dimanche, mai 30, 2004

Lors du 2ème Salon du livre kurde organisé à Cologne par la Fédération des Associations du Kurdistan (KOMKAR), un gang du PKK a attaqué et grièvement blessé l'écrivain et homme politique kurde Shukru Gulmush, car dans son site www.nasname.com il avait osé critiquer la politique d'Öcalan.


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

jeudi, mai 27, 2004

Mais bon, espérons...

Cela dit c'est le même Abdullah Gul qui a pressé la Turquie d'accepter la diffusion d'émissions télévisées en langue kurde et de permettre l'ouverture d'écoles de cette même langue. Et cela se fera, pour la simple raison que si la Turquie veut adhérer aux critères de Copenhague, elle doit donner des droits régionaux et culturels aux Kurdes.

Donc si la Turquie recevait une réponse claire et ferme concernant sa candidature, à savoir "Donnez à vos Kurdes et à vos Assyriens les mêmes droits que n'importe quel citoyen européen et vous rentrerez", cela serait un marché idéal pour les Kurdes. Car les Turcs seraient prêts à tout si on leur faisait une proposition sérieuse.

Réponse du berger à la bergère

Protestant contre les agissements d'Israel en Palestine, Abdullah Gul, le ministre turc des Affaires étrangères a déclaré qu'il pourrait ouvrir une ambassade en Palestine.

Répondant du tac au tac Israël a laissé entendre qu'il pourrait ouvrir une ambassade au Kurdistan ...

Avant tout : mais qu'ils le fassent ! :)))

deuxièmement: Il est certain que ce parallèle fait entre les "territoires occupés de Palestine" et les "territoires occupés du Kurdistan" va vexer gravement la Turquie. Après tout, comme le disait Victor Hugo : "L'Angleterre qui reproche à la russie sa Pologne, ne voit pas l'Irlande qu'elle a dans l'oeil..."

samedi, mai 22, 2004

Rien de nouveau sous le soleil kurde

Quand les administrateurs britanniques voulurent créer un "Iraq" imaginaire et idéal, ils placèrent un Arabe sunnite sur le trône, en essayant de fonder une monarchie bienveillante et tolérante, à l'image de leur propre gouvernement.

La monarchie irakienne fut un échec.

Il semble que les administrateurs américains soutiennent l'idée d'un "Irak" imaginaire et idéal, comme un Etat Unis sous la bannière duquel toutes les communautés devraient se dire avant tout "irakiennes" comme aux US l'on se dit Américain, avant d'être noir, hispanique ou WASP.

Il est probable que ce sera aussi un échec.

En ce qui concerne la répugnance des Kurdes à désarmer leur peshmergas, et leur insistance à obtenir le poste de président ou de Premier ministre, il faut savoir que dès son origine, la république irakienne fut un appareil génocidaire envers les Kurdes et pas seulement le régime baathiste. Sous le gouvernement du général Aref pendant la guerre de 1967, il y eut des attaques au napalm, des massacres de civils et de bétail. On utilisa même des gaz toxiques contre la population. Aref déclara même un jour que les Kurdes étaient des Arabes, dans la plus pure tradition négationniste turque, (mais là, il ne réussit qu'à faire rire les Arabes).

Et toutes les négociations entre Kurdes et Arabes ont échoué à cause du statut de Kirouk.

mercredi, mai 19, 2004

Des frontières glissantes

Je ne sais pas si les journalistes le font exprès ou si c'est inconscient, mais lorsqu'ils discutent de l'appartenance de Kirkouk ou de Mossoul au Kurdistan, ces villes sont toujours décrites "ethniquement très mélangées" , (donc pas vraiment kurdes, quoi, on va pas vous faire un dessin). Mais quand des responsables irakiens ou kurdes ou des étrangers se font tuer dans ces mêmes villes, la même presse parle de "meurtres dans le nord de l'Irak, région à majorité kurde." (histoire d'essayer de nous faire croire que même les Kurdes sont hostiles au CPA et au CIG ?)

dimanche, mai 16, 2004

Le show-biz, cet univers impitoyable (suite)

