mercredi, juin 29, 2005

Le SIDA ? ça vient pas d'chez nous !

Ou comment être aussi con que la plupart des gouvernements de la planète, à qui il a fallu une véritable épidémie pour reconnaître que... ahem... oui chez eux aussi... Ainsi selon le journal kurde Hawlatî, 61 cas d'infection par le virus HIV ont été établis à Silêmanî. Le journal tirerait ce chiffre de source policière, de hauts responsables du département ayant fait un rapport en ce sens.

Quoi de plus normal puisqu'il s'agit d'une épidémie planétaire ? On peut même trouver que 61, finalement, c'est peu. Ce serait intéressant de chercher les cas dans TOUT le Kurdistan. Eh bien le ministre de la Santé a bien sûr nié tout en bloc, en disant qu'il n'y avait AUCUN cas de SIDA au Kurdistan. Absolument aucun. Dès qu'un virus est en passe de franchir la frontière, il se barre en courant.

Mais selon ce rapport, les forces de l'ordre veulent maintenant arrêter les prostituées de la ville qui viendraient du sud de l'Irak et des pays voisins. Le ministre de l'Intérieur a même ajouté que ces prostituées étaient en fait envoyées par les "ennemis du Kurdistan" exprès pour contaminer les Kurdes, dans le plus pur déni de la réalité : ça peut pas venir de chez nous, toutes nos prostituées sont saines (apparemment il n'y a pas non plus de prostitués mâles au Kurdistan, en tous cas pas dans les stats du ministres). Il n'y a pas non plus de drogués, ni de rapports sexuels non protégés (sauf avec les prostituées étrangères qui font exprès), ni de transfusion sanguine à risque. Tout ça vient de l'étranger (l'étranger étant toujours corrompu, débauché et vecteur de maladies).

Donc pour seul prévention, alors même qu'à chaque attentat les autorités appellent à des collectes de sang, il suffit de demander sa nationalité à toute les "travailleuses du sexe", et de ne coucher qu'avec les Kurdes. Pas de préservatifs, pas de dépistage, pas de campagne d'information sur les modes de contamination...

La prochaine fois qu'on trouvera un cas de grippe aviaire au Kurdistan, qu'est-ce qu'il vont inventer comme explication géostratégique sur le complot asiatique...




'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

dimanche, juin 26, 2005

"Je préfère les cordes de l'invisible."


Sortie du film en septembre, les textes et les images du livret (dont l'interview est extraite) seront je suppose bientôt disponibles sur memento.film

ENTRETIEN


Quelle est la genèse du film ?
Quand Saddam Hussein est tombé, j'étais en Arménie, sur le tournage de Vodka Lemon. Et je n'avais qu'une envie : être là-bas, avec eux. Aussitôt rentré en France, j'ai décidé de partir pour l'Irak et de retourner au Kurdistan. J'en ai parlé autour de moi. Tout le monde trouvait le projet très séduisant. Alors j'y suis allé, sans attendre d'avoir rassemblé le financement. Je suis parti sans savoir si j'y passerai deux ou huit semaines. J'y suis resté quatre mois.

D'où est née l'histoire de cet homme qui part au front ?
A l'origine, c'est l'histoire de mon frère qui a déserté l'armée irakienne. Je suis donc parti de l'idée de ce soldat malgré lui et j'ai développé le scénario au fur et à mesure du tournage.

Quels ont été vos sentiments, en retrouvant le pays que vous aviez quitté il y a plus de vingt ans ?
Je suis passé par un mélange d'émotions assez violentes. Pendant cinq minutes, j'ai pleuré de joie de voir les Kurdes libres. Les cinq minutes suivantes, j'ai été exaspéré de constater à quel point ils refusaient d'accepter la fragilité de la situation. Mais dans les cinq minutes qui ont suivi, j'ai à nouveau été débordé par la joie de les voir tous heureux et libres.

