vendredi, août 23, 2002

Khasro Pirbal - L’heure du bilan et la raison kurde



Je n’ai jamais pensé que la guerre du Golfe était terminée. Je crois toujours qu'elle a été suspendue, mais qu'elle n’est pas finie. Le monde regarde, écoute, et attend l'attaque américaine et des changements radicaux en Irak, les principaux intéressés étant les Irakiens et les Kurdes eux-mêmes.

Les Etats-Unis ont invité les groupes de l'opposition irakienne à Washington la semaine dernière pour des discussions et visites officielles et privées qui se poursuivent. Ici et là, tous les signes montrent la fin du règne de Monsieur Saddam Hussain, le président Irakien, qui n’a jamais été en danger et menacé comme il l'est maintenant.

Monsieur le président Massoud Barzani ne s'est pas rendu à la réunion de Washington, se refusant d’y participer pour des raisons stratégiques. La politique du Parti Démocratique du Kurdistan est claire depuis toujours, et mise sur la transparence. Pour le président Barzani, il est en effet important que tout ce qui concerne l’avenir du Kurdistan et de l’Irak soit connu, et ce point est essentiel dans la campagne contre l’Irak de Saddam Hussain.

Depuis 1991, les Kurdes se relèvent de la guerre et occupent les grandes villes du Kurdistan irakien, y compris la ville pétrolière de Kerkuk. Ils ont mis en place le 4 juillet 1992 un gouvernement kurde et un parlement libre et démocratique, malgré les problèmes internes et des complots politiques étrangers contre un rêve kurde, un rêve de vie meilleure et moderne. L'adoption de la résolution 986 de l’ONU - qui octroie aux Kurdes 13% des revenus pétroliers irakiens - a permis au gouvernement kurde de reconstruire les villes et les villages détruits par les chars et les forces armées irakiennes. Tous ceux qui visitent aujourd'hui le Kurdistan sont surpris par les grands changements du pays.

L’histoire de tous les pays et de toutes les nations fait état de conflits et de problèmes internes, et les Kurdes n'échappent pas à la règle. Mais, malgré leurs différents, les partis politiques kurdes, et principalement le PDK (Parti Démocratique du Kurdistan) et l'UPK (Union Patriotique du Kurdistan) sont arrivés à des accords, respectant ainsi l’accord de Washington de 1998. Pour répondre aux inquiétudes du peuple kurde, le président Massoud Barzani a déclaré : «Quand la nécessité et le danger arrivent, toutes les différences sont oubliées et sans valeur, les Kurdes seront unis en une seule force» .

La maturité politique nécessite de prendre en compte les expériences passées et de tirer la leçon des échecs. Dans les années 70, l'erreur a été de faire totalement confiance aux forces extérieures, et c'est l'une des raisons pour laquelle le PDK a refusé de participer à la réunion de Washington d'août 2002. Beaucoup d'éditorialistes américains ont compris que Monsieur Massoud Barzani s'appuyait sur l'expérience de son père le Général Mustafa Barzani, leader kurde qui a marqué la légende patriotique et l’histoire kurde en se battant plus de 40 ans pour les droits du peuple kurde et a finalement été trahi par les Américains et un complot international et régional, et est mort en exil en 1979.

Le message était clair : il faut des réponses précises sur le plan contre l'Irak et l’avenir et le rôle des Kurdes, avant de prendre parti contre un régime comme celui de Monsieur Saddam Hussain qui a utilisé la force pour détruire le Kurdistan Irakien et gazé un peuple qui avait déjà été victime de massacres multiples dans le passé.

Aujourd’hui, l’heure du bilan a sonné, et il est nécessaire que la position et la politique américaine envers les peuples de l’Irak soit clairement signifiée. En effet, il y a pour les Américains une responsabilité morale et politique envers les Kurdes d'Irak, comme l'avait rappelé Monsieur Henri Kissinger en écrivant ses mémoires : “Nous avons commis dans le passé une faute et une trahison contre le peuple kurde en l'abandonnant”.

L’heure de rendre des comptes est arrivée pour le gouvernement irakien, et le moment est également venu pour que les archives américaines soient ouvertes, afin de déterminer les responsabilités dans l’échec de 1974 qui a entraîné le désastre pour les Kurdes d'Irak, et que l’Amérique de Monsieur G.W Bush fils finisse la guerre que son père avait commencée en 1991.

Les Etats-unis ont une responsabilité morale envers les Kurdes, et personne ne nie qu'un pays risquerait la vie de ses soldats s'il n'y trouvait un intérêt. Le Kurdistan irakien, riche et prospère, a besoin de technologie et de constructions. Il est tout à fait normal qu’il y ait des intérêts mutuels entre les Kurdes et d’autres pays du monde, y compris les Etats-unis.

Le rêve du peuple kurde est que, si changements doivent intervenir en Irak en ce qui concerne leur statut, leur avenir et leur destin, il faut que les choses soient clairement établies, comme le demande le gouvernement kurde qui considère que c'est une condition essentielle pour une éventuelle coopération des forces kurdes avec les USA contre le régime de Saddam Hussain.

Dans la politique, comme dans la vie, rien n'arrive sans raison. Pour les Kurdes, après une période d'auto-gestion en Irak, et après tous les efforts consentis pour reconstruire le Kurdistan et son développement économique, social et politique, après que le peuple kurde d'Irak ait aspiré à la liberté, après qu'une nouvelle génération soit née et ait grandie, une génération de la liberté, une génération purement kurde, personne ne peut accepter de retourner en arrière et que l'histoire se répète.

Cette nouvelle génération nous demande des comptes et nous interroge sur la démocratie et la liberté, la paix et la coexistence pacifique des peuples au sein d'un même, cette génération nous parle un language que le gouvernement actuel de l’Irak ne comprend ou ne connais pas.

Khasro Pirbal
Pirbal@hotmail.com
Finlande le 17-8-2002

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