourparlers à ce sujet avec Ahmet Davutoglu).

Quand on connaît leurs rapports exécrables et les nombreuses accusations du PKK sur la vassalité politique et économique d'Erbil envers Ankara, il est ainsi amusant de voir le PYD se faire le  copycat des Kurdes d'Irak  dans ce domaine, et se mettre à courtiser (lourdement) la Turquie à coup de pétrole brut et de baril si soudainement  et si généreusement offerts, très peu de temps après le succès des accords pétroliers entre le gouvernement Barzani et celui d'Erdoğan.

mardi, février 04, 2014

Amadiyya sous le règne de Badr al Din Lu’lu (1211-1259)

 
Kitāb al-Aghānī (Livre des Chants) d'Abu al-Faraj al-Isfahani, peint en (1218-1219), que l'on a parfois vue comme une "représentation" de Badr al-Din Lu'lu', ce qui n'est pas  du tout assuré, mais qui correspond à la représentation idéale d'un prince de la Djezireh du 13e s. 


Badr al Din Abu-l-Fada’il Lu’lu fut le mamluk (esclave) du dernier atabeg indépendant de la dynastie zengide à Mossoul,  Nur al Din Arslan Shah (1193-1211) qui, comme d'autres petits princes de Djezireh et de Haute-Mésopotamie tenta de s'émanciper de la tutelle ayyoubide à la mort de Saladin. Mais à Erbil, Gökburi, le beau-frère turc de Saladin, restait allié aux Ayyoubides et avec le neveu de Saladin, Al Malik Al Ashraf (fils d'Al 'Adil, qui s'imposa comme sultan d'Égypte à la place son frère), il battit Arslan Shah à Sinjar, en 1204. Arslan Shah donna alors sa sœur Turkan Khatun en mariage à Al -Malik al Ashraf en 1208-1209 et ainsi les territoires retombèrent peu à peu sous la main réunificatrice d’al Adil.

Mais quand al-Adil assiégea Jazirat Ibn Umar (Cizîr), tous les atabegs réalisèrent qu’Al Adil tentait d'avancer la suprématie ayyoubide là où Saladin n'avait jamais pu s'imposer : sur les terres des Zengides et du Kurdistan. Cela réconcilia un temps Erbil (Gökburi) et Mossoul (Arslan Shah). Les deux filles de Gögburi épousèrent les deux fils d’Arslan Shah. S’allièrent  à eux Al Zahir Ghazi, fils de Saladin, prince d'Alep (les Ayyoubides passèrent leur temps à se déchirer) et le sultan roum d’Anatolie. Malgré cela, Al Adil obtint une soumission au moins politique.

Quand Arslan Shah mourut en 1211, deux de ses fils lui succédèrent, comme il l’avait stipulé : l'aîné ‘Izz al Din à Mossoul et le cadet Imad al Din Zengi reçut les deux  forteresses de Akre et Shush. À cette époque, Badr ad Din Lu’lu, un esclave sûrement d'origine arménienne, était commandant des armées et gouverneur des tribus et des clans. Lu’lu cacha la mort d’Arslan Shah jusqu’à ce que ses fils fussent reconnus dans leur pouvoir par le Calife de Bagdad.

Les relations entre Mossoul et Irbil restèrent bonnes, sous la domination d’Al-Adil jusqu'à la mort du sultan de Mossoul, 'Izz al Din, en 1218. Il avait désigné son fils Arslan Shah pour lui succéder (il était âgé de 10 ans), sous la tutelle de Badr al Din, qui envoya à nouveau une députation au Calife pour faire connaître le second Arslan Shah comme sultan et lui-même comme ‘sultan-adjoint’. Gouvernant au nom d'un prince de dix ans, Badr ad Din Lu’lu agissait à partir de là comme un prince indépendant. 

L’oncle d’Arslan Shah, ‘Imad al Din Zangi, qui tenait toujours Akre et Shush, voulut s’opposer à cette prise de pouvoir  d’autant qu’il aurait pu prétendre à succéder à son frère du fait que L’u’lu était un usurpateur d'origine servile. Lu’lu, face à la légitimité zengide, avait l’appui des Ayyoubides avec le sultan d'Égypte Al Adil. Mais ce dernier mourut presque aussitôt en août 1218.

