jeudi, juillet 28, 2005

Hasankeyf à nouveau menacé



Ou le retour de la vengeance du barrage d'Ilisu...



Le projet de barrage d'Ilisu qui doit noyer Hasankeyf avait été abandonné en raison du désistement de Balfour Beatty en 2002, après une campagne menée par plusieurs organisations, dénonçant la catastrophe historique, archéologique et écologique du projet, qui doit noyer le site de Hasankeyf et de sa vallée.

Mais voilà, malgré ses précédentes promesse, le Premier ministre turc veut relancer le projet et cette fois-ci il semble que ce soit la société allemande Siemens qui s'intéresse maintenant au projet. En effet, Siemens qui a racheté la société autrichienne VA tech, la seule société étrangère encore impliquée dans la construction de ces barrages, a apparemment a l'intention de commencer les travaux assez vite, peut-être cet été.

Une campagne de protestations est donc relancée contre Siemens et VA Tech, avec une pétition par mail adressée aux dirigeants des deux sociétés.

Les arguments des opposants au projet, en plus de la perte d'un site historique magnifique, est que la construction du barrage n'apportera peu de bénéfices, même à la Turquie, car l'énergie hydro-électrique produite sera bien faible par rapport aux besoins du pays. C'est plutôt tout le système de distribution en énergie, souvent vétuste et inefficace qu'il faut revoir en Turquie. Par ailleurs, la culture par irrigation que le barrage permettrait, selon le gouvernement turc, ne profiterait qu'aux riches propriétaires qui veulent faire du sud-est anatolien un vaste champ de coton, en récupérant les terres abandonnées par les paysans kurdes déportés de force par l'armée durant la guerre, à quoi viendront s'ajouter les terres délaissées par les habitants les plus pauvres de la région à qui ce barrage ne va guère profiter. Si le barrage noit la vallée, 78.000 personnes seront "déplacées". Idéal pour relancer l'activité économique de la région et faire baisser le taux de chomage dramatique dans le pays kurde. Le gouvernement a bien sûr fait des promesses de réinstallation et d'indemnisation des personnes déplacées, mais on ne peut que rester sceptique là-dessus, au vu des témoignages de ceux qui ont subi le même sort lors de la construction d'autres chantiers.

Friends of Earth a donc relancé une campagne, en recommandant de bombarder de courriers indignés, Siemems, VA TEch, et le Parlement européen via votre député.

mercredi, juillet 27, 2005

TV, radio : crimes d'honneur, géorgiens, arméniens

TV:
mardi 2 août à 20h55,Crimes d'honneur : quand la famille devient assassine. ARTE. Documentaire de Kadriye Acar et Valentin Thurn, Allemagne, 2005.

Radio :
France Culture

samedi 30 juillet à 12h00. De Bouche à oreille : banquet dans le Caucase (2004). Reportage au restaurant géorgien "La Toison d'or", à Paris. Avec Véronique Schiltz, voyageuse en Géorgie et Jean Radvani, géographe.
dimanche 31 juillet à 13h45.
Télémaque sans retour. Histoire d'un Arménien apatride. Par A. Kunthy (2005).
France Inter

jeudi 4 août à 13h20. 2000 ans d'histoire : l'Arménie. Avec Jean-Pierre Mahé.

vendredi, juillet 22, 2005

Kirkouk, la Constitution, les Kurdes....

Mais non, il n'y a pas que le PKK à imposer la langue de l'ennemi comme langue de travail, et pas que les islamistes kurdes qui rêvent d'un grand état musulman où tout le monde parlerait arabe...

Selon Peyamner.com, le ministre des transports du Gouvernement régional du Kurdistan, Heder Feyli, dans une conférence de presse donné à l'aéroport international d'Erbil (la capitale du Kurdistan quoi, pas de l'Irak), a fait son discours en arabe, lors de l'inauguration de la première ligne Erbil-Dubai, alors que les journalistes présents étaient tous Kurdes. Le prétexte avancé par Feyli était que c'est la langue officielle de l'Irak, comme c'est inscrit dans la Loi provisoire d'administration de l'Etat irakien (TAL), du 8 mars 2004.

Le ministre ferait donc bien de relire attentivement le dit texte et notamment l'article 9 qui dit :

"L'arabe et le kurde sont les deux langues officielles de l'Irak."

