dimanche, décembre 30, 2012

Najm Akthîr, princesse kurde ayyoubide




Quant à Charaf El-Dîn, il avait ordonné que sa nouvelle concubine fût prête à le recevoir le soir-même ; il était en effet très porté sur les femmes, et ne se tenait plus d'impatience. Ainsi donc, à l'heure dite, la jeune personne l'attendait dans un appartement d'étage, dûment parée et pomponnée, semblable à un trésor dont on aurait percé le chiffre.
Or, Charaf El Dîn avait une épouse, nommée Najm Akthîr ; c'était une princesse de haut lignage, qui appartenait comme lui au clan des Kurdes ayyoubides. Ce soir-là, elle s'était rendue dans l'appartement de la nouvelle venue, et, dissimulée derrière une tenture, l'épiait sans qu'elle s'en rende compte. C'est ainsi qu'elle la vit sortir de l'échancrure de son corsage une mystérieuse fiole, et en verser le contenu dans une coup destinée à Charaf El Dîn. Prise de soupçons, elle attendit l'arrivée de son mari ; quand celui-ci fut entré dans la pièce et confortablement installé auprès de la jeune esclave, elle sortit de sa cachette. " Prends garde à toi, émir ! s'écria-t-elle. Ne touche pas à cette coupe, car je suis sûre qu'elle est empoisonnée ! Surtout, ne crois pas que c'est la jalousie qui me fait parler ; par l'honneur de l'Islam, ce que j'en ai dit, c'est seulement par crainte pour ta vie. J'affirme que j'ai vu cette esclave sortir une fiole remplie d'un liquide jaunâtre, et en verser le contenu dans cette coupe !"
Persuadé qu'elle disait la vérité, Charaf El Dîn se tourna vers la jeune fille. "Qu'as-tu mis dans cette coupe, sale garce ? Avoue, ou bien je te jure par ma tête que tu périras dans les pires supplices !" lui lança-t-il d'une voix terrible, tout en posant la main sur la garde de son poignard. Terrorisée, la malheureuse perdit toute contenance ; affreusement pâle et tremblant de tous ses membres, elle se mit à pousser des vagissements inarticulés. Mais une mauvaise gifle assenée par Charaf El Dîn lui rendit incontinent l'usage de la parole. 
– Au secours, Jaouane ! hurla-t-elle. Viens me délivrer de ce piège où tu m'a fait tomber ! 
– Tiens, tiens ! Tu appelles Jaouane au secours, sale garce ? Comment le connais-tu, d'abord ? 
– Sache, seigneur, qu'il n'est autre que ce marchand alépin qui m'a donnée à toi. 
Comprenant que Jaouane l'avait trompée, elle lui raconta toute l'histoire sans rien omettre, ni l'expédition contre Damas projetée par les quatre rois, ni le stratagème qu'ils avaient inventé pour se débarrasser de lui. Furieux, Charaf El Dîn s'apprêtait à la mettre à mort, mais elle le prévint en se convertissant sur le champ à l'Islam, affirmant l'Unicité de Dieu, qu'Il soit exalté, et la mission prophétique de Muhammad, que la prière de Dieu et Son salut soit sur lui. Force fut donc à Charaf El Dîn de lui faire grâce de la vie ; il eut toutefois la compensation de passer la nuit avec elle…

vendredi, décembre 28, 2012

Lalesh


Quelques semaines après avoir quitté Hisn Kayfâ, ils arrivèrent à Lâlish. Les Kurdes les firent descendre de cheval. Par respect pour les lieux, aucun homme, femme, enfant ni même eunuque ne pouvait avancer autrement qu’en piéton sur la terre que le défunt ‘Adî ibn Musâfir, le saint fondateur du sanctuaire, avait foulé de son vivant. Lâlish était un village charmant sous le givre et la neige qui couvraient encore le toit de ses maisons. Des habitants en déblayaient quelques-uns, à grands coups de pelle. Ils les saluaient à leur passage, répondant au sourire de Sibylle avec une timidité radieuse. Des enfants se tortillaient et se pressaient les uns contre les autres, comme une nichée de poussins, yeux baissés et chuchotant. Ils levaient parfois la tête, enhardis par les mots de kurde qu’elle leur adressait. Certains avaient les yeux d’une étrange couleur, d’un vert plus singulier encore que les siens ou ceux de Shihâb al-Dîn, teinte indécise entre le gris et l’ocre, comme les eaux du Tigre, au printemps, sont mêlées de terre et de neige fondue. Elle trouva à ce lieu et à ses gens une lumière qui parlait à son cœur, réconfortante comme une eau bienfaisante et pure. 
 – Vivre toute l’année en ce lieu leur a donné l’apparence des anges, dit-elle à voix haute. 
 Hassan, de plus en plus nerveux à mesure qu’ils approchaient de la maison des soufis, grogna : 
 – Oui, tant qu’ils sont ici, ils se tiennent tranquilles. Mais si tu les voyais dans leurs montagnes, tu les trouverais aussi pillards, batailleurs et féroces que les autres ! 
 Un groupe d’hommes vêtus de sombre les attendait. Ils n’avaient rien de derviches dépenaillés. Si leur mise était simple, elle était soignée et sans pauvreté ostensible. Ils les saluèrent en arabe et eurent l’air heureusement surpris d’entendre, non seulement Süleyman, mais également Sibylle, leur répondre de même, en tournant un compliment des plus élégants. Un homme mince, de visage agréable, exprima l’amusement de tous les autres :
 – Salut à vous, je suis Marwân ibn ‘Abd al-Qâdir, l’assistant du sheikh Abû-l-Barakat, neveu du saint sheikh ‘Adî, que Dieu l’agrée en sa miséricorde ! C’est un jour peu commun, qui nous fait recevoir une beauté au visage de lune dont on ne sait si elle est fille ou garçon, habillée en soldat turc et parlant arabe comme dans les meilleures écoles du Caire ! Nous allons vous mener dans le lieu d’hôte et voir si le sheikh voudra vous recevoir.

Dengbêj Mamê Kulê




Hesenê Mala Musa
Ricik, Dersim, 1974

Père Paolo Dall'Oglio, de Mar Moussa à Deir Maryam Al-Adhra



À lire sur BabelMed, un portrait-entretien du père Paolo Dall'Oglio, d'Amélie Duhamel :

“Demandez-moi comment il se fait que je sois devenu, moi, religieux chrétien, italien de surcroît, un emblème de la révolution syrienne ? – Mon père ! C'est moi qui conduis l'entretien, pas vous.” La rencontre au café Paris-London en septembre 2012 avec Paolo Dall'Oglio, 58 ans, fondateur du monastère de Mar Moussa (Syrie), chassé du pays en juin 2012 par le régime, démarrait fort… La suite…

jeudi, décembre 27, 2012

Salons de Bagdad

Vendredi 28 décembre à 15 h 00 : André Miquel pour ses Entretiens de Bagdad (Bayard). Cultures d'Islam, A. Meddeb.