Imad ad Din Zangi réclama d'abord que la garnison de la forteresse d’Amadiyya « la plus importante citadelle du Kurdistan » (dixit Patton Douglas :Badr Al-Din Lu Lu: Atabeg of Mosul, 1211-1259 )  accepte son autorité. Il prétendit même que le jeune Arslan Shah était mort. La garnison d’Amadiyya se soumit à lui en décembre 1218. Lu’lu envoya des forces pour la reprendre mais Gökburi, qui soutenait Zangi, le menaçait de son côté. D’autres citadelles de la Hakkariyya et de Zozan reconnurent Imad ad Din. Lu’lu fit alors appel une fois encore au soutien d’Al-Ashraf (sultan de Harran et Damas) et d'al-Kamil (qui avait succédé à son père Al 'Adil comme sultan d'Égypte). Al Ashraf menaça Gökburi d’une invasion. Ce dernier fit la sourde oreille et s’allia avec les Artuqides de Mardin et de Hisn Kayfa. Ashraf envoya une petite force à Nasibin pour protéger Mossoul d’une éventuelle offensive artuqide.

Les forces de Lu’lu battirent celles de Zangi près d’Akre le 14 avril 1219. Comme Lu’lu avait envoyé une lettre de soumission  et de demande de soutien à Bagdad, il y eut des envoyés d’Al Ashraf et du calife pour parrainer le traité de paix qui déboucha sur un statu quo, chacun gardant les territoires qu’il contrôlait. 

Mais le petit Arslan Shah finit par mourir pour de bon et son jeune frère de 3 ans fut placé sur le trône par Lu’lu. Derechef, Gökburi et Zangi attaquèrent Mossoul. Zangi appela au secours les troupes ayyoubides stationnées à Nusaybin (celles qui qui devaient le protéger des Artuqides). La bataille eut lieu le 1er octobre 1219. Les Ayyoubides battirent Zangi et Gökburi battit Lu’lu, ce qui faisait 50/50. La situation de Lu’lu était de plus en plus difficile, d’autant que le second jeune prince mourut à son tour et que Lu'lu n'avait plus de pupille zengide à faire semblant de régenter.

Lu’lu appela de nouveau Al Ashraf à l’aide. L'Ayyoubide vint camper avec une armée à Harran, en octobre novembre 1219. Face à eux, Gökburi resserra les liens avec les Artouqides et le sultan seldjoukide de Rum, Izz al Din Kaykawus, qui disputait aux Ayyoubides le nord de la Syrie. Deux autres grands émirs kurdes, Al Mashtub et Izz al Din ibn Badr al Humaydi, les suivirent dans la révolte contre Al-Ashraf. Al-Mashtub fut fait prisonnier à Sinjar, mais le gouverneur de Sinjar le relâcha et se rallia à son camp. Lu’lu et al Ashraf assiégèrent Al Mashtub à Tell Yafar près de Sinjar et le capturèrent en juin 1220. Lu’lu l’épargna s’il livrait le fort de Tell yafar et l’amena à Mossoul.  

Mashtub fut emprisonné à Harran par Al-Ashraf et il mourut 2 ans plus tard. Al-Ashraf récupéra Sindjar en 1220 et arbitra une fois encore le conflit entre Erbil et Mossoul. Il fut convenu que toutes les forteresses prises à Lu’lu seraient rendues, sauf Amadiyya. Gökburi devait aussi accepter la suprématie de Lu’lu (dire la khutba du Vendredi et battre monnaie à son nom). Gökburi refusa et les discussions durèrent 2 mois, jusqu’à ce qu’al-Ashraf perde patience et marche sur Erbil. Gökburi accepta finalement et la trêve fut conclue en octobre 1220. Gökburi emprisonna même Zangi afin qu’il rende les forts, comme promis. 

Mais la 5ème Croisade menaçait l’Égypte et al-Kamil rappela son frère qui quitta les lieux d’urgence, en emmenant Zangi.