Quels sont les obstacles que vous avez rencontrés ?
Le plus gros problème a été de se procurer une caméra et du négatif. Il n'y avait pas une caméra en état de marche dans tout le pays. Il faut savoir que, dans toute son histoire, l'Irak n'a pas produit plus de cinq films. Il a fallu se débrouiller. Et surtout faire vite. Personne ne pouvait prévoir comment la situation allait évoluer.

Réalisé dans ces conditions, Kilomètre zéro est pourtant très abouti, avec de nombreux décors...
C'est un road-movie. Alors oui, on a tourné dans de nombreux endroits, avec beaucoup de décors et de figurants... Les autorités du Kurdistan nous ont aidé. L'action se situe à la fin des années quatre-vingt, un peu avant la fin de la guerre contre l'Iran. Il s'agit d'un film d'époque, il fallait donc reconstituer tout un monde qui a disparu depuis. A mon arrivée, on ne trouvait déjà plus aucun uniforme de l'armée de Saddam. Même ses photographies étaient devenues introuvables... J'ai fui le pays à l'âge de dix-sept ans, les choses ont beaucoup changé depuis. Par exemple, l'hymne national n'est plus celui que j'ai connu enfant. C'est un technicien qui me l'a fait remarquer. Même chose pour le drapeau. L'Irak de Saddam a connu trois versions du même drapeau. Les bandes de couleur ont changé de sens, on lui a ajouté une étoile... Il a fallu le refaire, sans oublier la faute d'orthographe sur la calligraphie d'"Allah est le plus grand"... C'est Saddam lui-même qui l'a écrit avec son sang. Personne n'a jamais eu le courage de lui dire qu'il s'était trompé...

Pour vous qui avez dû fuir votre pays, n'était-il pas extrêmement douloureux de travailler avec ces images omniprésentes de Saddam ?
Mais je vis toujours avec lui ! Il était partout, sur les livres, sur les cahiers... Partout où l'on posait les yeux, on voyait sa photo, sur un cheval de race brandissantune épée, en uniforme militaire une Kalachnikov à la main, agenouillé sur un tapis de prière tourné vers la Mecque... On connaissait tous ses titres : "président commandant, chevalier de la nation arabe et son gardien de la porte orientale, vainqueur des sionistes, fierté du Tigre et de l'Euphrate..."

Où avez-vous trouvé cette statue de Saddam ?
Je l'ai fait faire... Tous les sculpteurs kurdes ont refusé. Il a fallu aller convaincre un sculpteur arabe. On a mis quinze jours pour en trouver un qui accepte. Pour des raisons de sécurité évidentes, il était impensable de faire traverser tout le pays à une statue géante de Saddam, nous avons donc décidé de déplacer l'atelier du sculpteur. Il s'est installé au Kurdistan, dans une maison et travaillait dans le jardin. Quand la statue a commencé à prendre sa dimension réelle, sa tête a dépassé du mur et la sécurité a immédiatement débarqué. "Notre Saddam" a été confisqué et le sculpteur mis en prison. Il a fallu que j'aille m'expliquer avec les autorités pour le faire sortir.

Dans les situations les plus insupportables, sous le feu dans les tranchées, vous parvenez à faire rire. Comme si vous teintiez les épreuves les plus tragiques d'humour et de légèreté...
Je parle de choses très sérieuses, très graves, tout en cherchant à les rendre dans leur simplicité. Je n'ai pas voulu faire du spectaculaire avec les scènes de guerre. Je ne joue pas sur le sensationnel, ni sur les cordes sensibles. Je préfère les cordes de l'invisible.
Quant à l'humour, j'ai peut-être hérité de celui de mon grand-père. Il disait : "Notre passé est triste, notre présent est tragique, mais heureusement nous n'avons pas d'avenir." Dans les moments les plus tragiques, nous trouvons toujours un détail burlesque, une situation absurde. Les Kurdes, comme tous les peuples qui ont beaucoup souffert, ont appris à les voir. C'est aussi cet humour qui nous aide à survivre.

