lundi, novembre 26, 2007

Des Autours de Derbend et de Chirwân (et autres oiseaux de proie)

Bien que nommés d'après deux régions du Caucase, au nord du Kurdistan, ces autours abondent plus aussi chez les Kurdes, à ce que nous dit l'ostad Muhammad :

"N'était la supériorité de l'autour de Géorgie, j'aurais dû mentionner, d'abord, les quatre meilleures races suivantes : celle de Derbend (darbandiyya), celle du Chirwân (chirwîniyya), celle d'Abkhazie (abkhâziyya) et celle de Cilicie (jukûriyya) ;

4. Les Autours de Derbend sont les plus beaux et les plus rares. Ils ont la tête semblable à celle de l'Aigle de Bonelli (zummâj pl. zamâmij), le cou allongé et les yeux parfonds, à l'iris rouge flamboyant. Le vrai type de la race a larges pennes, larges barres brunes au palstron et large chef. Il porte arcades fortement capées et est armé d'un bec prolongé et d'amples serres. Ses tarses sont cuirassés d'écailles impriquées comme celles dont est couvert le crocodile (timsâh). Il est de large carrure aux mahutes, a long col, vaste poitrine, narilles bien ouvertes et pieds panards. Il craint le feu et est dangereux pour les jeunes enfants. Il a longue tire, il entreprend le gros gibier et anéantit le petit ; son attaque est vive comme la flamme. C'est en Perse que se rencontre, le plus souvent, cette race, depuis la région de Hamadân jusqu'à celles de Mossoul et de Marâgha, mais il est peu de gens qui la connaissent.

5. l'Autour du Chirwân s'apparente à celui de Derbend aussi bien dans le travail que dans la gamme des gibiers volés, mais il est encore plus beau de ton, d'allure et de plumage, ne refusant aucune proie à l'entreprise. C'est de lui qu'il s'agit en ce vers :

"On dirait qu'il porte sur le plastron et sur la gorge les traces du cheminement des fourmis dans la cendre."
(vers 70 de la urjûza muzdawija sur la chasse d'Abû Firas al-Hamdanî)


Les contrées qui connaissent le plus cette race sont la Djazîra jusqu'à Akhlât et la région du massif du Hakkârî. Les Kurdes capturent ces Autours et les détiennent en captivité dans leurs demeures, leur altérant ainsi le plumage avec la fumée de leurs foyers."

XIV. Des Autours, bâz/bâzî pl. buzât. De leurs races géographiques, manteaux et habitats.

Sur les Faucon pèlerins :

"Le Pèlerin (moiré) "vert" (akhdar), ainsi qu'est appelé le plumage noir par la plupart des gens et que les Irâquiens qualifient de noir à reflet vert, ce qui, pour nous, se dira "vert", est, comme le précédent, un faucon des plus estimés pour ses hautes qualités (...) c'est dans la région de Mélitène (Malatya) que l'on en voit le plus."

"Les Pèlerins "montagnards" (kûhî) du Khorassân, ceux de Géorgie et ceux des pays byzantins sont identiques, mais ceux de Perse sont supérieurs à ceux des pays byzantins, c'est-à-dire de Aksaray (Aqçarâ', Aqçara), de Konya (Qûnya), de Tokat (Dûqât, Tûqât), de la région de Sivas (Sîwâs) jusqu'aux terres de Mélitène et de tout le territoire de Diarbékir. Tous ces Pèlerins se valent dans le travail."

XVI. Des faucons Pèlerins/châhîn pl. chawâhîn.


Du faucon crécerelle :

"En Irâq, on l'appelle : bâdhinjân "aubergine", à Mossoul : farkh al-bâdhinjân "poussin d'aubergine", au Diarbékir, à Harrân et à ar-Ruhâ : sâfid "cocheur", et en d'autres lieux : abû r-rîh "ventolier" ; en Syrie et en Egypte, c'est le naçç."

XXVII. Du faucon Crécerelle/naçç pl. nuçuç, nuçûç.

De qui, le premier, vola avec l'Aigle royal :

On a dit que, parmi les souverains, les premiers à avoir volé avec l'Aigle royal furent ceux de Mossoul ainsi que leurs sujets ; c'est de chez eux qu'est venu ce mode de vol."

"On a dit, également, que le premier à avoir volé avec l'Aigle royal fut un homme de Mossoul. Celui-ci chassait les gazelles au piège radiaire à arc (fakhkha pl. fikhâkh), en un lieu nommé balad al-farah "pays de la joie" où abondait le gibier et surtout la gazelle. Or, un jour, un Aigle-royal se prit dans un de ces pièges et le tendeur le rapporta chez lui, le cilla (et le laissa dans un coin de la demeure. Chaque jour, au retour de sa tournée de relève de ses pièges, il le nourrissait des tripailles de ses captures et il le garda ainsi une vingtaine de jours au bout desquels il le décilla). Mais, profitant d'un moment d'inattention de son maître, le rapace lui dévora un de ces chiens de chasse, puis, la fatalité voulut que ce fut le tour de la propre fille du piégeur, une gamine âgée, dit-on, d'une dizaine d'années. A la suite de cette affaire, cet aigle fut pris en charge et duit au vol de la gazelle (par le bourgmestre du village où résidait le piégeur).

L'Aigle royal est abondant sur les territoires de Mossoul, de Sindjâr et de Harrân."

XXXII. De qui, le premier, vola avec l'Aigle royal.

Muhammad ibn Manglî, De la Chasse.

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