Gögburi ne se plia jamais vraiment à l’autorité d’Al Ashraf et les forteresses kurdes refusèrent d’abord de se rendre à Lu’lu. Mais celui-ci bénéficiait toujours de la protection d’Al-Ashraf contre Zangi et en 1221, les garnisons des forts de Al Hakkariyya et de Al Zozan se soumirent à Mossoul. Même Amadiyya se rendit à Lu’lu, bien que le traité avait prévu qu’elle restât à Zangi. 

Au début Al-Ashraf refusa qu’il se rendisse maître des citadelles du Kurdistan, mais Lu’lu lui donna en échange une autre forteresse et des terres près de Nusaybin. Mossoul et Erbil furent ainsi réconciliés et Amadiyya passa  pour de bon aux mains de Badr al Din, qui assiégea Sush, toujours tenue par Zangi. Ce dernier partit même chercher alliance et secours en Azerbaydjan auprès de Uzbek ibn Pahlawan. Il revint, reprit Shush mais Gökburi lui demanda alors de lui échanger Shush et Akre contre Shahrazur. Zangi fut donc éloigné du terrain ce qui n'était pas à son avantage.

Entre temps, une 3ème guerre interne autour de la succession de Hamah éclata entre les princes ayyoubides, guerre à laquelle Gökburi se mêla, en soutenant les frères adversaires d’Al Ashraf dont Ghazi, le prince d’Alep.

Et puis les Shah du Khwarizm arrivent en 1224-1225, repoussés par les Mongols à l’est. Gökburi leur fait soumission très vite, tout comme Zangi qui leur promet Mossoul (d'avance). Lu’lu est de nouveau bien isolé, d’autant qu’en 1226 al-Ashraf est battu et capturé par Kay Kobad, le sultan de Roum. Amadiyya s’est révolté contre Lu'lu mais n’a pu obtenir d'aide de Zangi, de Gökburi ou de Ghazi. Le fils de Lu’lu, Amin Al Din assiège la citadelle qui se rend en novembre 1225.

Le Shah du Khwarizm meurt en 1227 et al Kamil d’Égypte s'impose comme unique chef unificateur des Ayyoubides, dont le pouvoir décline cependant en Méspotamie alors que le calife prend de l’importance. Il est alors courtisé à la fois (de façon assez ostentatoire) par les deux lascars, Lu’lu et Gökburi qui rivalisent pour obtenir son appui. Le prince d'Erbil va même jusqu'à faire du calife son successeur pour sa ville, en 1231. Les Khwarizmi, eux, sont définitivement anéantis par les Mongols qui se rapprochent,  et font des raids à Nusaybin, Sinjar, le Khabur…  D’autres Mongols viennent d’Azerbaydjian et font de même à Erbil. C'est alors que Gökburi (âgé de 80 ans !) meurt en 1232. Le calife occupe la ville malgré une brève résistance des partisans de vieux prince turc, en juillet 1233. 

Débarrassé de Gökburi, Lu’lu est enfin reconnu sultan par le calife qui n’a plus intérêt à soutenir ce qu’il reste des Zangides, maintenant qu’il est en possession d’Erbil. Pour l'ancien esclave, son règne de sultan commençait et devait durer 26 ans. Il réussit à échapper à la dévastation mongole en se soumettant à eux (et essayant même, comme toujours, de tirer profit de cette vassalité pour continuer d'accroître son influence). Mais il mourut un an après la prise de Bagdad, en 1259,  dans ses 80 ans, lui aussi. Il n’avait cessé de combattre contre les révoltes et les tentatives d’émancipation des Kurdes de la région. 

Ses descendants se partagèrent entre la tutelle des Mamelouks (qui avaient succédé aux Ayyoubides en 1250-51) et la suzeraineté des Mongols. Ils furent finalement éliminés par ces derniers, en 1263. Quant à Amadiyya, qui abrita, sous Badr al Din, le trésor de Mossoul, elle ne fut pas dévastée par les Mongols, grâce à la politique opportuniste du vieux sultan.

C'est peut-être sous son règne que fut décorée ou (re?)bâtie la fameuse porte de Mossoul ou porte de l'Ouest  (dont le décor, de toute façon, est dans le style régional du 13e s.) et aussi la synagogue Yehezqel.