André Miquel a mis tout son savoir et toute son expérience au service d'un livre original, très accessible et vivant, qui met en scène une série de dialogues entre le calife Ma'mûn (qui régna de 813 à 833) à Bagdad et une série d'interlocuteurs sur des sujets aussi divers et brûlants que les différences entre les religions, la sexualité et les plaisirs, l'éducation, l'exercice du pouvoir, la guerre, la lecture des textes sacrés... Cette histoire est sans doute aussi "notre histoire", nous confie A. Miquel. Ces entretiens imaginaires ont la force de l'érudition de leur auteur. Tout est vrai, inspiré de la littérature et des débats de l'époque. Toujours fidèles à l'image que Ma'mûn a laissée de lui et de sa politique. On assiste avec passion à ces entretiens animés en découvrant une culture ouverte au monde extérieur, aux échanges, aux débats... qui favorisera l'essor de la philosophie et des sciences dont profitera notre Occident médiéval. L'auteur en vient à poser la question de l'héritage de ce monde et de notre propre vision de l'islam aujourd'hui. 
André Miquel est historien, traducteur, géographe, spécialiste de la langue et de la littérature arabes, notamment des Mille et une nuits. Ancien professeur au Collège de France, dont il a été l'administrateur général de 1991 à 1997, après avoir été celui de la Bibliothèque nationale de 1984 à 1987.

Yasemin et les légendes kurdes de Çorsin

À lire sur Yol 
Elle vient d’envoyer son manuscrit à la maison d’édition kurde Avesta. Un travail d’écriture qui lui a pris des années. Mais Yasemin ne voulait pas que les légendes  qu’un de ses oncles racontait et que tous écoutaient avec avidité quand elle était enfant dans son village de Çorsîn  (un village kurde du lac de Van dont le vrai nom - je ne connais pas son nom turquifié -  révèle l’origine arménienne) disparaissent avec sa génération. Personne ne raconte plus ces légendes. La télévision a  fait taire les conteurs.… La suite.

mardi, décembre 25, 2012

Chants sacrés d'Arménie et liturgie byzantine

Mercredi 26 décembre à 22 h 32 sur France Musique : Armenian Voices à la Cité de de la Musique ; Couleurs du Monde, F. Degeorges.

vendredi, décembre 21, 2012

Imyamar Hasanov : Lachin


Yalda 2012



De la branche du droit cyprès le Rossignol patient, à nouveau jeta ce cri : "Loin du visage de la Rose le mauvais œil !" 
Rose, puisque Tu es reine en beauté, sois reconnaissante : ne sois pas hautaine avec les Rossignols perdus d'amour fou. 
De Ton Absence je ne me plaindrais pas : tant que manquera l'Absence, il n'y aura saveur de présence. 
Si les autres jouissent heureux d'une belle vie de gaieté, pour nous, le chagrin pour le Bien-Aimé est ferment de joie. 
Si l'ascète espère rejoindre houris et châteaux paradisiaques, pour nous, la Taverne est palais, le Compagnon houri. 
Bois au son de la harpe, ne te chagrine pas, et si quelqu'un te dit de ne pas boire de vin, réponds : "Dieu est celui qui pardonne !" 
Hâfez, qu'as-tu à te plaindre du chagrin de la Séparation ? Dans l'éloignement est l'union, dans la ténèbre la lumière !

jeudi, décembre 20, 2012

Ottomans contre chrétiens

Vendredi 21 décembre sur la chaîne Histoire :

1. Les Bâtisseurs de l'Empire à 20 h 36.
2. Les Maîtres de la Méditerranée à 21 h 30.
3. Le choc des civilisations  à 22 h 25.


La Sorbonne, Abu Dhabi


Vendredi 21 décembre à 15 h : Le détour par l’histoire propose une démarche légitimant la création de la Sorbonne à Abû Dhabi. Avec les médiévistes Michel Sot et Dominique Barthélémy, qui ont dirigé L'Islam au carrefour des civilisations médiévales (P.U., Paris Sorbonne).

Vu des Émirats arabes unis, et plus largement de la péninsule Arabique, le monde prend une configuration différente de celle qui est familière aux historiens de l'Occident, fût-il méditerranéen. Tout le monde romain antique y compris sa partie orientale devenue l'Empire byzantin, est à l'Occident. L'Orient tout proche, c'est l'Inde ; plus lointain, c'est la Chine, voire le Japon. Or c'est en Arabie qu'est apparu l'Islam au début du VIIe siècle, et son expansion à la rencontre des grandes cultures du monde a été le phénomène majeur de l'histoire du Moyen Âge. Ce livre aborde les chocs et premiers échanges, au moment de la conquête musulmane et dans les siècles qui ont immédiatement suivi : vers l'ouest avec le monde franc, mais surtout avec le monde byzantin ; vers l'est où les élites guerrières arabes ont affronté les élites chinoises et turques, où un véritable dialogue de culture a pu s'établir avec l'Inde et où des produits de la région du Golfe ont peut-être atteint le Japon. Les auteurs considèrent ensuite, dans la période centrale du Moyen Âge, différents affrontements comme les croisades, dont la dureté n'empêchait pas les guerriers antagonistes de s'estimer mutuellement. Des élites musulmanes ont pu apprécier l'honneur des chevaliers francs. Des chevaliers francs ont pu développer un rêve oriental. Au-delà des affrontements se développent des échanges culturels, objets d'un troisième volet : quelles connaissances de l'Islam en Occident ? Quelle connaissance des sciences arabes ? Quelle connaissance de l'Orient par les marchands vénitiens. Conçu par les médiévistes de l'université Paris-Sorbonne (historiens et historiens de l'art) qui enseignent à la Sorbonne d'Abou Dhabi, cet ouvrage entend contribuer à la réflexion et aux expériences menées actuellement aux Émirats arabes unis pour la rencontre des cultures du monde, aujourd'hui et demain.

Elle joue



Deux femmes parlent. Elles sont toutes deux iraniennes. L’une a grandi dans l’Iran du Shah, l’autre, née après la Révolution de 1979 n’a connu que le régime islamique. Ce livre est leur histoire : à deux regards et à deux voix. La plus jeune, Sheyda, est comédienne. Elle raconte son enfance, comment elle est devenue, très tôt, une vedette. Elle raconte sa vie étrange, sa gloire, ses démêlés avec la censure, son exil enfin. Quant à la femme qui écrit, Nahal, installée à Paris depuis trente ans, elle se rappelle l’Iran de sa jeunesse où elle plongeait dans la piscine de son lycée en bikini, où elle pouvait se promener sans foulard et en minijupe. Les deux femmes, miroir l’une de l’autre, apportent chacune des réponses aux questions qu’elles se posent. Qu’est-ce que vivre aujourd’hui, pour une femme, dans un Iran sous régime islamique ? Qu’est-ce qui est permis et ne l’est pas ? Comment dire les choses sans les dire ? Comment changer de vie ? Comment être une autre ? En un mot : comment jouer ? Au fil des pages, les deux femmes, finissent par ne plus en former qu’une. Ce livre ne ressemble à aucun autre, drôle, pathétique, violent, doux parfois, il sait nous émouvoir parce que ses accents sont ceux d’une réalité devenue fiction.

Les chrétiens d'Orient aujourd'hui

Vendredi 21 décembre à 12 h 05 sur Fréquence Protestante : Avec Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l'Œuvre d'Orient. Midi-Magazine, N. Zanon.

mercredi, décembre 19, 2012

Des grévistes de la faim en garde à vue

Une grève de la faim dont on a moins parlé que celle lancée par le PKK pour Öcalan est celle de l'Association des handicapés du Kurdistan d'Irak, dont le mouvement a été soutenu et relayé par la Fédération des organisations de la société civile de Souleimanieh et par WADI, l'ONG kurde en pointe pour la lutte contre l'excision.