Pendant ce temps ça s'affronte sec autour de la rédaction de la fameuse Constitution irakienne, les Kurdes affrontant à présent les Sunnites, en leur disant que de toute façon, eux peuvent se passer d'une Constitution (de fait ils ont la leur et leur Parlement, et un Etat qui fonctionne à peu près bien, contraire à leurs "frères arabes").

Nêçirvan Barzani, le Premier ministre du Gouvernement régional du Kurdistan a en effet déclaré dans le Guardian :

"Nous voulons parvenir à un accord et nous n'épargnerons pas nos efforts pour y parvenir en août (date limite prévue). Mais il nous sera impossible d'accepter une Constitution si nous savons que les demandes et les aspirations du peuple kurde concernant le fédéralisme, Kirkuk et le contrôle des ressources naturelles de notre région ne sont pas prises en compte."

Nêçirvan a ajouté que pour les Kurdes, la politique étrangère, la défense et la politique monétaire devraient être du ressort de Baghdad, mais que tout le reste devait dépendre des Régions. Or si les Kurdes veulent une forte décentralisation, les Sunnites arabes y sont fortmeent opposés, sans doute par crainte de se voir pris en tampon entre les deux gros blocs chiite et kurde, d'autant plus que leur région à eux est la plus instable et la plus divisée politiquement.

"Notre patience envers les Sunnites a des limites" a relevé Nêçirvan Barzani, voulant par là rappeler que la seule chance pour les Sunnites arabes de ne pas se faire diriger de façon trop autoritaire par leurs compatriotes chiites, est bien d'encourager le fédéralisme et l'alliance kurde. Or le camp sunnite a du mal à s'adapter à la nouvelle donne, qui est qu'ils ne dominent plus l'Irak, et que l'Irak ne peut plus être la pointe du lance du nationalisme arabe. "S'ils veulent dire que le partie arabe de l'Irak appartient à la nation arabe, c'est très bien. Mais alors nous pouvons dire que la partie kurde de l'Irak appartient à la nation kurde. Mais je ne pense pas qu'ils seraient d'accord avec ça.."

En coulisse, bien sûr, les US et le Royaume-Uni poussent à une rédaction rapide de la Constitution, ce qui irrite les Kurdes, comme le souligne encore Nêçirvan barzani : "Les US et le Riyaume-Uni traitent avec tous les groupes, leur disant, il faut faire ceci ou cela. Comme les sunnites, ils semblent vouloir un pouvoir centralisé à Baghdad, ce qui est très décevant. "

Et surtout idiot s'ils ont pour objectif d'instaurer pour de bon un consensus à peu près stable en Irak entre les différentes communautés. Mais selon Mahmoud Othman, un membre de la Commisssion pour la Constitution à Baghdad, cette hâte n'aurait pas pour origine uniquement des intérêts régionaux : " Les gouvernements des US et du Royaume-Uni dépendent aussi de leur agendas internes (en gros, leurs opinions publiques qui peuvent s'impatienter sur cette occupation interminable). Le même ajoute que les chiites et les Kurdes, finalement, sont d'accord sur beaucoup de points importants (ce que j'ai toujours dit, leurs intérêts mutuels ne se contredisant guère), mais que la date limite d'août serait sans doute repoussée. Comme le Premier ministre kurde, vivre provisoirement sans constitution ne semble guère le gêner : "L'Irak n'a pas eu de bonne constitution pendant 80 ans, alors est-ce que cela fera vraiment une différence si nous attendons quelques mois de plus ?"

Pour les Kurdes, effectivement, rien, sauf cette hsitorie de ressources naturelles et de budget un peu bloqué tant que la Constitution irakienne n'a pas été entérinée. Mais après tout ils ont vécu dans de pires conditions depuis 12 ans...

mercredi, juillet 20, 2005

Et encore un...

