vendredi, mars 22, 2002

Diyarbakir

On peut dire que pour la première fois qu'on assiste à un Newroz, c'était la journée la plus étrangement pourrie qui puisse se faire. La loi naturelle de l'emmerdement maximal qui veut qu'une journée de voyage qui démarre mal voit toutes les tuiles prévues ou imprévues lui tomber sur le crâne.

Déjà, le retour. Une pluie bien fournie, de la boue, et Mutlu qui nous replante là encore une fois pour escorter des délégations dont il n'a rien à foutre. Pour lui, il suffit d'attraper une voiture au vol et basta. Tu parles ! Dans ce défilé de voitures bondées, si on avait envie de s'entasser ! A mi-chemin, alors que la pluie s'aggravait, on a réussi à monter dans un dolmush qui se vidait;

A l'hôtel, séchage. Fulminons contre ces connards de Kurdes et leur putain d'organisation de merde qui fait que les gens auxquels ils tiennent le plus sont tenus à l'écart et passent après le dernier des connards qu'ils haïssent. On ressort pour bouffer et boire un peu. Et là, dans la rue, alors qu'elle marchait derrière moi, Roxane se fait aplatir par un voleur à l'arraché, qui lui arrache effectivement son sac en la foutant par terre. Première fois que ça arrive ici. La guerre a décidément tout changé.

Donc, on passe la première partie de la soirée chez les keufs, très gentils, rigolards et légèrement goguenards (ils savaient bien pourquoi on était venu ici et c'est vrai qu'on avait l'air fin à porter plainte auprès de la police turque contre un Kurde qu'on était censé venu défendre. Un jeune qui parlait anglais avait été désigné par les passants pour nous escorter. Très charmant, un étudiant en médecine. Sortis de chez les keufs, on a sympathisé (il se doutait bien lui aussi qu'on n'était pas touriste. On a enfin été bouffer et un de ses copains nous a rejoints en soirée. Plus deux serveurs, un de Dersim et un qui a fait de la prison avec Ahmet Türk. Chants kurdes, chants de Newroz, chants nostalgiques. Les deux jeunes ne parlaient pas trop bien le kurde ; c'est vraiment une langue qui se perd ici. D'ailleurs, dans la tribune, dans la rue, un peu partout, les gens parlent tous turc entre eux et non le kurde. Dernière génération avant l'assimilation totale.

Quant aux keufs turcs, c'étaient les plus mignons de la soirée. Gentils, attentionnés (l'un d'eux a même soigné une de ses écorchures). Comment des gens aussi gentils et prêts à rigoler comme des gosses peuvent être aussi les pires tortionnaires ? Ce sont les mêmes ? Oui.

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