Dans un entretien avec un de ses avocats,Öcalan reprocherait à l'Humanité de n'avoir pas encore reçu le Nobel. Et à cela, il a trouvé une explication très pertinente. C'est un complot. Certaines personnes (mais il n'a pas dit qui) "veulent le tuer et mettre à sa place comme présidente des Kurdes Leyla Zana" (parce qu'Öcalan croit toujours qu'il est président de tous les Kurdes, j'imagine). Bien qu'il pense que Leyla Zana soit très fidèle (et nous n'en doutons pas non plus) il est clair pour lui que des gens veulent donner ce prix à Leyla Zana "malgré tout ce que j'ai fait en faveur de la paix, ils n'ont pas eu un mot pour moi. Ils veulent me tuer. Ils veulent faire d'elle la présidente des Kurdes."

Source Amude


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

samedi, mai 15, 2004

Le show bizz, cet univers impitoyable

Leyla Zana a écrit une lettre à la députée allemande Claudia Roth dans laquelle où elle lui reproche de "faire son show". Il y a quelques temps en effet, Claudia Roth s'était rendue en Turquie et avait demandé à la rencontrer. La Turquie le lui ayant refusé, elle avait déposé des fleurs devant la porte de la prison. Mais voilà, ce geste ne fut pas du goût de Leyla Zana, qui a accusé donc Claudia Roth de "faire son show".

Déjà Leyla Zana avait dans une autre lettre protesté contre les odieuses prétentions de William Schultz à s'occuper des droits de l'Homme en Turquie, en tant que représentant d'Amnesty International. Et un an et demi auparavant, elle avait demandé au Parlement européen d'aider économiquement la Turquie (au lieu de venir l'embêter avec les critères de Copenhague et les droits de l'Homme) et d'arrêter ses "provocations" contre ce pays.

Avec tout ça Abdullah Ocalan râle quand même et dans un entretien avec un avocat il accuse l'Europe d'utiliser Leyla Zana pour embêter la Turquie, car pas plus que Leyla Zana, Öcalan n'apprécie qu'on embête la Turquie. Et y allant même de sa petite perfidie (parce que tout de même, ça doit l'agacer ce vedettaria dont il ne profite pas, lui), Abdullah Ocalan a ajouté que Leyla Zana était une personne inculte (pas comme certains, entendez bien).

Quant à savoir si Leyla Zana est pour la Turquie contre les Kurdes ou l'inverse, je pense que la question est vaine : Leyla Zana est seulement là où on la pose, et pas trop loin de la télécommande s'il vous plaît.

Source Kerkuk-Kurdistan


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

jeudi, mai 13, 2004

Omar Khayyam

En raison de son oeuvre poétique, on se représente souvent Omar Khayyam sous les traits d'un épicurien souriant, un brin alangui. Beïhaqî, qui l'a connu enfant, le décrit comme "un homme nerveux, de manières brusques et de mauvais caractère".

mardi, mai 11, 2004

Torture-stars

Même dans son thriller les Racines du mal, Maurice Dantec n'a pas songé à quel point les guerres pouvaient être une inépuisable source de snuff-movies, des snuff presque légaux, en somme.

Torture-stars in Iraq

Even in his thriller "Roots of Evil", Maurice Dantec did not think to this : that wars could become the hugest company of snuff-movies, almost legal snuff-movies.

lundi, mai 10, 2004

Avec de tels "amis" les Kurdes peuvent se passer d'ennemis.

Toujours aussi attaché à défendre la culture kurde où quelle se produise, un gang du PKK a attaqué les chanteurs kurdes Sivan Perwer et Evîna Welat, qui donnaient à Athènes un concert de soutien aux Kurdes de Syrie.


'Stupidity, however, is not necessarily a inherent trait.'
Albert Rosenfield.

samedi, mai 08, 2004

Vous avez dit nationalisme ?