Terrains de guerre

Mercredi 5 février à 20 h 45 sur France Ô Magazine, 2 documentaires présentés par Samira Ibrahim :


  • Villes violentes : Bagdad, de Grégoire Deniau, Guillaume Martin et Stéphane Dubun, (2013).
  • Syrie, derrière la ligne de front, d'Olly Lambert (2013)

Soirée Asghar Farhadi





Mercredi 5 février   sur ARTE


à 20 h 50 : Une séparation, Asghar Farhadi Iran, 2010).

SynopsisLorsque sa femme le quitte, Nader engage une aide-soignante pour s'occuper de son père malade. Il ignore alors que la jeune femme est enceinte et a accepté ce travail sans l'accord de son mari, un homme psychologiquement instable…






à 22  h 50 : Il était une fois "Une séparation", documentaire d'Auberi Edler (France, 2013) :





 à 23 h 50  : La Fête du feu (Chaharshambe-soori), d'Asghar Farhadi.

Ce mardi est "Chahar shanbeh souri", une fête du feu plurimillénaire. Rouhi, une jeune aide-ménagère qui vit un bonheur complet et va bientôt se marier, est employée pour la journée chez un jeune couple. Elle découvre un foyer en pleine crise, dont la femme soupçonne son mari de la tromper avec une voisine...



lundi, février 03, 2014

Pétrole et budget : confusion et aigreur après les rencontres entre les Premiers ministres irakien et kurde

Au début de l’année, le Kurdistan d’Irak a commencé d’exporter son brut en Turquie via le nouveau pipe-line les reliant directement. Deux millions de barils doivent être vendus lors d’un appel d’offre, et le ministre kurde des Ressources naturelles a annoncé que 6 millions de barils seraient vendus en février et mars prochains. 

Le gouvernement irakien, sans surprise, a aussitôt fait part de son opposition à cette exportation qu’il qualifie d’illégale, puisque décidée sans son aval. Le ministre irakien du pétrole a fait part de son « profond regret et étonnement de cette violation flagrante de la constitution irakienne ». Comme toutes les fois que les Kurdes se passent du gouvernement central pour leurs accords avec des compagnies étrangères, l’Irak a menacé les sociétés qui traiteraient avec les Kurdes de poursuites judiciaires pour « contrebande ».

Cela semble peu effaroucher les investisseurs étrangers, comme l’a déclaré à l’agence Reuters Todd Kozel de Gulf Keystone : « Nous attendons de lire et d’entendre  ces mots depuis 2007. C’est de la musique aux oreilles de n'importe quel opérateur dans le Kurdistan. C'est la monétisation de nos actifs ». Mais en plus de menacer les sociétés pétrolières, Nouri Maliki, le Premier ministre irakien a envisagé de couper les fonds à la Région kurde, en supprimant les 17% du budget qui lui revient, ce qui, selon lui, aurait pu être fait auparavant, puisque les Kurdes n'avaient pas remis à l’Irak les 250 000 barils par jour sur lesquels ils s’était engagés en 2013.

Enfin l’adjoint du Premier Ministre en charge de l’Énergie, Hussein Sharistani, adversaire de longue date des Kurdes sur cette question du pétrole, a convoqué le consul turc pour lui faire part de ses « objections » à l’accord turco-kurde : 

« Le gouvernement de l’Irak tient la partie turque pour légalement responsable de cette action et se réserve le droit de demander réparation pour tous les dommages qui en résulterait. »

Quant au ministre irakien du Pétrole, Abdelkarim Al-Luaybi il a qualifié l’exportation du pétrole vers la Turquie de « ligne rouge » et a déclaré que son gouvernement envisageait plusieurs réponses, notamment le boycott de toutes les sociétés turcs et l’annulation de tous les contrats en cours entre les deux pays.