Cette association de handicapés, qui aurait 3000 membres,  a lancé une campagne il y a 29 jours, à la fois pour alerter l'opinion sur le peu de moyens que le GRK donne aux handicapés et pour présenter au gouvernement une liste de demandes, concernant leurs conditions de vie, leurs revenus, leur accès à l'emploi. 

Les meneurs de la campagne dénonce l'insuffisance des aides financières qu'ils reçoivent pour 'vivre décemment'.

Autre problème posé, celui des personnes vivant dans les régions kurdes dont le rattachement à la Région est réclamé par le GRK : pour le moment, personne ne touche une quelconque allocation, ni des Kurdes ni de l'Irak.

Le 12 décembre, le groupe a été reçu au parlement d'Erbil par la commission des Affaires sociales et le ministre des Affaires sociales, des finances et de la santé. La commission parlementaire a indiqué que les députés avaient déjà accepté une allocation de 214 $, bien que les handicapés assuraient ne toucher que 129 $, ce qui laisse certains doutes sur la capacité du pouvoir législatif à faire appliquer les lois qu'il vote.

Aujourd'hui, la Fédération des organisations de la société civile de Suleimanieh, qui les soutient, a annoncé dans un communiqué de presse que tous les dangereux activistes en fauteuil avaient été arrêtés par la police d'Erbil et selon des témoignages, battus en garde-à-vue. Alors qu'ils tenaient leur mouvement devant les bureaux parlementaires de Suleimanieh, ils s'étaient rendus à Erbil devant les bureaux du Premier Ministre. Ils avaient aussi visité les bureaux de l'UNAMI (United Nations Assistance Mission for Iraq).

mardi, décembre 18, 2012

Jalal Talabani, le combattant des montagnes kurdes devenu président de l’Irak

Nécrologie un peu en avance, mais bon… On m'a appelée dans l'urgence.



Hospitalisé à Bagdad à la suite d’une attaque cérébrale, le président irakien Jalal Talabani est l’une des grandes figures du nationalisme kurde. Considéré comme un négociateur influent, il tente d'apaiser les tensions dans le pays… La suite sur France 24.

Jalal Talabani transporté d'urgence à l'hôpital

Le président de l'Irak a été hospitalisé 'pour des soins en urgence' hier soir, peut-être pour une attaque cérébrale). Son porte-parole a indiqué que la crise entre le Premier Ministre irakien et le Gouvernement régional l'avait amené à se dépenser beaucoup sur un terrain diplomatique.

Cela fait déjà quelques années que Jalal Talabani, âgé de 80 ans, est régulièrement hospitalisé. L'été dernier, il avait été traité 3 mois en Allemagne avant de revenir en Irak, le 17 septembre.

L'âge du président et sa mauvaise santé posent le problème de sa succession, d'abord à la présidence irakienne. : Si, au début du nouveau régime, placer un Kurde à la présidence irakienne était un moyen de temporiser les intimités entre sunnites et chiites arabes, aujourd'hui que les relations des Kurdes avec Maliki sont de plus en plus détestables et qu'on assiste plutôt à un rapprochement entre sunnites arabes et les Kurdes, il n'est pas dit que les cercles proches du Premier Ministre voient d'un si bon œil un successeur kurde à Jalal Talbani, alors que ce dernier s'est rangé du côté du GRK sur la question des forces Dijla. En tout cas, le nom kurde le plus avancé est Berham Salih.

Enfin, l'UPK, son parti, déjà affaibli par la scission qui a donné lieu à la création du parti Gorran, survivra-t-il à la disparition de son président historique, alors que les conflits internes et les querelles de clan paralysent la province de Suleimanieh depuis des années ?

lundi, décembre 17, 2012

Deux attentats simultanés visent les Yézidis et les Shabaks

Tôt ce matin, une voiture piégée a explosé près d'une tente qui avait été dressée hier pour une noce yézidie , dans le district de Tell Kaif (Mossoul) selon une source émanant des forces de sécurité de Mossoul. Heureusement, l'explosion n'a fait aucune victime. Une autre voiture suspecte est recherchée par les Asayish.

Dans le même temps, un autre attentat à la voiture piégée a, par contre, fait 5 victimes et 10 blessés, cette fois des Shabaks, toujours à Mossoul, dans la ville de Khazna.

Les Yézidis et les Shabaks qui vivent en-dehors du Gouvernement régional kurde, sont doublement visés par des attaques islamistes, à la fois comme Kurdes et comme minorités religieuses. Habitant principalement dans les régions de Sindjar et du nord de Mossoul, ils demandent leur rattachement au Kurdistan d'Irak.

Source ShafaaqNews.


"Ma seule faute est d'être kurde. Ils me pendent pour cela."

Trois prisonniers politiques kurdes ont été pendus il y a deux jours à la prison d'Urmia. Le père de l'un d'eux, Gafur Mirza avait été exécuté de la même façon l'année dernière. Les dernières paroles de Gafur Mirza furent : "Ma seule faute est d'être kurde. Ils me pendent pour cela."

Les pendaisons ne sont pas rares dans cette prison. Le mois dernier, deux autres détenus avaient été exécutés alors qu'ils purgeaient le dernier mois d'une peine de 3 ans pour possession de drogue. On est sans nouvelles de cinq autres Kurdes qui étaient détenus aussi à Urmia mais ont été transférés en un lieu  inconnu. 




vendredi, décembre 14, 2012

Maliki futur président du Kurdistan ?




Selon NRT-TV, Maliki aurait déclaré que s'il se présentait à des élections au Kurdistan, il remporterait plus de voix à Erbil que Barzani (on ne sait pourquoi il n'oserait pas à Duhok). 

Ce dernier aurait répliqué que, décidément, le Premier Ministre irakien vivait dans son monde à lui et que ses plus gros plantages en politique venait sûrement de ce qu'il se fiait un peu trop aux rapports de conseillers encore moins au fait des réalités.

Il faut pourtant vivement encourager Nouri Maliki à mener à bien son projet. Pour une fois qu'on aurait un peu de suspens dans les élections kurdes, tss…

mercredi, décembre 12, 2012

Cejna Eizi

Depuis cette nuit et jusqu'à vendredi, les yézidis ont entamé leur grand jeûne de trois jours, l'Eizi, qui marquent la venue des jours les plus courts de l'année. Les cérémonies ont lieu, au Kurdistan d'Irak, dans la vallée des tombes, à près de 50 km de Duhok, où, le jour qui précède les trois jours de jeûne (qui ont lieu de l'aube au coucher du soleil, comme pour le ramadan, et comme le jeûne des chrétiens qui, sur trois jours, mais un peu plus tard dans l'hiver, commémorent la pénitence des Ninivites), le plus classiquement possible, chaque famille a sacrifié une génisse, un mouton ou une poule selon ses moyens et cette viande servira de plat principal pour la rupture du jeûne. Le sens de la fête rejoint celui de la rupture du jeûne de Ramadan et de Noël pour les chrétiens : réceptions, cadeaux, dépenses d'argent et de nourriture, vœux pour la paix, etc.

Pour en savoir plus sur les Yézidis (en anglais).

