mercredi, octobre 29, 2008

IRAK : LES DIFFICILES NEGOCIATIONS DU « SOFA »


Plusieurs rencontres entre les Kurdes d’Irak et des responsables américains, ainsi que la visite de Massoud Barzani à Washington, ont porté principalement sur le « SOFA » (Status of Forces Agreement). Un accord doit en effet permettre aux Etats-Unis de maintenir une présence militaire à long terme en Irak, après que le mandat de l’ONU ait expiré, soit le 31 décembre 2008. Mais les négociations autour des modalités de l’accord n’avancent guère, en raison des réticences irakiennes.
Dans son fief de Salahaddin, le président de la Région du Kurdistan Massoud Barzani a d’abord reçu le général Raymond Odierno, le commandant des forces multinationales, accompagné d’une délégation. Le Premier Ministre du gouvernement kurde, Nêçirvan Barzanî, était également présent, ainsi que plusieurs responsables du GRK.

En plus des questions liées aux régions réclamées par les Kurdes comme Khanaqin, et de façon plus large, les problèmes de sécurité dans le pays, notamment à Mossoul, l’entretien a surtout porté sur le Pacte de sécurité actuellement débattu entre les Américains et l’Irak, les Kurdes s’y montrant, de toutes les composantes politiques de l’Irak, les plus favorables.

Autre visite éminente à Salahaddin, celle de John Negroponte, le Secrétaire d’Etat adjoint américain, venu lui aussi discuter du pacte et des accords bilatéraux Irak-USA. Auparavant, John Negroponte avait rencontré à Suleïmanieh Jalal Talabani, le président de l’Irak et visité Kirkouk. Dans une conférence de presse commune, Massoud Barzani a de nouveau réitéré son soutien à cet accord.

Le président kurde s’est ensuite rendu à Bagdad pour participer à la réunion du Conseil politique de sécurité nationale durant laquelle les principaux responsables politiques irakiens devaient discuter de nouvelles modalités apportées à l’accord final, alors que les Etats-Unis sont réticents à toute modification. Mais le Premier Ministre irakien, Nouri Al-Maliki a tout de même annoncé qu’il allait soumettre à la Maison Blanche une nouvelle version du SOFA.

De retour, il a déclaré à la presse, dès son arrivée à l’aéroport d’Erbil : «  Nous sommes clairement en faveur de la signature du projet d'accord. Il y a des forces qui soutiennent ce traité, d'autres qui hésitent, d'autres encore qui sont embarrassées et d'autres enfin qui ont peur de déclarer leur position. Nous avons participé dimanche soir à la réunion du Conseil politique de sécurité nationale où nous avons affiché clairement notre position. L'accord comporte beaucoup de points positifs en faveur de l'Irak. Il a été décidé d'en référer au gouvernement et au Parlement et chaque partie est libre de donner sa position. L'alternative en cas de rejet est inquiétante : cela signifie soit la continuation de la situation actuelle quand un officier américain a les prérogatives pour arrêter tous les ministres, soit les Etats-Unis quittent l'Irak et renoncent à leurs engagements envers notre pays. Nous avons toujours déclaré notre opposition à tout accord qui viole la souveraineté du pays mais la dernière version de l'accord proposée par les Américains prend en compte cette souveraineté. »

Une semaine plus tard, Massoud Barzani s’envolait pour Washington afin de discuter avec les responsables américains de ce même accord, alors que le camp irakien, et notamment les chiites, se montrent réticents. « La question de l'accord stratégique a été le thème principal de la rencontre », a déclaré le président à la presse, après son entretien avec Condoleeza Rice, avant d’ajouter que l’accord avait été discuté « en détail. »

Le président George Bush a indiqué avoir reçu du gouvernement irakien plusieurs demandes de modification et en avoir discuté avec Massoud Barzani, sans que leur teneur ait été révélée à la presse. Il a reconnu que le président kurde était un défenseur actif de cet accord. Condoleeza Rice, comme George Bush, se sont déclarés confiants sur le fait que l’accord puisse être signé avant la fin de l’année 2008, mais ce n’est pas un sentiment unanime au sein de l’administration américaine. L’expiration du mandat, si le SOFA n’était pas signé, ôterait toute légalité à la présence militaire des USA en Irak, ce qui entraînerait la suspension de toute opération armée, et le cantonnement des soldats dans leurs casernes. « Les avancées en matière de sécurité qui ont été accomplies commenceront de se défaire, car nous n’aurons plus de mandat légal pour opérer », estime ainsi le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell.

Une autre solution, qui serait d’obtenir de l’ONU qu’elle reconduise ce mandat, nécessiterait d’obtenir l’accord de la Russie et de la Chine, qui pourraient y apposer leur veto.

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