Des familles kurdes, après avoir été chassées de leur pays par Saddam Hussein et contraintes de s'installer à Fallujah s'enfuient à nouveau, menacées à présent par les milices arabes qui les accusent de trahison et de collaboration avec les US. (Source Kurdmedia)

Et donc ces Kurdes sont retournées au Kurdistan, principalement à Kirkouk ou Arbil (et après ça les Arabes et les Tukmènes vont accuser les Kurdes de modifier sciemment les proportions démographiques de la région, lol...).

Mais le plus important, au-delà des souffrances particulières de cette population, ets que, peut-être pour la premirèe fois dans l'Histoire, des réfugiés kurdes peuvent gagner une terre où ils ne seront pas apatrides, ou citoyens de seconde zone, mais pleinement Kurdes, dans un Kurdistan libre et pacifié. Il est de bon ton aujourd'hui de décrier le nationalisme, mais le nationalisme sert aussi à ça : construire un espace territorial et politique où chaque Kurdes, d'où qu'il soit, puisse vivre en sûreté et hors de toute crainte.

jeudi, mai 06, 2004

"L'Etat irakien fait partie intégrante de la nation arabe"

C'était l'article 2 de la Constitution provisoire irakienne de 1958 et qui se maintint par la suite. C'est d'ailleurs la question de cet article qui amorça entre autres la future révolution kurde de 1967.

En 1960 en effet se tint à Bagdad le Congrès de l'Union Internationale des Etudiants. Bien qu'on lui eut refusé un visa, Ismet Chérif Vanly, alors étudiant en Europe, réussit à gagner l'Irak au sein des délégations. Lorsqu'il prit la parole, il provoqua un tollé dans la délégation irakienne en discutant précisément cet article :

"J'ai dit que cela ne peut être juste, puisque en Irak se trouvent côte à côte deux fractions de nations : une fraction de la nation kurde et une partie de la nation arabe ; et si l'Irak arabe fait partie de la nation arabe, l'Irak kurde fait partie de la nation kurde. La délégation irakienne s'est tout de suite levée et a pris la parole, essayant de réfuter ce que j'avais dit, et déclarant que ces deux articles étaient admis par tous les irakiens, y compris par le Parti démocratique du Kurdistan. Le journal Xebat, organe officiel du PDK, fut sommé de prendre position."

Le Comité Central du parti se réunit le soir même. Le lendemain, Xebat paraissait en première page, proclamant qu'il était évident que le Kurdistan irakien faisait partie de la nation kurde (19 octobre)."

in Les Kurdes, révolution silencieuse. Jean Pradier, 1968.

Que dit aujourd'hui à ce sujet l'actuelle Constitution provisoire ?

"Article 7-B :
L'Irak est un pays composé de plusieurs nationalités, et le peuple arabe est une partie inséparable de la nation arabe."

Déjà on peut noter qu'il y a eu glissement entre "l'Etat irakien" tout entier et le "peuple arabe" d'Irak. C'est-à-dire que les citoyens non-arabes ne peuvent être inclus dans la nation arabe. On peut dire qu'il y a déjà progrès. Mais quelles seraient les réactions des Arabes si un autre article précisait, dans la même Constitution que le peuple kurde est une partie de la nation kurde ?

Plus pragmatiquement, sur le terrain politique, cette question des citoyens faisant partie intégrante de nations différentes peut se traduire par des divergences d'intérêt sérieuses. Ainsi le problème palestinien est considéré comme un problème "arabe" par la majeure partie des Etats arabes, qui se font donc un devoir de prendre partie POUR les palestiniens et CONTRE Israël, au nom de la solidarité arabe. Mais qu'en est-il alors de cette solidarité en ce qui concerne les Kurdes, les Assyriens, les Turkmènes, personnellement beaucoup moins concernés par le statut de Jérusalem et le sort des palestiniens ? De même, si la Syrie, Etat officiellement arabe, persécute ses Kurdes, il est naturel que les Kurdes d'Irak protestent officiellement, maintenant quelle sera l'attitude du gouvernement central à Bagdad ? Le règlement de la question kurde en Turquie par exemple peut fort bien se décider dans les montagnes du Kurdistan d'Irak, sans que Bagdad puisse réellement mettre son nez là-dedans. On peut également envisager une 'Oumma chiite sensible au problème chiite dans le monde arabe, sans que les autres parties sunnites du pays puissent réellement se sentir impliquées.