Les Kurdes, eux, affichent une plus grande sérénité, en rappelant qu’ils étaient parvenus à un accord avec Bagdad, le 25 décembre 2013, comme le faisait savoir le 13 janvier dernier, à Reuter, le porte-parole du Gouvernement de la Région, Safeen Diyazee, assurant que « Le cadre [de l’accord] est déjà accepté à Bagdad – ce sont plus que des questions d’ordre technique. »

Mais le conflit a rebondi le 15 janvier sur la question du budget 2014, quand le conseil des ministres irakiens a adopté une loi contre l’avis de son vice-président, le kurde Roj Nouri Shaweys, soutenu par les autres Kurdes du conseil, alors que les ministres arabes et turkmènes approuvaient cette proposition de budget. Selon une source anonyme publiée par le journal Shafaq News, le désaccord porte sur le paragraphe indiquant le montant des exportations à l’Irak du pétrole en provenance du Kurdistan. Arabes et Turkmènes ont souhaité que la Région exporte 400 000 barils par jour, sous peine de voir réduire le budget que lui alloue le gouvernement central. Roj Nouri Shaweys a alors rappelé que le gouvernement d’Erbil n’avait pas reçu les années précédentes le budget prévu pour la solde de ses Peshmergas (forces armées) et qu’il s’opposait à ce paragraphe. Refusant de débattre plus avant, le conseil des ministre a voté la loi à la majorité, incitant tous les ministres kurdes à quitter la réunion.

Le 17 janvier, le ministre-adjoint aux finances du Gouvernement kurde, Rashid Tahir, avertissait que les Kurdes pourraient décider de se séparer de l’Irak si ce dernier coupait leur budget, en répliquant que depuis 2007, jamais le Gouvernement central n’avait vraiment alloué 17% de son budget aux Kurdes, seulement 10% :

« Si Bagdad fait un tel pas, alors nous enverrons les revenus du pétrole à Bagdad en y soustrayant la part prévue pour la solde des Peshmergas. Si cette solution ne satisfait pas Bagdad, alors nous n’aurons d’autre choix que nous séparer (Rudaw).

D’après Rashid Tahir, la Région kurde peut se financer elle-même, avec ses revenus internes et ceux de ses exportations de pétrole, revenus qu’il a estimés à environ 10,5 billions de dinars irakiens pour l’année passée, et qui pourrait augmenter les prochaines années. 

Le gel des revenus pétroliers kurdes pourrait avoir de graves conséquences sur les finances irakiennes. Hayder Al-Abadi, qui est à la tête de la Commission du Trésor au Parlement irakien, et est un membre du parti du Premier ministre Nouri Maliki, a expliqué le 19 janvier à l’agence Reuters, que son pays ne pourrait pas financer le budget 2014 si les Kurdes n’envoyaient pas les revenus tirés de l’exportation de leur pétrole. 

De même, le refus de payer les 17% du budget dus aux Kurdes auraient aussi des raisons financières, en plus des conflits en cours.  Haydar Al-Laybi affirme en effet que le budget 2014 « s’effondrerait » si ces 17% étaient versés à la Région kurde, d’autant que les dépenses publiques irakiennes ont fortement augmenté, avec l’augmentation des pensions et du salaire minimum dans le secteur public, celle des allocations familiales et des bourses d’études. Même si l'on prévoit que les Kurdes paient au Trésor irakien des recettes d’exportations de pétrole calculées sur un nombre de 400 000 barils par jour – ce que certains jugent irréaliste, en indiquant un montant plus probable de 255 000 barils par jour – le projet de budget envoyé au Parlement de Bagdad présente un déficit d’environ 21 billions de dinars irakiens (18 milliards de dollars). Hayder Al-Abadi en tient d'ailleurs les Kurdes responsables, avec la suspension des paiements en 2013, quand le Gouvernement régional kurde réclamait le paiement des sociétés pétrolières opérant dans ses provinces.

Le 19 janvier, Nêçirvan Barzani, le Premier Ministre du Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) arrivait à Bagdad pour tenter de résoudre la crise. Mais les deux réunions entre les deux Premiers ministres et Hussein Sharistinani, le Vice-Premier ministre irakien en charge des questions énergétiques, n’ont pas abouti à des conclusions très franches, et les trois hommes en ont même fait un compte-rendu très contradictoire.