Seîd Axa Cizrawî






On avait déjà parlé, ici, de ce Seîd Axa, ou Seîdê Hemo, en émettant la supposition que le Saïd Al-Kurdî enregistré par EMI, en Irak, entre les deux guerres, devait être ce chanteur de Cizîr (et donc aussi appelé Seîd Cizrawî) qui se produisit souvent pour les programmes de radio Bagdad, comme tant de ses compatriotes interdits en Turquie, puisque, en toute logique, les Kurdes eux-mêmes ne devaient pas l'appeler Al-Kurdî. Mais il me manquait d'autres enregistrements, bien estampillés Seîd Axa, pour en avoir confirmation. C'est chose faite, et c'est bien la même voix.









mardi, décembre 11, 2012

La Caravane des poésies et des chansons s'en est allée



Le 18 novembre 2012, Shokrollah Baban, poète, écrivain, homme de radio, mythologiste, lexicographe kurde est mort à l’âge de 89 ans après avoir souffert des années de la maladie d’Alzheimer.

Né dans une grande famille princière de Sine (Sanadjadj, prov. du Kurdistan), Shokrollah Baban ne reprend pas l’héritage familiial et d’après son fils a même vendu une partie de ses biens pour étudier à Téhéran en 1952. En 1958, il devient producteur des programmes kurdes à la radio de Téhéran et, plus tard, en 1963, à Radio Kermanshah et pour toute la province d’Azerbaïdjan occidental, avant d’être directeur général de Radio Sanandadj. Mais c’était aussi un auteur et un intellectuel actif de la culture et de la langue kurde, à la fois poète, auteur, dramaturge et traducteur, et ce pendant plus de trente ans. Ses œuvres traitent de musique, de poésie, des formes artistiques et théâtrales, de critique esthétique, de réflexions philosophiques et mystiques.

Selon Kamangar Mohammad, une de ces compagnons de route, du temps où Shokrollah Baban dirigeait Radio Kermanshah, les émissions pouvaient être captées en Amérique du nord et les Kurdes qui y vivaient pouvaient les écouter et entrer en contact avec animateurs et producteurs. Ses émissions étaient innovantes et ses programmes très populaires ont inspiré les autres radios en dehors du Kurdistan.

Ainsi selon le Dr.Amir Sharifi qui a rédigé sa nécrologie pour Kurdistan Post, son émission Karvan helbest wa goranî (La caravane des poésies et des chansons) a servi de modèle à d’autres émissions, telle la Barnameh Gol Hah (Le programme des fleurs), une anthologie poétique et musicale en persan.


Shokrollah Baban était aussi musicologue et s’attacha à faire connaître les chanteurs Hassan Zirek et Khaleghi. Ses anciens auditeurs, de tous âges, se souviennent de l’importance de ses diffusions et combien la voix de Shukrullah était familière et populaire dans les foyers kurdes.
Pour les intellectuels kurdes qui lui succédèrent, ce fut un pionnier pour initier et institutionnaliser la recherche sur les histoires, les traditions littéraires et les lettres kurdes modernes, dans une langue claire et accessible au plus grand nombre.
Shukrullah Baban est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont le Dictionnaire de Baban, «Les Kurdes et le Kurdistan», «Salafin Ayyubi» et «La géographie du Kurdistan», déjà publiés. Deux ouvrages, «Noms et symboles» et «Anthologie poétique» restent inpubliées.
Le Dr. Amir Sharifi cite un des poèmes qui l’a le plus précocement marqué, à l’âge de 12 ans, car c’était la première poésie en vers libres qu’il entendait :
Ô Lune !
Toi et moi avons même douleur
Tous deux saisis d’un froid soupir
Toi pâle et brumeuse dans le ciel
Moi vagabond dans chaque ville
Je te rends hommage
Ô Mecque des cœurs malades
Remède aux peines des cœurs amoureux
C’est la nuit
Et cette nuit vient à mon secours
Je suis seul sans ami ni bien-aimée
Désemparé et tourmenté
Viens à mon secours
Car je suis captif dans l’oppression de Shirine ma bien-aimée
Shokrollah a eu 8 enfants, 5 fils et 3 filles. Fuad et Siamak Baban sont tous deux journalistes présentateurs à Iranian TV, Bakhtiar Baban a été capitaine de l’équipe de basket ball d’Iran.




Sur cette dernière vidéo on entend d'abord la voix de Shokrollah Baban, et puis une chanson de Hesen Zîrek.

Transe soufie de Damas


Ce soir et demain, l'ensemble Al-Kindi en concert les 11 et 12 décembre (19 h 30) à Paris, Cabaret sauvage, 211, avenue Jean-Jaurès. Paris 19e. 

Tél. : 01-42-09-03-09 - 30 euros. 

À Brest, le 15 décembre (18 heures), Le Quartz, dans le cadre du festival No Border.

lundi, décembre 10, 2012

Le Père Paolo Dall’Oglio s'installe au Kurdistan


Décidément, tous les chrétiens du Moyen Orient vont finir par camper au GRK en attendant que ça se calme, dans le monde arabe…

À lire, sur Chrétienté-Infos :

Accueil du Père Dall’Oglio, SJ, au sein de la communauté monastique de Souleymanié, au Kurdistan irakien
Le Père Paolo Dall’Oglio SJ, fondateur de la communauté monastique de Deir Mar Musa, après son expulsion de Syrie, a été accueilli au sein de la nouvelle fondation monastique de Deir Maryam el Adhra, existant depuis quelques mois seulement à Souleymanié, au Kurdistan irakien. L’Archevêque chaldéen de Kirkuk, S. Exc. Mgr Louis Sako, a donné son accord à l’entrée du jésuite islamologue au sein de la communauté monastique qui se trouve dans une église de la seconde moitié du XIX° siècle dédiée à la Très Sainte Vierge Marie sise dans le quartier historique de Sabunkaran, connu comme le « quartier des fabricants de savon ».


S'il a fallu "l'accord" de l'évêque de Kirkouk pour cette installation, c'est que l'administration des diocèses, paradoxalement, a déjà entériné la réintégration de Kirkouk dans le Kurdistan d'Irak, puisque Sulaïmanieh n'a pas de diocèse propre, ses chrétiens étant en trop petit nombre (pour le moment ?). Il y a des districts de la province qui dépendent d'Erbil, d'autres de Kirkouk. Il faut dire aussi que la découpe des diocèses date de bien avant les bidouillages de Saddam pour casser les provinces.

Enfin, cet amoureux de l'arabité va devoir se faire au choc des cultures parce que, à Sulaïmaneih, on ne peut que lui conseiller de se mettre au kurde (et pas à celui d'Efrîn, s'il veut se faire comprendre !)

Xêr hatin ! 

Exposition : Kurdes du Khorassan


Samedi 15 décembre à 16 heures, vernissage de l'exposition


photographies de Shahla Kashani

Institut kurde de Paris, 106 rue La Fayette, 75010, Paris. Mº Poissonnière.

vendredi, décembre 07, 2012

Concert : Issa, so bouzouk



Vendredi 14 décembre à 20 h 45, concert de

Issa
accompagné de
Manuel DELGADO (guitare flamenca, arrangements)
Emek EVCI (contrebasse, arrangements)
Elie MAALOUF (piano, arrangements)
Youssef ZAYED (percussions)
au
LE COMPTOIR (Halle Roublot) 95 rue Roublot, 94120, Fontenay-sous-Bois

Grand bonheur de retrouver Issa, issu d'une famille kurde installée au Liban, son enfance est bercée des soirées poético-musicales des musiciens kurdes de passage accueillis dans sa famille. De ce bonheur de l'enfance, il développe une insatiable curiosité pour la musique kurde et passera plusieurs années à explorer ses archives sonores familiales et celles de l'institut kurde de Paris. La musique d'Issa est un voyage passionnant, reliée aux sources et ouverte sur le monde d'aujourd'hui, résonnance des montagnes kurdes portées par son extraordinaire « son » de bouzouk, rencontre avec d'autres formes musicales sublimant les traditions pour créer des nouvelles voies. 
Les musiciens dont s'est entouré Issa, portent en eux plusieurs cultures et dessinent avec lui un nouveau paysage, véritable source d'énergie et de plaisir.