C'est bien là une des difficultés majeures de cet Irak soi-disant "uni". Les deux peuples irakiens majoritaires, les Arabes et les Kurdes, ne sont pas deux micro-nations pouvant mener d'un front uni la même politique étrangère. Ce sont les composantes de deux grands blocs nationaux, couvrant plusieurs pays du Moyen-Orient, et dont la sensibilité politique, religieuse ainsi que leurs affinités avec d'autres peuples peuvent s'opposer ou à tout le moins diverger sérieusement.

dimanche, mai 02, 2004

Une nouvelle donne en Syrie ?

Infléchissement pas si surprenant que ça dans la politique de répression syrienne envers les Kurdes : le président Bachar al-Assad a ainsi déclaré, s'opposant au vice-président Abdel Halim Khaddam, que le serhildan kurde n'émanait pas d'éléments étrangers (les Kurdes d'Irak, au hasard ?), reconnaissant donc par là implicitement qu'il y a bien un problème kurde en Syrie, et même affirmant encore plus explicitement que la question de la nationalité des Kurdes de Djézireh officiellement apatride devait être réglée en ajoutant même : "Les Kurdes sont des citoyens syriens qui vivent parmi nous, et le nationalisme kurde fait partie de l'histoire de la Syrie", a-t-il assuré. (al Jazirah).

Pourquoi ce subit revirement ? C'est qu'il y a toujours eu en Syrie, et même à l'intérieur d'un mouvement nationaliste pro-arabe comme le Baath, un clivage entre la majorité arabe sunnite et les autres minorités arabes non sunnites (Alaouites, Ismaéliens, druzes, etc.) , les minorités sunnites non-Arabes comme les Kurdes, et les minorités non musulmanes (Chrétiens de tous rites, Yézidis, etc.). Depuis leur arrivée au pouvoir, en 1967, les Alaouites ont toujours veillé à ne pas trop favoriser la majorité arabe sunnite, étant eux-même une de ces minorités. L'agitation de mars, apparemment provoquée par des groupes baathistes frustrés de la défaite irakienne, pouvait finir par devenir trop dangereuse pour le clan alaouite, en galvanisant un peu trop les sunnites arabes. Elle a pu aussi inquiéter les autres groupes minoritaires du pays.

Aussi intéressante est cette récupération de l'histoire kurde au sein d'une histoire syrienne commune, rappelant la thèse "syrianiste" du PPS, parti fondé en 19321 par un Grec orthodoxe libanais (de même confession donc que le fondateur de la doctrine baathiste, Michel Aflak), pour qui les Syriens étaient un peuple autochtone, non-Arabes, résultant de la fusion de plusieurs peuples antiques, tels que les Cananéens, les Hourrites, etc. Ce nationalisme syrien dut reculer ensuite devant la popularité des mouvements pro-arabes et pro-nassériens. Cette référence "syrienne" incluant donc une histoire non-arabe, celle des Kurdes, apparait comme une volonté de se démarquer de l'héritage de la R.A.U, tentative de fusion entre l'Egypte et surtout l'Irak. Cela même au moment où les Irakiens arabes sunnites luttent bec et ongles pour garder leur drapeau (souvenir de cette union) et la référence dans la Constitution irakienne à l'Irak, "comme partie de la Nation arabe", ce à quoi s'opposent naturellement les Kurdes, les Turkmènes et les Assyriens.

Face à la montée du mécontentement arabe, les Alaouites peuvent essayer ainsi de jouer la carte d'une Syrie multi-ethnique en prenant leurs distances avec le pan-arabisme, et ce afin de rallier les autres composantes de la Syrie autour de leur leadership. Peut-être la désagrégation probable de l'Irak en de multiples communautés leur semble-t-elle aussi de sinistre augure. En tous cas, malgré les arrestations et les intimidations que subissent encore les Kurdes, ce printemps sanglant ne peut être considéré comme un écrasement des revendications kurdes, tout au contraire.

Concert de soutien à l'Institut kurde