dimanche, février 28, 2010

À l'homme il faut d'abord l'amour, puis il est un derviche

Écoutez, ô mes amis, l'amour est un soleil
Le cœur sans amour est une pierre

Au cœur de pierre que pousse-t-il ? de sa langue sourd le poison
Il a beau dire des douceurs, ses mots font la guerre

Le cœur d'amour, lui, brûle, fond et devient cire
Quant aux noirs cœurs de pierre, ils sont pierre âpre et dure

Au service de ce seigneur, dans le registre saint
L'étoile des amoureux est toujours un messager

Traverse, Younous, les soucis, la forêt s'il le faut
À l'homme il faut d'abord l'amour, puis il est un derviche
 Younous Emre.



La tribu a levé le camp, le chien hurle
Seuls restent Medjnoun et la montagne

As-tu vu sous la neige la montagne d'en face
Plus rare au fil des jours elle fond et s'en va
As-tu compris la leçon des eaux qui s'écoulent
Prosternées le front au sol et s'en vont ?

Tu es puissant, ô grand seigneur, tout-puissant
Où que je pose mon regard, là, tu es présent
Au-dessus de nous ciel de tente sous quatre mâts
Tu nous enveloppes tous et tu t'en vas.

Vague sur vague ces grands oiseaux qui viennent
Couverts d'émail, les grands soleils ne les brûlent point
Les arbres qui de tout temps donnent des fruits
Eux non plus ne demeurent, ils pourrissent et s'en vont.

Notre mer est profonde, on y perd pied
Je dirais mille et un mots, nul ne serait compris
La corde ne tient pas attaché l'incroyant
La corde en son sein, il marche et s'en va.

Seigneur Hatayî lève le camp
Protège-toi de l'œil des derviches
Des paroles de renégats douteux
Notre cœur irrité se lasse et s'en va.

Hatay.

La Montagne d'en face : Poèmes des derviches anatoliens

KURDISTAN : DEUX LISTES EN COMPÉTITION


La campagne électorale dans la Région du Kurdistan a été dominée par la rivalité entre l’Alliance du Kurdistan et le parti Gorran. Les autres partis kurdes en lice, comme les islamiques ou d’autres micro-partis n’ont pas réussi à s’entendre pour former des coalitions de poids.

Au rebours des élections législatives de juillet 2009 au Kurdistan, ces élections ont à la fois un caractère local, car il s’agit pour Gorran d’affermir sa position au Kurdistan, mais aussi des conséquences nationales, puisque cette division peut avoir un impact sur l’influence des Kurdes à Bagdad. Là-dessus, les avis divergent entre analystes extérieures. Ainsi, selon Joost Hilterman, (International Crisis Group), cette rivalité politique peut affaiblir les Kurdes au parlement irakien, car si les petits partis kurdes comme le Parti socialiste ou même les partis islamiques se ralliaient auparavant au bloc de l’Alliance dans les débats parlementaires irakiens, la mésentente entre Gorran et l’UPK ne présage pas forcément d’une ligne politique kurde unie sur toutes les questions, par exemple la reconduite de Jalal Talabani à son poste présidentiel.

Tout au contraire, Wayne White, ancien directeur-adjoint du département Moyen-Orient-Asie du Sud-Est au Bureau de renseignement et de recherche des États-Unis, estime que la compétition entre les deux partis kurdes n’amoindrira pas nécessairement leur position, mais que « cela pourrait diversifier et renforcer leur assise populaire au sein du GRK. » Sur la question du soutien de Gorran à la présidence de Jalal Talabani, si Wayne White croit aussi qu’une campagne électorale trop agressive entre les partisans de Talabani et ceux de Nawshirwan Mustafa peut miner le pouvoir des Kurdes à Bagdad, il souligne néanmoins qu’il serait peu judicieux de la part des Arabes, sunnites comme chiites, d’ôter le pouvoir présidentiel aux Kurdes. Rappelant que Jalal Talabani a joué un rôle indispensable pour apaiser les tensions intercommunautaires et a su se présenter aux Irakiens comme une figure d’unité nationale, Wayne White émet aussi l’hypothèse que c’est précisément son implication dans les affaires irakiennes et son éloignement du terrain kurde qui a pu contribuer à la désaffection d’une partie de son électorat kurde.

L’autre interrogation majeure autour de la campagne électorale au Kurdistan concernait de possibles violences entre les factions, surtout à Suleïmanieh, où déjà, lors des législatives de juillet dernier, les partisans de Gorran et de l’UPK s’étaient parfois affrontés vivement, mais sans effusions de sang. Les relations entre les deux partis ne s’étant pas améliorées, certains émettent à nouveau des craintes que les manifestations et les meetings tournent à l’affrontement armé. Pour prévenir ce genre de débordements, les autorités kurdes ont donc instauré un couvre-feu nocturne dans la province de Suleïmanieh, avec l’accord de la Haute Commission électorale irakienne. Cette décision est survenue après que trois supporters de Gorran aient été blessés par balles, ce parti accusant les forces de sécurité pro-UPK, selon lui, d’avoir attaqué ses propres partisans. Le couvre-feu a été immédiatement critiqué par le parti d’opposition, qui y voit une manœuvre politique de l’UPK pour l’empêcher de faire campagne.

De son côté, le Comité pour la sécurité de Suleïmanieh nie la version de Gorran sur l’incident et indique que les forces de l’UPK ont arrêté 11 personnes lors d’un meeting de Gorran, mais seulement après que trois autres ont été blessées par des coups de feu tirés en l’air par d’autres supporters. L’UPK a aussi accusé Gorran d’avoir lancé des pierres sur un convoi d’officiels qui roulait dans le centre de Suleïmanieh. Ferhad Mollah Rassoul, qui est à la tête de la liste de l’Alliance du Kurdistan a, pour sa part, déclaré qu’il respecterait le couvre-feu. Malgré cela, on dénombre pour tout le mois onze blessés par balles, des coups de feu étant souvent entendus la nuit, mais il s’agit surtout de coups de feu tirés en l’air, comme cela se produit souvent lors des meetings électoraux ou bien dans des réjouissances privées.

Le couvre-feu n’a cependant pas empêché la vie nocturne de Suleïmanieh d’être assez animée, et il semble même qu’il ait encouragé les plus jeunes supporters à défier les autorités, sans qu’il soit facile de distinguer une réelle protestation politique d’un jeu juvénile de cache-cache avec les forces de l’ordre.

De l’avis des habitants de Suleïmanieh, la tension est plus vive qu’en juillet 2009. Rebwar Karim, qui enseigne les sciences politiques à l’université de la ville, l’explique par le fait que « lors des précédentes élections, l’UPK ignorait l’importance de l’opposition. Cette fois, il sait ce qu’il doit affronter, aussi le climat est plus tendu. »

Parallèlement à la compétition des partis, la représentation des groupes minoritaires ou socialement défavorisés comme les femmes, au sein du Parlement de Bagdad, a fait l’objet de nouvelles revendications ou d’inquiétudes quant à leur poids dans la nouvelle assemblée nationale irakienne. Ainsi, les candidates féminines de la Région du Kurdistan, si elles bénéficient d’une forte représentation au Parlement d’Erbil, ont estimé leur poids politique insuffisant, voire sans grande réalité à Bagdad, malgré le quota féminin de 25% imposé par la constitution irakienne. Lors d’un forum organisé à Suleïmanieh le 20 février par l’Institut international des droits de l’homme (USA), diverses candidates kurdes ou arabes irakiennes, venues de partis laïcs et religieux, ont débattu de la représentation politique de la femme en Irak. Si toutes s’accordent sur le fait que les 25% de quota ont aidé les femmes à obtenir une visibilité politique au Parlement, la plupart souligne qu’il reste cependant beaucoup à faire en ce qui concerne l’exercice réel du pouvoir au sein de l’État irakien. « L ‘égalité ne signifie pas nous donner seulement des postes », explique Amal Jamal, candidate à Sulaïmaneh pour la liste de l’Alliance du Kurdistan. « Nous avons besoin d’être incluses dans le processus de décision. » Bushra Al-Ubaïdi, candidate à Bagdad pour la liste de l’Unité irakienne, affirme, quant à elle, que les partis politiques irakiens, dominés par les hommes, ont tendance à combler les quotas de leur liste avec des candidates non-qualifiées, ce qui leur donne ensuite l’occasion d’exploiter leur incompétence et de garder le contrôle de la gestion des questions politiques ou sociales. Ainsi, le quota des 25% est parfois utilisé contre l’intérêt des femmes. De façon générale, elle déplore une « stratégie de découragement » pour dissuader les femmes d’obtenir la reconnaissance de leurs droits. Certaines tiennent des propos plus nuancés, surtout au sein des partis religieux. Ainsi Dilxwaz Abdullah, de la liste de l’Union islamique du Kurdistan, estime que les problèmes d’égalité entre les sexes ne sont pas spécifiques à l’Irak, en soulignant que les femmes américaines ne sont représentées qu’à 17% au Congrès américain. Mais la plupart souhaite un renforcement des lois protégeant les femmes et une plus grande égalité effective dans la société.

