lundi, mars 25, 2002

Ankara

On doit (re)passer à l'ambassade pour le passeport de Roxane en espérant que tout sera fait à temps et qu'on pourra décoller à 15h. Rien de notable hier. Bouffé de la friture de poissons. Toujours dans la lecture du "Mahabharata".

16h15. Encore dans l'avion. Je me demande pourquoi il y a des peurs auxquelles on ne s'habitue jamais.

samedi, mars 23, 2002

Ankara

Jour maussade et pluvieux à Ankara. Rien à foutre dans cette ville sinistre, par temps de pluie comme par beau temps. Après un déjeuner au restaurant, qu'on a réussi à prolonger jusqu'à quatre heures, retour à l'hôtel. Lecture du "Mahabharata".

vendredi, mars 22, 2002

Diyarbakir

On peut dire que pour la première fois qu'on assiste à un Newroz, c'était la journée la plus étrangement pourrie qui puisse se faire. La loi naturelle de l'emmerdement maximal qui veut qu'une journée de voyage qui démarre mal voit toutes les tuiles prévues ou imprévues lui tomber sur le crâne.

Déjà, le retour. Une pluie bien fournie, de la boue, et Mutlu qui nous replante là encore une fois pour escorter des délégations dont il n'a rien à foutre. Pour lui, il suffit d'attraper une voiture au vol et basta. Tu parles ! Dans ce défilé de voitures bondées, si on avait envie de s'entasser ! A mi-chemin, alors que la pluie s'aggravait, on a réussi à monter dans un dolmush qui se vidait;

A l'hôtel, séchage. Fulminons contre ces connards de Kurdes et leur putain d'organisation de merde qui fait que les gens auxquels ils tiennent le plus sont tenus à l'écart et passent après le dernier des connards qu'ils haïssent. On ressort pour bouffer et boire un peu. Et là, dans la rue, alors qu'elle marchait derrière moi, Roxane se fait aplatir par un voleur à l'arraché, qui lui arrache effectivement son sac en la foutant par terre. Première fois que ça arrive ici. La guerre a décidément tout changé.

Donc, on passe la première partie de la soirée chez les keufs, très gentils, rigolards et légèrement goguenards (ils savaient bien pourquoi on était venu ici et c'est vrai qu'on avait l'air fin à porter plainte auprès de la police turque contre un Kurde qu'on était censé venu défendre. Un jeune qui parlait anglais avait été désigné par les passants pour nous escorter. Très charmant, un étudiant en médecine. Sortis de chez les keufs, on a sympathisé (il se doutait bien lui aussi qu'on n'était pas touriste. On a enfin été bouffer et un de ses copains nous a rejoints en soirée. Plus deux serveurs, un de Dersim et un qui a fait de la prison avec Ahmet Türk. Chants kurdes, chants de Newroz, chants nostalgiques. Les deux jeunes ne parlaient pas trop bien le kurde ; c'est vraiment une langue qui se perd ici. D'ailleurs, dans la tribune, dans la rue, un peu partout, les gens parlent tous turc entre eux et non le kurde. Dernière génération avant l'assimilation totale.

Quant aux keufs turcs, c'étaient les plus mignons de la soirée. Gentils, attentionnés (l'un d'eux a même soigné une de ses écorchures). Comment des gens aussi gentils et prêts à rigoler comme des gosses peuvent être aussi les pires tortionnaires ? Ce sont les mêmes ? Oui.

jeudi, mars 21, 2002

Diyarbakir

10h20. Ville très calme. Les gens ont l'air de se foutre éperdument de la fête. Ils supposent que nous sommes venues pour ça, puisque nous sommes Européennes, mais n'ont pas l'air extrêmement concernés. Les gens bossent, et les gens vont à l'école.


11h20. Finalement, non, ils ne s'en foutent pas. ça se passe "en haut" au seyran, dans la montagne. Et donc, exactement comme le décrivait Khanî, tous les Kurdes se précipitent sur la route, en voiture, en car, en dolmush, en bétaillère, en moto (j'ai vu une grand-mère sur un side-car), à pied. Les gosses, les femmes en tenue, les mecs, les keufs qui essaient de faire circuler tout ça. On dirait un exode. Ils s'entassent si nombreux dans les voitures qu'on a l'impression qu'on a refermé le toit sur eux, comme un couvercle, après les avoir tous mis en conserve. Il y a des jeunes qui s'accrochent en grappe aux remorques qui passent. Je suis sûre que les chauffeurs ne savent plus exactement le nombre de passagers qu'ils ont derrière eux et si ce sont les mêmes à l'arrivée qu'au départ.


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Fête. En plein dedans. Un bordel, une merde pire que Cologne, Bonn ou Dortmund. Du peuple, du peuple, de la grêle !!! de la boue, plein de drapeaux, des contrôles turcs (les plus sympas, ils devaient compatire pour nous) et tout le monde gueule vive Apo pendant le discours de Bozlak. Comment peut-on être aussi tassé dans une foule humide ? J'en frissonne. Et en en plus, il va falloir rester je ne sais combien de temps le cul dans cette tribune où il vente. Service de thé, mais sans pouvoir pisser, pas question. Et en plus, on a nos règles.

Au centre brûle une immense coupelle, style flamme olympique, qui dégage une grosse fumée noire. On dirait que les gens ne se lassent jamais d'écouter un discours-fleuve sous la pluie. Tiens, un hélicoptère militaire survole, ça fait de l'animation. Chansons patriotiques ou sentimentales. Ferveur mouillée et bête dans les yeux. On peut tout leur faire faire ( je parle des hommes en général).

mercredi, mars 20, 2002

Diyarbakir

8h30. Arrivée. Contrôle. Hôtel, le patron un peu tendu. On dirait que "la fête" n'est pas encore rentrée dans les moeurs admises. La chambre risque d'être fouillée. Le temps ? Froid, pluie. Moche. Quelle fête !

Quoique le soleil commence à percer dans le froid. Mutlu doit nous retrouver à l'hôtel, à midi.

mardi, mars 19, 2002

Vol Paris-Münich.

Nous allons atterrir sur Münich. Après trois xanax, le monde est bien cotonneux. Correspondance à 11h20. Nous aurons probablement de la pluie durant tout le séjour. C'est la tradition du Newroz : de la flotte. Comme chez nous le 14 Juillet.

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Nous volons maintenant vers Ankara. La bouffe est toujours aussi dégueulasse sur la Lufthansa, aussi nous nous rattrapons sur les bières.

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18h. Otogar d'Ankara. Nous partons par le car de nuit pour Diyarbakir. 12 heures de voyages, arrivée à 8 heures du matin, de quoi être très fraîche pour la journée. A l'otogar, ils étaient très contents comme d'habitude de notre destination, surtout aux alentours du 21.

Concert de soutien à l'Institut kurde