Kilomètre zéro est un film sur la dictature et la guerre, traversé par la violence la plus crue et la plus arbitraire. Pourquoi ce choix de ne pas montrer en face toute l'horreur des crimes ?
C'est probablement une question de pudeur. Ce que je filme, ce que je dis, n'est rien comparé à la rage que je porte en moi. Un jour peut-être je parviendrai à l'exprimer.
Dans Kilomètre zéro, j'ai voulu avant tout recréer une atmosphère. Faire respirer le parfum de la dictature. Il m'aurait été probablement plus facile de raconter une histoire simple, réaliste, concrète. Chaque Kurde a des dizaines d'histoires en lui, à raconter.

Comment définir les relations entre les deux hommes, le soldat kurde, soldat malgré lui, et son chauffeur arabe ?
Ils sont comme deux bombes à retardement. On ignore quand elles vont exploser. Dans cinq minutes, cinq heures ou cinq ans... Mais une chose est sûre, c'est qu'elles vont exploser.
Sans que l'on nous ait demandé notre avis, nous avons été annexés à l'Irak et soumis à la majorité qui ne cesse de nous refuser ce qu'elle réclame pour elle. J'ai beau parler leur langue, je ne connais pas les Arabes. Je ne connais d'eux que la police politique et l'armée.

Diriez-vous que ce film est, plus que les autres, un film politique ?
Non, ce n'est pas un film politique... Même si je suis un individu très politique. Je suis l'actualité avec enthousiasme. J'ai besoin d'être informé en permanence. Mais je ne suis pas un cinéaste militant. Je suis un être de passage sur cette terre quir egarde et qui raconte des histoires. Dans un sens je fais du cinéma parce que je n'ai pas le pouvoir de changer le monde.
Avant tout, j'adore la vie. Par amour de la vie, je voudrais que les Kurdes soient libres, que ma soeur soit libre, que mon frère soit libre. Alors, je serai heureux.

Que signifie le titre Kilomètre zéro ?
Kilomètre zéro dit que nous en sommes toujours au même point : l'Irak a été inventé il y a quatre-vingts ans, et depuis le pays n'a pas fait un seul pas en avant. ça peut être une raison de désespérer. Ou d'espérer, si l'on préfère. Quand on part de zéro, on ne peut qu'avancer.

Kilomètre zéro se termine sur une note d'espoir.
Disons qu'il s'interrompt sur un moment d'espoir. Je ne pense pas que le film finisse réellement. Nous ne savons pas ce que l'avenir nous réserve. Le régime de Saddam est tombé, et c'est immense. Mais rien ne nous assure que les choses vont s'arranger. Disons que dans l'intervalle, pendant un instant, nous aurons eu le temps de respirer...

dimanche, juin 19, 2005

Expulsion, et alors ?

RSF s'indigne de ce que les autorités irakiennes aient décidé d'expulser la prochaine journaliste otage française ex-future labellisée "tant qu'elle est otage nous le sommes aussi, n'oubliez pas".

Mais après tout, c'est parfaitement logique si la France n'arrête pas de monnayer ses otages contre on se sait quel contrat, rançon, échange... On ne voit pas pourquoi l'Irak permettrait que la France continue de financer les Baathistes et allumés islamistes de tout poil, qui font absolument tout pour que l'Irak devienne un enfer, ce que ne manqueront pas alors de déplorer "au nom du peuple irakien" les mêmes qui s'indignent de cette expulsion.




'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

mercredi, juin 15, 2005

Soirée électorale




Hier, cérémonie à l'Institut kurde pour fêter l'élection de Massoud Barzani à la présidence du Kurdistan. Ce n'était pas tellement Barzani en lui-même qui était fêté d'ailleurs, mais le fait d'avoir un président kurde d'un Etat kurde pour la deuxième fois dans l'Histoire, et avec de meilleures chances de durer que Qazi Mohammad en 1946. Comme Kendal l'a souligné dans son discours, nous avons, maintenant, un Etat, autonome, fédéral, tout ce qu'on veut, on s'en fout, cet Etat est, et aura une reconnaissance politique, légale, internationale. un drapeau, un parlement, un président, une langue qui pour une fois est officielle, pour une fois est la première langue d'un pays, et non plus clandestine ou tolérée. Cet Etat qui est aussi l'Etat de tous les Kurdes, d'Iran, de Syrie, de Turquie, le seul endroit du Kurdistan où être Kurde n'est pas une faute.