Les dissidents du PKK (et même les branches légales) ont apparemment l'intention de battre les Kurdes de Syrie dans la multiplication et scission des partis. Osman Öcalan, qui avait perdu la partie devant Cemil Bayik et quitté le PKK pour fonder le PWD (une espèce de remake version "démocratique" et surtout sans option militaire du PKK), avait été mis en difficulté récemment par son propre groupe, qui apparemment lui avait reproché de faire cavalier seul et n'avait pas envie de se taper à nouveau la mainmise autoritaire d'un Öcalan (même en version allégée) sur la direction du Parti. Le PWD avait alors annoncé la démission d'Osman Öcalan, lequel avait démenti. Pour finir, il annonce effectivement son retrait du PWD et la fondation d'un nouveau parti, rien qu'à lui, dont il serait à nouveau le président : le Parti de l'Union démocratique du Kurdistan deTurquie, dont les buts du parti ne diffèrent pas de ceux que le PWD avait prôné : résolution du problème kurde en Turquie par des voies politiques et surtout pas militaires (il est pas fou, avec la menace qui plane actuellement sur les têtes bellicistes du PKK), en s'opposant donc clairement à son adversaire de longue date, Cemil Bayik.

Il critique aussi le kémalisme, comme étant fondamentalement nuisible aux Kurdes. Il annonce aussi dans la foulée1/ qu'il n'est plus PKK, 2/ qu'il n'est plus marxiste, alors que le PKK reste fondamentalement un parti marxiste, tandis que lui, cela fait 12 ans qu'il se considère comme un patriote (il a presque l'air de laisser entendre que c'est incompatible, mais honni soit qui mal y pense).

Osman Öcalan ajoute qu'il souhaite que la langue kurde soit, aux côté de la langue turque, une langue officielle (vous voyez que ça sert de gueuler, manquerait plus qu'il annonce la traduction de Harry Potter en kurde, tiens).

Sur ses désaccords avec le PWD : "Nos points de vue divergeaient, car après un certain temps passé ensemble, il est apparu clairement que certains s'étaient séparés du PKK pour des intérêts particuliers (lui non, pas du tout parce qu'il avait perdu la partie face aux bellicistes). Finalement, j'ai réalisé que nous ne nous pouvions plus travailler ensemble."

Le leader du nouveau PYDK-T veut une fédération pour le Kurdistan (alors que son frère, lui, veut une CON-Fédération) et poursuit ainsi : "Aussi longtemps que les Turcs prendront Atatürk comme modèle, les (défenseurs ?) droits des Kurdes prendront Apo comme modèle" (Ce qui n'est pas bête, comme analyse, même si on ne sait pas trop ce que lui en pense). Il dit aussi dans la même teinte "je m'avance pas", que si les Turcs essaient de résoudre le problème kurde par les méthodes militaires, eh bien il y aura de nouveau une guérilla. Il se prononce aussi contre les attaques-suicides.

Et voilà.

source avesta-peyamner.

mardi, juillet 19, 2005

Nessie en vacances au lac de Van

Bon d'accord, les Kurdes n'ont toujours pas Harry Potter, mais au moins, ils ont aussi leur Nessie. Selon l'agence de presse Anatolie, un canotier, du nom de Mugdat Avci, a vu une bête "ressemblant à un hippopotame avec un cou long de 2 mètres... Cette créature a posé sa tête sur mon embarcation. J'étais terrifié", a indiqué Mugdat Avci qui travaille depuis 24 ans comme canotier sur ce plus grand lac du pays. "Cela fait 24 ans que je navigue sur le lac, je n'ai jamais rien vu de pareil et inch'allah je ne le reverrai pas", a dit le témoin qui assure que dans le passé il n'avait jamais cru les légendes sur l'existence d'un "monstre" dans ce lac."

Ce n'est pas la première fois que l'on soupçonne Nessie d'avoir un cousin kurde. En 1990 une silhouette foncée au milieu du lac avait été aperçue par des témoins mais aucune image n'avait pu être saisie... Comme pour Nessie, le monstre est timide et fuit les photographes
!

dimanche, juillet 17, 2005

Harry Potter û Mirê dureh




Petit essai de traduction du titre du dernier HP... Faisant partie des Harrypotteromaniaques, j'ai naturellement reçu le mien hier, et j'ai déjà largement entamé le bouquin (jusqu'au dernier tiers en fait). Il va quand même falloir m'arracher aux pages pour le déjeuner en famille dominical, mais je compte bien le terminer ce soir... ça évitera au moins aux lecteurs estivaux de la bibliothèque de l'institut de se faire bouffer s'ils osent me demander un bouquin alors que je serais plongée en plein dans une engueulade Snape-Potter...

