mardi, août 31, 2004

Osman : Abdullah 1-0

Tandis qu'Abdullah essaie de faire se battre entre eux les jeunes et les femmes, les nouveaux partis contre les anciens, les nouvelles représentations européennes contre les anciennes, (traduction : La Turquie a décidé de désintégrer le PKK et a un auxiliaire très dévoué pour ça ...)

...après avoir fait une longue et pathétique interview sur son ancien amour perdu et le nouveau, Osman Öcalan a trouvé une très bonne tactique pour rassembler les membres en cavale du PKK-KONGRA GEL : les marier entre eux. Ce qui fait qu'il y a un paquet de noces, en ce moment... et des milliers de partisans à s'enrôler dans son nouveau parti. Car une fois mariés, de toute façon, ils ne peuvent retourner au PKK ...


Sinon, comme d'habitude, Abdullah appelle à éliminer les anciens cadres, ceux qu'il a trahi juste après son arrestation, y a pas de raison, tout le monde doit être de la fête.


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

mardi, août 24, 2004

Les Maîtres de vérité dans la Grèce archaïque

"Quant à la gent philologique - que l'archéologie du Vrai m'incite à retrouver -, elle se divise depuis toujours en deux espèces : l'une qui pense et l'autre qui s'en dispense. La dernière, faut-il ajouter, étant la plus prolifique sous tous les climats et quels que soient les événements."

"Pour l'homme qui sait, pour l'Elu qui a le privilège de mémoire, l'Oubli est le mal, la négativité pure."

Marcel Detienne, Les Maîtres de vérité dans la Grèce archaïque, En ouverture.

lundi, août 23, 2004

Considérations inactuelles

Pour Nietzsche, la victoire de l'Allemagne sur la France en 1870 fut un désastre... pour l'Allemagne.


"Il semble que l'opinion publique en Allemagne interdise presque de parler des conséquences néfastes et dangereuses de la guerre, surtout s'il s'agit d'une guerre victorieuse. On écoute d'autant plus volontiers ces écrivains qui ne connaissent pas d'opinion plus importante que cette opinion publique et qui, par conséquent, rivalisent à louanger la guerre et à étudier avec jubilation les phénomènes puissants que produit son influence sur la moralité, la culture (Kultur) et l'art. Malgré tout, il importe de le dire, une grande victoire est un grand danger. La nature humaine supporte plus difficilement la victoire que la défaite. J'inclinerais même à penser qu'il est plus aisé de remporter une pareille victoire que de faire en sorte qu'il n'en résulte pas une défaite plus grave. Mais de toutes les conséquences néfastes qu'a entraînées la dernière guerre avec la France, la plus néfaste, c'est peut-être cette erreur presque unuiversellement répandue : l'erreur de croire, comme fait l'opinion publique, comme font tous ceux qui pensent publiquement, que c'est aussi la culture allemande qui a été victorieuse dans ce combat et que c'est cette culture qu'il faut maintenant orné de couronnes qui seraient proportionnées à des événements et à des succès si extraordinaires. Cette illusion est extrêmement pernicieuse, non point parce que c'est une illusion - car il existe des illusions très salutaires et très fécondes - mais parce qu'elle pourrait bien transformer notre victoire en une complète défaite : la défaite, je dirai même l'extirpation de l'esprit allemand, au bénéfice de "l'empire allemand"."

Nietzsche, Considérations inactuelles, David Straus, le confesseur et l'écrivain, 1873. (éd. Bouquins, trad. Henri Albert).

Remplaçons dans ce passage "Allemagne" par "Etats-Unis" et France par Irak... et cette considération inactuelle semble singulièrement réactualisée. C'est pourquoi les anti-américanistes les plus violents doivent au contraire se réjouir de la guerre irakienne, dont bénéficieront la plupart des Irakiens, et qui semble surtout néfaste pour les US. Mais si l'on n'est pas stupidement anti-américain, on peut voir aussi que la victorieuse défaite des Etats-Unis en Irak ne devrait que réjouir les islamistes.