S’exprimant ainsi sur cette rencontre auprès du journal Rudaw, le 20 janvier, le Premier Ministre kurde Nêçirvan Barzani, a déclaré qu’il y avait un désir réciproque de parvenir à un accord, mais que les problèmes ne pouvaient être résolus « en une ou deux réunions ». Évoquant les menaces de Nouri Maliki de couper le budget de la Région du Kurdistan, M. Barzani aurait répondu au chef du gouvernement irakien que le langage de la menace était « inacceptable et dans l’intérêt d’aucune des deux parties ».  Sur le budget qui doit être voté au Parlement de Bagdad, le Premier ministre kurde se déclare « fortement opposé » à « un certain nombre de mesures contre la Région du Kurdistan ».  Enfin, il a assuré n’avoir donné aucune garantie que le GRK n’exportera ni ne vendra son pétrole sans le consentement de Bagdad.

Le même jour, son homologue iranien s'exprimait aussi sur un ton plus modéré, insistant sur la nécessité d'un « langage de la compréhension ». Mais il a par contredit Nêçirvan Barzani en niant avoir jamais laissé entendre que le budget des Kurdes pourrait être coupé, et en assurant aussi avoir obtenu des Kurdes qu’ils ne vendraient pas leur pétrole sans l'accord du gouvernement central.

Mais Hussein Sharistani, ne semble guère prêt, pour sa part, à adopter le mode de l'apaisement et de la conciliation. Le 28 janvier, il a ainsi réitéré ses menaces de représailles, notamment fiscales, contre le Région du Kurdistan, si cette dernière vendait son pétrole avant d’être parvenue à un accord avec l’Irak, selon l’agence Bloomberg.

Du coup, les propos de Nêçirvan Barzani se sont durcis et il a comparé, lors d’une conférence de presse, le comportement actuel de l'Irak avec celui de l'ancien régime avec le Kurdistan, alors que ce dernier « favorisait la résolution de tous les problèmes avec Bagdad ». Le Premier Ministre kurde a nié, par ailleurs, que la Région du Kurdistan avait vendu son pétrole au rabais et en dehors des cours mondiaux, insistant, au contraire, sur la transparence avec laquelle le forage et l’exportation avaient lieu.

« Nous n’accepterons aucun langage de menace, de quiconque. Le pétrole du GRK est vendu au cours mondial et nous n’accepterons aucune justification de couper le budget de la Région du Kurdistan […] Aujourd’hui, dans la Région du Kuridstan, nous pouvons produire et exporter du pétrole et le pipeline pour l’envoyer en Turquie est prêt. Mais jusqu'ici, nous n’avons pas vendu un seul baril. Nous voulons parvenir à un accord avec Bagdad sur cette question. »

Nêçirvan Barzani a mis aussi en avant la présence des nombreuses sociétés étrangères qui travaillent dans la Région pour étayer la constitutionnalité de l’exploitation et de la vente par les Kurdes de leur propre pétrole, affirmant que si tout cela n’était pas légal, ces sociétés n’auraient pas signé de contrat avec le gouvernement d’Erbil. 

« Après 2 ans de pourparlers étendus, le gouvernement kurde a signé un accord solide avec la Turquie et des dizaines d’avocats ont été impliqués dans la rédaction de cet accord. »


Peut-être pour convaincre davantage de  la « transparence » des affaires pétrolières au Kurdistan, le site de son ministre des Ressources naturelles vient de mettre en ligne son premier rapport mensuel , avec les « dernières informations sur la production et l’exportation dans la Région du Kurdistan, le raffinage et la consommation interne, l’activité des puits, la carte et le nombre des plate-formes, les chiffres de l’emploi et les dernières mises à jour sur les contrats de partage de production. » 





Ce rapport couvre les activités d’octobre 2013, et le ministère indique que les rapports de novembre et décembre 2013 seront en ligne à la mi-février. Ensuite, les rapports seront diffusés chaque mois en anglais et en kurde. Une version en arabe est aussi en préparation.

Quant au gouvernement irakien, il vient d'embaucher un cabinet d'avocats prêts, selon lui, à engager des poursuites contre tout acheteur éventuel du pétrole kurde.


Concert de soutien à l'Institut kurde