Cela dit, si j'en parle, c'est aussi parce que ce bouquin, qui est traduit en autant de langues que Tintin, et même en grec ancien, en latin, en gaélique... l'est-il en kurde ? Si non, que font les traducteurs kurdes ? Parce que s'il y a moyen de se faire des couilles en or c'est bien en traduisant la série... Et quand on voit le nombre de mômes qui se mettent à l'anglais uniquement pour pouvoir bouquiner un peu le dernier en atendant de le lire en français, on peut supposer que ça ferait un grand pas pour la lecture des jeunes Kurdes...

De ce que je vois sur la littérature de jeunesse pour les Kurdes, ben, elle semble assez inexistante. Il y a une foule de bouquins pour jeunes enfants, des livres d'images, des abécédaires. Il y a aussi pas mal de romans en kurde pour adultes. Mais entre, la littérature pour pré-ados, ados, semble correspondre au néant. A part quelques souvenirs de jeunesse, racontant invariablement l'enfance d'un jeune Kurde d'il y a 30 ou 40 ans, comme Mahmud Baksi, et qui ne doivent guère passionner les jeunes contemporains...

Donc en attendant un auteur kurde un peu captivant pour la jeunesse, ils feraient mieux de traduire les 6 tomes... Surtout que trouver les mots ou les inventer pour dire "Muggles", "Mudblood", "Sorting Hat", etc, ça doit être un vrai plaisir pour un traducteur... Déjà voyons ce que donneraient les titres en kurde :

1. Harry Potter û Cewarê fîlozof
2. Harry Potter û Odeya Siran
3. Harry Potter û girtiyê Azkaban
4. Harry Potter û camê agir
5. Harry Potter û komela Zimrûd.
6. Harry Potter û Mîrê dureh

Essai rapide, toutes les suggestions/corrections sont les bienvenues... en attendant qu'un courageux se mette à traduire tous les tomes...

vendredi, juillet 15, 2005

Les Turcs s'essaient à la rédaction de la constitution irakienne

Daprès le journal turc Radikal, la Turquie, nous le savons, s'en fait beaucoup pour l'unité de l'Irak (en plus de s'en faire pour sa propre unité). Elle se fait aussi beaucoup de soucis sur le statut de Kirkouk, faisant une affaire de principes que cette ville-là ne retourne pas à la Région du Kurdistan, ce qui pour elle serait l'amorce d'une quasi-indépendance kurde. Jusqu'ici, sa tentative d'OPA sur Kirkouk via le Front turkmène a eu peu de succès, les électeurs turkmènes de Kirkouk, ayant préféré voter majoritairement pourla liste "Fraternité" des Kirkouki kurde-turkmène-arabe ou bien des partis chiites. Ses essais de mainmise régionale ayant été peu concluants, elle a décidé de s'attaquer au centre du pouvoir, c'est-à-dire de résoudre son problème identitaire ("les Kurdes ou nous") à Baghdad.

Aussi, une rencontre "secrète" (enfin plus trop maintenant) a eu lieu cette semaine pour discuter de la rédaction de la constitution irakienne. Naturellement, le seul point dont se soucie réellement Ankara est la fédération et le tracé des régions fédérées, et le retour de Kirkouk ou non dans la région kurde. Ce qui explique donc que des représentants des différentes composantes ethniques ou religieuses du Parlement irakien, ou des "experts", dont des juristes kurdes nous dit-on, y assistaient, mais aucun représentant des deux grands partis kurdes, le PDK et l'UPK, n'y avait été conviés. La Turquie y parlait par la voix de son Représentant spécial en Irak, l'ambassadeur Osman Koruturk et le directeur du département irakien des Affaires étrangères, Huseyin Avni Botsali. Parmi les participants, il y avait, par contre, un représentant chiite, Abbas Beyati, un représentant du Front Turkmène, Riyas Sarkikahya, le sous-secrétaire au ministère de la Justice et expert en loi constitutionnelle, Ismet Abd al-Majid, et même des représentants du leader chiite, Muqtada al-Sadr, très attaché aux lois civiles, comme nous le savons.

La réunion a été présentée comme une initiative du ministère des Affaires étrangères et de la Fondation pour les Etudes du Moyen-Orient et des Balkans. L'ordre du jour était "Transition vers un régime constitutionnel en Irak". La Turquie ayant la meilleure constitution du monde pour résoudre les dissensions ethniques, nul doute que ses conseils ont dû beaucoup profiter aux experts irakiens.