mercredi, août 18, 2004

Radio-Musique : musique du Kazakhstan

Sur France Culture, le dimanche 22 août, à 23h30, Entre steppe et ciel, musique du Kazakhstan : Chant, dombra et kobyz. Enregistré le 11 mars au Festival de l'imaginaire. Avec Nugzhan Zhanpeïsov et Ardal Isataeva, chant ; Smagul Umbetbaev et Saïan Agmolda, kobyz ; Talasbek Asemkulov, dombra.

samedi, août 14, 2004

Perçe perçe (II)

Dernière déclaration d'Abdullah Öcalan' (on résume) : Il est contre la guerre et appelle à l'arrêter ou à tout le moins la suspendre (mais il se pourrait bien qu'on lui obéisse de moins en moins). Il est contre son frère. D'ailleurs il ignorait à quel point Osman s'était mal conduit. Tout ça c'est la faute de ses avocats qui lui cachent tout. Osman est sous le contrôle des US et des Kurdes d'Irak (une façon de dire aux Turcs "Pas sur la tête, c'est pas moi c'est eux !"). Il faut que Leyla Zana aille en Europe et fonde un nouveau parti (pas sûre que Murat Karayilan l'actuel représentant du KONGRA GEL en Europe soit d'accord).

vendredi, août 13, 2004

Perçe perçe

Après la déclaration de Kani Yilmaz sur son départ du KONGRA GEL alias PKK, nous pouvons lire une superbe annonce émanant d'Osman Öcalan et de son nouveau parti : le PWD (partiya welatparêzên demokrat c.à.d. parti des patriotes démocrates). Comme à l'habitude on insiste sur les qualités dont un mouvement est le plus dépourvu : le patriotisme et la démocratie. Mais enfin ils ont un parti, rassemblant surtout une poignée de fugitifs, proclamant qu'ils ouvrent la meilleure voie pour le peuple kurde et le mouvement national. Et que ce sont eux les vrais patriotes, et qu'ils vont travailler véritablement à la libération d'Apo, etc. Le point le plus original est qu'Osman Öcalan soutient le fédéralisme kurde en Irak. C'est très bien. Les Kurdes d'Irak doivent être très réconfortés de le savoir. (le fait qu'Osman se cache probablement au Kurdistan n'a bien sûr rien à y voir, vous pensez...).

Et ils souhaitent garder de bonnes relations avec le KONGRA GEL. Laissons-les rêver.

mercredi, août 11, 2004

Très dangereux

Ankara accuse les Kurdes d'être à l'origine du dernier attentat terroriste.
A vrai dire, j'ignore si c'est bien une sous-sous-sous-section du KONGRA GEL qui a fait ça, mais je ne peux m'empêcher de faire remarquer que les trains turcs tuent beaucoup plus de monde cet été. Si j'étais terroriste, j'en serais même un tantinet vexée.



'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

Télérama kurde


Sur Cinéma Auteur, samedi 14 août à14h40, dimanche 15 août à 19h35, mercredi 18 août à 11h35



de Samira Makhmakbaf, 2000.
Sur France Culture, samedi 14 août, à 23h30, Musique d'Azerbaïdjan. (concert du 10 juin 2004 enregistré au Théâtre de la Ville). Nezakat Teymurova, chant et daf; Elsan Mansurov, kamantché; Aliaga Sadiyev, târ; Chîrzad Feteleyev, zuma, balaban; Kamran Kerimov, nagara.

Le rivage des Syrtes

"Le sentiment intime qui retendait le fil de ma vie depuis l'enfance avait été celui d'un égarement de plus en plus profond ; à partir de la grande route d'enfance où la vie entière se serrait autour de moi comme un faisceau tiède, il me semblait qu'insensiblement j'avais perdu le contact, bifurqué au fil des jours vers des routes de plus en plus solitaires, où parfois une seconde, désorienté, je suspendais mon pas pour ne surprendre plus que l'écho avare et délabré d'une rue nocturne qui se vide. J'avais cheminé en absence, fourvoyé dans une campagne de plus en plus morne, loin de la Rumeur essentielle dont la clameur ininterrompue de grand fleuve grondait en la cataracte derrière l'horizon. Et maintenant le sentiment inexplicable de la bonne route faisait fleurir autour de moi le désert salé - comme aux approches d'une ville couchée encore dans la nuit derrière l'extrême horizon, de toutes parts des lueurs errantes croisaient leurs antennes - l'horizon tremblé de chaleur s'illuminait du clignement de signaux de reconnaissance - une route royale s'ouvrait sur la mer pavée de rayons comme un tapis de sacre - et, aussi inaccessible à notre sens intime qu'à l'oeil l'autre face de la lune, il me semblait que la promesse et la révélation m'étaient faites d'un autre pôle où les chemins confluent au lieu de diverger, et d'un regard efficace de l'esprit affronté à notre regard sensible pour qui le globe même de la terre est comme un oeil."

Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes.

Pour sauver l'honneur ?


Osman Baydemir, le maire de Diyarbakir fait l'objet de violentes attaques dans la presse turque parce qu'il a rendu visite à une famille en deuil après qu'un activiste kurde ait été tué par l'armée turque.
Peut-être n'estce qu'une réponse alternative et sensée au "grand deuil" de Leyla Zana quand elle n'a trouvé rien de plus urgent à faire que de se précipiter pour pleurnicher sur la guerre dans des familles de soldats turcs ? Etant donné que dans les deux cas la presse turque l'a mal pris, il est préférable de s'en tenir à l'option la plus digne.



'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

mardi, août 10, 2004

Toujours aussi stupides...

Selon l'hebdomadaire kurde Jamawar, (via www.kurdmedia.com) "un communiqué a été distribué au ministère irakien de la Défense, interdisant l'usage du kurde dans tous les départements et parmi le personnel du ministère" en proclamant que "le kurde n'est pas une langue nationale et ne doit pas être utilisé dans les locaux du ministères". Eh bien le gouvernement régional kurde n'a qu'à interdire la langue arabe...
Plus sérieusement, c'est toujours la même éternelle bêtise qui semble présider l'histoire irakienne. Juste après une défaite, les nationalistes arbabes promettent de respecter tous les accords souhaitables avec les Kurdes. En tous cas, verbalement... Et peu après, juste parce que la guerre est finie, ils refusent tos droits fédéraux et nationaux, supposant que toutes les nations devraient se sentir honorées de ne parler qu'arabe... et la guerre recommence...
Mais cette fois-ci les choses sont un peu différentes et les ânes pan-arabistes seront les derniers à s'en rendre compte, avant de pleurnicher plus haut que les autres sur l'éclatement de l'Iraq...



'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

dimanche, août 08, 2004

Donald Rumsfeld est un vilain séparatiste

La Turquie se met en colère quand Donald Rumsfeld dit "Kurdistan". La Turquie trépigne de rage et répète comme un exorcisme "ça n'existe pas, ça n'existe pas !" La Turquie court ça et là chez ses voisins et leur répète "Dites que ça n'existe pas, dites-le avec nous". 



'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

vendredi, août 06, 2004

Le Kurdistan n'a jamais existé... et alors ?


L'un des arguments les plus fréquents que j'entends de la part de gens hostiles au rêve kurde d'indépendance est celui-ci : "Il n'y a jamais eu d'Etat kurde au cours de l'Histoire... donc le Kurdistan est une région, et non un Etat."


Le plus amusant est que cette remarque émane souvent de citoyens turcs, dont la république n'existe que depuis 1923, et finalement, l'Irak, la Syrie, et la plupart des pays du ME sont des créations du siècle dernier. Par ailleurs en Europe, des Etats comme l'Italie ou l'Allemagne n'ont pas non plus une existence millénaire.
Mais je me suis souvenue cette semaine, que c'était par essence une position "colonialiste" . Durant la Guerre d'indépendance algérienne, je suppose que les Français pro-colonies avaient la même : "La France est un vieil Etat, l'Algérie n'a jamais existé, ce n'est qu'une région." Malgré cela, depuis 1961, l'Algerie est un Etat.

La proclamation d'un Etat doit se fonder sur le désir de toute une nation. Si ce désir n'existait pas auparavant, c'est que le besoin de cet Etat n'existait pas non plus. Mais à partir du moment où une telle aspiration apparaît dans l'Histoire, il est vain de la nier, pour la seule raison de sa naissance récente. Si elle n'était pas alors, elle est maintenant. Inutile de se voiler la face.