Parution : Le Bilād al-Šām face aux mondes extérieurs. La perception de l’Autre et la représentation du Souverain

Pendant plusieurs siècles, le Bilād al-Šām fut le théâtre de nombreuses expéditions militaires qui provoquèrent de profonds changements dans l’équilibre géopolitique de la région. À partir de la fin du XIe siècle, il fut confronté à deux types d’assaillants : les croisés, qui s’emparèrent de Jérusalem en 1099, puis les Mongols d’Iran qui envahirent la Syrie en 1260. Pendant toute cette période, le pouvoir politique et les populations autochtones furent en présence d’un « Autre » dans toute son altérité : religieuse, culturelle et linguistique. Historiens et littéraires, les auteurs des contributions rassemblées ici proposent une lecture croisée sur la perception de l’Autre — qu’il s’agisse d’un individu ou d’un groupe ethnique ou religieux.

Denise Aigle (dir).



Sommaire

  • Avant-propos (Denise Aigle)
    9
  • Introduction (Denise Aigle), Les pays du Levant au carrefour des systèmes de représentation. Perspectives d’Orient et d’Occident
    11

La fabrique des héros ou la perception du souverain

  • Abbès Zouache, Saladin, l’histoire, la légende
    41
  • Anne-Marie Eddé, Baybars et son double. De l’ambiguïté du souverain idéal
    73
  • Tahar Mansouri, Le portrait du sultan al-Manṣūr Qalāwūn d’après al-Faḍl al-ma’ṯūr fī sīrat al-Malik al-Manṣūr de Šāfi‘ b. ‘Alī   
    87
  • Dīma al-Šukr, صورتا القائد والعدوّ في الشّعر العربي إبّان الحروب الصليبية  
    99
  • Ağfān al-Ṣaġīr, بلاد الشام في مواجهة العوالم الخارجية، تصوّر الآخر وتمثيل السيادة
    109

Baybars, de l’histoire à la geste

  • Georges Bohas et Salam diab-duranton, Le Roman de Baybars. Documents pour une réédition
    117
  • Katia Zakharia, Les sept plaies du sultan Baybars. Le corps du sultan, espace de résonance des maux de la communauté
    135
  • Francis Guinle, Conversions et fausses conversions dans la recension damascène de la Sīrat al-Malik al-Ẓāhir Baybarṣ
    161
  • Georges Dorlian, D’al-Ẓāhir Baybars à ‘Alī Zaybaq. L’émancipation du ‘Ayyār
    171

Présences chrétiennes dans le Bilād al-Šām

  • Aboubakr Chraïbi, Une rencontre aux croisades     189
  • Munḏir Muḥammad al-Ḥāyik, نماذج من تصوّر الشاميين للآخر في عصر الحروب مع الفرنجة
    201
  • Yūsuf Ġawānmah, التسامح الإسلامي في مواجهة الآخر الفرنجي في بلاد الشام في العصر الأيوبي
    223
  • ‘Ammār Muḥammad al-Nahār , دور الآخر ونشاطه في عصر المماليك
    239
  • Julien Gilet, Genèse des relations entre Arméniens et Mamelouks. La bataille de Marrī, première attaque sur le Bilād Sīs (664/1266)
    263
  • Denise Aigle, Les invasions de Ġāzān Ḫān en Syrie. Polémiques sur sa conversion à l’islam et la présence de chrétiens dans ses armées
    293
  • Mireille Issa, Les chrétiens d’Orient vus par les voyageurs en Terre sainte. Louis de Rochechouart entre réalité et sources   
    325

Perceptions des Mongols dans le Bilād al-Šām

  • Thomas Herzog, La mémoire des invasions mongoles dans la Sīrat Baybars. Persistances et transformations dans l’imaginaire populaire arabe
    345
  • Ray Mouawad, Le héros salvateur dans la littérature syriaque de l'époque des croisades (xiie-xiiie s.)
    365
  • Alaa Talbi, L’impact de la présence mongole dans l’imaginaire de la population syrienne. Essai sur la typologie de la peur
    385
  • Marie-Anna Chevalier, Les réactions des ordres religieux-militaires face aux invasions mongoles au Proche-Orient d’après les sources chrétiennes
    399