En dehors des meeting et des campagnes d’affichage, la vie politique kurde s’est emparée d’un nouvel outil de communication, celui des plates-formes de réseaux sociaux sur Internet, comme Facebook. Des politiciens kurdes ont même leur page personnelle, comme le vétéran Mahmud Othman, qui rassemble 2000 fans sur son site. Le président du Parti socialiste kurde indique avoir eu recours à Facebook pour atteindre les électeurs vivant en dehors de l’Irak : « Nous ne pouvons voyager à l’étranger en raison du temps limité dont nous disposons pour cette campagne électorale, aussi utiliser Facebook est le moyen le plus facile et le plus rapide pour toucher les électeurs irakiens de la diaspora » a-t-il déclaré au journal Rudaw. Les listes arabes utilisant aussi Facebook, le site est ainsi le terrain de plusieurs affrontements virtuels entre partisans, qu’ils résident en Irak, au Kurdistan ou à l’étranger, ce qui, de l’aveu des internautes kurdes chevronnés, est un moindre mal : « Vous pouvez voir beaucoup de supporters de la liste du Kurdistan et du mouvement Gorran se battre entre eux sur différentes pages de Facebook en usant d’une langue obscène, résume Barzan, 24 ans, qui a observé sur une semaine les comportements des fans de chaque parti. « Mais je suis heureux qu’ils ne s’affrontent pas avec des fusils et des couteaux, ce n’est qu’une guerre électronique sur Facebook. »

samedi, février 27, 2010

radio

Dimanche 28 février à 6h et 22h11 sur France Culture : Arabes et Persans, philosophes d'ailleurs. Avec Christian Jambet et Roger-Pol Droit, pour Philosophies d'ailleurs, Hermann. Cultures d'islam, A. Meddeb.


Son nom vient du grec ancien, mais la philosophie n'est pas l'apanage des cultures issues de la Grèce antique. Au contraire, les Grecs eux-mêmes considéraient souvent que la philosophia venait d'ailleurs, et qu'ils n'en étaient pas les inventeurs. Tout au long de l'histoire occidentale s'est maintenue cette conviction : les autres aussi sont philosophes. C'est seulement à la fin du XIXe siècle que la pensée occidentale s'est refermée sur elle-même, délaissant toutes les perspectives théoriques autres au profit de la seule tradition gréco-latine. Le second volume de cette anthologie rassemble des extraits de textes philosophiques essentiels des civilisations hébraïque, arabe, persane et égyptienne. Ces passages, dont la plupart sont traduits pour la première fois en français, et regroupés selon leur langue d'origine, permettent de découvrir les lignes de force de ces philosophies étrangères tout en révélant leur tonalité particulière. Présentés par d'éminents spécialistes internationaux réunis spécialement sous la direction de Roger-Pol Droit, ces corpus sont éclairés par des études de synthèse et accompagnés de notes, glossaires et références mettant à la disposition du lecteur les moyens d'approfondir les sujets de son choix.



Du lundi 1er au jeudi 4 mars à 6h00 sur France Culture : Collège de France - Langues et religions indo-iraniennes. Sortir du sacrifice. Cours de Jean Kellens. L'Éloge du Savoir.

Mardi 2 mars à 21h sur France Culture : La spiritualité du Coran. Avec Youssef Seddik, philosophe et anthropologue tunisien. Les Racines du ciel, F. Lenoir.


vendredi, février 26, 2010

SYRIE : LA QUESTION DE L’AUTONOMIE KURDE DIVISE L’OPPOSITION


Le 12 février, la Chambre des Lords, en Grande-Bretagne, a interpellé le gouvernement britannique sur la situation des Kurdes de Syrie, concernant les discriminations qu’ils subissent en tant que citoyens et les interdictions pesant sur leurs droits culturels et linguistiques. La Chambre des Lords s’est aussi interrogée sur la légalité de l’arrestation de quatre Kurdes membres du parti politique Yekitî, Hassan Ibrahim Saleh, Mohammed Mustafa, Maruf Mulla Ahmed et Anwar Nasso, sur le motif qu’ils avaient appelé de leurs vœux une autonomie pour les régions kurdes en Syrie et, de façon générale, sur le nombre important des arrestations de militants politiques et d’étudiants kurdes en Syrie depuis 2002, dont Dilbixwin Osey Hamdin, étudiant à Derbasieh et arrêté le 16 août 2009, et Havraz Mohammed Amin Hassan, étudiant de Qamishlo, arrêté le 14 décembre 2009.

Selon le ministre d’État du Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth, la baronne Kinnock of Holyhead, le Secrétaire des Affaires étrangères britanniques a évoqué la question kurde lors de rencontres avec son homologue syrien et a exprimé son inquiétude au sujet de la situation des Kurdes de Syrie. « Mes collaborateurs à Damas ont des contacts réguliers avec les défenseurs des droits de l’homme en Syrie et suivent la situation de très près, y compris les droits de citoyenneté et les droits linguistiques. »

Lady Kinnock of Holyhead a aussi rappelé que le ministre d’État aux Affaires étrangères, Ivan Lewis, avait estimé dans un débat à Westminster Hall, le 24 août 2009, que les droits des Kurdes n’étaient toujours pas garantis par la constitution syrienne, et que le rapport annuel des droits des l’homme émanant de ce même ministère a, en 2008, été particulièrement consacré aux droits des Kurdes syriens. Le ministre d’État a reconnu, dans sa réponse aux Lords présents, que le système judiciaire syrien avait besoin d’être réformé, et tout particulièrement la Cour suprême syrienne, où les avocats voient leur client uniquement le jour de leur procès, lequel ne dure qu’environ une demi-heure, où ils n’ont le droit ni de plaider ni de faire appel à des témoins. Enfin, la défense ne peut faire appel des sentences émises.

Deux jours plus tard, le 14 février, le Comité syrien des droits de l’homme annonçait la mort d’un détenu kurde sous la torture, dans la prison d’Alep. Il s’agit de Mohammed Musto Rashid, originaire d’Afrin. Emprisonné depuis près de quatre mois, il avait été soumis à des sévices sévères, avant d’être hospitalisé à Alep pour quatre jours. Renvoyé ensuite en détention, il est mort le 19 janvier dernier. La raison de son arrestation et de son maintien en détention n’a jamais été expliquée par les autorités, et le Comité syrien n’est même pas en mesure d’affirmer si cela avait un quelconque lien avec des activités politiques. Les condamnations, même à de courtes peines d’emprisonnement et souvent pour des motifs assez insignifiants, se sont multipliées ce mois-ci contre les militants de parti Yekitî, dans ce qui semble ressortir d’une tactique de harcèlement. Le 16 février, Hassan Saleh, membre du Bureau politique a été condamné par contumace à un an d’emprisonnement (ramené à 8 mois par le juge) pour appartenance à une organisation secrète et interdite, et incitation au sectarisme et au racisme. Le juge militaire de Qamishlo a aussi condamné à six mois d’emprisonnement (réduits à 4 mois) Shahbaz Nazir Ismaïl et Siwar Abdul Rahman Darwish pour avoir été en possession de publications émanant de Yekitî.

Le 18 février, deux Kurdes d’Amude étaient arrêtés par les forces de sécurité de la ville de Qamishlo sans motif connu et maintenus en détention : il s’agit de Montasir Ahmad Khalaf, photographe et propriétaire d’un Internet café et d’Alan Ahmed Hussein, fleuriste. Le même jour, Mohammed Salih Khalil, membre du Bureau politique du Parti démocratique kurde de Syrie comparaissait devant le tribunal militaire d’Alep. Il était accusé d’appartenance à une organisation secrète en vertu de l’article 288 du code pénal syrien. Son procès a finalement été reporté au 25 mars prochain. Né à Afrin en 1953, Mohammed Salih, qui vit à Alep, a été arrêté le 11 novembre 2009 par la sécurité militaire et détenu par la branche Palestine des même services à Damas, avant d’être transféré à la prison d’Alep.

Par ailleurs, la récente déclaration des 4 membres du parti Yekitî, souhaitant l’instauration d’une autonomie dans les régions kurdes de Syrie a agité fortement l’opposition syrienne. En effet, en décembre dernier, lors du congrès de ce parti, des membres du Bureau politique avaient déclaré que la solution au problème kurde en Syrie passait par une forme de gouvernement autonome. Ces membres ont été arrêtés peu de temps après. Mais cette déclaration a divisé la plate-forme commune appelée « Parapluie de Damas », formée en 2005, pour unifier les différents partis et mouvements d’opposition en Syrie, qu’ils soient kurdes ou arabes, islamistes ou laïques. Les partis arabes ont vigoureusement condamné la proposition des Kurdes, qu’ils ont qualifiée d’ « intempestive » et de « séparatiste ». Mais Fouad Aliko, le Secrétaire général de Yekitî a répliqué que les Kurdes de Syrie avaient le droit légitime de gérer leurs propres affaires et de jouir d’une autonomie pour autant que cela ne nuise pas à la Syrie et à son intégrité territoriale. Fouad Aliko a cité en exemple « l’ouverture » de la Turquie sur la question kurde et le cas du Gouvernement régional du Kurdistan d’Irak, qu’il voit comme des modèles pour résoudre le problème kurde en Syrie.

C’est la première fois dans l’histoire politique des Kurdes en Syrie que l’autonomie est ouvertement évoquée et ce nouveau pas a provoqué l’irritation des mouvements arabes, peu enclins à voir les Kurdes autrement que comme une minorité discrète en Syrie. Hassan Abdel-Azim, le dirigeant de l’Union démocratique arabe socialiste, a « rejeté catégoriquement l’usage de termes comme celui de ‘Kurdistan syrien’, d’auto-gouvernement ou tout autre propos séparatiste ». Il a ajouté que les groupes d’opposants en Syrie cherchaient des solutions au problème kurde « dans les limites de l’unité de la terre syrienne et de son peuple », en ajoutant qu’il soutenait les droits à l’égalité citoyenne des Kurdes et leurs droits culturels. Faïk Al-Mir, membre du Parti syrien démocratique a estimé, pour sa part, que les « demandes séparatistes » divisaient et affaiblissaient l’opposition : « Les Syriens aujourd’hui ont besoin d’être dans une situation de totale unité et de solidarité dans leur lutte pour bâtir une société libre et un État démocratique ».