Sans surprise, la Turquie a émis le voeu qu'un statut spécial soit accordé à Kirkouk, qu'aucun élement susceptible de diviser le pays ne soit inclus dans la constitution (plus c'est vague, mieux c'est pour protester ensuite) et que les Turkmènes, comme les Kurdes et les Arabes, soient cités comme groupe fondateur de l'Irak. (Source : Kurdish Media).

Dans le même temps, Erdogan a continué sur la lancée habituelle, en avertissant que l'armée turque n'en avait pas pour le moment l'intention, mais "pourrait" ou "serait en droit" d'intervenir en Irak, contre le PKK qui fait retourner ses guérilleros en nombre de l'autre côté de la frontière (environ 700 selon le journal turc Hurriyet).

L'idée de se tourner vers les groupes arabes, chiites, turkmènes, pour contrer "légalement" les Kurdes au sud, tout en les menaçant militairement au nord (et là, comme d'habitude, le PKK fait tout ce qu'il peut pour donner des prétextes à la Turquie pour envahir la Région kurde) est stratégiquement possible, mais serait-ce aussi efficace ?

Comme d'habitude, concernant l'intervention turque dans les monts kurdes de Qandil, tout dépend aussi du refus (ou non) américain d'ouvrir une autre guerre en Irak. Pour le moment, ils ne sont guère chauds.

Concernant les chiites, nul doute ce sont eux, a priori, les moins intéressés par un Etat fédéral, en tous cas, ceux qui essaient de tirer le plus possible la constitution irakienne vers un Etat plus centralisé, mais face à la vive opposition, non seulement kurde, mais aussi chrétienne, ou non-musulmane en général, et même sunnite, ils n'ont pas assez de majorité pour imposer leur point de vue à tout l'Irak.

Les Turkmènes de Kirkouk, dans leur majorité, se méfient d'Ankara, qui après tout ne les a guère défendus durant l'Anfal, et qui peut parfaitement les lâcher du jour au lendemain, après les avoir bien excités contre les Arabes et les Kurdes de la région. Malgré les affrontements locaux avec les Kurdes, ils savent qu'ils vont devoir vivre avec eux, plus qu'avec les Turcs d'Ankara, et jusqu'ici, les rapports balancent entre surenchères et négociations. Nul doute que les chefs tribaux de Kirkouk, quelel que soit leur ethnie, joueront un rôle prépondérant dans la suite des événements, ceux-ci ayant été des éléments prépondérants dans la formation de la liste unifiée qui a remporté la majorité des sièges à Kirkiuk lors des dernières élections.

Alors cette réunion aura-t-elle une incidence réelle sur la rédaction de la constitution irakienne ? Ce qui fait la force des Kurdes jusqu'ici en Irak, c'est qu'ils forment le groupe le plus uni (ils ont eu 12 ans pour régler leurs chamailleries internes). Il y a peu de chance de voir un bloc unifié arabe (chiite et sunnite) et turkmène (lesquels sont peu en Irak) contrer durablement les Kurdes. Le seul moyen de les affaiblir à Bagdad est effectivement d'empêcher que la constitution irakienne n'entérine définitivement la puissance kurde et son droit sur Kirkouk. Pour le moment, aucun des leaders kurdes, que ce soit le président irakien Jalal Talabani ou le président de la Région kurde, Massoud Barzani, n'a réagi à cette réunion. Peut-être considèrent-ils qu'elle n'aura pas d'incidence vraiment importante, la vraie négociation étant fondée sur l'impossibilité des chiites du sud à gouverner tout l'Irak (la "sortie" de Sistanî sur le caractère "islamique" de l'Irak n'étant pas venue là par hasard) et donc à réclamer eux aussi les avantages d'une Région fédérale chiite, modelée sur celle des Kurdes.

Il y a donc fort à parier que Kirkouk, pour les chiites, comme pour les sunnites, ne sera jamais qu'un point de négociation sur lequel ils pourraient demander une contrepartie en négociant avec les Kurdes.

jeudi, juillet 14, 2005

Le fils du cheikh tué interdit de khutba

Le fils du S,êx Mees,ûq, S,êx Mihemed Murs,idê Xeznewî (oui ils sont tous cheikhs de pères en fils, ça évite la crise des vocations) a été interdit de Khutba pour le prêche du Vendredi dans sa mosquée de Qamis,lo, d'après le site Elaph (via amude.com). Le chef du district religieux de Qamis,lo aurait reçu des ordres des services de sécurité, pour empêcher que le S,êx Murs,id ne fasse ses sermons pour la Prière du Vendredi. Il faut dire que le cheikh et son frère n'arrêtent pas d'accuser la Syrie du meurtre de leur père, c'est vexant, quoi.

