jeudi, mars 21, 2002

Diyarbakir

10h20. Ville très calme. Les gens ont l'air de se foutre éperdument de la fête. Ils supposent que nous sommes venues pour ça, puisque nous sommes Européennes, mais n'ont pas l'air extrêmement concernés. Les gens bossent, et les gens vont à l'école.


11h20. Finalement, non, ils ne s'en foutent pas. ça se passe "en haut" au seyran, dans la montagne. Et donc, exactement comme le décrivait Khanî, tous les Kurdes se précipitent sur la route, en voiture, en car, en dolmush, en bétaillère, en moto (j'ai vu une grand-mère sur un side-car), à pied. Les gosses, les femmes en tenue, les mecs, les keufs qui essaient de faire circuler tout ça. On dirait un exode. Ils s'entassent si nombreux dans les voitures qu'on a l'impression qu'on a refermé le toit sur eux, comme un couvercle, après les avoir tous mis en conserve. Il y a des jeunes qui s'accrochent en grappe aux remorques qui passent. Je suis sûre que les chauffeurs ne savent plus exactement le nombre de passagers qu'ils ont derrière eux et si ce sont les mêmes à l'arrivée qu'au départ.


***


Fête. En plein dedans. Un bordel, une merde pire que Cologne, Bonn ou Dortmund. Du peuple, du peuple, de la grêle !!! de la boue, plein de drapeaux, des contrôles turcs (les plus sympas, ils devaient compatire pour nous) et tout le monde gueule vive Apo pendant le discours de Bozlak. Comment peut-on être aussi tassé dans une foule humide ? J'en frissonne. Et en en plus, il va falloir rester je ne sais combien de temps le cul dans cette tribune où il vente. Service de thé, mais sans pouvoir pisser, pas question. Et en plus, on a nos règles.

Au centre brûle une immense coupelle, style flamme olympique, qui dégage une grosse fumée noire. On dirait que les gens ne se lassent jamais d'écouter un discours-fleuve sous la pluie. Tiens, un hélicoptère militaire survole, ça fait de l'animation. Chansons patriotiques ou sentimentales. Ferveur mouillée et bête dans les yeux. On peut tout leur faire faire ( je parle des hommes en général).

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