Depuis que cette plate-forme d’opposants de Damas a été fondée en 2005, ses résolutions sur les droits des Kurdes se sont cantonnées à de vagues déclarations d’intention, afin de ne pas heurter le nationalisme arabe. Mais selon Fouad Aliko, ce rejet résulte d’une méconnaissance du principe d’autonomie de la part de ces mouvements arabes, qui l’assimilent automatiquement au séparatisme. Il s’est dit « déçu » par ces réactions qu’il compare à l’intransigeance du Baath syrien.

minorités en Islam : les Alévis ou le chiisme "vieux-paysan"

Les régions égéennes et méditerranéennes, où les Alévites sont peu nombreux et dispersés en villages isolés, sont celles où le grand nomadisme a imprégné beaucoup plus fortement et plus tardivement l'occupation du sol. Ce sont les régions où s'est individualisé, aux XIVe et XVe siècles, le concept de Yürük ("celui qui marche"), opposé à paysan, dans le cadre d'un binôme de paysans-nomades, encore renforcé au XVIIe siècle par la "seconde invasion nomade" résultant de la dislocation par l'autorité ottomane des grandes confédérations turkmènes de l'Est, binôme qui persista pendant plusieurs siècles. Les régions où les Alévites sont au contraire nombreux et groupés, centre-orientales, sont en revanche des contrées restées à peu près imperméables à ces mêmes nomades turcs, en tout cas des pays où la vie sédentaire a largement prédominé, dès avant l'époque ottomane.
Replaçons cette constatation dans le cadre de l'évolution historique du Chiisme anatolien et de son recul progressif. Dans cette perspective, on comprend aisément l'importance de celui-ci dans l'Anatolie centre-orientale, et les principes de sa répartition. Il s'agit, en situation éminemment résiduelle, des vestiges d'effectifs jadis beaucoup plus importants, qui ont réussi à maintenir et à préserver leur originalité dans des régions écartées, ou montagneuses, peu influencées par le pouvoir. Leur densité s'accroît vers l'Est, à mesure qu'on s'éloigne du siège de l'autorité impériale. Le modèle "centre-périphérique" est la base de l'explication. Mais il s'y ajoute un facteur supplémentaire, qui explique les détails régionaux. Ce Chiisme "vieux-paysans", comme on peut le qualifier, est certainement pour une grande part l'héritier direct d'éléments chrétiens préturcs qui ont trouvé dans l'Alévisme, comme on l'a montré, le paravent commode d'une pseudo-islamisation. Il est très remarquable, par ailleurs, que la carte de ce Chiisme oriental apparaisse très largement complémentaire de celle de la persistance du Christianisme. On ne trouve pratiquement pas de Chiites dans les régions où les populations grecques et arméniennes avaient réussi à préserver leur identité à la fois culturelle et religieuse : hautes chaînes Pontiques entre la côte et le Kelkit, ou Cappadoce notamment, pour les Grecs. Il s'agit de deux formes différentes de résistance culturelle à la transformation ethnique ou religieuse.

Xavier de Planhol, Minorités en Islam, 2, Le domaine turco-iranien : Le Chiisme anatolien.

jeudi, février 25, 2010

TURQUIE : LOURDES PEINES DE PRISON ET ARRESTATIONS DANS LES MILIEUX KURDES


Deux éditeurs kurdes de Turquie risquent de lourdes peines de prison, soit 21 ans et 525 ans, pour « propagande séparatiste ». Le 12 février, en effet, la cinquième chambre de la cour d’assises de Diyarbakir a condamné par contumace Ozan Kilinc, propriétaire du journal Azadiya Welat, à 21 ans et trois mois de prison pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste », c’est-à-dire pour avoir publié des reportages et des photographies sur le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et son leader emprisonné, Abdullah Öcalan, en juin 2009. Il a également été reconnu coupable d’appartenance à « une organisation terroriste ».

Cette sentence a été condamnée par diverses organisations de défense de la presse. Le directeur de l’Institut international de la presse (IPI), David Dadge, a qualifié cette peine de prison « d ‘inacceptable », en déplorant que « trop souvent les autorités en Turquie ou ailleurs usent de lois anti-terroristes pour restreindre la liberté de la presse. » Dans son rapport annuel de 2009, l’IPI avait déjà critiqué le gouvernement turc pour ses tentatives de musellement de la presse, en utilisant des attaques verbales, des amendes disproportionnées et l’usage d’articles de loi afin de poursuivre les journalistes. Reporter sans Frontière, pour sa part, a déclaré que « La liberté d’expression doit s’étendre une fois pour toutes à la presse pro-kurde. La disproportion entre les faits reprochés – l’expression d’opinions qui peuvent être contestées – et la peine appliquée est frappante. Ce n’est pas en bannissant l’expression démocratique des revendications minoritaires que la République turque pourra venir à bout de la violence extrémiste ».

Mais le 23 février, c’est une sentence encore plus effarante qui a été prononcée contre Vedat Kursun, l’ancien directeur du même journal, détenu depuis 13 mois et poursuivi pour « glorification de crimes et de criminels » et « avoir aidé le Parti des travailleurs du Kurdistan dans sa propagande ». Le procureur a en effet requis 525 années de prison pour un total de 105 actes d’accusation contre le journal Azadiya Welat pour propagande « terroriste » et le fait d’avoir désigné Abdullah Öcalan comme une « leader publique kurde ». Fondé en 1994, l’hebdomadaie Azadiya Welat, devenu quotidien en 2006, a souvent été la cible d’actions judiciaires, étant régulièrement accusé d’être l’organe de presse porte-parole du PKK.

Le mois de février a, de toute façon, été tendu, avec de nombreuses manifestations et arrestations, en raison des commémorations de la capture d’Öcalan, survenue le 15 février 1999. Les rassemblements ont été violemment réprimés par la police, comme à Diyarbakir, où 3000 personnes ont voulu défiler dans le centre de la ville, bravant les gaz lacrymogènes et les canons à eau. D’autres protestataires ont répliqué par des barricades de rue et des pneus brûlés. Des violences similaires se sont produites à Istanbul, où une rue passante a été bloquée par des manifestants. Quelques jours avant la date anniversaire, des rafles policières avaient eu lieu dans les milieux politiques kurdes, avec une centaine d’arrestations, visant principalement le parti pro-kurde BDP. Les coups de filet ont eu lieu dans les villes kurdes de Hakkari, Diyarbakir, Van, Siirt, Batman, Mardin, Gaziantep, Urfa et Muş, ainsi qu’à Adana et Istanbul, villes qui comptent de fortes concentrations de Kurdes.

Enfin, plusieurs cas d’emprisonnements de mineurs, dont certains condamnés lourdement pour « terrorisme » ont défrayé la presse turque et internationale. Ainsi une jeune Kurde de 15 ans, arrêtée lors d'une manifestation de soutien au DTP en octobre dernier, à Batman, a été condamnée à 8 ans de prison. La Cour de Diyarbakir l'a jugée coupable d'appartenance à une organisation illégale, et d'avoir crié des slogans en lançant des pierres sur les forces de l'ordre, d'avoir participé à des réunions et des manifestations illégales, et d'avoir fait de la propagande en faveur d'une organisation interdite. Mais Berivan a nié avoir participé à la manifestation, affirmant qu'elle s'était seulement arrêtée, de retour de visite chez une tante, et d'avoir regardé par curiosité. C'est en garde-à-vue qu'elle aurait confessé ses crimes, après avoir été battue. La mère de Berivan s'est exclamée à l'annonce du verdict : « Est-ce qu'elle a tué ? Les assassins ne sont pas condamnés à une si lourde peine ! » Actuellement 83 autres enfants sont emprisonnés à Diyarbakir, arrêtés dans des circonstances et pour des motifs similaires. Selon l’Association turque des droits de l’homme (IHD), le nombre total de mineurs poursuivis pour avoir participé à des manifestations, jeté des pierres ou des cocktails Molotov sur les forces de l’ordre s’élèverait à 3000. Tombant sous le coup de la loi « anti-terroriste » ils encourent tous de très lourdes peines de prison, entre 20 et 44 ans de prison. Depuis 2006, en effet, la législation turque permet de juger les mineurs au même titre que les adultes, comme l’explique au Figaro l’avocate Canan Atabay : « Certains se voient condamnés à vingt ans de prison, sans réduction de peine. Prononcer de telles sentences pour des jets de pierres ressemble à une vaste comédie alors que l'avenir de ces enfants est en jeu. C'est l'arsenal législatif qu'il faut revoir de fond en comble. »