Denise Aigle, dir.
ISBN : 978-2-35159-197-0
425 p., 270 × 200 mm.
31 €

Esprit d'Arménie : Hommage à l'Arménie








L'Arménie est une des plus anciennes civilisations chrétiennes de l'orient, qui a survécu miraculeusement à une histoire convulsive et particulièrement tragique. Depuis sa fondation, elle se situe politiquement et géographiquement au milieu d'autres grandes cultures imprégnées par des croyances orientales et par la pensée musulmane et a vécu une histoire très douloureuse, ponctuée par des guerres et des massacres extrêmes, qui ont causé la disparition de plus de la moitié de sa population, l'exil de beaucoup d'autres et la perte de grandes parties de son territoire. Malgré cela elle a su conserver l'essence de ses particularités nationales tout au long des siècles, comme le prouve surtout la création de son propre alphabet (en 405 par le moine Mesrop Machtots) et comme le montre aussi son riche patrimoine architectural, éparpillé aujourd'hui, même en dehors de ses territoires actuels. Bien que ce patrimoine tangible en soit un des témoignages les plus frappants, elle a aussi gardé un riche patrimoine intangible, dans le domaine musical: un répertoire très riche et très différencié mais malheureusement assez peu connu (à part celui du duduk). 
De toutes les cultures développées, la musique – représentée par certains instruments comme par les manières de chanter et de jouer qui peuvent la concrétiser –, devient le reflet spirituel le plus fidèle de l'âme et de l'Histoire des peuples. De tous les instruments utilisés dans ses anciennes traditions musicales, l'Arménie a accordé une préférence particulière à un instrument unique : le duduk, à tel point qu'on peut affirmer que cet instrument la définit d'une manière presque absolue. Dès l'écoute des premiers sons de ces instruments – habituellement ils se jouent en duo – la qualité (presque vocale) et la douceur de ses vibrations nous transportent dans un univers élégiaque et poétique hors norme, et nous entrainent dans une dimension intime et profonde. La musique devient ainsi un véritable baume, à la fois sensuel et spirituel, capable de toucher directement notre âme et, en la caressant, de la guérir de toutes les blessures et de tous les chagrins. 
Montserrat Figueras avait une profonde sympathie et une grande fascination pour ces instruments arméniens, spécialement le duduk et le kamantcha et aussi une grande admiration pour les extraordinaires qualités musicales de nos amis musiciens d'Arménie. C'est après sa mort que j'ai moi-même trouvé une grande consolation à l'écoute de ces merveilleuses Plaintes à deux duduks et kamantcha, c'est pourquoi je leur ai demandé de venir aux cérémonies que nous avons organisées pour les Adieux à notre chère Montserrat. Leurs interventions musicales ont rempli les lieux des sons d'un autre monde, mais d'une beauté et d'une spiritualité bouleversantes. C'est après ces moments d'une si grande émotion et du fait de l'impact de la profonde consolation que leur musique m'apportait, que j'ai pensé à l'idée de dédier ce projet singulier à la Mémoire de Montserrat Figueras, tout en rendant un hommage personnel à un peuple qui a tant souffert dans son histoire (d'une souffrance qui n'est pas encore reconnue pleinement) et qui, malgré tant de douleur avait inspiré des musiques si pleines d'amour et si porteuses de paix et d'harmonie. En même temps, ce disque se veut aussi un sincère hommage à ces merveilleux musiciens qui consacrent leur vie à maintenir vivante la mémoire de cette ancienne culture. 
Chance merveilleuse : le très cher ami et grand maître du kamantcha Gaguik Mouradian, m'avait offert – en 2004, déjà – plusieurs recueils de musiques arméniennes, parmi lesquels, le fabuleux “THÉSAURUS” de mélodies arméniennes publié en 1982 à Erevan, par le musicologue Nigoghos Tahmizian, dans lequel j'ai pu trouver les plus beaux exemples de ce répertoire, complétés par les pièces pour kamantcha et celles à deux duduks qu'ont proposé nos amis musiciens d'Arménie. Avec la collaboration d'un autre extraordinaire musicien et aussi très cher ami, le joueur de duduk Haïg Sarikouyoumdjian, j'ai passé plusieurs mois d'étude et de travail quotidien, à déchiffrer les secrets de ces anciennes et très belles mélodies, en écoutant d'anciens enregistrements et en recherchant les clés “secrètes”sur le style et le caractère de chacune de ces musiques. Pendant tous ces derniers mois, il n'y avait pas de nuit que je ne finisse sans passer quelques heures enrichissantes dans l'étude et l'interprétation de ces mélodies au charme puissant. 
Finalement nous avons trouvé des dates pour les travailler ensemble, et entre la fin du mois de Mars et les premiers jours d'Avril nous nous sommes retrouvés dans la merveilleuse Église Collégiale de Cardona afin d'enregistrer toutes les pièces choisies pour aboutir à cet hommage personnel et collectif dédié à cet envoûtant et élégiaque Esprit d'Arménie. Tout de suite après, et grâce à la collaboration de Lise Nazarian, encore une autre chère amie d'Arménie, nous nous sommes mis à la recherche et à l'étude des éléments complémentaires à la musique pour la réalisation du livret du CD : livres d'art et d'histoire sur l'Arménie, qu'on a trouvés en abondance grâce à Armen Samuelian et Alice Aslanian conservateurs et animateurs de la merveilleuse “Librairie Orientale », rue Monsieur Le Prince, à Paris, et aussi au choix du spécialiste J.P. Mahé pour la présentation d'un article essentiel sur l'Art et l'Histoire de ce pays. En complément, Manuel Forcano a apporté des textes sur la Mémoire du Génocide et sur la chronologie de son Histoire : une histoire que nous espérons pouvoir aider à maintenir vivante grâce à l'émotion qu'apportent les musiques de cet enregistrement. Sans Émotion il n'y a pas de Mémoire, sans Mémoire il n'y a pas de Justice, sans Justice il n'y a pas de Civilisation, et sans Civilisation l'être humain n'a pas de futur. JORDI SAVALL Versailles, le 5 Juillet 2012

Interprètes :

Georgi Minassyan, Haïg Sarikouyoumdjian Gaguik Mouradian, Armen Badalyan HESPÈRION XXI Jordi Savall


1 Menk kadj tohmi (duduk, vièle à archet, kamantcha, vièle à archet & perc.)
 2 Akna krunk (2 duduk)
3 Kani vur djan im (rebec, duduk, vièle à archet & percussion)
4 Chant et Danse (2 duduk & percussion)
5 O’h intsh anush (vièle à archet, duduk, vièle à archet. & perc.)
6 Matshkal (2 duduk)
7 Dun en glkhen (kamantcha)
8 Garun a (vièle à archet, duduk, vièle à archet & perc.)
9 Chants de mariage (2 duduk, kamantcha & perc.)
10 Al aylukhs (duduk, kamantcha, vièles à archet & perc.)
11 Plainte : en sarer (2 duduk)
12 Azat astvatsn & Ter kedzo (vièle & percussion)
13 Sirt im sasani (2 duduk)
14 Hayastan yerkir (viola, duduk & orgue)
15 Hey djan (2 duduk)
16 Hov arek (duduk, vièles à archet perc.)
17 Lamento : sev mut amper (2 duduk)


jeudi, décembre 06, 2012

« Dijla » contre « Hemrin » : Kurdes et Irakiens prêts à une guerre civile

Source Wall Street Journal

À peine le conflit sur les hydrocarbures mis en sourdine, c’est à nouveau au sujet des régions kurdes séparées du Gouvernement Régional du Kurdistan, dont le statut aurait dû être réglé par référendum en 2007, qu’un bras-de-fer a été de nouveau entamé entre Erbil et Bagdad.
Début novembre, les autorités de la Région du Kurdistan ont protesté contre la venue d’Abdulamir Zaidi, commandant des forces armées irakiennes Dijla, à Qaratepe, un district dont les Peshmergas kurdes assurent la sécurité. Leurs protestations ont été relayées par des membres du Parlement irakien, et notamment par Shwan Taha, de la Commission Sécurité au Parlement, qui y voient une « violation de la Constitution irakienne. La sécurité de chaque région est sous la responsabilité des Conseils provinciaux et les mouvements des forces Dijla déstabiliseront la sécurité de cette région et en bouleverseront la réalité politique. »
L’été dernier, le Premier Ministre Nuri Maliki a en effet décidé d’unifier les forces du ministère de l’Intérieur (dont il assure l’administration) avec les forces de police de Kirkouk et de la Diyala, sous le Commandement militaire des forces Dijla (Tigre). La Diyala englobant plusieurs régions à majorité kurde réclamées par le GRK, en plus de Kirkouk, les Kurdes avaient dénoncé cette unification des forces comme une tentative irakienne d’assurer une mainmise solide sur la province, au mépris de l’article 140 de la constitution irakienne. Le gouverneur de la province de Kirkouk, Najmaddin Karim a déclaré ne pas reconnaître les forces Dijla ni croire à leur succès opérationnel.

Loin de baisser le ton, Maliki a envenimé la polémique en déclarant, le 6 novembre, dans un entretien télévisé  : « Kirkuk est une province irakienne et l’armée irakienne, en accord avec la Constitution, peut aller à Kirkouk,  Erbil, Salah ad-Din et Suleïmanieh. » Or, la constitution kurde énonce que les Peshmergas sont les seules forces armées du Kurdistan et jamais un soldat irakien n’a, depuis 1991 (hormis une brève incursion à Erbil en 1996), mis le pied dans une des trois provinces du GRK. Dans la foulée, le Premier Ministre a accusé les Kurdes de s’être procuré les armes de « l’ancienne armée irakienne », en parlant de chars d’assaut, d’artillerie et de lance-roquettes se trouvant aux mains des Kurdes, tandis que l’armée irakienne, n’aurait, selon lui, que « des armes légères ». Nouri Maliki affirme détenir des preuves écrites, notamment les copies des contrats de transaction.