Après ça, Kendal a souhaité que la liberté vienne aussi aussi pour les Kurdes d'Iran, de Syrie, et que l'Etat fédéral kurde d'Irak donne des idées aux Turcs pour régler leur question kurde. (en fait, pour le moment, ça leur donne surtout des idées noires, mais bon...).

Après, l'ambassadeur irakien à l'UNESCO, un Arabe aux manières charmantes a fait un petit discours kurdophile, très fraternel, tout ça. Puis ce fut le tour de Saywan, qui en tant qu'ambassadeur du Kurdistan était bien obligé de parler, mais pouvait difficilement faire l'éloge de son oncle, comme dans les deux discours précédents. Alors il y a été de ses prédictions optimistes sur l'avenir du Kurdistan, et sur l'Irak et l'évolution de sa situation, pour le moment un peu "difficile". Amusant d'ailleurs, comme la roue tourne : ce sont maintenant les Kurdes qui consolent les Arabes en leur disant "ne désespérez pas, vous y arriverez un jour, à avoir un Etat démocratique."

Mais pour une fois les discours n'étaient pas de ceux qu'on écoute d'une oreille en attendant qu'on serve le champagne (qui a fini par arriver, de toute façon). Nous étions tous, je pense, portés par une émotion. On a gagné. On a un Etat. Un drapeau, une équipe de foot, des supporters neuneus avec des Tee-shirt tricolores, des impots à payer, des policiers, des PV, une classe politique dont on pourra dire du mal, des écoles, des universistés, des manifs d'étudiants, des avions "Kurdistan Airline" où j'aurais aussi peur que dans les autres, des trains qui arriveront ou n'arriveront pas à l'heure, un pays avec le mot KURDISTAN écrit partout si l'on veut. Et tant pis si ça fait hurler nos bons voisins.

dimanche, juin 12, 2005

Florencéhussein sont libres

Mais surtout pas contre rançon ni une quelconque tractation, hein... C'est juste les courses de rollers avec leurs tee-shirts et leurs photos des otages qui ont trop impressionné les mujahids... La France ne paie jamais, n'échange jamais rien vous pensez... Tout ça c'est bon pour les Italo-Roumains, mais nous sommes au dessus de ça...
Ils ont certainement si peu payé qu'il y a des chances que ça recommence dans deux semaines avec d'autres, mais bon, comme me l'a soufflé une Parisienne, ça va changer la déco de l'Hôtel de Ville, on aura des nouvelles têtes.

vendredi, juin 10, 2005

Le weblogger Mojtaba Saminejad condamné à deux ans de prison

Communiqué de Reporter sans Frontières




Mojtaba Saminejad, un weblogger de 25 ans arrêté le 12 février 2005, a été condamné à deux ans de prison par le tribunal révolutionnaire de Téhéran pour "insulte envers le Guide suprême". Il sera également jugé prochainement pour un autre chef d'accusation, "insulte envers les prophètes", passible de la peine capitale. Reporters sans frontières est profondément inquiète du sort du jeune internaute et demande une nouvelle fois à la communauté des bloggers de se mobiliser.

"Tous les messages de solidarité dans la blogsphere sont les bienvenus. Nous savons que ces messages parviennent aux prisonniers et permettent de faire pression sur les autorités iraniennes, en particulier en cette période d'élection présidentielle. Il faut absolument faire parler de Mojtaba", a déclaré l'organisation.

L'avocat du weblogger, Mohammad Saifzadeh, a confirmé la sentence. Il a précisé que, lors de l'audience devant le tribunal, le 23 mai, son client n'avait jamais pu s'exprimer librement. Pour l'intimider, les autorités l'avaient en effet placé à côté des policiers qui l'avaient interrogé en prison.