Minorités en Islam : le modèle diffus : les "Gens de la Vérité

Face à cet échec d'ensemble et à cette disparition des ségrégations montagnardes, quel est donc le principe dominant de répartition sectaire dans le domaine turco-iranien ? On peut le définir par la dilution et la dispersion. Les sectes sont éparpillées, leur diffusion très large. La bédouinisation généralisée a assuré, par la mobilité des groupes humains, l'essaimage sur des étendues considérables, en même temps que, par leur instabilité, elle prévenait toute concentration substantielle. Il y eut naturellement des tendances aux regroupements, mais ceux-ci n'aboutirent généralement qu'à des îlots de faible extension.
Un bon exemple est ainsi donné par les Ahl-é Haqq (les "Gens de la Vérité" en persan), suivant le nom qu'ils se donnent à eux-mêmes, que les Chiites duodécimains d'Iran appellent Ali Ilahi ("les adorateurs d'Ali"), qui représentent dans les hautes terres iraniennes une forme de Chiisme extrémiste et syncrétiste très proche de celui des Alaouites de Syrie, avec lesquels ils partagent en tout cas, à défaut de toutes les croyances, le même type d'anarchie et d'inorganisation, la même absence d'unité. Tenue largement secrète sous le couvert d'une adhésion officielle au Chiisme duodécimain dominant, l'affiliation est en fait très répandue en Iran. Son foyer de diffusion, où sa présence est encore aujourd'hui maximale, se laisse aisément cerner. Il s'agit des populations de langue loure du Zagros occidental, autour de Kermânchâh, et en particulier de la grande tribu des Papi, à l'Est et au Sud-Est de Khorramabâd. Il est difficile de préciser dans quelle mesure la secte s'étend plus à l'Est chez les Bakhtiyâri, néanmoins elle est certainement prédominante chez les Gourân, voisins septentrionaux des Lours, entre Kermânchâh, Sannah et Hamadân, et plus ou moins diffuses parmi les tribus kurdes voisines (Lak). Cet espace correspond largement à celui où s'était établie aux XIVe et XVe siècles la principauté des Kara Koyounlou, dont on sait qu'elle avait favorisé les progrès de la secte. Mais à partir de ce centre principal la dispersion a été prodigieuse. Des éléments sont plus ou moins disséminés dans tout l'Azerbaïdjan, notamment au nord de Tabriz, où leur cartographie est loin d'être faite dans le détail, et jusqu'en Transcaucasie, dans l'Azerbaïdjan ex-soviétique. Ils sont nombreux, en groupes épars, dans les montagnes du bourrelet caspien, et sur le versant septentrional lui-même, notamment parmi les tribus de Kurdes Khodjavand installés à la fin du XVIIIe siècle dans le Kalâr Dacht, bassin de la moyenne montagne du Guilân (vers 1250-1300 m d'altitude), pour contenir les populations locales, par le fondateur de la dynastie Qâdjâr qui leur concéda pour leur parcours d'été les pâturages du grand massif voisin de l'Alam Kouh. On en connaît dans le Khorâsân, où ils sont liés à l'établissement de tribus kurdes et azéries à la frontière Ouzbek aux XVIe et XVIIe siècles, et jusque dans l'Asie centrale où on les a signalés à la fin du XIXe siècle dans l'Est du khanat de Boukhârâ, sur les contreforts occidentaux du Pamir. On en a rencontré au début du XIXe siècle dans l'Afghanistan central à l'Ouest de Kaboul, sur les flancs du Kouh-é Bâbâ. On les trouve ça et là dans le Centre et le Sud du plateau iranien, comme dans la plaine de Varâmin au Sud de Téhéran, et il en existe un village dans le Fars près de Chirâz. Vers l'Ouest et le Sud-Ouest d'autres fractions se sont répandues, avec les tribus kurdes, jusque sur le versant du Zagros regardant la plaine mésopotamienne et notamment dans le Sud-Est de la Turquie actuelle, où s'opèrent la transition, dans des conditions obscures, avec l'Alévisme anatolien. On tient là une remarquable illustration du rôle des déplacements de populations et de la mobilité des tribus nomades qui ont caractérisé le domaine iranien jusqu'à l'époque contemporaine.
Le cas des Ahl-é Haqq est loin d'être isolé. Le même modèle de répartition s'observe, sur le plateau iranien, pour des sectes qui, sur le versant arabe du Taurus, sont au moins particulièrement concentrées dans des refuges, tels les Yézidis, ou même les Chrétiens jacobites et nestoriens. Ils se retrouvent dans toute l'Anatolie occidentale pour la diffusion de l'Alévisme.
Xavier de Planhol, Minorités en Islam, 2, Le domaine turco-iranien : Le modèle diffus : Les "Gens de Vérité".


Minorités en Islam et ethnies religieuses


Une définition de l'ethnie élargie au religieux qui a une certaine pertinence quand on songe à l'imbroglio juridique et politique des minorités religieuses et/ou ethniques dans la constitution kurdistanî, au sujet duquel lequel Human Rights Watch s'est vautré au sujet des yézidis, et qui éclairent aussi les batailles furieuses dans la dénomination des chrétiens d'Irak, entre la volonté du patriarcat de maintenir la distinction ethnique entre chaldéens catholiques et assyriens, et les laborieux efforts de réunification avec ou sans guillemets :

Les sectes religieuses, dans leur immense majorité, et en tout cas dans toutes les sociétés de type traditionnel, ont en effet un caractère d'ethnie. Ce sont des désignations connues, et généralement acceptées. Lorsqu'elles sont refusées, dans le cas de sectes clandestines, elles sont le plus souvent connues ou du moins soupçonnées des populations environnantes. Ce n'est guère que dans des sociétés très laïcisées, comme les sociétés urbaines occidentales, que l'appartenance religieuse perd sa valeur ethnique. À Paris, nous ne savons pas d'ordinaire si telle ou telle de nos relations professionnelles est catholique, protestante ou agnostique. Son comportement général ne l'indique pas. En Alsace rurale, tout le monde sait encore si telle ou telle personne est catholique, protestante ou israélite. À plus forte raison en est-il de même en Ulster des catholiques et des protestants. L'appartenance religieuse y est le fondement d'une véritable ethnie. Il en est de même dans l'ensemble du Monde islamique.

Xavier de Planhol, Minorités en Islam : Introduction.


mercredi, février 24, 2010

Parution : En direction du vent





Fawaz Hussain est né au nord-est de la Syrie dans une famille kurde. Il arrive à Paris en 1978 pour poursuivre des études supérieures de lettres modernes à la Sorbonne où il soutient une thèse de doctorat en 1988. Début 1993, il s’installe en Suède où il travaille à l’Institut français de Stockholm et enseigne à l’université de Lulea en Laponie. Depuis son retour en France en 2000, il est professeur de français en Seine-Saint-Denis et à la Mairie de Paris. Du même auteur : Le Fleuve, Méréal, 1997, réédité dans la collection Motifs, Le Serpent à Plumes, 2000 ; Chroniques boréales, L’Harmattan, 1999 ; Prof dans une ZEP ordinaire, Le Serpent à Plumes, 2006 ; Les Sables de Mésopotamie, éditions du Rocher, 2007.


lundi, février 22, 2010

Transhumances, nomadisme


Si le nomadisme s'étiole dans l'Anatolie de l'Ouest, il prospère à l'Est où les nomades venus d'Asie portent le nom générique de Turkmènes. Aujourd'hui encore, dans la steppe anatolienne, des Turkmènes se déplacent jusqu'à Alep, Damas ; et le problème de leur sédentarisation, à l'un ou l'autre bout de leur parcours, se pose. Dès le XVIº siècle, plus encore au siècle suivant, gouverneurs et percepteurs ottomans s'occuperont de très près des nomades turkmènes qui n'avaient jamais été inquiétés, lors des grands succès de l'expansion turque aux époques antérieures. Il s'agit pour la Porte de percevoir l'impôt, de recruter des cavaliers. Les luttes contre la Perse, si acharnées, entraînent le rejet vers l'Iran des tribus chiites ; les sunnites, au contraire, poussent vers l'Ouest et renouvellent le stock nomade des yürücks. Telle tribu qui se trouve en 1613 dans la région de Karaman, au Sud-Est de Konya, est, 70 ans plus tard, à la hauteur de Kütahya ; des groupes passent même à Rhodes. Dernier renouveau : les vides creusés à l'Est se combleront une fois de plus, les Kurdes, jusque-là cloîtrés dans leurs montagnes, se donnant de l'air. Au XIXe siècle, ils "reprennent à leur compte les grandes migrations Nord-Sud entre le haut plateau anatolien et le Piedmont méridional du Taurus" (Xavier de Planhol, "Géographie politique et nomadisme en Anatolie", in Revue internationale des sciences sociales, XI, 1959, nº 4). Preuve qu'il y a des cycles pour la vie des nomades, avec d'étonnants points d'arrêts, des enkystements, des permanences et des reprises.



Montagnes, civilisations et religions


Dans sa Méditerranée à l'époque de Philippe II, Fernand Braudel, classiquement, oppose la montagne, lieu "sans histoire", aux villes, foyers et vecteurs de civilisations. Comme Ibn Khladoun comparant les nomades kurdes aux bédouins, Braudel met en parallèle l'irréligiosité des Berbères avec celle des Kurdes, se fondant sur une remarque du Comte de Sercey (Comte de Sercey. Une Ambassade extraordinaire. La Perse en 1839-1840, p. 104), sur la différence de mœurs entre Kurdes et Arabes : "On voit néanmoins (puisqu'elles dansent) que les femmes kurdes, quoique musulmanes, ne sont pas séquestrées."

La montagne, ordinairement, est un monde à l'écart des civilisations, création des villes et des bas-pays. Son histoire, c'est de n'en point avoir, de rester en marge, assez régulièrement, des grands courants civilisateurs qui passent avec lenteur cependant. Capables de s'étaler loin en surface, à l'horizontale, ils se révèlent impuissants, dans le sens vertical, devant un obstacle de quelques centaines de mètres.

