vendredi, octobre 08, 2010

Louis Cheikho

(Mardin, 1859 - Beyrouth, 1927)

Jésuite de Beyrouth, un des principaux inventeurs du patrimoine arabe classique.
Issu d'une famille chaldéenne catholique du Kurdistan, Rizqallâh, futur Louis, suit les traces d'un frère de plus de vingt ans son aîné devenu jésuite. Reçu à l'âge de huit ans au séminaire de Ghazîr dans la montagne libanaise, il fait son noviciat à Lons-le-Saunier où il complète sa formation humaniste classique avant de retourner pour le scolasticat à Beyrouth. À partir de 1878, il y enseigne l'arabe au collège de l'université Saint-Joseph, qui reste ensuite son port d'attache (il en publie le catalogue des manuscrits orientaux entre 1913 et 1922). Prêtre en 1891, il poursuit sa formation par de longs séjours en Angleterre, en Autriche et en France entre 1888 et 1894. En 1898, il fonde la revue Al- Machriq qui publie les travaux scientifiques de Saint-Joseph et rend compte en arabe de la production internationale. Son œuvre, très abondante (plus de mille références, notules comprises), composée très majoritairement en arabe, comprend aussi quelques titres en français. Surtout compilateur, car il s'agit de diffuser rapidement en arabe la Bonne Nouvelle par d'édifiantes hagiographies aussi bien que la science moderne, Cheikho est aussi l'auteur d'un travail critique original. Il édite des textes historiques (sur Beyrouth et les Bochtor, émirs d'al-Gharb par Salih ibn Yahyâ, 1902) et littéraires comme le Fiqh al-lugha (philologie) d'ath-Tha'âlibî (1886), les poètes arabes chrétiens d'avant et après l'islam (1890-1891 et 1923), Kalîla wa Dimna (1905), la Hamâsa (poème héroïque) d'al-Buhturî (1909). Par ses monumentaux Majânî-l-adab, anthologie littéraire en six volumes (1882-1884), bientôt accompagnée de quatre volumes de notes (1885-1889) et d'un supplément (1887), il définit durablement les contours d'une littérature classique. Comme ses frères en religion, le père Maalouf, auteur en 1908 du dictionnaire arabe al-munjid, et le père Salhanî, à qui l'on doit une grammaire traditionnelle, il défend une conception élitiste de la langue contre les simplifications adoptées par certains auteurs contemporains. Ce purisme exigeant, manifeste dans le tableau qu'il donne en 1907 de la littérature arabe au XIXe siècle (al-adab al-'arabiyya fî l-qarn at-tatsî' 'achar), est longtemps resté un modèle dans les écoles libanaises où son anthologie, encore aujourd'hui rééditée, a été largement diffusée sous une forme abrégée et remaniée. La Revue de l'Académie arabe de Damas n'a d'ailleurs pas manqué après sa mort de lui consacrer une notice sous la plume du nationaliste arabe Muhammad Kurd 'Alî.
Alain Messaoudi 

Bibliographie :
HECHAÏMIÉ Camille, Louis Cheikho et son livre "Le christianisme et la littérature chrétienne en Arabie avant l'islam", Beyrouth, 1967.
Bibliographie analytique du père Louis Cheikho, avec introduction et index, Beyrouth, 1986.
JALABERT Henri, sj, Jésuites au Proche-Orient, Notices biographiques, Beyrouth, 1987.

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