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

mercredi, août 04, 2004

Une Chronique mésopotamienne

L'auteur choisit de relater, dans cette chronique, les années qui courant de 1830 à 1976. Il nous retrace l'histoire des événements politiques, sociaux et religieux qui se produisent en Mésopotamie, une histoire ponctuée de conflits, de coups d'Etat, de joies et de malheurs. Ce pays fit longtemps partie de l'Empire ottoman, et plus tard de l'Irak. Du haut de leur village assyro-chaldéen du nord, Sanate, trois générations de montagnards observent le flux et le reflux de l'histoire : la grand-mère, le père et le fils. Ils nous rapportent les faits selon leur sensibilité, nous livrent leurs réflexion et nous donnent une vision originale de la vie et du monde.


Mon avis : Un livre qui se lit d'une traite (ce que j'ai fait). Une chronique captivante et touchante, qui éclaire aussi l'histoire de ces montagnes de Haute-Mésopotamie d'un autre point de vue que celui des Kurdes. J'ai bien aimé aussi la façon juste dont étaient décrits, avec beaucoup d'humour et un grand sens de la psychologie, les rapports entre les Kurdes et les chrétiens, des relations pas toujours idylliques, certes, mais pas non plus si épouvantables que cela, s'insérant par ailleurs dans tout un système de dépendances féodales et tribales, tracé de façon très impartiale et concrète.

Sinon on retrouve dans ce récit le même amour passionné du village, de la montagne, de la nature, que chez les Kurdes, et c'est vraiment quelque chose que ces deux peuples de montagnards ont en commun, leur amour de ce pays.

lundi, août 02, 2004

La Kurdité, c'est MAL

"- Un Etat kurde, c'est MAL.
- Mustafa Kemal était un grand révolutionnaire.
- Un nouveau Traité de Sèvres serait aussi inacceptable que le premier."

Qui parle ainsi ? Erdogan ? Abdullah Gül ? Un membre du MHP ?



Non, seulement le Sauveur des Kurdes en conference à Imrali.




'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

Attaques contre des chrétiens

Je ne suis pas certaine que les attentats contre les églises chrétiennes soient une tentative de diviser les communautés irakiennes et de provoquer une hostilité entre elles. La haine ou la simple rivalité entre deux populations ne peut être suscitée soudainement par de brutales et cependant "artificielles" aggressions. Les vraies rivalités ont besoin d'un terreau historique ancien et d'une situation où des groupes religieux ou ethniques (mais au MO il est difficile de distinguer parfois ces deux notions) cherchent à se faire une place au soleil sur le même étroit territoire (ainsi les Assyriens et les Kurdes, les Kurdes et les Turcs, etc.). Mais comment de faibles communautés chrétiennes pourrraient menacer les groupes musulmans ou Arabes dans le sud de l'Irak ? C'est insensé. Même si des chrétiens voulaient se venger comment le pourraient-ils ? Nous pouvons comprendre que les nationalistes Arabes, par exemple, s'en prennent aux Kurdes, en raison de leur dessein d'un fédéralisme qui se rapprocherait plus ou moins de l'indépendance. La seule raison que les Baathistes aurait de s'attaquer aux chrétiens serait de les dissuader de participer au nouveau régime. Mais tuer des chrétiens aura surtout pour conséquence de les pousser à résider au sein d'une fédération kurde qui leur donnerait une représentativité politique réelle (loin de la tolérance amicale que les musulmans ont pour ces "dhimmis" si gentils et si inoffensifs).

Menacer les chrétiens serait plus logiquement le fait d'islamistes : Pour un islamiste, tout cela n'est qu'un nettoyage religieux contre tous ceux qui veulent faire de l'Irak un Kafiristan : Chrétiens, Yézidis, athées, etc. Dans ce cas, il n'est pas besoin d'être une force politique pour faire face au terrorisme : Un non-islamiste, du fait qu'il existe, doit être supprimé. Seuls les islamistes en Irak agissent non comme des Irakiens (et souvent ils ne le sont pas) mais comme des islamistes : un chaos religieux est préférable à un Irak "civil" et prospère.

Concert de soutien à l'Institut kurde