[…]

C'est là seulement où son action a pu se répéter avec insistance que l'Église est parvenue à apprivoiser et à évangéliser ces bergers, ces paysans indépendants. Encore y mit-elle un temps inouï. Au XVIe siècle, la tâche est loin d'être achevée, pour le Catholicisme comme d'ailleurs pour l'Islamisme, qui s'est heurté au même obstacle : les Berbères d'Afrique du Nord, protégés par leurs sommets, ne sont encore que peu ou mal gagné à Mahomet. De même les Kurdes, en Asie. Tandis qu'en Aragon, en pays valencien ou dans les terres de Grenade, la montagne demeure, à l'inverse, une zone de dissidence religieuse, de permanence musulmane, tout comme les hautes collines sauvages et "méfiantes" du Luberon protègent les permanences vaudoises. Partout, au XVIe siècle, les hauts mondes sont mal rattachés aux religions dominantes de la mer ; partout il y a décalage, retard de la vie montagnarde.

Lieu ensauvagé et attardé, la montagne est aussi liberté et, là encore, citer les Kurdes en exemple d'indépendance est presque un lieu commun :

"Les lieux les plus escarpés ont toujours été l'asyle de la liberté", dit doctement le baron de Tott dans ses Mémoires (Mémoires du baron de Tott sur les Turcs et les Tartares, Amsterdam, 1784, p. 147). En parcourant la côte de Syrie, note-t-il, on voit le despotisme (des Turcs) s'étendre sur toute la plage et s'arrêter, vers les montagnes, au premier rocher, à la première gorge facile à défendre, tandis que les Kurdes, les Druses et les Mutualis, maîtres du Liban et de l'Anti-Liban, y conservent constamment leur indépendance."


525 ans pour s'amender...

Décidément, le procureur de Diyarbakir nous en invente tous les jours. Cette fois-ci, ce n'est pas moins de 525 années de prison qu'il a requises contre le rédacteur en chef du journal kurde Azadiya Welat, pour "propagande terroriste". Ces 525 années sont en fait réparties sur 150 méfaits terroristes. C'est-à-dire que Vedat Kurşun, l'accusé, a fait 150 fois de la propagande pour le PKK, avec 32 actes d'accusation et 94 chefs d'accusation. Ce qui est surtout reproché à Vedat Kurşun, c'est de qualifier régulièrement Öcalan de "leader public kurde". Or connaissant la mégalomanie illimitée dudit Öcalan, le mentionner comme étant "un" leader kurde et non LE leader de tous les Kurdes et du Kurdistan, voire du Moyen-Orient, et qui l'emporte en célébrité sur Jésus, Napoléon, Mahomet etc., c'est limite outrage à Apo, je trouve...

Ozan Kılınç, qui a remplacé Vedat Kurşun à son poste n'a pas perdu de temps non plus il encourt 21 ans pour propagande terroriste, appartenance à une organisation terroriste et crimes commis pour le compte d'une organisation terroriste.

Finalement, Azadiya Welat devrait employer des mineurs à son comité de rédaction. Ceux-ci, au moins, eu égard à leur jeune âge, parce qu'au fondle procureur de Diyarbakir est un grand tendre, n'écoperaient peut-être que de 8 années de prison...


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.


samedi, février 20, 2010

On trouve de tout à Amedî...


Même des Anti-Yentl totales qui n'ont jamais eu besoin de se travestir pour devenir rabbin.

Ainsi un article publié dans le Monde (merci Dilo !) d'un prêtre orthodoxe vivant en Israël, recense de grandes figures intellectuelles féminines juives, dont une certaine Asenath Barzanî (1590-1670), de la ville d'Amedî :

Asenath Barzani vécut à Amadiyah (Iraq, Kurdistan), fille de Samuel Barzani, l'un des maîtres reconnus de la Kabbale dans les écoles du plateau persique. La fille prend son père pour le roi d'Israël. En retour, il lui transmit son savoir.

Il est symptomatique que les rabbins aient souvent eu une passion de transmettre à leurs filles un savoir et une foi dont la transmission apparaît le privilège des hommes. C'est une erreur, mais il faut du temps pour le comprendre !

Asenath fut ainsi reconnue comme "rabbin" avec titre de « tannaite = sage de l'époque de la Mishna ». Lors d'un incendie, elle eut une vision en forme de « nuage d'anges ». Ils sauvèrent la synagogue. Les fidèles reconnurent son service et le lieu porte encore son nom à Amadiyah. Sa vie fut parée de la prière, de l'étude et de dons exceptionnels de poétesse (La supplique d'Asenath, Kurdistan).

Une biographie plus complète d'Asenath se trouve sur wikipedia.

vendredi, février 19, 2010

TV, radio : La Forteresse, Haut-Karabakh, Al-Qaïda

TV

Vendredi 26 février à 22h55 sur ARTE : La Forteresse, documentaire de Fernand Melgar (Suisse, 2008).

Radio

Samedi 20 février à 13h20 sur France Inter : Le conflit du Haut-Karabakh. Une enclave arménienne au sein de l'Azerbaydjan. Rendez-vous avec X, P. Pesnot.

Dimanche 21 février à 6h00 et 22h11 sur France Culture : Vie et mort d'al-Qaïda. Avec Jean-Pierre Filiu, auteur de Les Neuf vies d'al-Qaïda (Fayard). Cultures d'islam, A. Meddeb.




Présentation de l'éditeur
Neuf vies en vingt ans, tel est l'incroyable parcours d'Al-Qaida. Il est enfin temps de reconstituer l'ensemble de l'histoire de ce jihad global, sans en esquiver les zones d'ombre. Bien avant le 11 septembre 2001, l'organisation de Ben Laden s'est construite dans les confins afghans et elle a tissé sa toile planétaire à partir du Soudan. Mais c'est grâce à la protection des talibans qu'elle est devenue la première, et heureusement la seule, formation terroriste à vocation mondiale. Depuis l'impitoyable guérilla d'Arabie au bain de sang de l'Irak, c'est le tableau d'un réseau en perpétuel mouvement, capable de frapper au coeur de l'Europe comme de s'étendre jusqu'en Afrique du Nord. Pourtant, depuis peu, Al-Qaida perd pied dans les pays arabes et c'est pour sa survie qu'elle combat aujourd'hui sur le sol du Pakistan. Du sort de cette bataille dépend une partie de notre sécurité à tous. Cet ouvrage, puisé aux meilleures sources et très documenté, nous livre les clés du tragique succès des partisans de Ben Laden et, surtout, il explore les voies de leur possible défaite. La neuvième vie d'Al-Qaida sera-t-elle la dernière ? A vous de juger.

Biographie de l'auteur
Jean-Pierre Filiu est professeur associé à Sciences Po (chaire Moyen-Orient), après avoir été professeur invité à Georgetown (Washington). Ses analyses sur le monde arabe et les sociétés musulmanes ont été publiées dans une dizaine de langues. Son Apocalypse dans l'Islam (Fayard, 2008), a reçu le prix Augustin-Thierry des Rendez-vous de l'Histoire de Blois.

mercredi, février 17, 2010

La Turquie : "Ouverture démocratique" et perspectives d'adhésion à l'Union européenne



La Turquie : "Ouverture démocratique" et perspectives d'adhésion à l'Union européenne

Conférence-débat à l'Assemblée nationale
organisée par l'Institut kurde de Paris.

Vendredi 26 février 2010, de 9h30 à17h30.
Salle Victor Hugo. 101, rue de l’Université, 75007 Paris.

Pour s'inscrire en ligne.
En juillet dernier, le gouvernement turc a annoncé son intention d'engager un processus de règlement de la question kurde, qui depuis des décennies hypothèque l'évolution de la politique intérieure et extérieure de la Turquie. Appelée d'abord « l'ouverture kurde », puis « l'ouverture démocratique » afin d'inclure la prise en compte d'autres minorités religieuses (Alévis) et ethniques du pays, cette initiative soulève des espoirs chez les uns, tout en rencontrant une vive opposition des puissantes forces nationalistes turques, dont l'armée. Cela dans un contexte agité où pour la première fois dans l'histoire de la Turquie, des généraux à la retraite se trouvent traduits en justice pour leur implication dans des préparatifs de coups d'Etat militaires, en collaboration avec un vaste réseau criminel turc, appelé Ergenekon, composé de militants de l'extrême-droite, d'officiers de l'armée et de la gendarmerie mais également d'universitaires et de journalistes réunis dans une sorte de Gladio à la turque.

Dans le même temps, la Cour constitutionnelle composée pour l'essentiel des juges kémalistes nationalistes, qui avait failli de justesse interdire le parti AKP au pouvoir, vient d'interdire le principal parti pro-kurde DTP, censé être le partenaire kurde légal de « l'ouverture démocratique ». Les deux co-présidents de ce parti ont été déchus de leur mandat de député tandis qu'une vingtaine de maires kurdes élus au suffrage direct avec des scores allant de 60 à 70% des voix, sont arrêtés, menottés et jetés en prison.
C'est dans ce climat de tension et de confusion que la ville d'Istanbul est devenue la capitale européenne de la culture en 2010, alors que les 15 à 18 millions de Kurdes de Turquie et d'autres minorités de ce pays sont toujours dans l'attente de reconnaissance et de protection de leur patrimoine et de leur droit à la libre expression.