Jabbar Yawar, le secrétaire génétal du ministère des forces de défense kurdes, a nié ces allégations de même qu’un contrat d’armement avec Israël, et a une fois de plus appelé le gouvernement central à « respecter la constitution » en armant et finançant les troupes des Peshmergas. L’entretien des forces kurdes est en effet un point de litige aussi ancien que celui de la loi sur le pétrole et la répartition du budget fédéral, mais on imagine mal qu’en ces moments de tension où des affrontements entre soldats irakiens et Peshmergas ont éclaté, Bagdad alloue un budget pour l’armement du GRK. Le Premier Ministre irakien a réclamé, au contraire, que les Peshmergas soient sous commandement irakien, c’est-à-dire dirigé par Nouri Maliki lui-même, puisque, depuis les dernières législatives, il n’a toujours pas désigné de ministre de la Défense, pas plus que de l’Intérieur, et dirige ainsi directement toutes les forces de sécurité et de défense du pays. 


Sans attendre l’aval et les dinars de Bagdad, la formation de bataillons kurdes « Hemrin » (montagnes de la région) a été annoncée, en riposte à celle des forces Dijla, afin d’assurer la « défense de Kirkouk ». Selon le journal kurde Awene, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, le président du Kurdistan et l’Union Patriotique du Kurdistan (UPK) de Jala Talabani, le président de l’Irak, se sont ainsi accordés sur un commandement militaire conjoint de Peshmergas (militaires), d’Asayish (Renseignements) et de policiers de Kirkouk, après que le 6 novembre, le ministre des Peshmergas, Jaafar al-Sheikh Mustafa et son adjoint, Anwar al-Haj Othman, ont rencontré, à Kirkouk, les responsables kurdes de la sécurité de la province, pour discuter de la formation des forces Hemrin, leur commandement et leur logistique : Les forces Hemrin seront sous le commandement du ministre des Peshmergas ainsi que de son adjoint, les Asayish de l’UPK relèveront de la responsabilité du gouverneur de Kirkouk, le Dr. Najmaddin Karim, un Kurde proche de Jalal Talabani et les policiers de celle du directeur général de la police de Kirkouk, Jamal Tahir.

C'est qu'à Kirkouk, les forces Dijla ne semblent guère en imposer aux Kurdes, même si son commandement a, dès son arrivée dans la Diyala, ordonné aux forces de cette province, aux forces de Kirkouk et de Salahaddin de ne plus bouger « sans son ordre ». Halo Najat, le chef de la sécurité (PDK) de Kirkouk affirme qu'« ils ne verront jamais le jour où les Peshmergas, la sécurité et la police travailleront sous leurs ordres. C’est le début d’une nouvelle confrontation entre Bagdad et la Région du Kurdistan. »

Ahmed Askari, qui préside le Comité de la Sécurité du Conseil provincial de Kirkouk, est lui aussi certain qu’une « nouvelle ère de confrontation » s’ouvre et que l’Irak s’éloigne de plus en plus des objectifs qu’il s’était donné à sa libération, ceux de rompre avec la politique de l’ancien régime. Dans un entretien au journal Rudaw, il compare même les forces Dijla au commandement de Ali Hassan Majid (Ali le Chimique, responsable des opérations Anfal au Kurdistan) à qui son cousin Saddam avait laissé carte blanche pour régler la question kurde : «Le commandement des forces Dijla veut faire d’une pierre deux coups : affronter indirectement le GRK, prendre l’entier contrôle des territoires disputés et intimider certains Arabes de la province. » Ahmed Askari évoque un « agenda secret » de ces forces,  celui de « chasser la sécurité kurde et les Peshmergas de Kirkouk ».

Dans la Diyala, l’arrivée de ces bataillons est loin de faire l’unanimité et Talib Muhammad Hassan, qui préside le Conseil provincial, reconnaît que la situation sécuritaire dans la province était meilleure avant leur arrivée. Il a aussi fait état de confidences de la part des officiers de Dijla, qui lui auraient avoué n’avoir aucun pouvoir d’action réel  : « Nous recevons des ordres de Bagdad mais nous ne les exécutons pas .»

Les affrontements sanglants que l’on craignait ne se sont pas fait attendre : le 16 novembre, une personne était tuée et 13 autres blessées dans un accrochage entre les troupes irakiennes et des forces de l’UPK qui gardaient une maison appartenant à un responsable du parti à Tuz Khormato, une localité habitée par des Kurdes, des Turkmènes et des Arabes, actuellement dans la province de Salahaddin et qui appartenait, avant le redécoupage des districts et provinces par Saddam, au gouvernorat de Kirkouk.

Dès le lendemain, Massoud Barzani ordonnait aux Peshmergas « de faire preuve de retenue face aux provocations, mais aussi d'être prêts à faire face à tout acte d'agression, en se tenant en état de grande alerte ». De son côté, le lieutenant-général Abdulamir al-Zaidi, à la tête des forces Dijla, déclarait à l’AFP qu’il ne s’agissait pas d’un incident « visant les Peshmergas » mais de l’arrestation d’une personne accusée de meurtre et de kidnapping.

Cette tension croissante inquiète aussi les États-Unis qui ont offert, selon une source diplomatique kurde citée dans un quotidien kowaiti, Shafaq News, de se redéployer dans les territoires disputés. Toujours selon la même source, Massoud Barzani aurait accepté l’offre américaine, tandis que Maliki la rejetait. Mais Joe Binden aurait signifié au Premier Ministre irakien que l’accrochage de Tuz Khurmatu était un franchissement de « ligne rouge » et que si des combats éclataient à Kirkouk, les USA interviendraient tout de même. D’après Shafaq News, les Américains sont convaincus que les mouvements de troupe ordonnés par Maliki sont à imputer à la Syrie et à l’Iran, désireux, à travers un contrôle militaire irakien sur le Kurdistan, d’affaiblir l’influence de la Turquie dans la région ainsi que celle des pays sunnites du Golfe qui soutiennent largement la rébellion syrienne, dans un axe sunnite anti-chiites et anti-Iran.

Le 20 novembre, Jalal Talabani, le président kurde de l'Irak, condamnait lui aussi la formation des Dijla, qui « causeront chaos, peur et insécurité » dans le pays. Ali Musawi, un conseiller de Maliki, a mis alors au défi le président de trouver et d’user de moyens constitutionnels pour les dissoudre, en rappelant que le Premier Ministre était « commandant en chef des forces armées d’Irak ». D’autres membres du parti Dawa, le parti de Maliki, ont critiqué les déclarations de Talabani, qui est soutenu à la fois par son propre parti, l’UPK et par celui de Massoud Barzani comme l'a expliqué son porte-parole, Jaafar Ibrahim : « Jalal Talabani n’a jamais été seul et a toujours été soutenu par Barzani et le PDK. Nous avons eu, parfois, des points de vue différent, mais dans des questions vitales telles que l’article 140 et le problème de Kirkouk, les membres du PDK soutiennent Talabani et l’UPK .» 