Le weblogger va repasser devant les tribunaux, le 22 juin, pour répondre cette fois d"insulte envers les prophètes et les saints imams". Cette charge extrêmement grave - car elle peut signifier l'apostasie de l'inculpé - fait encourir la peine capitale à Mojtaba, selon l'article 512 du code pénal islamique.

Les initiatives se multiplient sur le Net iranien pour soutenir le blogger. Des internautes iraniens lui ont par exemple consacré un blog en persan et en anglais. Une cinquantaine de webloggers du pays soutiennent également ouvertement leur collègue emprisonné. Enfin, l'association de bloggers Penlog a fermement dénoncé cette condamnation.

Tous les bloggers sont invités à signer cette pétition, ça embêtera les mollahs

Drang nach Westen

Ecoutant l'intervention d'Yves Ternon sur le génocide arménien, un propos me frappe soudain, comme une actualisation : le génocide a ruiné l'Est, et c'est vrai que les descriptions de Balsan de la région de Van, en 1938-39, sont celles d'une zone fantome, de villes mortes, un monde de ruines...

La république turque fera la même chose au Dersim et aujourd'hui dans son "sud-est". La ruine économique, par la désertification et la déportation. Il ne s'agit pas d'y implanter des "colonies" comme en Israël, quand on en a chassé les Palestiniens. Les Turcs n'aiment pas l'Est. Il n'y vont jamais. Ils ne comprennent pas qu'on y aille, en touristes. Alors l'Arménie fut repeuplée par d'autres "sous-hommes", les Kurdes, et à présent avec quoi va-t-on repeupler les campagnes kurdes ? Ils ont un peu essayé avec les Turkmènes ex-Soviétiques. Mais eux n'y vont jamais. Ils n'aiment pas l'Est, c'est leur boulet d'Orientaux sous-développés. Au fond, ils se disent que s'ils ne sont pas encore dans l'Europe c'est à cause des Kurdes.


mercredi, juin 08, 2005

"La technologie moderne menace l'identité arabe"

Dixit le président syrien Bachar al Assad lors de son discours d'ouverture du Congrès du Baas, lundi, dans une grande profession de foi pan-arabiste, très "vieille barbe du parti."

Bachar al Assad en veut peut-être aux "technologies modernes" tel Internet, de permettre de diffuser quasi instantanément témoignages, photos, vidéos de certains rassemblements festifs offerts par le régime, tel la répression du Newroz en 2004 ou celle des manifestations kurdes de dimanche dernier... C'est vrai quoi, il fut un temps où l'ou pouvait bombarder et fusiller tranquillou des milliers d'opposants, comme à Hama en 1982, mais la dictature de papa, c'était le bon temps, aujourd'hui tout le monde vous regarde. En tous cas, pour le fondateur de la Syrian Computer Society, celui qui dès son avènement a encouragé le développement du réseau Internet dans son pays, c'est une sérieuse marche arrière : la révolution de l'Internet revolution est à présent qualifiée de "force ennemie", et nul doute que les transes dans lesquelles les acteurs du serhildan kurde ont plongé les services syriens, quand en mars dernier ils balançaient à tout va sur la toile les images de jeunes Kurdes abattant la statue de Hafez Al Assad, y soient pour quelque chose. Il faut quand même se souvenir que la Syrie est un pays qui, officiellement, a "gagné" la guerre de 1973 contre Israël, et commémore cette victoire chaque année. Alors le choc de l'information brute, ça décoiffe : " Les ordinateurs et la technologie ont submergé les Arabes et menacé leur existence et leur identité culturelle, et ont accru les doutes et le scepticisme dans l'esprit des jeunes Arabes. Le but ultime de tout cela, est la destruction de l'identité arabe, car les ennemis de la nation arabe sont opposés à ce que nous possédions une quelconque identité ou soutenions toute croyance qui pourrait protéger notre existence et notre cohésion. Ils visent tout simplement à nous transformer en une masse réactive négative, qui avale tout ce qu'on lui lance." Il est curieux d'ailleurs, de voir à quel point ce discours paranoïaque sur la technologie venue de l'Occident donc fondamentalement nuisible,a peu varié dans le monde arabo-musulman depuis la fin des années 70, depuis l'échec du marxisme en gros,qu'ils proviennent des nationalistes ou des islamistes (changez Arabes en Musulmans et vous aurez les imprécations d'un imam un peu rétrograde en chaire).