Au-delà des effets d'annonce, l'Institut kurde de Paris se propose de faire le point sur les changements réels intervenus dans les domaines des droits de l'homme, des libertés fondamentales et du sort des Kurdes. Quelles sont les promesses et les perspectives du processus de démocratisation du régime turc ?

En raison de la candidature turque à l'Union européenne, cette question intéresse beaucoup de citoyens en France et en Europe. Elle mérite des débats publics pluriels.

La conférence organisée par l'Institut kurde propose de faire le point sur ces questions en donnant la parole à la fois à des personnalités et experts venant de Turquie, et aux parlementaires et spécialistes européens de sensibilités et d'horizons divers afin de contribuer à l'information plurielle de l'opinion publique.




Programme

9h00. Accueil des participants.
9h30. Mot de bienvenue.

9h35-11h00. Table ronde : Droits de l'homme, état des lieux.

Modérateur : Yavuz ÖNEN, ancien président de la Fondation des Droits de l'homme de Turquie, ancien président de l'Union des Chambres des architectes et des ingénieurs de Turquie-Ankara.

∗ Murat BELGE, professeur à l'Université Bilgi d'Istanbul, Président de l'Association des citoyens Helsinki.
∗ Dr. Necdet İPEKYÜZ, ancien président de la Chambre de médecin de Diyarbakir.
∗ Mme Zübeyde KILIÇ, présidente du Syndicat de l'Éducation Nationale de Turquie (Egitimsen)
∗ Mme Nadire MATER, journaliste à Bianet, Istanbul.

11h00-12h45. Table ronde : Qu'est-ce que l'ouverture démocratique ?


Modérateur :Hamit BOZARSLAN, professeur à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris.

∗ Dr. Gencay GÜRSOY, président de l'Union des Chambres de médecin de Turquie.
∗ Mme Gülşen ORHAN, députée du Parti de la justice et du développement(AKP) de Van.
∗ Sezgin TANRIKULU, ancien bâtonnier de Diyarbakir.
∗ Mme. Aysel TUĞLUK, co-présidente du Parti de la société démocratique (DTP), ex-députée de Diyarbakir.
∗ Murat YETKİN, journaliste au quotidien Radikal, Istanbul.
∗ Reşo ZÎLAN, président du département Langue et Littérature de l'Institut kurde de Paris.


13h00-14h45 : Pause-déjeuner.

15h00-16h390. Table ronde : "L'ouverture démocratique" et la nouvelle diplomatie kurde.

Modérateur : Gérard CHALIAND, écrivain et expert en géopolitique, Paris.
∗ Dr. Fuad HUSSEIN, directeur de cabinet du Président du Kurdistan irakien.
∗ Marc SEMO, journaliste à Libération.
∗ François LONCLE, député de l'Euro-France. (sous réserve)
∗ Bejan MATUR, journaliste au quotidien Zaman, Istanbul.
∗ Jonathan RANDAL, ancien correspondant au Washington Post.

16h30-18h30. Table ronde : "Ouverture démocratique" : Quelles perspectives ?

Modérateur : Kendal NEZAN, président de l'Institut kurde de Paris.
∗ Mir Dengir FIRAT, député, ancien vice-président du Parti de la justice et du développement(AKP).
∗ Altan TAN, journaliste et écrivain, Diyarbakir.
∗ Ahmet TÜRK, co-président du Parti de la société démocratique (DTP), ex-député de Mardin.
∗ Bayram BOZYEL, président du Parti du Droit (HAKPAR), Ankara.
∗ Şivan PERWER, musicien.

18h30 : Clôture du colloque.

mardi, février 16, 2010

Vision d'horreur



La plus réjouissante blague du mois ou l'événement le plus traumatisant pour l'Éducation nationale turque, selon les points de vue : D'innocents enfants turcs dans une école primaire de la province de Konya ont eu le choc de leur courte vie en ouvrant un de leurs manuels scolaires : Une des cartes qu'il contenait montrait qu'un État appelé Kurdistan avait bouffé tout le sud-est de la Turquie.

Yayin, la maison d'édition responsable de cet attentat psychologique sur cervelles juvéniles s'est platement excusé 1/ de n'avoir pas vérifié les images, 2/ d'avoir piqué au hasard sur Internet l'objet du délit (c'est pas de notre faute, on a volé plus malhonnête que nous, en gros)

Ce qui peut nous amener à deux conclusions : 1/ ça leur apprendra à pomper des images sans souci de leur provenance ni de leur copyright éventuel, et que 2/ décidément, même sur le web, il faut toujours se méfier des gens à qui l'on pique : des fois, on tombe sur des crypto-arméno-kurdo-séparatistes qui ont dû bien s'amuser...

La maison s'est excusée auprès de la nation turque toute entière, ce qui est peu. À la place des Turcs, j'aurais réclamé qu'ils se fassent hara-kiri, rien de moins.

Cela dit, il est à noter qu'il a fallu attendre février pour qu'on découvre l'affreux complot alors que le deuxième trimestre scolaire est largement entamé. Il y en a qui mettent du temps à percuter...
(source Hürriyet, via Rudaw,net)


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

lundi, février 15, 2010

Conférence : En Turquie, avec les pasteurs kurdes d’Anatolie



Dans le cadre du cycle « Regards de voyageurs », Transboréal & Aventure du bout du monde accueille le jeudi 18 février, à 20 h 30, Michaël Thevenin pour une conférence :


En Turquie, avec les pasteurs kurdes d’Anatolie





FIAP (salle Bruxelles) – 30, rue Cabanis – 75014 Paris – métro Glacière (ligne 6): Plan d'accès.
Entrée : 6 euros.

samedi, février 13, 2010

Exposition : Collage onirique

Samedi 20 février à 16h 00, à l'Institut kurde de Paris, vernissage de l'exposition


de


Du 20 février au 5 mars 2010.

Institut kurde de Paris
106, rue La Fayette, F-75010 Paris
M° Poissonnière - Gare du Nord - Gare de l’Est
Plan d'accés à l'Institut

vendredi, février 12, 2010

6ème conférence de l'EUTTC : résolutions finales

La 6ème conférence annuelle de l'EUTTC a donc délivré ses conclusions, recommandations, observations. Beaucoup moins lénifiant et indulgent (et aussi mieux renseigné) que le 2ème rapport de la Commission indépendante sur la Turquie, Il est fait un tour d'horizon des choses qui fâchent. L'impression générale de cette conférence est quand même qu'on est encore loin des critères de Copenhague, même en examinant le "cas turc" en toute impartialité concernant son adhésion :


La 6e conférence internationale annuelle a une fois de plus réuni des contributeurs, y compris d'éminents universitaires, écrivains, juristes, des organisations des droits de l'homme et d'éminents intellectuels turcs et kurdes de tous les coins du monde pour débattre pendant deux jours des progrès qui ont été accomplis pour la candidature de la Turquie à l'adhésion à l'Union européenne et enquêter sur les efforts supplémentaires qui doivent être faits pour améliorer les droits de l'homme et la primauté du droit en Turquie.

En ce qui concerne l'adhésion, l'EUTCC prend note des progrès accomplis cités dans le rapport de la Commission européenne sur les progrès de la Turquie, y compris certaines réformes de fond au sein de la Turquie. Toutefois, les événements de l'année écoulée ont indiqué qu'il ya encore un long chemin à parcourir, et des mesures plus concrètes doivent être faites par la Turquie et l'UE.

Cette année la Conférence a pour titre "La Turquie et le conflit kurde : Dialogue politique et consolidation de la paix, en réponse à l'initiative kurde lancé par le gouvernement. L'EUTCC prend acte de l'initiative du gouvernement, et estime que le dialogue est la seule façon d'avancer vers la paix. Elle note cependant avec préoccupation la persécution généralisée des partis politiques démocratiques non-violents et exhorte le gouvernement de la Turquie à adopter une approche globalisante et à long terme dans sa réforme parlementaire démocratique et l'invite à tenir compte des déclarations citées ci-après.

Il ne peut y avoir aucune solution militaire à un problème politique. Par conséquent, toutes les parties doivent accepter et exprimer leur engagement envers une résolution au moyen d'un dialogue pacifique en comprenant qu'une solution armée n'apportera jamais la paix.


Résumé de la 6ème conférence internationale sur la Turquie, l'UE et les Kurdes :

La Conférence souligne les points suivants tirés des résolutions 2010 :

La Conférence appelle à la fin immédiate de toutes les opérations militaires de la Turquie au Kurdistan d'Irak. Ces opérations militaires sapent le Gouvernement régional du Kurdistan et menacent la stabilité régionale. La Conférence appelle aussi la Turquie à cesser toute opération à l'intérieur de ses frontières.

La Conférence souligne son point de vue selon lequel la résolution du conflit armé entre l'État turc et le PKK ne peut advenir qu'avec un dialogue politique avec les représentants du peuple kurde et le gouvernement turc.

Le gouvernement de la Turquie doit assurer un espace politique pour le dialogue entre tous les peuples qui composent la république de Turquie sur des problèmes concrets et de fond tels que la réforme constitutionnelle et l'UE doit l'y aider. Les groupes de la société civile doivent être particulièrement encouragés et soutenus pour contribuer à une telle plate-forme.

La Conférence exhorte la Turquie à cesser immédiatement d'utiliser la législation Anti-Terreur pour criminaliser et emprisonner les représentants légaux du peuple kurde. Nous demandons par conséquent à la Turquie d'enquêter sur les poursuites engagées contre eux et de les surveiller, ainsi que celles engagées contre tous les défenseurs de droits de l'homme, en accord avec les lois nationales et internationales, et de les traiter avec diligence.