En plus de ressouder le PDK et l’UPK (alors que Talabani avait évité à Maliki un vote de défiance du parlement irakien qu'aurait voulu Barzani) , l’obstination de Bagdad a même permis à l’Alliance kurde  (UPK + PDK) d’être approuvée, sur cette question, par sa propre opposition, à savoir le parti Goran,  l’Union islamique du Kurdistan et le parti de gauche Komal, alors que jusqu’ici, ni Goran ni l’UPK n’avaient soutenu les efforts conjoints du PDK pour écarter Maliki du gouvernement. Serdar Abdullah, le chef de Goran à l’assemblée nationale irakienne, a même relevé avec ironie que Nuri Maliki se montre peu reconnaissant envers Jalala Talabani qui a tout fait pour lui épargner ce vote de défiance.

Le 20 novembre, un renfort de la 9ème division de l’armée irakienne, venu de Bagdad, traversait les monts Hamrin en direction de Kirkouk, d’autres renforts, venus de Tikrit se dirigeaient vers Tuz Kurmatu, tandis que Nuri Maliki lançait un avertissement aux forces kurdes de ne pas approcher les positions irakiennes. Le lendemain, 21 novembre, c’était au tour du commandant des Peshmergas d’informer que ses troupes envisageaient d'attaquer les Irakiens :

« Une grande bataille peut éclater à tout moment », a déclaré Mahmoud Sankawi à l’Associated Press. « Nous sommes en état de grande alerte. Nous ne permettrons à aucune force de menacer la sécurité du Kurdistan. Nous leur résisterons. » D’après lui, 30 chars d’assaut irakiens auraient pris position à 80 km de Kirkouk et des dizaines d’autres se seraient déployés dans les monts Hemrin. Des Peshmergas ont été envoyés le 21 dans le district kurde de Khanaqin, afin de prévenir toute incursion irakienne.

La Turquie a même été mise en cause dans le conflit. Le 17 novembre, Abdul Salam al-Maliki, un député du groupe parlementaire de Maliki, a appelé le chef du gouvernement irakien à former un Commandement militaire du Nord pour « protéger la Région du Kurdistan » des incursions turques sur la frontière, en arguant que les Peshmergas n’étaient pas capables d’assurer la sécurité de la province :

«Le Kurdistan fait partie de l’Irak et il est du devoir du gouvernement central de défendre ses citoyens contre les continuelles violations turques. Nous pensons que les forces des Gardes régionaux (Peshmergas) ne peuvent sécuriser la souveraineté de la Région, surtout après que le Gouvernement régional a demandé au gouvernement central d’intervenir pour faire cesser ces violations. Tout le monde doit savoir que la formation de forces opérationnelles au Nord doit se faire sous l’autorité de Maliki. »

S’il est vrai qu’entre 2008 et 2009, le GRK protestait contre les incursions de l’armée turque venant frapper les bases du PKK, l'Irak, à cette époque, ne s’en émeuvait pas ou peu. À présent que les alliances ont changé de camp, ce n’est plus Erbil que ces opérations militaires offusquent. Quant à un « Commandement  militaire du Nord », la dernière fois qu’une telle force armée a pris le contrôle du Kurdistan c’était du temps de Saddam Hussein, et c’est alors Ali le Chimique qui avait les pleins pouvoirs militaires. On peut donc imaginer le succès qu’une telle décision rencontrerait chez les Kurdes.

Le président du Parlement irakien, Osama Al-Nujaifi (un sunnite) a finalement entamé une série de pourparlers avec des leaders politiques irakiens et kurdes, dans le but d’éviter « une guerre civile ». Le 26 novembre, le ministre des Peshmerga envoyait à Bagdad une délégation au Ministère de la Défense, pour discuter avec plusieurs hauts responsables de la sécurité nationale. Le même jour, lors d’une conférence de presse tenue à Erbil, le Premier Ministre kurde, Nêçirvan Barzanî déclarait que le dialogue était la clef pour résoudre le conflit, et non la force.

Les rencontres se sont poursuivies le 27 et 28 et, le 29 novembre, le ministre des Peshmergas a livré à la presse un brouillon de projet d’accord avec le ministère de la Défense irakienne, dont les points suivants étaient validés :


1 - Les modalités et les mécanismes de concertation et les comités d'action communs dans les zones contestées de la Région du Kurdistan restent tel qu'en l’état actuel, les mécanismes d'action entre les forces du gouvernement fédéral et le GRK doivent activés.

2 - Organisation de réunions de tous les comités de concertation chaque mois, ou plus si nécessaire, surtout les les réunions du Comité Suprême d'action.

3 - Les réunions doivent être organisées et coordonner par le Commandement général des forces armées en tant que responsable de la coordination des travaux des comités et des comités suprêmes d’action.

4 - Après les travaux et les décisions des comités de concertation, epunir toute personne et toute entité qui viole ces conventions, résolutions et ordres du jour.

5 - Punir toute personne ou entité qui fournit de fausses informations aux autorités supérieures afin de créer des dissensions et des problèmes dans n'importe quelle position.

6 - Informer la Commission suprême de tout problème qui pourrait avoir lieu dans les zones contestées de façon urgente et immédiate, que a Commission devra s’efforcer de contenir et surmonter. 

7 - Respecter la Convention et punir tout commandement ou fonctionnaire ou toute personne qui la viole.

8 - Développer des actions d'urgence pour retirer rapidement toutes les forces et les unités qui ont été amenées par les parties après le 16/11/2012 ; le retrait des troupes doit être réel et transparent et sous le contrôle des membres du Comité d'action suprême, après l'approbation du Comité supérieur ministériel.

9 - Examen des décisions des responsables des opérations dans les régions, en particulier ceux des forces Dijla et redonner les pouvoirs concernant la sécurité à Kirkouk à la police et aux forces de sécurité, ainsi qu’au ministère de l’Intérieur.

Mais les Kurdes demandent plus, à savoir la dissolution des forces Dijla ce qui est refusé par Maliki et a finalement bloqué les négociations. Dès le 30 novembre, Jabbar Yawar a pu annoncer l’échec des tables rondes, en en faisant porter la responsabilité au Premier Ministre irakien, à qui il impute le refus d’appliquer l’accord élaboré entre les Kurdes et les responsables de la Défense irakienne, et en l’accusant de ne pas vraiment vouloir résoudre le problème.

Dans une conférence de presse donnée le 1er décembre, Nuri Maliki a, lui, mis en garde contre les dangers d’une « guerre ethnique » qui ne serait ni dans l’intérêt des Kurdes, des Arabes comme des Turkmènes. À cela, Massoud Barzani a répliqué dans sa propre conférence de presse que ses préoccupations concernaient tous les Irakiens et pas seulement les Kurdes, et qu’il n’était pas souhaitable de vouloir traiter une question politique à l’aide de l’armée.

Le vote du budget alloué par Bagdad à la Région du Kurdistan ne fera qu'attiser les tensions. Alors que l’Iraq a augmenté son budget pour 2013 (113 milliards de dinars) la part réservée aux Kurdes a baissé de 7%. Un accord entre Bagdad et Erbil a décidé, depuis quelques années, que la Région du Kurdistan reçoit 17% du budget central tant que le recensement de la population n’a pas été effectué. Ensuite, le gouvernement central doit répartir l’argent entre toutes les provinces en fonction de leur démographie. 

Mais ce recensement est constamment reporté depuis 2007, sans doute en raison du litige au sujet de Kirkouk et de la crainte de Bagdad (selon les Kurdes) que les résultats montrent une trop forte majorité kurde dans cette province ; ce qui fait que depuis le début des années 1960, la population irakienne n’a plus été dénombrée.

Concert de soutien à l'Institut kurde