A part ça le Congrès, pour le moment n'annonce pas de grands changements politiques. Al Assad insiste sur le développement économique et sa libéralisation (qui profite à la clique au pouvoir mais très peu aux Syriens en général, tout l'argent étant détourné au profit de fortunes privées).

Sinon, le président réaffirme que les idées baathistes sont toujours pertinentes face aux problèmes du peuple arabe et "répondent aux intérêts du peuple et de la nation." Par essence même, le baathisme ne s'adresse de toute façon qu'aux Arabes, les autres n'ayant pas leur place en Syrie, mais ce qui est curieux c'est que même les Arabes syriens ne semblent pas toujours très convaincus de vivre sous le meilleur gouvernement possible, les ingrats. Mais lorsque les principes du Parti échouent, ce n'est pas la faute des principes, ni du Parti, mais celle des membres qui ne sont pas à la hauteur, conclue le président, dans la plus pure tradition des idéologies totalitaires, qui veut que plus c'est loin des réalités, plus les réalités ont tort.

Malgré cette apparente impavidité, le Congrès se déroule tandis que la Syrie traîne quatre casseroles derrière elle, l'assassinat de Rafic Hariri le Premier ministre libanais, celui de Samir Qasir, un éditorialiste libanais aussi, celui du Cheikh Xeznewî, l'ouléma kurde, plus quelques petites implications minimes dans l'infiltration des groupes terrorstes en Irak. Chassés du Liban, dans le colimateur américain, contesté à l'intérieur par les Kurdes de Syrie, le gouvernement traverse une mauvaise passe.

Face à cette vague de contestations, le clan alaouite ne peut plus libéraliser la Syrie sans risquer de tout perdre. Il est donc plus probable qu'il va profiter du Congrès pour resserrer les rangs, mettre des personnes plus sûres aux postes-clefs, et peut-être davantage évincer les sunnites et les baathistes les plus remuants (peut-être ceux à l'origine de ces quelques assassinats bien mal à propos) de la direction politique.

lundi, juin 06, 2005

La "galaxie nasséro-bassiste"

"La différence principale entre le régime nassérien et les régimes bassistes tient peut-être, pour l'opinion étrangère, au fait que les rapports d'Amnesty International n'existaient pas encore en 1954 et 1965-1966."

Olivier Carré, Le Nationalisme arabe, chap. IV, Le nassérisme.

jeudi, juin 02, 2005

Radio : génocide arménien,

A l'occasion de l'inauguration prochaine du premier Centre européen du patrimoine arménien (Valance),
Les Chemin de la Connaissance, à 11h 30, sur France Culture, par Jacques Munier, est consacré au génocide des Arméniens.

Lundi 6 juin : Géopolitique du massacre. Avec Claire Mouradian (CNRS).

Mardi 7 juin : Chronique d'un génocide planifié. Avec Yves Ternon, auteur de 1915, le génocide des Arméniens (éd. Complexe).

Mercredi 8 juin : Témoins et rescapés. Avec Joseph Alichoran, qui présente Les Chrétiens aux bêtes, du Père Jacques Rhétoré (éd. du Cerf).

Jeudi 9 juin : Le Déni turc. Avec Hamit Bozarslan (EHESS), auteur d'une Histoire de la Turquie contemporaine (La Découverte).

Vendredi 10 juin : Catastrophe dans la culture. Avec Krikor Beledian (INALCO), auteur de Cinquante ans de littérature arménienne en France (CNRS Editions).

Concert de soutien à l'Institut kurde