La Conférence note "L'Initiative kurde" du gouvernement turc mais note également qu'elle est restée limitée, car le gouvernement a échoué à consulter pleinement et réellement les représentants élus des Kurdes et de façon plus large la communauté des Kurdes et des Turcs.


Toutes les parties doivent s'engager à assurer un Newroz pacifique où les Kurdes auront le droit de le célébrer librement, de se rassembler et de s'exprimer sans crainte ni partialité.

L'UE et la communauté internationale doivent sérieusement faciliter les points mentionnés ci-dessus.


Conformément aux documents présentés à la Conférence et aux interventions faites par les délégués, la Conférence décide d'adopter les déclarations et appels aux actions à entreprendre par les parties concernées par le conflit dans les régions kurdes de Turquie comme suit :

La Conférence note que ni l'UE ni la Turquie ont publiquement reconnu le lien entre les efforts vers une solution pacifique à la question kurde qui est une question ancienne et la réalisation de la démocratie, de la stabilité et des droits de l'homme en Turquie.

Et prenant note du rapport d'activités 2009 sur les progrès de la Turquie, dans les domaines concernant la liberté de la presse, de religion, les droits syndicaux, le contrôle de l'armée par les pouvoirs civils, les droits des femmes et l'égalité entre les sexes. Le rapport souligne que beaucoup reste à faire concernant l'impunité de la torture et des mauvais traitements et insiste sur l'application de plusieurs jugements rendus par la Cour européenne pour lesquels des amendements législatifs ont été faits depuis plusieurs années.

Rappelant les résolutions des Première, Deuxième, Troisième, Quatrième et Cinquième Conférences Internationales sur l'UE, la Turquie et les Kurdes, la Conférence continue d'apporter son soutien avec certaines réserves à la candidature de la Turquie pour son adhésion à l'Union européenne.

La Sixième Conférence de l'EUTCC adopte les résolutions suivantes :

1) La Conférence réaffirme que l'UE doit demander à la Turquie de se conformer aux normes définies comme critères de son adhésion, d'assurer un suivi rigoureux de ses progrès, d'exercer une pression sur la Turquie pour qu'elle mette en œuvre de nouvelles réformes, et, ce qui est le plus important, de s'assurer du suivi des conditions dans lesquelles des avancées concrètes ont eu lieu et que tout acquis obtenu soit permanent. En retour, la Turquie doit remplir ses obligations envers le droit international et ce qui est prévu dans les Critères de Copenhague. Il ne doit être laissé aucune marge de manœuvre dans l'évaluation de la façon dont les critères sont ou non respectés.

2) La Conférence renouvelle le mandat de ses administrateurs, conseillers et comités, pour qu'ils s'engagent et fasse campagne, aussi bien sur le plan politique que civique, et dans toute l'Europe, pour soutenir l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, sur la base de cette résolution ;

3) La Conférence rejoint la Commission dans son inquiétude de voir que les efforts pour mettre en œuvre la politique gouvernementale de "Tolérance Zéro" concernant la torture et les mauvais traitements ont été limités et que le nombre d'allégations a augmenté. La Turquie doit renforcer et appliquer le dispositif juridique existant pour empêcher la torture et les mauvais traitements, traduire les coupables en justice et mettre fin à l'impunité des agents des forces de l'ordre. La Turquie doit immédiatement ratifier le Protocole facultatif de la Convention des Nations Unies contre la torture (OPCAT) afin de se conformer aux normes internationales des droits de l'homme et pourvoir ainsi à la prévention systématique de la torture et de permettre une surveillance indépendante des centres de détention ;

4) Se référant à plusieurs jugements de la Cour européenne sur plusieurs dossiers, dont le cas d'Abdullah Öcalan contre la Turquie, au sujet des conditions de détention en Turquie, la Conférence appelle le gouvernement turc à appliquer les jugements de la Cour européenne et du Comité de prévention de la torture (CPT ) et les recommandations sur les conditions de détention, particulièrement ceux relatifs à la santé de M. Öcalan;

5) L'État turc doit cesser son utilisation continuelle d'articles du code pénal pour poursuivre des écrivains, des journalistes, des intellectuels, des avocats et autres défenseurs de la liberté d'expression. La Conférence appelle l'UE à garantir que la Turquie lève les restrictions à la liberté d'expression dans la totalité de sa législation ;

6) La Conférence demande à l'UE de surveiller de près le nombre d'enquêtes ouvertes et de poursuites lancées en Turquie, relatives à l'expression d'opinions non-violentes, y compris lorsque celles-ci ne donnent pas lieu à des condamnations ;

7) Prenant note du rapport soumis récemment à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) sur les violations de la liberté des médias, la Conférence demande instamment à la Turquie d'abolir l'article 301 du Code pénal, et aussi de veiller à ce que la liberté d'expression et la liberté de la presse soit conforme avec les normes de la CEDH et de remplir ses obligations positives découlant de l'article 10 de la CEDH afin de promouvoir un climat positif dans lequel la liberté d'expression puisse s'épanouir;

8) L'UE doit contribuer – politiquement et financièrement – à la création d'une plate-forme démocratique pour un dialogue entre la Turquie et les représentants kurdes visant à trouver une solution pacifique et durable à la question kurde et se conformer pleinement à leurs obligations envers la liberté d'expression concernant ces organisations kurdes et les personnes soucieuses de la promouvoir de même. Les autorités locales et régionales doivent être consultées afin de décider comment leur aide financière doit être dépensée ;


9) La Conférence constate avec regret la récente escalade de la violence dans les manifestations et exhorte à la retenue manifestants et forces de l'ordre turques ;

10) Les États membres de l'UE doivent mettre fin à la criminalisation de la dissidence pacifique en Turquie relayée par des organisations kurdes basées en Europe et revoir la proscription de certaines organisations kurdes ;

11) La Conférence invite instamment le gouvernement turc à encourager et soutenir le développement des ONG et des organisations de la société civile et salue un débat sain, et des critiques constructives comme étant naturels et bénéfiques pour une démocratie pleine de vitalité. La Turquie doit également abroger une autre loi qui facilite le harcèlement des défenseurs des droits de l'homme et l'entrave à leur travail, y compris les dispositions pertinentes de la loi sur les associations, la loi sur les rassemblements et les manifestations et le Code civil.

12) La Conférence note que bien qu'il y ait eu une certaine mise en œuvre de la loi sur les Fondations, la Turquie a jusqu'ici échoué à établir un cadre légal permettant à toutes les communautés religieuses de fonctionner sans contraintes excessives, surtout en ce qui concerne leur statut légal, la formation du clergé, l'élection de leur hiérarchie, l'éducation religieuse et la construction de lieux de culte.

13) La Conférence réaffirme le besoin urgent pour le gouvernement turc d'appliquer pleinement les conventions de l'Organisation internationale du travail (ILO) et souligne le besoin de lever les restrictions actuelles à la liberté d'association, le droit de grève et de négociation collective ;

14) La Conférence continue de soutenir la position de l'UE selon laquelle les réformes de la Turquie dans le domaine des droits fondamentaux, la démocratie et la primauté du droit doivent être renforcée dans le cadre des négociations d'adhésion et salue les engagements pris par la Commission européenne de continuer à surveiller ce processus de réformes;

15) La Conférence note que des progrès ont été accomplis dans le développement de la 10ème partie de la Stratégie de réforme judiciaire, que la Commission juge "très étendue et couvrant toutes les questions relatives à l'indépendance, à l'impartialité et à l'efficacité du pouvoir judiciaire, au renforcement de son professionnalisme, du système de gestion et des mesures pour renforcer la confiance dans le système judiciaire, faciliter l'accès à la justice et améliorer le système pénitentiaire". La Conférence note avec inquiétude que la Turquie continue d'être condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme pour violations de la CEDH plus que tout autre pays, y compris la Russie.

16) La Conférence appelle les États membres de l'UE à soutenir fortement et publiquement toutes les exigences de l'UE concernant les réformes démocratiques et législatives en Turquie ; l'UE doit en particulier condamner sans ambiguïté la récente fermeture du DTP, l'arrestation et la détention de politiciens et de défenseurs des droits de l'homme qui ont prêté leur appui à la population kurde de cet État et garantir la protection des libertés politiques.

17) Cette Conférence appelle la Turquie à lever la barre des 10% de votes aux élections parlementaires, car étant non conforme aux normes électorales européennes et une violation du droit à des élections libres tel que prévu par l'article 3 du Protocole 1 de la CEDH ;

18) S'assurer que la législation adoptée par le parlement turc en 2009 qui prévoit que le personnel militaire soit jugé par des tribunaux civils en temps de paix pour des crimes relevant de la Cour d'assise et qui prévoit de supprimer le pouvoir des tribunaux militaires de juger des civils en temps de paix, soit promulguée. La nouvelle législation, qui met la Turquie en conformité avec les pratiques de l'UE est actuellement pendante devant la Cour constitutionnelle et menacée d'être annulée ;

19) La Conférence exhorte la justice turque à entreprendre et mener des enquêtes approfondies sur les cas de violences à caractère politique ou religieux, et de traduire les responsables en justice.

20) La Conférence salue l'acte d'accusation de mars 2009 contre 56 suspects, dont 3 généraux en retraite et un ancien commandant de gendarmerie et en juillet 2009 5 autres suspects. La justice doit leur garantir un procès équitable et approfondi et ne pas leur assurer l'impunité.

