vendredi, mai 30, 2008

Etudes kurdes n°IX : La Langue kurde




Introduction, Joyce Blau :

"Le kurde est la langue véhiculaire d’environ 30 millions d’hommes et de femmes, vivant en majorité sur un grand territoire du Moyen-Orient que les Kurdes et les géographes appellent Kurdistan, partagé entre la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran au lendemain de la Première Guerre mondiale.

La langue kurde fait partie du groupe irano-aryen ou iranien de la grande famille des langues indo-européennes. Cette langue se distingue des autres langues irano-aryennes telles le persan, le pashto, le baloutchi, l’ossète (parlé dans le Caucase), le gilaki et le mazanderani (parlés aux bords de la Caspienne).

On répartit généralement le kurde en trois grands groupes principaux :

- le groupe septentrional, appelé kurmandji, est le plus important par le nombre de ses locuteurs : deux-tiers des Kurdes le parlent, en Syrie, en Turquie et par les communautés kurdes d’ex-Union Soviétique. Il est aussi la langue parlée par les Kurdes d’Iran du nord-ouest, autour du lac d’Ourmiya et ceux du nord-ouest de l’Irak (Mossoul, Dohuk, Zakho, Akra, Amadiyya, etc.). Les plus anciens textes kurdes écrits l’ont été en kurmandji. Citons le poète mystique Ahmad Nishanî, surnommé Melayê Djizîrî (v. 1570-1640), son disciple Feqiyê Teyran et Ahmedê Khanî, dont le roman Mem et Zîn l’a rendu aussi célèbre parmi les Kurdes que Ferdowsî chez les Persans."


Etudes

Les modes de transmission de la langue dans la communauté kurde en France, Salih Akin, Françoise Rollan :

"Cet article présente dans une perspective sociolinguistique les pratiques langagières et les stratégies de construction identitaire des Kurdes en France. Les données en ont été rassemblées lors d’une recherche interdisciplinaire menée dans le cadre du Contrat Quadriennal (2003-2007) de la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine. Cette recherche a associé les laboratoires DYALANG (Dynamiques sociolangagières (CNRS - Université de Rouen) et EEE (Europe, Européanisation, Europanité) (UMR 5222 CNRS – Université de Bordeaux 3, Maison des Sciences de l’Homme de l’Aquitaine)."

Un aperçu des stratégies d'emprunt des verbes en kurmandji, Mehmet Derince :

"Cet article a pour but de présenter une classification descriptive des schémas d’emprunt de verbes dans le dialecte kurde du kurmandjî. Bien que le kurmandjî ne se limite pas à une seule région, pour des questions de temps et de données disponibles, je me suis uniquement concentré sur le dialecte parlé dans l’est et le sud-est de l’Anatolie. "

Les marqueurs de l'alternance codique dans le discours pragmatique en kurde, Ergin Güçin, Ergin Öpengin :

"Dans cet article nous allons étudier les effets produits par la situation de contact entre le kurde langue première (L1) et le turc langue seconde (L2), en accordant une attention particulière à l’influence du second sur le premier, laquelle se reflète dans l’alternance codique de mots et d’expressions du discours pragmatique, que l’on trouve dans le kurde familier. A cette fin, nous traiterons d’une série de sujets relativement apparentés entre eux, tels que la situation de contact linguistique et l’influence de la L2 sur la L1 en général ; les alternances codiques, les code-mixing et l’emprunt ; les catégories lexicales ; le débat sur l’attrition de la langue au regard de l’influence de la L2. "

Les constructions ergatives dans le roman kurmandji, Ibrahim Aydogan :

"Le kurmandjî est le dialecte parlé par la majorité des Kurdes, partagés entre la Turquie, la Syrie, l’Iran, l’Iraq et l’Arménie. Ce dialecte connaît la construction ergative qui a fait l’objet de nombreuses études comme celles de Bynon , de Dorleijn , de Matras et de Pirejko ."

Les verbes composés (nom-verbe) en kurde sorani, Sandrine Traidia :

"Cet article se focalise sur les suites (nom + verbe) en kurde soranî communément appelées « locutions verbales » dans la littérature française. En kurde, la formation de verbes composés au moyen d’un substantif et d’un verbe est un phénomène très vivace et très productif. En effet, tandis que le nombre de verbes simples est relativement limité, le nombre de verbes composés est très important et connaît de surcroît une constante évolution."

Le Nûbara biçûkan d'Ahmedê Khanî : un dictionnaire arabo-kurde à l'usage des enfants, Sandrine Alexie :

"Le Nûbar ou Nûbihara biçûkan fut rédigé par le sheikh Ahmedê Khanî à l’usage de ses jeunes élèves venant tout juste de mémoriser le Coran, afin qu’ils se familiarisent avec la langue arabe. Ecrit vers les années 1680, c’est un ouvrage qui fait date dans l’histoire de la lexicologie kurde, car c’est le plus ancien dictionnaire connu en cette langue. Il offre aussi l’intérêt d’être un document sur les méthodes d’enseignement dans les écoles coraniques (ou kuttabs) du Kurdistan à l’époque ottomane et sur le caractère bilingue de l’enseignement dans les petites écoles et les madrassas du Kurdistan. De plus, bien éloigné de l’image péjorative qui est parfois prêtée aux kuttabs ottomanes - apprentissage par coeur sans compréhension des textes, méthodes d’enseignement parfois brutales, usage exclusif de la langue arabe - le Nûbar, écrit à la fin du XVII° siècle, témoigne au contraire d’un esprit pédagogique assez intelligent et un souci d’adapter cet enseignement à l’âge et à la culture d’origine des enfants kurdes. "

Bibliographie kurde, Joyce Blau :

"Depuis le début des années 2000, la publication de dictionnaires et de grammaires kurdes, soranî et kurmancî connaît un essor remarquable. En Turquie, l’essor des publications kurdes après la levée de leur interdiction avait déjà montré, dans les années 1990, cet intérêt des Kurdes pour leur langue et les outils de traduction. Au Kurdistan d’Irak, en dépit d’une situation difficile et incertaine jusqu’en 2003, des maisons d’édition comme Aras à Erbil ont été aussi actives. Mais c’est avec la libération de l’Irak et la légalisation de la Région du Kurdistan que nous assistons à une véritable explosion des publications, tant pour le soranî que pour le kurmancî, à Erbil, Duhok (éditions Spîrez), Suleimania (éditions Serdem). A côté des grammaires kurdes et des dictionnaires kurde-kurde, les dictionnaires de langues étrangères, du Moyen-Orient ou occidentales, en kurde, témoignent aussi de l’ouverture sur le monde d’un pays longtemps isolé de la scène internationale par la guerre et la dictature."

Archives/Documents

Comment écrire le kurde, Thomas Bois :

"Né en 1900 Thomas Bois entre chez les Dominicains à la fin de la Première Guerre mondiale. Il étudie en plus du latin et du grec l’anglais, l’hébreu, l’italien et le russe. En 1927, il est envoyé à la Mission de Mossoul, au Kurdistan d’Irak. Il y apprend l’arabe, le soureth (néo-araméen) et le kurde. C’est de cette époque que date sa rencontre avec le peuple kurde, s’intéressant à sa langue, à sa société, sa culture."

Etudes kurdes n° IX, "la langue kurde", édition L'Harmattan.

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