Pour les profanes, le sermon du Vendredi a un caractère non seulement religieux, mais aussi politique et social. La prononcer en appelant la bénédiction sur le dirigeant du moment équivalent à une intronisation : faire prononcer la khutba en son nom était pour un prince musulman, un signe de souveraineté, autant que battre monnaie. De même, les injonctions contre le pouvoir, et même les appels à la révolte, pouvaient souvent être lancés à ce moment-là, puisque la Grande Mosquée, ses alentours et même ses souks était l'équivalent de l'agora grecque, où tous les citoyens se rencontraient pour affaires ou discuter de la chose publique.

Aujourd'hui encore, les thèmes et les propos tenus par les imams dans les mosquées le jour de la Prière du Vendredi, sont toujours d'un grand intérêt pour observer soit l'idéologie officielle, via les consignes données aux imams, soit l'agitation et la contestation en cours, quand ceux-ci s'opposent pour une raison ou une autre aux dirigeants politiques.

mercredi, juillet 13, 2005

Le Fake du mois...

Certaines "agences de presse" kurdes feraient mieux de contrôler leurs sources, ou en tous cas de les falsifier de façon moins flagrante... Parce que pour illustrer le post sur les "5000 Children live on the street in Adana", non contents de voler le cliché à une photographe professionnelle, en la détournant sans aucune espèce d'autorisation, ils ne se sont pas non plus gênés pour transformer une gamine arabe de Harran, qui ne leur avait rien demandé, en petite mendiante pathétique dans les rues d'Adana. Or nous pouvons rassurer les âmes sensibles sur le sort de la gamine que nous avons vu à Harran, en juin 2002. Elle était très craspouille certes, mais vivait très bien avec sa famille, de tous les cars de touristes qui visitent le village chaque année.




Fillette arabe du village touristique de Harran transformée en réfugiée kurde d'Adana par le professionalisme de DIHA...


lundi, juillet 11, 2005

"Help the former mistress of Qusay..."

Tout le monde a reçu, reçoit et recevra - hélas - ces mails d'Africains qui vous saluent chaleureusement, vous font confiance parce qu'ils savent de source sûre que vous êtes quelqu'un de bien, vous expliquent qu'ils/elles sont le fils/filles, femme, etc d'un ancien ministre et qui ont une proposition mirobolante d'argent coincé à vous faire partager pour peu que vous leur donniez vos coordonnées bancaires.

Mais je dois dire, que celui-là, adressé à un site kurde, est particulièrement gratiné, même pas besoin de le traduire, c'est surtout le début qui compte :


Dear sir/madam,

This mail will definitely be coming to you as a surprise, but i must
crave your indulgence to introduce myself to you.I am Dr. Ato Seyd Kelis,
former mistress to the son (Qusay) of theIraqi former leader, Saddam Hussein.

I am an Ethiopian, by birth and i am presently in a refugee camp in
Accra Ghana, where the living conditions are unbearable.
I do not wish to take your time with a lenghty mail, but i have to
put this proposal to you so that you can assist me.

While i was still in contact with Qusay,he made a deposit in my
name to a security firm which i will not makesure name, which has an affiliate
branch in Amsterdam.This deposit was made in my name and the secret code and necessary
documents are presently in my possession.

This deposit was made in the form of a consigment and the content is
a considerable amount of money in United state dollars which i cannot
disclose to you for security purposes, until you have confirmed your
willingness to assist me.

I would be pleased and grateful to you if you could assist me in
collecting this consignment on my behalf from the security firm in
Spain, upon which i will be offering you a percentage for your efforts.

I will arrange an authority to release and pay in your name which you will tender
to the security firm coupled with all necessary documents that will back up your
claims in collecting this consignment on my behalf.

I have to stop here now as your response will determine our
subsequent corresspondence. Please feel free to dis-regard this
proposal if it is not in line with your principles.

Regards .

Dr.Ato Seyd Kelis


Allez les Kurdes, un bon mouvement, vous n'allez pas laisser la petite amie de Qusay dans la mouise quand même ce serait pas fair play...