21) En ce qui concerne l'appareil d'État turc, y compris mais pas seulement la police et l'armée, la Turquie doit s'efforcer de remplir ses obligations envers la CEDH et le droit humanitaire international, ainsi que celles induites par ses propres réformes ces deux dernières années, dans le cadre de son engagement au processus d'adhésion. La Conférence note l'usage fréquent et disproportionné, par la police turque, de la force contre des manifestations pacifiques et la continuation des opérations militaires dans le Sud-Est de la Turquie, ce qui témoigne d'un désintérêt inquiétant pour la protection et la sécurité de ses propres citoyens ;

22) La Conférence exhorte l'UE d'apporter son soutien à la Turquie dans son mouvement de décentralisation et la délégation de pouvoir aux gouvernements locaux, et à encourager la participation publique dans ces gouvernements locaux et à favoriser un modèle de gouvernance démocratique ;

23) Cette Conférence appelle l'État turc à ratifier immédiatement le Statut de Rome sur la Cour pénale internationale (CPI) et d'accepter la compétence de la CPI sur les génocides, les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité, si ses tribunaux nationaux ne veulent pas ou ne peuvent pas enquêter et juger ces crimes. L'UE doit continuer de faire pression sur la Turquie pour qu'elle ratifie le statut en accord avec les valeurs de l'Union européenne ;

24) La Turquie doit ratifier la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales ainsi que que les autres organismes des Nations Unies concernant les minorités et respecter les droits culturels et minoritaires de tous les groupes existants. La Conférence appelle l'UE à faire pression sur le gouvernement de la Turquie en tant que membre potentiel de l'UE pour qu'elle ratifie cette Convention-cadre ;

25) Rappelant les articles 10 et 14, et l'article 2 du premier Protocole de la Convention européenne des droits de l'homme et l'article 8 de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, et la résolution 1519 du Conseil de l'Assemblée parlementaire de l'Europe d'octobre 2006 sur la situation culturelle des Kurdes, la Conférence réitère son appel à l'Etat turc et à l'Union européenne d'élaborer et de promouvoir un plan stratégique pour l'éducation en langue maternelle ;

26) De prendre les devants en reconnaissant formellement la consistance des politiques de discrimination envers les Kurdes, et par conséquent de tous ceux qui vivent dans les régions kurdes, et la réalité des problèmes économiques, politiques et sociaux qui en résultent, et d'accomplir des efforts tangibles, concertés et visibles pour soutenir toutes les parties afin qu'ils soient résolus ;

27) Utiliser leurs bons offices pour exhorter la la Turquie à remédier à la situation désastreuse des femmes en Turquie qui encourent des risques élevés à la fois de violence domestiques mais aussi des agents de l'État, ont un taux élevé d'analphabétisme, particulièrement dans les régions kurdes de Turquie, et sont dramatiquement sous-représentées dans la sphère politique. La Conférence approuve la déclaration du rapport 2009 de la Commission européenne de la Turquie pour qui l'égalité des sexes reste un défi majeur en Turquie et appelle l'État à instaurer cette égalité afin de se conformer aux acquis. La Conférence appelle également la Turquie à remédier à l'absence de mise en œuvre et d'exécution des réformes précédentes visant à protéger les femmes des discriminations et de la violence.

28) La Conférence regrette qu'aucun progrès n'a été fait pour élaborer un plan d'action national en consultation et en coopération avec des femmes kurdes pour mettre en œuvre la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui est la première résolution adoptée par le Conseil de sécurité traitant spécifiquement de l'impact de la guerre sur les femmes, des contributions des femmes à la résolution des conflits et à une paix durable et exige que les femmes soient égales à tous les autres participants aux mesures de consolidation de la paix. La communauté internationale doit soutenir la Turquie dans l'élaboration et la mise en œuvre de ce plan.

29) Cette Conférence appelle le gouvernement turc à cesser immédiatement l'expropriation illégale de terres, relative à la construction du barrage d'Ilısu Dam, et note qu'il n'y a toujours aucun plan de consultation ou de réinstallation des personnes déplacées, et appelle l'UE et la communauté internationale à ne pas financer ou soutenir ce projet ;

30) La Conférence note qu'aucune disposition n'a été prise en Turquie pour les milliers de personnes déplacées ne pouvant revenir dans leur village sans soutien du gouvernement et faisant aussi face à des problèmes d'ordre politique. L'UE pourrait jouer un rôle vital en aidant la Turquie et en faisant pression pour qu'elle remédie à la situation des personnes déplacées. La Conférence réitère son appel à l'UE afin qu'elle en fasse un critère vital pour l'adhésion à l'UE, qu'elle surveille la situation des personnes déplacées, leur condition, et que''e assure un suivi de ce contrôle.

31) La Conférence déplore l'application le la nouvelle législation Anti-Terreur qui est utilisée pour criminaliser les enfants. Elle est hautement préoccupée par les récentes statistiques délivrées par le gouvernement turc qui font état de 2.700 enfants placés en détention en 2009 et restés emprisonnés, dont plus de 700 dans le cadre de la loi Anti-Terreur. L'absence d'éducation dans la langue maternelle, la discrimination dans le système judiciaire, le nombre très élevé de déplacements de population interne et l'isolement des Kurdes en Turquie, tous ce sfacteurs ont contribué à saper la protection des enfants kurdes en Turquie, et l'UE et la communauté internationale doit faire pression sur ce pays pour stopper les détentions et les mauvais traitements envers les enfants.

32) L'État turc doit juger tous les enfants de moins de 18 ans dans des tribunaux spéciaux pour mineurs, avec des procédures adaptés aux besoins spécifiques des enfants, y compris dans les cas où ils seront accusés dans le cadre de la loi Anti-Terreur.

33) La Conférence souligne que la résolution du conflit armé entre la Turquie et le PKK en Turquie est essentielle à l'instauration d'une démocratie stable et paisible en Turquie, apte à entrer dans l'Union européenne. De véritables réformes démocratiques peuvent seulement avoir lieu si la Turquie entreprend de nouvelles réformes politiques de ses institutions étatiques et bannit l'adhésion au nationalisme ethnique, lequel est la racine de ce conflit et celle de l'instabilité endémique de la Turquie.

34) Cette Conférence affirme donc que le peuple kurde et ses représentants doivent avoir la possibilité de participer réellement au processus d'adhésion et à tout débat sur l'avenir démocratique et constitutionnel de la Turquie ;

35) La Conférence exhorte en particulier la Turquie et les États membres de l'Union européenne de prendre des mesures pratiques et visibles pour témoigner de leur entier soutien à l'établissement d'une plate-forme démocratique pour le dialogue entre tous les peuples constituant la république de Turquie ; les ONG et les groupes de la société civile doivent particulièrement encouragés et soutenus pour contribuer à une telle plate-forme ;

La Conférence affirme par ailleurs qu'il est possible de faire plus et qu'il doit être fait plus de tous les côtés et appelle à l'adoption des mesures de confiances suivantes :

36) La Conférence appelle le gouvernement turc à cesser toutes les opérations militaires au nord de l'Irak (Kurdistan du sud) en violation du territoire irakien et exhorte la Turquie de respecter l'intégrité territoriale de l'Irak, les droits de l'homme et la primauté du droit et de veiller à ce que les victimes civiles soient évitées. Ces opérations sapent le Gouvernement régional kurde et menacent la stabilité régionale ;

37) La Conférence note que la résolution du conflit armé est crucial pour la stabilité régionale et toutes les parties doivent publiquement se réengager à mettre fin au conflit par des moyens ;

38) La Conférence note que le gouvernement turc a amorcé un débat public, L'Initiative kurde et les besoins d'une réforme constitutionnelle. La Conférence exhorte le gouvernement turc à garantir aux Kurdes la totalité de leurs droits culturels et politiques en accord avec ses obligations envers le Conseil de l'Europe et les critères d'adhésion à l'Union européenne ;

39) La Conférence appelle tous les partis politiques de Turquie à favoriser les conditions de mise en place d'une plate-forme démocratique pour le dialogue;

40) La Conférence exhorte toutes les parties à s'engager pour un Newroz pacifique que les Kurdes seront autorisés à célébrer librement, à se rassembler et à s'exprimer sans crainte ni partialité ;

41) La Conférence appelle le gouvernement turc à relancer une initiative politique qui favoriserait un règlement durable de la question kurde, lequel ne peut être atteint qu'au moyen de chances sociales, économiques et économiques fournies aux citoyens d'origines kurdes ;

42) La Conférence appelle en particulier le gouvernement turc à garantir que tous les partis démocratiques légaux puissent exercer leurs activités politiques sans interférence ni menace constante de fermeture, avec une mention spéciale pour le Parti de la société démocratique (DTP) et ses membres actuellement élus au Parlement ; en accord avec les articles 10 et 11 de la Convention européenne des droits de l'homme ; elle appelle par ailleurs le gouvernement turc à cesser immédiatement le harcèlement politique et les enquêtes infondées auprès des politiciens kurdes ;

43) La Conférence exhorte la Turquie à reconnaître que pour un bon fonctionnement de la démocratie, il est impératif que les municipalités de tout le pays jouissent du soutien total du gouvernement.

La Conférence de l'EUTCC a décidé de faire régulièrement des recommandations pour le processus d'adhésion de la Turquie, la défense des droits de l'homme et la situation des Kurdes.

Concert de soutien à l'Institut kurde