En tous cas ceux qui auraient envie de contacter la madame peuvent essayer : dr.ato.seyd.kelis@caramail.com

vendredi, juillet 08, 2005

Commémoration de l'assassinat du cheikh Khaznawî

Le cheikh Maachouk al-Khaznawî

Né en 1958 à Tell Maarouf, mort assassiné le 27 mai 2005 à Damas

Pour le 40ème jour de la mort de Cheikh Mohammad Maachouk Khaznawî

Une réunion de recueillement aura lieu

le samedi 9 juillet 2005 de 16 h à 19h

en présence de ses proches

à l'Institut kurde de Paris, 106 rue Lafayette 75010


Le cheikh Mohammad Maachouk al-Khaznawî était le fils du cheikh Azzedîn Khaznawî et le petit-fils du cheikh Ahmad Khaznewî. Il fit ses études secondaires à Tell Maarouf et à Qamichlo, puis des études de théologie dans différentes universités du Moyen-Orient. En 1992 , il revint en Syrie pour y assumer les fonctions d'imam à la mosquée d'Edleb près d'Alep jusqu'en 1992, date à laquelle il revint dans sa région natale et prend le poste d'imam à Qamichlo, jusqu'à son assassinat.

Le cheikh Mohammad Maachouk al-Khaznawî dirigeait le Centre de recherche des Etudes islamiques de Qamichlo et était aussi directeur-adjoint de ce même centre à Damas. Il était aussi membre de la fondation Jérusalem à Beyrouth et du Comité de dialogue entre musulmans et chrétiens à Damas. A ce titre il avait été récemment invité par le ministre des Affaires étrangères de Norvège à un congrès sur l'islam.

Durant tout son exercice, le cheikh n'a cessé de défendre sa vision de l'islam, en insistant sur la tolérance et le progrès. Il condamnait sans ambiguïté les actes terroristes commis au nom de sa religion. Par ailleurs, il exprima sans cesse son attachement à la cause kurde et dénonçait le sort réservé aux Kurdes sans papier en Syrie. Il chercha aussi à resserrer les liens entre les partis kurdes de Syrie, en insistant sur la nécessité pour ces partis de s'unir afin d'exercer une plus grande influence sur le gouvernement syrien.

Lors du Newroz sanglant de mars 2004, il eut pour souci principal d'éviter les effusions de sang et organisa des rencontres entre des représentants de partis kurdes et du gouvernement syrien. Il invita également plusieurs représentations diplomatiques occidentales à Qamichlo pour les sensibiliser au sort des Kurdes. Un an plus tard, il se rendit sur la tombe des victimes du Newroz et prononça plusieurs discours lors des célébrations.

Mais cet homme de dialogue et de progrès, qui défendait la cause des Kurdes, devenait dangereux pour l'aile dure du régime syrien qui organisa son enlèvement le 10 mai. Le 27 mai il mourait à l?hôpital militaire de Damas des suites de ses tortures, selon le témoignage anonyme d'un médecin. Son corps fut retrouvé le 1er juin à Deir ez Zor.

Le cheikh avait coutume de dire : « Si leur islam ne veut pas accueillir des Kurdes au paradis, alors je n'irais pas non plus dans ce paradis, et je resterais avec le peuple kurde. »

samedi, juillet 02, 2005

Parlez turc, svp !




Rien que cela en dit long... parce qu'imposer comme langue de travail la "langue de l'ennemi", et puis tant qu'à faire adopter les "méthodes militaires et politiques de l'ennemi", et puis s'imprégner du "mode de pensée de l'ennemi" et pour finir devenir tout à fait comme l'ennemi... est-ce que cela valait la peine de faire une guerre pour refuser l'assimilation ? Est-ce que les peshmergas en Irak et en Iran ont imposé l'arabe et le persan comme "langue de travail" ? Au lieu de donner des centaines et des centaines d'heures de cours insipides sur le marxisme, est-ce qu'il n'aurait pas mieux valu aprendre le kurde à toute une génération de Kurdes qui n'avaient pas pu l'apprendre ? Est-ce bien la peine de brailler "culture kurde et démocratie ! culture kurde et démocratie !", quand on n'a aucune idée de ce qu'est la démocratie, ni même aucune envie de l'appliquer, et qu'en plus on a, autant que les Turcs contribué à faire disparaître (ou à tout le moins gravement dévaster) la culture kurde entre Dersim et Hakkari, Van et Cizre ?

Concert de soutien à l'Institut kurde